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Epanessence accompagne ceux qui, malgré beaucoup de dev’ perso, tournent en rond dans leurs schémas et en souffrent. Le but : renouer avec qui tu es vraiment et être en paix avec toi-même.

L’enfant intérieur : pierre angulaire de notre épanouissement ? Dans le développement personnel, dans la thérapie, dans la psychologie… Il est très commun d’entendre le terme “enfant intérieur”. Qui est-il ? Quelle place a-t-il dans le monde adulte ? Comment s’y relier ?

Il est tellement courant de s’en couper pour rentrer dans une société normée que j’ai décidé de dédier ces lignes à l’enfant intérieur.

Le mythe de l’adulte

“Il est incroyable de penser que le destin d’un homme, avec tout ce qu’il a de noblesse et de bassesse, est décidé par un enfant qui n’a pas plus de six ans.” Eric Berne

T’es-tu déjà demandé ce qui fait qu’un adulte… est adulte ?

Une fois adulte, on croit qu’on n’est plus un enfant : fini de courir sans raison, de sauter dans les flaques d’eau, de se poser des questions et de regarder les papillons voler…

Dans le Petit Prince, Saint-Exupéry nous alerte sur ce mythe des grandes personnes : comme si, une fois adultes, il faut être sérieux, laisser de côté la légèreté et la beauté de la vie. Il faut faire des trucs d’adultes, utiles, productifs.

On dirait que le concept d’adulte est confondu avec la perte de l’innocence et de l’émerveillement de la vie.

J’en profite pour questionner ce mythe de l’adulte : Quand devient-on adulte exactement ? À la majorité ? Quand tu payes tes impôts ? Quand tu commences ton premier boulot ? Quand tu emménages hors du cocon familial ? Au premier enfant, devenant ainsi parent ?

À vrai dire, je ne saurais dire quand la transition enfance-adulte arrive car il n’y a pas de séparation nette, pas de moment particulier… Comme s’il fallait marquer une frontière nette, comme le dit l’expression “entrer dans le monde des adultes”.

Entre les deux il y a une étape mystérieuse : l’adolescence. Dans l’archétype, l’adolescent cherche son identité, ne sait pas qui il est, a un besoin compulsif d’appartenir à un groupe, se rebelle contre l’autorité…

J’avais trouvé fascinant que, dans les structures tribales, l’adolescent n’existe pas ! Dans ces tribus, la frontière entre enfance et adulte est plus nette grâce à un phénomène qui s’est complètement perdu de nos jours : le rite de passage. Le rite de passage consiste en une série d’épreuves qui vise à rendre l’enfant adulte.

Dans nos sociétés modernes, c’est encore visible dans une moindre mesure :

  • Les week-ends d’intégration, avec le bizutage
  • La remise de diplôme
  • Les comportements ordaliques : saut à l’élastique, saut en parachute, conduite automobile à grande vitesse…

Pour autant, l’impact n’est pas aussi fort que dans les sociétés traditionnelles, conservant l’humain dans cette phase adolescente pendant une ± longue période. Biberonnés à la TV, aux jeux vidéo, au smartphone, dans des maisons chauffées et loin du moindre inconfort, nous nous sommes subitement éloignés de la réalité de la Nature et de sa “dureté”. Nous n’avons plus aucune connexion à la saisonnalité de la vie, à la violence et à la mort.

Ainsi, bien peu nombreux sont les jeunes adultes qui savent tuer un poulet, qui savent quelle partie d’un animal ils mangent ou qui savent se débrouiller par eux-mêmes en pleine nature… Nous nous sommes coupés de la dureté du réel pour en gardant les aspects les plus molletonnés.

Ce faisant, l’humain du 21ème siècle est en train de dégénérer, il devient plus faible, plus paresseux, moins intelligent et surtout moins antifragile comme le dirait Nassim Taleb. C’est l’un des écueils du niveau Orange dans la Spirale Dynamique.

Les études se multiplient pour montrer une baisse de QI, une baisse de la testostérone, une baisse de la masse osseuse et musculaire, une augmentation drastique des temps d’écran, une baisse d’empathie généralisée…

Nous assistons depuis longtemps à une opposition entre l’enfant et l’adulte, opposition pas si pertinente en réalité…

La dialectique enfant-adulte et le problème de la logique aristotélicienne

Dans le langage courant, on a tendance à opposer enfant et adulte : tu es l’un ou tu es l’autre.

  • L’enfant serait cet être irresponsable à qui il faut tout apprendre, qui doit être canalisé et à qui on doit apprendre la vie.
  • L’adulte serait cette personne responsable, avec une voiture, un travail, il serait un sachant censé cadrer l’enfant et lui apprendre la vie.

Cette dualité archétypale pose une question : Qu’est-ce que l’adulte a en plus que l’enfant ? On pourrait répondre l’expérience ou la maturité.

Mais comme le disait Aldous Huxley “L’expérience, ce n’est pas ce qui arrive à un homme, c’est ce qu’un homme fait avec ce qui lui arrive.”

Ainsi la sagesse, tirée de l’expérience, ne dépend pas ce qui nous arrive mais de ce qu’on en fait. C’est une des raisons qui explique que bien des enfants sont plus adultes que des adultes. Certains enfants de 12 ans sont extrêmement matures pendant que des adultes de 55 ans sont très immatures.

J’ai eu de nombreuses fois en accompagnement des individus qui ont dû très tôt être autonomes pour prendre en charge leur père ou leur mère… et ça a volé leur enfance.

Si j’en crois mon expérience de vie avec les milliers de personnes de tout âge que j’ai croisé, un adulte c’est surtout… un enfant avec quelques années de plus et qui a tendance à se prendre trop au sérieux.

Alors à quel âge s’arrête l’enfance ? À que âge commence la vie adulte ? Quand et comment devient-on une grande personne ?

La logique aristotélicienne est fort rassurante car elle sépare les choses : il y a l’enfant d’un côté et l’adulte de l’autre. L’enfant n’est pas un adulte et l’adulte n’est pas un enfant, c’est clair. L’enfant est innocent et ne sait rien, l’adulte lui apprend la vie car lui sait.

N’est-ce pas un peu simpliste, à l’instar des gens qui se rangent dans le camp du bien en se croyant d’un seul côté de la pièce ? Cette vision manichéenne n’est-elle pas… immature ?

Le diptyque enfant-adulte est un sujet omniprésent dans le Petit Prince, ce chef d’œuvre de Saint-Exupéry et, à mon avis, ça n’est pas étranger à son immense succès. Ainsi, au chapitre 7, Saint-Exupéry dans son propre personnage est préoccupé par son boulon (pour réparer son avion) tandis que le petit prince est préoccupé par sa rose, et le premier s’énerve de la légèreté du deuxième jusqu’à réaliser sa “sériosité” maladive et finit par prendre l’enfant dans ses bras.

Le Petit Prince décrit à la perfection ce monde des “grandes personnes” qui se prennent au sérieux, avec un rôle à accomplir et des tâches à réaliser. Ce livre questionne, déconstruit, avec finesse ce mythe des “grandes personnes” qui sont, dans la plupart des cas, des enfants dans des corps d’adulte.

La différence majeure est l’ampleur du conditionnement familial, sociétal et culturel qui a façonné l’adulte…

On peut facilement remarquer l’incomplétude de l’individuation des adultes :

  • La réaction aux émotions de leurs enfants
  • Les comportements addictifs et compensatoires
  • Le besoin compulsif d’être reconnu et validé par des figures d’autorité
  • Le manque d’écoute intérieure

Les adultes ont eu une expérience de vie plus longue, ce qui fait qu’ils sont beaucoup plus conditionnés, figés et coupés de la vie, que les enfants.

La frontière entre enfant et adulte est beaucoup plus poreuse qu’on aime le croire : il y a de l’enfant dans l’adulte et de l’adulte dans l’enfant (c’est d’ailleurs au cœur de l’analyse transactionnelle).

Mais si les adultes n’en sont pas vraiment, qui élève nos enfants ?

Ce qu’est vraiment l’enfant intérieur

L’enfant, étymologiquement, est celui qui ne parle pas. L’enfant est l’innocence, l’incarnation de l’énergie de vie, l’enthousiasme à l’état pur ! Nous avons tous été cet enfant et beaucoup d’entre nous avons oublié qu’il est toujours là en nous, au présent. À quel moment aurait-il disparu ?

Je reçois souvent en séance des individus complètement coupés de leurs émotions (et qui se demander comment gérer leurs émotions), de leurs besoins et de leur propre enfant intérieur.

J’ai moi-même renié pendant des années le concept de l’enfant intérieur, jusqu’à réaliser que c’est parce que je l’avais moi-même complètement mis sous le tapis. Ça m’arrangeait bien de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Eric Berne tape dans le mille quand il dit que l’enfant pilote dans l’ombre. Nous sommes dans une société d’enfants dans des corps d’adulte : il suffit de regarder le moindre show télévisé, débat politique, pour le réaliser. Ce sont des enfants en train de se chamailler, pas des adultes en train de discuter de façon constructive.

Très peu d’individus ont véritablement atteint le stade d’adulte qui, loin de renier son enfant intérieur, fait équipe avec lui.

On peut ainsi transformer la dualité parent-enfant en trinité parent-adulte-enfant comme cela est décrit dans l’analyse transactionnelle. Nous avons évidemment ces trois parties en nous :

  • Le parent est la partie de nous normée, qui a introjecté les interdits, la morale, les “il faut”… C’est aussi la partie qui peut rassurer, soutenir, complimenter.
  • L’enfant est la partie immature, spontanée, “pure” de l’être. C’est autant l’enfant qui se rebelle que l’enfant qui se soumet aux diktats et aussi l’enfant qui fait ce qu’il a envie !
  • L’adulte est la troisième force, la partie de nous présente dans l’ici et maintenant, qui adapte la position du curseur et fait danser les deux premiers au lieu de les opposer.

L’enfant intérieur est la porte d’entrée de notre humanité, le pivot de notre enthousiasme et notre créativité. Il est une ressource incroyable pour revenir à la simplicité et la joie de la vie. C’est l’aspect pur et non conditionné de notre psyché. Il est beaucoup plus au contact de nos vrais besoins que notre façade conditionnée, construite brique par brique.

Selon l’enfance que nous avons eu, il y a un certain nombre de souvenirs, de blessures, de traumas, à revisiter. En effet, quand l’enfance est marquée par des traumas et des blessures, cela entrave le développement : c’est typique d’une enfance violente qui concerne beaucoup plus d’adultes que je ne l’imaginais. Pendant l’enfance, nous avons tellement besoin d’amour pour notre équilibre psychique et émotionnel, notre formation en dépend,

Enfant intérieur : de la cachette au soleil

Selon l’enfance de chacun, le rapport à l’enfant intérieur peut être déséquilibré :

  • Vers la polarité + : l’enfant roi qui domine, irresponsable, attend que tout tombe tout cuit, vit aux dépens des autres, il est le centre du monde et prend toute la place.
  • Vers la polarité – : l’enfant inhibé, étouffé, qui s’incline, s’efface, reste discret. Il n’a aucune place en nous car on se coupe de lui (typique des personnes qui rationalisent leurs émotions, répriment leur sensibilité et leur vulnérabilité).

Quand on prend le temps de visiter les différentes parties de nous, on se rend bien vite compte qu’il n’y a pas UN enfant unique et délimité.

Dans la complexité de notre être, il y a de multiples parties qui interagissent à chaque instant.

Ainsi il peut y avoir un enfant de 3 ans blessé qui se sent abandonné, un enfant de 7 ans joueur qui aime rire et goûter à tous les plaisirs de la vie, un enfant de 10 ans esseulé qui peine à se faire des copains, un adolescent de 15 ans frustré de sa vie amoureuse effroyablement vide.

Au final, l’archétype de l’enfant intérieur est cette partie de nous qui nous est la Vie. Il ne s’agit pas de lui laisser toute la place, toutes les parties de notre être ont leur place ! Une présence complète n’est jamais obtenue en rejetant ou en repoussant quoi que ce soit.

Simplement, certaines personnes tirent un peu trop sur leur parent intérieur comme c’est mon cas, se mettent beaucoup de pression et étouffent l’enfant intérieur qui n’a plus de place.

Or, c’est l’enfant intérieur qui est le garant de la joie, qui sait ce qui nous anime…

Quand l’enfant intérieur est étouffé, la vie devient terne, grise, notre monde intérieur devient goudronné, cadenassé et nous esquivons de plus en plus l’introspection. Quand c’est le cas, il se cache des traumas non résolus que l’individu met de côté pour se protéger (amnésie) et ne pas être au contact des émotions de cet enfant blessé.

Si l’on veut vraiment être en vie et vivre une vie épanouissante sous le signe de la joie, le concept de l’enfant intérieur est primordial car c’est lui qui détient la clé de nos aspirations, de nos rêves et de nos besoins réels.

Prendre soin de cet enfant intérieur consiste à prendre le temps de s’amuser, de rigoler, de sauter dans les flaques d’eau, de regarder les feuilles tomber, de caresser un chat qui passe, de s’émerveiller d’un coucher de soleil, de s’autoriser à pleurer, de se faire masser, de manger du chocolat fondu et de s’en mettre partout…

Tout dépend ce qui t’a le plus nourri dans ton enfance. Il ne s’agit pas de régresser et de redevenir enfant comme Benjamin Button, simplement de réaliser que tu es aussi cet enfant ici et maintenant, et tu l’auras toujours en toi.

Et en prendre soin, ça commence maintenant !

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