Il y a mille raisons d’imaginer une reconversion après la kiné.
Beaucoup de personnes en ont marre de leur métier de kiné, malgré la passion pour leur métier, malgré leurs études, malgré la formation professionnelle qui amène du renouveau, malgré le lien tissé avec les patients.

Si tu es kiné et que tu te demandes comment amorcer ta reconversion professionnelle, cet article va t’éclairer.

Pour quelles raisons un kiné a envie de se reconvertir ?
Quelles voies professionnelles sont adaptées à un kiné ?
Comment être sûr de la voie à choisir ?
Par où commencer pour se reconvertir ?

Autant de questions que se posent un kiné en reconversion et auxquelles nous allons répondre aujourd’hui.

Reconversion d’un kiné : quelles raisons poussent à quitter de métier ?

Kiné est un métier souvent envié, pour tout un tas de raisons :

  • Apporter du bien-être aux gens
  • Être libéral donc sans patron
  • Possibilité de très bien gagner sa vie
  • Statut valorisé socialement

C’est pourquoi bien des kinés peuvent culpabiliser de vouloir se reconvertir.
Pourtant, les faits sont là :
1/ Les chiffres de burnout sont alarmants.
2/ 16,13€. C’est le montant d’une séance de kiné.
3/ 50% C’est en moyenne les charges d’un kinésithérapeute libéral.
4/ 8h-20h. C’est la journée de travail classique d’un kiné libéral du lundi au vendredi. (le kiné qui possédait le cabinet où je travaillais a longtemps fait du 7h-21h voire 22h…)
5/ 52 043. C’est le nombre de kinés qui ont signé une pétition pour revaloriser le métier de kiné sur change.org.

Malgré 5 ans d’études pour devenir kinésithérapeute, la profession n’est pas valorisée.
16,13€ brut pour un kiné qui fait bien son travail, ça veut dire 32,26€ de l’heure car prendre en charge un patient de façon correcte prend aisément 30 minutes.
Théoriquement, un kiné peut gagner 7097€ en faisant 8h-20h du lundi au vendredi avec 1h de pause le midi.
C’est très correct, personne ne peut dire le contraire !
Après URSSAF et CARPIMKO, il en reste la moitié. 3500€. Soit, c’est encore tout à fait honorable.
Seulement, à bien y regarder, quand le kiné vit-il ?
Quand profite-il de cet argent durement gagné ? Le week-end ?
Même pas, il dort et se repose de tout le stress et la fatigue accumulés la semaine.
Travailler 12h par jour n’est pas sans conséquence sur un corps et un psychisme, cela amène facilement au burnout comme en attestent les chiffres officiels.

Et je ne parle même pas des plaintes qui reviennent systématiquement de la bouche des kinés eux-mêmes :

  • Les patients qui ne considèrent pas le kiné, le critiquent quand il part en vacances.
  • Les patients qui n’appliquent pas les exercices, veulent être soignés “par magie”.
  • Les patients qui ne s’impliquent pas dans leur rééducation car ils ne paient pas et que “la kiné c’est gratuit”. Ils peuvent même rechigner à régler le tiers payant.
  • La fatigue émotionnelle d’écouter des gens malades, qui se plaignent, du matin au soir.
  • La lourdeur administrative, de la paperasse, des charges, de gérer les appels, les annulations, les retards de paiement des mutuelles…

Bien évidemment, il y a aussi des patients agréables, qui donnent du sens à ce métier et il est valorisant d’aider son prochain à aller mieux, en ayant un métier manuel et de contact.

Seulement, la compensation est bien maigre pour tous ces kinés qui n’en peuvent plus. Ils en ont marre que leur profession ne soit pas valorisée et qu’ils s’épuisent au lieu de vivre. Beaucoup ont la sensation de survivre et tirent sur la corde…

Comment je sais tout ça ?

J’ai été diplômé de kiné en 2015 et j’ai très rapidement senti que ce rythme ne m’allait pas. Après près de 3 ans de travail en libéral, j’ai réalisé que j’avais envie de créer une activité selon mes propres règles.

Je me souviens encore de cette patiente prof qui m’a fait un scandale parce que je ne lui ai pas massé les 2 épaules, le dos, les 2 jambes, en 30 minutes…

Comment soigner dignement dans ces conditions ?

Le contact avec les gens me plaisait, apporter du mieux-être me plaisait, être à mon compte était non négociable.
Par contre, le cadre étouffant de la profession de kiné ne m’allait pas et j’aspirais à autre chose.

Certains kinés optent pour l’approche industrielle, enchaînent les patients sans grand investissement et en augmentant la cadence pour avoir plus de rentabilité.
Quand j’ai commencé à agir comme ça, je me suis dit que ce n’était plus possible de continuer ainsi et j’ai mis la priorité à ma reconversion.

Reconversion kinésithérapeute : comment valoriser tes compétences ?

Beaucoup de kinés ne savent pas ce qu’ils peuvent faire en dehors de la kiné.
Ils croient que c’est la seule chose dans laquelle ils sont compétents.
En considérant les choses de cette façon, ils font une grave erreur : celle de croire que leurs compétences ne sont pas transférables.

Dès l’adolescence, j’adorais lire des livres sur la santé, la psychologie et le développement personnel. J’ai un esprit de synthèse très développé et j’aime écrire.
Cela m’a porté naturellement à être rédacteur avec un statut auto-entrepreneur pendant mes études de kiné.

Ces compétences de curiosité, de synthèse et d’écriture ne sont pas inhérentes à une profession. Elles sont la conséquence de mon être, de mon fonctionnement naturel.
Je peux exprimer cette facilité dans le contexte que je veux : créer une page web pour le site de ma compagne, écrire des articles pour mon propre site, écrire un livre, créer un plan de formation…

Pour toi, c’est pareil.
Plusieurs années d’études au métier de kinésithérapeute, la formation professionnelle, la pratique en cabinet avec des humains pendant des années… Tout cela développe de multiples compétences :
1/ Ecoute et empathie
2/ Connaissance de la psychologie humaine
3/ Connaissance du corps humain, de l’anatomie
4/ Organisation personnelle
5/ Polyvalence et adaptation
6/ Gestion d’entreprise, gestion financière

Selon ton profil psychologique, ces compétences se greffent sur ce que tu fais déjà naturellement et te rendent exceptionnel dans certains domaines.
Certains des compétences nécessaires au kiné peuvent être très difficiles pour toi (comme la comptabilité pour moi) ou au contraire très facile (écoute, empathie, connaissance de la psychologie pour moi).

Dans tous les cas, tu développes des compétences transférables qui dépassent largement le cadre de la kiné.

Bien des kinés se reconvertissent dans le massage, le coaching sportif, le yoga, le Pilates, le coaching bien-être et nutritionnel…
Cela est une “suite logique” car ils s’agit de domaines connexes.
Mais ça n’a rien d’une obligation !

Ces compétences tranverses peuvent amener à lancer une entreprise de construction, à devenir horticulteur ou boulanger…

En réalité, il n’y a aucune limite à ta reconversion.
La priorité est de définir ton projet de reconversion, savoir ce que tu veux, ce qui est important pour toi en fonction de ta vision de ta la vie, de tes aspirations, de ta personnalité.

Les 5 erreurs classiques de la reconversion kiné

Je connais beaucoup de kinés et j’ai échangé avec des centaines d’entre eux.
J’ai vu revenir systématiquement 6 erreurs dans lesquelles ils tombent :

1/ Tu remets à plus tard
“On verra en 2025.”
C’est le fameux “je peux encore tenir une année de plus” où tu te fais croire que le temps va arranger les choses.
Souvent, c’est que tu rationalises alors que ta situation n’est pas confortable.
Oui tu peux encore tenir, mais tu prends sur toi et tu crames ton énergie vitale.
La prochaine étape, c’est le burnout ou la dépression. Est-ce que tu veux en arriver là ?
Chaque année où tu continues, c’est une année de vie perdue à ne pas faire ce que tu as vraiment envie de faire.

2/ Tu n’as ni plan ni stratégie
Tu as une idée de ce que tu aimerais lancer (cours de yoga, de Pilates, développer du coaching, faire de l’équithérapie…) et tu n’as aucun plan ni stratégie.
Vois ta reconversion comme un voyage : ça te viendrait à l’esprit de faire l’ascension du Mont Blanc sans te renseigner sur la condition physique nécessaire, le matériel, le parcours… ?
Evidemment pas.
C’est pareil pour ta reconversion.
Tu as peut-être une idée de ce que tu veux créer. ET il te faut un plan clair :
Quel type de prestation veux-tu proposer ? Combien de temps tu veux travailler ? A quel prix ? Comment te fais-tu connaître ? Auprès de quel public ?
Tant que ça n’est pas clair, c’est au petit bonheur la chance.

3/ Tu crois avoir besoin d’un diplôme AVANT
Cocorico. C’est très français de penser ainsi.
Evidemment si c’est pour devenir médecin ou avocat, c’est logique.
Mais si la nouvelle activité exploite des compétences que tu as déjà, la formation se fera après, pas avant.
Te former plus va plus t’endetter et retarder ta conversion qu’autre chose.

4/ Faire appel aux dispositifs de l’état
Combien j’ai entendu de kinés qui étaient aussi perdus après leur bilan de compétence qu’avant ? Beaucoup trop.
Tout dépend de sur qui tu tombes et de sa compétence, bien sûr.
Maintenant, les dispositifs de l’état ne vont t’aider en rien si tu aspires à lancer une activité d’indépendant. Te faire accompagner par un salarié pour devenir entrepreneur, c’est comme demander à un médecin obèse comment perdre du poids : ça n’a pas de sens.

5/ Tu tombes dans la paralysie de l’analyse.
Tu réfléchis tellement ton plan que tu ne passes jamais à l’action.
Tu n’en sais jamais assez, tu n’es jamais assez légitime, du coup tu te formes, tu réfléchis et tu repousses toujours l’échance où tu finis vraiment par te lancer.
Le problème c’est qu’il y aura toujours des choses que tu ne sais pas.
Au plus tu réfléchis, au moins tu risques d’agir.
Il y a un minimum d’informations à avoir bien évidemment, et après il y a un seuil au-delà duquel tu tombes dans l’inhibition de l’action. Ce que l’on appelle la paralysie de l’analyse en psychologie.

6/ Tu rationalises avec des pseudo-excuses.
“Je n’ai pas suivi ces études de kinésithérapeute pour rien”
“C’est pas si mal, certains travaillent à l’usine”
“Avec un salaire de kiné, je ne vais pas me plaindre”
“J’ai des crédits, je ne peux pas me permettre de me reconvertir”
“Après tout, c’est quand même bien d’aider les gens”

Il est facile de passer par la tête pour se convaincre que notre situation est correcte.
C’est une tentative de rationaliser pour ne pas changer et rester dans un “confort” connu, même si on va droit au casse-pipe.

Quelle est la seule façon de savoir si tu te mens à toi-même et que tu rationalises ?
Observer ton corps.
Est-ce que tu pleures avant d’aller travailler ?
Est-ce que tu as la boule au ventre le matin ?
Est-ce que tu as perdu tout enthousiasme ?
Est-ce que tu as hâte du weekend et de tes prochaines vacances ?

Ton corps ne ment jamais : si tu sens que ton corps résiste, que tu accumules des tensions, de la fatigue voire d’autres symptômes… Les signaux sont clairs.
Après, à toi de voir ce que tu en fais.

Reconversion après la kiné : par où commencer ?

Comme toute transition de vie, la reconversion suscite énormément de questionnements, voire de craintes.
“Est-ce que j’arrête du jour au lendemain ?”
“Que vont penser les autres ? Mes collègues ? Mes patients ? Ma famille”
“Qu’est-ce que je fais de mon cabinet ?”
“Dans quoi je me lance exactement ?”
“Et si je n’y arrive pas ? Et si j’échoue ?”
“Et si je me trompe de voie ?”

Ces interrogations sont légitimes et normales !

Les réponses dépendent énormément de ta situation :

  • Es-tu célibataire ou en couple ? Avec ou sans enfant ?
  • Est-ce que tu as un cabinet ou es-tu assistant ? Ou fais-tu des remplacements ?
  • As-tu un crédit ? Sur ta maison ? Sur ton cabinet ?
  • Sais-tu déjà dans quoi tu veux te reconvertir ? Aspires-tu à lancer ton projet et ton propre business ? Ou à partir en salariat ?

Tu dois tenir compte de tout ça pour mener à bien ta reconversion et éviter de faire les erreurs classiques décrites plus haut.

Attention : Tout ce qui est dit dans cet article est généraliste car je ne connais pas ta situation précise.
Sache qu’au plus tu te connais, tu connais ton fonctionnement, ton profil psychologique, tes forces, ce que tu veux et ce que tu ne veux pas, au plus il te sera facile de te reconvertir avec succès.

Si tu désires aller plus loin tu peux réserver une session extraction de cerveau qui te permettra de passer du brouillard mental à la clarté totale sur l’activité qui te ressemble. On pourra alors clarifier TON plan de reconversion, selon tes aspirations, tes compétences et ta personnalité.

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