La peur de la mort (thanatophobie) est une des phobies les plus humaines et universelles qui soit. Bien que chacun d’entre nous en fasse l’expérience différemment, c’est une peur qui peut affecter notre vie quotidienne, notre état mental, notre équilibre émotionnel, et nos relations sociales. Elle peut aussi être liée à d’autres troubles anxieux, tels que la panique, l’anxiété généralisée, ou même la dépression. La mort est souvent perçue comme une menace à laquelle on ne peut échapper, et cette angoisse existentielle pousse parfois les personnes à éviter des situations où la vulnérabilité face à leur finitude pourrait surgir. Plongeons dans ce sujet profond qui recèle bien des mystères !
Sommaire
D’où vient la peur de la mort ?
La thanatophobie est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, car il m’a touché très tôt dans ma vie. Dès l’âge de 15 ans, en pleine adolescence, j’ai eu une réflexion qui m’a pris à la gorge : à un moment, je vais mourir. Cette réalisation a amené une série de questions : est-ce que tout s’arrête vraiment ? Que se passe-t-il après la mort ? Comment trouver du sens à tout cela ? Ces questions étaient accompagnées de panique, d’angoisse existentielle et m’ont même empêché de dormir dès que j’y pensais.
Cette prise de conscience initiale a suscité une véritable obsession à propos de ma propre finitude, de la peur de mourir, de la maladie et de l’imprévisibilité de la vie. Cette anxiété liée à la mort est souvent omniprésente, entraînant des pensées négatives répétitives et une détresse émotionnelle profonde. Depuis, la question de la mort revient régulièrement me rendre visite. Aujourd’hui, ayant le double de l’âge de ma première prise de conscience et ayant mûri ce sujet, je veux partager quelques pistes pour apaiser celles et ceux qui sont assaillis par cette peur.
Il est essentiel de comprendre que cette peur prend souvent sa source dans l’incertitude, le manque de contrôle et la difficulté à trouver un sens à notre existence. Cette angoisse existentielle est exacerbée par notre société qui évite de parler de la mort et la présente souvent comme un tabou. Il suffit de regarder le business de l’anti-âge, du traitement de nos aînés ou de la fuite en avant de tant de gens.
Plus nous repoussons ces pensées, plus elles deviennent effrayantes lorsqu’elles surgissent. La peur de l’inconnu, de la souffrance, et de la perte de lien avec nos proches sont des éléments qui nourrissent cette phobie. Si tu l’as déjà vécu dans ta chair, tu sais à quel point c’est intense…
Les symptômes de la peur de la mort
La peur de la mort peut se manifester par divers symptômes, autant sur le plan émotionnel que physique ou mental :
- Sur le plan émotionnel, les personnes qui souffrent de thanatophobie peuvent ressentir une peur intense, des crises d’angoisse, voire des épisodes de panique. Ces crises peuvent être déclenchées par des pensées intrusives liées à la mort, à la perte de contrôle ou à l’inconnu.
- Sur le plan mental, de nombreuses pensées intrusives peuvent surgir : “Quand vais-je mourir ?” “Qu’est-ce qu’il y a après la mort ?” “Est-ce que je suis malade sans le savoir ?”. Ces pensées peuvent conduire à des troubles anxieux, et deviennent très difficiles à supporter pour ceux qui les subissent. Ces pensées répétitives peuvent générer un état constant de stress, conduisant à l’épuisement émotionnel et à la dépression.
- Les symptômes physiques incluent souvent une gorge serrée, une respiration courte, des sueurs froides, un rythme cardiaque accéléré, et une sensation de poids au niveau du plexus solaire. Cela peut même mener à des troubles du sommeil, une hypervigilance, et une difficulté à se concentrer sur les tâches quotidiennes.
Bref, il y a tout un cortège de pensées, émotions et sensations associées à la peur de la mort qui sont désagréables à vivre, comme toute phobie.
Les réactions face à la peur de la mort varient : certains deviennent obsédés par la peur, tandis que d’autres tombent dans un évitement quasi-total du sujet, repoussant cette idée autant que possible.
Bien peu de gens semblent réellement en paix avec l’idée de leur finitude (je ne parle pas d’une tranquillité de surface qui se cache derrière la rationalisation).
Certains peuvent se tourner vers la religion ou la spiritualité pour chercher un sens, tandis que d’autres préfèrent éviter complètement les discussions sur la mort. Cette stratégie d’évitement est une tentative pour contrôler une réalité incontrôlable, mais elle ne fait souvent qu’intensifier la peur lorsqu’elle finit par refaire surface.
Certains sont complètement obsédés par cette idée et y pensent constamment, d’autres sont dans le déni et occultent ce sujet jusqu’au dernier moment…
Notre rapport à la mort est d’ailleurs aussi en lien avec notre structure psychique conditionnée par notre ennéatype. Par exemple, un type 6 est tellement porté sur la peur que la mort peut être un sujet d’angoisse assez rapidement. Ceci personne n’est épargné par ce sujet, tu t’en doutes !
Les comportements de compensation pour éviter de penser à la mort
Pour éviter de faire face à son angoisse existentielle de disparaître, l’humain a développé des trésors d’ingéniosité pour ne jamais penser à la mort, pour y être confronté le moins possible. Certains dépensent une énergie colossale au travail ou en cherchant un rôle social.
Certains cherchent même à transcender la mort à travers des actes de création : ils souhaitent laisser un héritage, qu’il s’agisse d’enfants (n’est-ce pas une tentative inconsciente de survivre à la mort ?), d’œuvres artistiques, ou d’autres contributions à la société. Ce désir de laisser une trace peut être vu comme un moyen d’atténuer la peur de la disparition totale.
La quête de l’immortalité symbolique est une réponse courante face à la peur de la mort, mais elle ne résout pas nécessairement l’angoisse profonde qui persiste en arrière-plan.
D’autres passent un temps fou à faire du sport, à se gaver de compléments alimentaires et à améliorer leur mode de vie en mangeant sainement pour repousser l’échéance.
Certains se narcotisent purement et simplement avec des drogues, avec de l’alcool, avec de la nourriture, avec les écrans, le sexe, les jeux vidéo, le travail… Toute stratégie est bonne pour se fuir et éviter de penser à notre finitude prochaine.
Il est utopiste de penser que cela ne concerne que quelques personnes.
En réalité, la face du monde est dominée par des individus qui ont profondément peur de mourir. D’où vient le mouvement transhumaniste si ce n’est de la peur de l’annihilation ?
Au final, nous vivons tous dans un monde chaotique que nous ne comprenons pas, auquel nous cherchons du sens à travers des histoires et nous avons peur de cette finitude aussi inéluctable qu’imprévisible.
Certains sont plus sensibles plus que d’autres sur ce sujet, certains plus conscients que d’autres, certains dans le déni, d’autres extrêmement lucides.
Pour autant, c’est une thématique qui touche tout le monde et qui, à un moment de l’existence, doit être visitée, investiguée, ressentie, questionnée pour être transcendée.
Le cadeau de la peur de la mort
La peur de la mort te renvoie à des problématiques extrêmement humaines. Ça te renvoie au sens de ta vie ! Il est ainsi extrêmement classique qu’une personne qui est confrontée à la mort voit ses plans complètement changer (cf les innombrables témoignages de personnes ayant vécu une expérience de mort imminente).
Ainsi, la peur de la mort peut être extrêmement mentale et énormément fantasmée, tandis que la confrontation à la mort réelle peut réellement changer les choses de façon définitive. Pas besoin de se confronter à cette mort pour en bénéficier, si je puis dire.
Il est ainsi connu dans le stoïcisme de méditer sur sa propre mort, s’imaginer sur son lit de mort ou de penser que tout peut s’arrêter à n’importe quel moment. Pour certains, cela aide à ramener au cadeau de la vie dans le présent.
Bien sûr, cela reste une approche mentale et ça ne remplacera jamais le ressenti physique de « Ok, je vais mourir ». Par contre, ça peut être extrêmement profitable et aidant de s’en rappeler pour faire des choix qui sont plus en adéquation avec ce que l’on veut vraiment vivre.
Il y a quelques années, j’avais acheté une pièce estampillée “Memento Mori” (locution latine qui veut dire “Rappelle-toi que tu vas mourir”) que je gardais soigneusement dans ma poche pour me rappeler à cette réalité quotidiennement.
Bronnie Ware, l’infirmière australienne qui a défini les 5 regrets des personnes en fin de vie les plus fréquents, nous a montré que les humains regrettent toujours la même chose. Ils regrettent de ne pas avoir le courage de vivre la vie qu’ils voulaient vraiment et d’avoir vécu celle que les autres attendaient d’eux. Ils regrettent d’avoir trop travaillé, de ne pas avoir assez dit « je t’aime », de ne pas avoir passé assez de temps avec leurs proches.
Au final, ce sont des choses simples…
La conscience de la mort ramène à l’essentiel ! Garder à l’esprit notre finitude rappelle la préciosité d’une vie humaine, peut nous aider à être plus authentique avec nous-mêmes et les autres.
N’attendons pas nos derniers instants pour réaliser que notre vie n’est pas en adéquation avec nos aspirations profondes !
Comment transcender la peur de la mort ?
Il faut bien comprendre que la peur de la mort n’a rien à voir avec la mort elle-même.
La mort, on ne sait pas vraiment ce que c’est, on ne le saura jamais. Puisque quand tu meurs, il n’y a plus personne pour en parler (même si certains s’y aventurent après une expérience de mort imminente).
La peur de la mort est essentiellement une projection sur laquelle nous greffons nos propres histoires.
Pour certains, c’est la peur de souffrir. C’est en lien avec la maladie, de souffrir longtemps avant de mourir. Pour d’autres, c’est purement et simplement de disparaître et de ne plus exister. Pour d’autres, c’est de ne plus être en lien avec leurs proches.
Bref, chacun a sa raison d’avoir la peur de la mort, chacun ses projections mentales.
En réalité, même si ce problème paraît insoluble, la peur de la mort est profondément ancrée ici et maintenant, dans le présent, dans tes émotions et dans ton corps. Et ça mérite d’être revisité sur le plan purement sensoriel, organique. J’y reviens un peu plus bas.
L’angoisse survient quand nous nous faisons happer par une spirale mentale infernale et que nous ne sommes plus du tout présents à nous-mêmes, notamment au corps. Quand tu perds ton centre, tu te fais embarquer par ces mouvements à l’intérieur et tu paniques.
Paradoxalement, plus tu es conscient de ta mort, plus tu acceptes que tu vas mourir, plus tu vis. Puisque la vie sans la mort n’existe pas. Il n’y a pas de vie sans la mort.
Et réciproquement. Donc, à chaque instant même, tes cellules meurent et se renouvellent. La vie, c’est la mort. Quand tu manges un poulet, le poulet est mort et cela te permet de rester en vie. Tes cellules se régénèrent et se dupliquent grâce au poulet que tu as mangé.
Bon, ça c’est un élément mental qui ne rassure en rien quelqu’un qui a peur de la mort !
Maintenant, qui a peur de la mort, si ce n’est l’ego ?
As-tu peur de la mort quand tu es en train de manger une pizza ? As-tu peur de la mort quand tu fais une balade en famille ? As-tu peur de la mort quand tu lis un bon bouquin ?
D’expérience, quand je suis dans la vie, la mort n’est pas un sujet. Elle le devient quand je me coupe de mon expérience, que je monte dans ma tour d’ivoire et que le centre mental commence à s’agiter dans tous les sens en pensant au futur.
Quand je suis dans la vie, il n’y a pas de “je” pour avoir peur d’une finitude, puisqu’il n’y a ni début ni fin, ni moi ni l’autre, seulement l’expérience du moment présent.
Seul le “moi” est terrorisé par cette idée, parce qu’il n’a pas la Foi : en effet, comment avoir la Foi quand on se tient en dehors de la vie ?
L’ego ne sait faire que ça, il est l’incarnation de la dualité et pense se tenir en dehors de la Vie. Cette séparation de la vie, c’est la définition de l’ego.
Vie et mort sont les deux faces de la même pièce, apprendre à mourir permet de vivre réellement, tout comme la réciproque est vraie.
La thanatophobie est une phobie comme une autre
La thanatophobie est une simple phobie, dans le sens où elle n’est pas plus intense qu’une peur panique de parler en public ou d’un vol en avion. C’était dur de le reconnaître pour moi, pourtant c’est la réalité.
Quels que soient les symptômes, les pensées, l’intensité des angoisses, de l’anxiété ou de la panique provoquée par cette peur… Ca se traite de la même manière pour toutes les phobies : par la présence aux sensations corporelles.
C’est le moment où il faut différencier la “simple” peur de la mort de la thanatophobie. Il est normal que la mort fasse peur pour toutes les raisons qu’on a évoqué : elle nous renvoie à l’inconnu, au mystère, à la finitude, au vide, au rien, à l’annihilation… Si on est honnête, on a TOUS peur de la mort à un certain degré.
Par contre, la thanatophobie est moins fréquente : elle peut aller dans l’extrême en terme d’intensité, jusqu’à l’angoisse de mort qui déclenche une crise d’angoisse où tout le corps s’emballe : vertiges, palpitations, souffle coupé…
La thanatophobie est une hyper-réactivité et il existe bien des méthodes et techniques pour régler cette phobie. Voir un médecin, prendre un traitement, même si ça peut aider et soulager à court terme, ne résout pas le problème de fond, tout comme un médicament ne se substitue pas une alimentation de qualité pour prendre soin de sa santé.
Une méthode qui a fait ses preuves en France est la méthode NERTI, qui promet de réduire drastiquement, voire éliminer, les symptômes en une consultation dans la majorité des cas. Cette approche se concentre sur les réponses émotionnelles et corporelles associées aux phobies, permettant de désactiver les réactions automatiques déclenchées par la peur. Oui, la peur, l’angoisse, la panique, en lien avec une phobie est réglée en une consultation dans la plupart des cas. Ca paraît impossible voire mensonger quand on souffre depuis longtemps, pourtant des milliers de personnes se sont libérées par cette méthode (dont moi et des centaines de personnes que j’ai accompagnées).
Il faut bien se dire que notre référentiel français se base sur la psychanalyse : je reçois souvent en consultation des gens qui ont passé plusieurs années avec un psychologue porté sur la psychanalyse. Loin de moi l’idée de dénigrer : ça peut avoir du sens de chercher un pourquoi, je suis le premier à aimer creuser… Mais il faut comprendre que le mental ne permet PAS de libérer une mémoire traumatique.
Alors que quand le patient s’adresse à la partie de lui-même qui stocke le trauma (et c’est le corps via les sensations) de la bonne façon, la libération peut arriver très vite. Beaucoup de personnes utilisent la méthode NERTI avec succès : médecin, psychologue, thérapeute en tout genre…
Bref, la peur de la mort est une peur humaine, mais c’est aussi une étape à transcender pour mieux vivre. Plus nous intégrons l’inéluctabilité de notre finitude, plus nous pouvons apprécier la richesse de chaque instant qui nous est donné.
Vie et mort ne s’opposent pas, ce sont les 2 faces d’une même pièce : ça faisait partie du deal à la naissance ! L’acceptation de notre finitude est un travail qui dure toute notre vie.
Au lieu de fuir le sujet de la mort, profite pour l’explorer vraiment quand il revient à toi, ça va te permettre d’être beaucoup plus lucide et… vivant !
Pour approfondir cette exploration, nous pouvons cheminer ensemble sur ce parcours de connaissance de soi, afin de transformer cette peur de la mort et apprendre à vivre pleinement.