Devenir la meilleure version de soi-même est une expression extrêmement fréquent dans le monde du développement personnel. Tu veux réussir ta vie coûte que coûte et tu peux y investir une énergie phénoménale.
Cette quête cache un terrible secret et c’est ce que je vais te révéler dans ces lignes.
Sommaire
C’est quoi devenir la meilleure version de soi-même ?
Devenir la meilleure version de soi-même, ça revient à se dépasser sur tous les plans. Ca commence par avoir une vision idéale de toi et chercher à le devenir coûte que coûte.
Dans le discours ambiant, il s’agit d’arrêter d’être une merde : arrêter de regarder la télévision et les journaux, arrêter de glander, de jouer aux jeux vidéo, virer de tes connaissances tous les gens qui te tirent vers le bas, arrêter les pensées négatives, détruire tes croyances limitantes…
Dans le même temps, tu dois te dépasser constamment : te lever tous les jours à 6h du matin pour aller à la salle de sport, méditer, lire des livres de développement personnel, cultiver uniquement des pensées positives.
Ensuite il faut entreprendre pour gagner du gros cash et atteindre ta liberté financière, si possible en devenant rentier.
Pour avoir énormément traîné dans des milieux développement personnel/business, je ne caricature même pas : c’est vraiment l’idéal recherché par énormément de monde.
Est-il vraiment réaliste ? Es-tu toi-même, consciemment ou non, à la recherche de cet idéal ?
Réussir sa vie : un postulat dangereux
Postuler une meilleure version de soi-même implique un certain nombre de corollaires :
- Tu n’es pas cette meilleure version de toi-même
- La meilleure version de soi-même existe
- Chercher cette meilleure version de soi est une bonne idée
J’ai moi-même souscrit à ce paradigme pendant plus de 10 ans de ma vie. Depuis mes 16 ans, je lis beaucoup d’ouvrages de développement personnel, j’ai passé des heures et des heures à la salle de sport, j’ai médité de longues heures jusqu’à faire des retraites. J’ai même écrit un livre qui synthétise tout le meilleur du développement personnel en 2018 !
De toutes ces années, j’en ai tiré une immense frustration et la sensation de n’être jamais assez.
J’ai couru après cette meilleure version de moi-même comme Usain Bolt a couru après le record du monde. La seule chose que j’ai obtenu, ce n’est pas un record du monde, c’est une immense tristesse et déception de moi-même, parce que je n’y arrivais jamais.
Cette quête frénétique m’a appris une chose : ce fantasme de la meilleure version de soi-même est une idéologie toxique et destructrice.
Elle sous-entend que tu n’es pas assez ici et maintenant et que tu seras un être mieux dans le futur.
Tu vois la dureté de ce postulat ?
Le futur n’existant pas en dehors de ton mental, ça veut dire que tu vas passer toute ta vie à te sentir insuffisant au présent et à croire à un futur meilleur, futur qui n’arrivera jamais vu que ta vie est ici et maintenant…
Il s’agit d’un bon exemple de double contrainte.
La meilleure version de toi-même est en réalité un idéal du moi auquel tu t’identifies et pour lequel tu sacrifies qui tu es dans l’instant.
C’est d’une violence inouïe et malheureusement, quand tu es en transe vers cet objectif, tu ne t’en rends pas compte.
Trier le bon grain de l’ivraie du développement personnel
Tout n’est pas nécessairement à jeter dans ce paradigme de la meilleure version de soi-même. Ca peut avoir du sens d’aller à la salle de sport, de méditer, d’entreprendre… Seulement ne te raconte pas que tu seras un être meilleur, où que tu auras “réussi ta vie.”
Il n’y a pas une meilleure vie qu’une autre. Tu as le droit de glander, tu as le droit de ne pas travailler, tu as le droit de ne pas méditer… Ces injonctions au bonheur, au progrès et à la perfection interdisent d’être fatigué, faible et déprimé. Cela revient à se transformer en une machine productive et donc te couper de la vie en toi.
Pourtant, la fatigue, la faiblesse et la déprime font partie de toute vie humaine normale. Tu ne peux pas t’extraire du réel et vivre dans un monde fantasmé. Enfin si, tu peux, on le fait tous à divers degrés, mais plus tu le fais plus tu te déréalises et plus tu passes vraiment à côté de ta vie.
Là est le coût caché de la meilleure version de soi-même : tu fous sous le tapis ta médiocrité, ta faiblesse, ta sensibilité et toutes les parties de toi qui ne collent pas à ta vision idéale.
C’est la voie royale pour te déshumaniser, faire un burnout en bonne et due forme et, paradoxalement, tomber malade et en dépression parce que tu es à côté de tes pompes.
Ca demande d’être un minimum honnête envers soi pour reconnaître que tu te traites comme une machine.
Tout est question d’intention
Evidemment il n’y a aucun mal à méditer ou à créer une entreprise. Le propos ici n’est pas de faire ou ne pas faire quelque chose. Tout l’enjeu est de reconnaître l’intention sous-jacente qui nous pousse à faire ce que l’on fait.
C’est cette intention qui conditionne en énorme partie l’expérience que l’on vit. D’où l’intérêt de creuser un modèle comme l’ennéagramme qui nous permet d’identifier les motivations sous-jacentes à nos comportements.
Je vois beaucoup trop de personnes dans les livres et sur YouTube vendre une idéologie de dépassement de soi… Avant même d’avoir rencontré ce soi.
C’est comme une personne qui voudrait se sentir joyeuse tout le temps. Pourquoi pas cultiver plus de joie… Mais tant qu’il y a un océan de tristesse dessous, ce n’est pas avec 3 minutes d’affirmation positive que ça va changer quoi que ce soit.
Ce que ça va créer, c’est une dissonance cognitive entre ce que tu ressens réellement et ce que tu essaies de te faire croire.
Vivre plus heureux, ça commence déjà par aller rencontrer toutes les émotions refoulées que tu as mis sous le tapis et qui cocottent.
Après avoir passé plus d’une vingtaine d’années à refouler ma tristesse, je peux affirmer une chose :
Tu ne peux pas vivre un épanouissement profond et durable en refoulant tes émotions et en courant après la meilleure version de toi-même.
La voie la plus directe pour vivre la joie est d’autoriser et accueillir tes émotions désagréables. Je sais, c’est pas un discours fréquent, ni même que tu as envie d’entendre, mais je ne te propose rien d’autre que la réalité.
Apprendre à se connaître, c’est aussi découvrir qu’on a des zones d’ombre et qu’on est pas des gentils bisounours.
Voilà pourquoi dans le bilan de personnalité, je t’aide à aller voir ce que tu n’arrives pas à voir tout seul.
La véritable connaissance de soi est difficile et demande du courage car elle ne s’apprend pas dans les livres : c’est un travail à mener directement sur toi par observation factuelle de ce que tu vis.