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Epanessence accompagne ceux qui, malgré beaucoup de dev’ perso, tournent en rond dans leurs schémas et en souffrent. Le but : renouer avec qui tu es vraiment et être en paix avec toi-même.

Le syndrome de l’imposteur est dans toutes les bouches.

Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, il ne revêt pas une réalité unique, c’est une fourre-tout dans lequel chacun y met un peu ce qu’il veut.

Et si on allait voir ce qui se cache vraiment dans le syndrome de l’imposteur ?

Syndrome de l’imposteur : ça ressemble à quoi ?

Quand on parle du syndrome de l’imposteur, ce sont toujours les mêmes manifestations qui reviennent.

  1. “Je ne mérite pas ce que j’ai réussi dans mon travail.”
  2. “Les autres vont découvrir que je suis un imposteur.”
  3. “Mes accomplissements sont le fruit de la chance.”
  4. “Je ne suis pas aussi compétent que les autres pensent.”
  5. “Je ne suis qu’une fraude qui réussit à tromper les autres.”
  6. “Mes succès ne sont que le résultat du travail acharné, je n’ai pas de compétences réelles.”
  7. “J’ai toujours peur que quelqu’un me pose une question à laquelle je n’ai pas la réponse.”
  8. “Comparé à mes concurrents ou collègues, je me sens nul.”
  9. “J’ai souvent peur de faire les choses car j’ai peur d’être démasqué à n’importe quel moment.”

La psychologue Pauline Rose Clance a étudié ce sentiment d’insécurité. Avec sa collègue et psychologue Suzanne A. Imes, elle a nommé cela le “syndrome de l’imposteur.” Initialement cette psychologue pensait que c’était lié à l’absence de diplôme, à la culture, que cela concernait surtout les femmes…

En réalité, on a découvert plus tard que ça n’est pas un phénomène isolé : cela peut concerner tout le monde, des étudiants aux professionnels de santé en passant par les chercheurs… C’est un phénomène global et extrêmement répandu, y compris chez les plus grands experts de leur domaine.

Je confirme ces faits dans ma pratique : Les personnes qui viennent à moi sont souvent dans ce doute sur elles-mêmes et étiquettent ça “syndrome de l’imposteur”. Cela s’exprime souvent dans le cadre du travail avec une tendance à dévaloriser sa réussite, à attribuer son succès à la chance, au hasard : il y a toujours un blocage psychologique derrière.

Ne croyant jamais au premier degré aux étiquettes, j’ai décidé d’approfondir le sujet et de te partager ce que j’ai découvert.

Le syndrome de l’imposteur fait partie de ces termes fourre-tout comme les croyances limitantes et les auto-sabotages… Que beaucoup de gens prennent pour argent comptant.

Le syndrome de l’imposteur, une question de diplôme ?

Avec le syndrome de l’imposteur, je peux me sentir illégitime de ne pas avoir assez de diplômes et de certifications, ou de ne pas avoir de diplôme du tout. Légitime vient du latin legitimus “estimé être selon la loi”. C’est quelque chose que j’ai souvent vu revenir chez des personnes que j’ai accompagné : elles pensent ne pas en savoir assez, il faut se former encore et encore pour se sentir légitime dans leur travail (voir le syndrome de l’objet brillant). Dans le milieu des thérapeutes, coachs, auto-entrepreneurs, c’est encore plus répandu.

Le diplôme est censé être un garant de la compétence. Pourtant, il y a des gens diplômés qui sont incompétents dans leur travail. D’autres ne sont pas diplômés et possèdent un haut niveau d’expertise.

Ainsi, le mystérieux rebouteux de 70 ans qui guérit mémé Jeanine de sa sciatique en quelques minutes sans connaître l’anatomie surprend tout le monde et crée la suspicion, là où des kinés sont impuissants à soulager mémé Jeanine malgré leur diplôme.

Le syndrome de l’imposteur n’a rien à voir avec le diplôme pour une raison simple : Le diplôme est un bout de papier symbolique censé apporter la preuve d’une compétence (cela vient d’ailleurs du grec ancien diploma signifiant “document officiel présenté sur un feuillet plié en deux”), c’est un élément extérieur à soi.

Or, le syndrome de l’imposteur renvoie à un sentiment intérieur qui n’a rien à voir avec un bout de papier extérieur. Ce sentiment est mêlé de doute et lié à l’image, l’estime et parfois la confiance en soi.

C’est ainsi que j’ai régulièrement croisé dans ma vie des personnes qui “avaient” un syndrome de l’imposteur malgré le fait qu’elles étaient surdiplômées dans leur travail.

Non seulement le diplôme ne certifie pas la compétence (il s’agit d’un simple bout de papier), mais en plus il ne peut pas compenser ce sentiment intérieur de ne pas être assez.

Un diplôme est surtout là pour rassurer le chaland, il est un filtre contre la charlatanerie… Et encore. Ca n’empêche pas des chirurgiens reconnus d’opérer le mauvais genou, d’encaisser des pots-de-vin, de faire des opérations non nécessaires ou de signer les organes de leurs patients au laser (véridique !).

Pour un sujet sur lequel il y a un enjeu de vie ou de mort et sur lequel un très haut niveau d’expertise est demandé, il est évident qu’on préfère accorder plus de crédit à la personne qui a un diplôme de chirurgien qu’à celle qui ne l’a pas.

Par contre, pour bien des professions, la légitimité du diplôme est plus que discutable, même si ça peut en faire hurler certains.

Les thérapeutes les plus compétents que je connais n’ont pas de diplôme officiel de psychothérapie, les experts les plus pertinents en nutrition n’ont pas toujours de diplôme officiel de diététicien. Il y a souvent un amalgame entre le diplôme et la compétence, alors que le diplôme n’informe pas du niveau d’engagement, de passion, d’expérience, d’expertise réelle, de l’intégrité, d’un individu. C’est juste… un diplôme.

Chercher une forme de légitimité à travers un diplôme est une démarche vaine, le syndrome de l’imposteur ne peut pas se résoudre par ce biais.

Est-ce que ça veut dire qu’il ne faut pas se former ? Bien sûr que non ! Il s’agit simplement d’être conscient sur ce que l’on projette sur un diplôme, autant pour nous quand on se forme dans un domaine que pour la personne que l’on consulte pour son diplôme. Attention au biais d’autorité.

Questionner le syndrome de l’imposteur

La folie, c’est la confusion entre les choses et ce qui les représente” Alfred Korzybski

De la même manière que l’arbre n’est pas ce le terme “arbre” qui le désigne, il en est de même pour le syndrome de l’imposteur : c’est tout l’enjeu de la sémantique générale, ne pas confondre la carte et le territoire.

Le “mot” a tendance à figer le réel et c’est pourquoi il est beaucoup plus intéressant de questionner ce qui se trouve derrière le terme de syndrome de l’imposteur.

Celui-ci peut revêtir de multiples réalités, mais pour cela il faut investiguer la réalité qui se cache dessous. 

  • “J’ai peur qu’on se rende compte que je suis une fraude”
  • “J’ai peur de ne pas pouvoir répondre à une question”
  • “J’ai peur de ne pas être assez compétent, de ne pas en savoir assez”
  • “J’ai peur d’être vu en situation d’échec aux yeux de tous”
  • “J’ai honte de me montrer au monde”
  • “Je crains qu’on voie que je ne suis pas irréprochable”
  • “Je doute sans cesse de moi, de mes compétences”
  • “Je remets en question ma réussite, mes succès, je mets sur le compte de la chance”

Ainsi, l’un a peur du regard des autres, l’autre craint d’être percé à jour, le troisième ne se sent jamais assez. Évidemment il peut y avoir un mélange de tout cela ! Il y a souvent des pensées récurrentes, de l’anxiété, une peur de l’échec, une impression de ne pas être assez, une impression d’imposture…

Derrière le syndrome de l’imposteur, il n’y a pas une réalité uniforme et consensuelle… Ainsi, se ranger derrière ce terme ne veut pas dire grand chose, à part s’étiqueter.

Le procédé d’étiquetage a un certain nombre de bénéfices : il permet d’être rassuré en posant des mots sur ce que l’on vit, il permet d’appartenir à un certain groupe et de ne pas être tout seul, il permet de simplifier le réel… Mais il a l’inconvénient de nous couper de la vie et nous enfermer entre 4 murs.

Comme dit plus haut, le syndrome de l’imposteur peut toucher tout le monde, pour diverses raisons. Illustrons cette diversité avec 3 profils de l’ennéagramme :

  • Le type 1 considère que ce qu’il fait n’est jamais assez bien et a peur qu’on lui reproche ses imperfections.
  • Le type 4 considère qu’il n’est pas assez, qu’il ne convient pas, que ça n’intéresse personne.
  • Le type 5 considère qu’il n’en sait jamais assez, il a peur de ne pas être assez compétent.

Le syndrome de l’imposteur : ce que ça cache

Le syndrome de l’imposteur est induit par ton gendarme intérieur, qui pose un certain nombre de règles, de lois, dans un cadre précis que tu t’auto-appliques.

Son rôle est de cadrer pour éviter de faire n’importe quoi dans ton travail (ce qui est l’intention derrière un diplôme à la base).

Tu peux rapprocher ce gendarme intérieur de l’archétype du parent dans l’analyse transactionnelle, ou du surmoi dans la psychanayse. Ce parent-surmoi a réellement sa place en toi ! C’est un garde fou, il évite de faire n’importe quoi et ça peut être sain.

Par contre, s’il prend toute la place, ça devient problématique, parce que tu étouffes ta créativité, ton enfant intérieur, ta joie, que tu conditionnes toujours à des critères.

Mais il y a un hic dans cette histoire :

  • Quels sont les critères de sélection de l’imposteur ?
  • Qui fixe ces critères exactement ?
  • A quel moment t’es un imposteur ou pas un imposteur ?

C’est arbitraire et absolu, basé sur un sentiment, ça n’est absolument pas basé sur le réel. Ça devient oppressant et toxique : tu as introjecté des critères extérieurs à toi (induits par tes parents, tes éducateurs, la société) et tu te juges à partir de ça.

Tu as tendance à te mettre une pression énorme dans ton travail tellement tes critères sont inatteignables : “je n’ai pas le droit à l’erreur”, “je dois pouvoir répondre à toutes les questions”, “je dois avoir des certifications”… Forcément qu’il y a de la peur, de l’anxiété, des sentiments désaréables et une impression de “pas assez” !

Cette pression peut même pousser à faire des erreurs et créer exactement ce dont on a peur !

Voilà le danger du surmoi/parent qui devient un véritable tyran intérieur et qui te coupe de tout élan de vie.

Imagine un petit enfant qui dit : “Oh j’aimerais bien créer ça, ce serait joyeux et amusant”

Et le parent de répondre : “Ta gueule, t’es pas assez diplômé, qui t’es pour parler de ce sujet ?”

Ca paraît un peu violent, hein ? C’est un exemple de ce à quoi peut ressembler le syndrome de l’imposteur à l’intérieur de toi.

À toi d’identifier ce qu’il cache précisément dans ton cas précis.

Par exemple, chez moi, ça se traduit par la peur de ne pas en savoir assez et qu’on puisse me critiquer sur une erreur que j’ai fait. Mon parent intérieur met beaucoup de pression pour être irréprochable sur mes contenus. Alors que toute la partie sur “mes succès ne dépendent pas de moi, c’est du hasard” ne me touche pas du tout.

Et toi ? Qu’est-ce qui est vivant chez toi derrière ce terme de syndrome de l’imposteur ?

Le syndrome de l’imposteur pourrait se résumer à un noyau commun : un doute permanent lié à la recherche d’une validation extérieure qui n’est jamais satisfaite.

Il n’est pas nécessaire de consulter un psychologue, un thérapeute ou un coach, il faut que tu comprennes que le seul manque des personnes touchées par ce “syndrome”, c’est le manque de reconnaissance intérieure.

Tu as besoin de te valider toi-même, de reconnaître tes forces et tes faiblesses, de reconnaître tes succès et tes échecs, d’accueillir tes émotions, tes doutes et insécurités. Ca ne peut QUE passer par là : la reconnaissance inconditionnelle de ce que tu vis.

Transcender le syndrome de l’imposteur

Il y a quelques mois, je discutais avec un ami thérapeute de ce sujet et il m’a dit cette phrase qui m’a marqué : “Tu sais Fabien, depuis que j’ai compris qu’on a tous un imposteur en nous, ça m’a détendu dans mon travail.”

Attention à la dualité illusoire : imposteur/pas imposteur.

Tu crois que certaines personnes ne sont pas des imposteurs et alors tu te mets la pression. Quelque part, tous les humains sont des imposteurs à un endroit. Il n’y a aucun référentiel divin qui atteste de la compétence absolue et universelle (même si certains aimeraient car ça les rassurerait…)

Cela invite à prendre sa responsabilité quand on consulte quelqu’un, que ce soit un avocat, un médecin ou un thérapeute. S’accrocher à un diplôme est enfantin, cela revient à un doudou. Il y a beaucoup trop de gens qui abandonnent tout esprit critique, toute pensée, quand ils consultent leur médecin par exemple. C’est bien connu en psychologie avec le biais d’autorité et c’est dangereux, parce qu’en prenant pour argent comptant tout ce que dit le médecin, tu t’en remets totalement à lui pour ta santé. Le médecin est humain, oui il a un diplôme, mais il a le droit d’être fatigué, déprimé, se tromper, il peut avoir des conflits d’intérêt, prescrire des molécules dangereuses, il peut être ignorant… Il est faillible !

Cette faillibilité est inhérente à l’être humain : personne n’y échappe. Personne ! Le fantasme derrière ce syndrome de l’imposteur, c’est croire qu’on devrait atteindre cette infaillibilité avant de faire quoi que ce soit.

Si tu attends d’être infaillible pour commencer à faire quelque chose, tu seras mort avant d’avoir démarré quoi que ce soit.

Se croire imposteur, c’est focaliser sur un bout de la réalité. Regarder l’endroit où tu es un imposteur est sain, ça te permet de voir tout ce que tu ne sais pas, ça permet de garder de la mesure, des pincettes. Cela va avec de l’humilité et du professionnalisme.

MAIS quand il n’y a que cela, c’est déséquilibré car c’est aussi faux : tu n’es pas que ça.

Tu n’es pas uniquement gentil, bienveillant ou généreux. Comme tout le monde, tu peux être méchant, malveillant ou pingre. Personne n’est que d’un seul côté, personne a UNE polarité, ça n’existe pas.

Pour le sujet du syndrome de l’imposteur, ça implique que personne est totalement un imposteur et personne ne l’est pas. La vie est dans les nuances de gris, le noir et blanc c’est de l’idéologie.

L’humain a du mal à concevoir qu’il puisse être les deux : la logique non-aristotélicienne réconcilie les opposés en montrant qu’ils ne le sont pas. En langage de rue, ça veut dire que tu passes du “OU” au “ET”, inhérent au niveau d’existence Vert en spirale dynamique. Tu commences à reconnaître les paradoxes.

Tu peux voir l’endroit où tu es un imposteur, et constater que ce garde fou te permet de voir aussi l’endroit où tu ne l’es pas. Il y a une part de toi qui veut juste s’exprimer, faire son travail, découvrir… Cette part de toi pour qui ce n’est pas un sujet.

Tu es un imposteur ET tu ne l’es pas. Ainsi, tu commences à t’ouvrir à ce qu’est réellement un être humain : tout et son contraire.

L’humain est simple et complexe à la fois, il est autant quelque chose que son contraire. Croire que l’humain est seulement une polarité est une idéologie, ça n’est pas basé sur le réel.

L’humain est, point.

À partir de quel moment seras-tu assez légitime pour partager ton art ?
À partir de quel moment seras-tu assez légitime pour t’autoriser ?

Ceux qui font n’importe quoi ne se posent même pas la question de leur légitimité.
Ton surmoi est le garde-fou qui t’évite déjà de faire n’importe quoi.

Toute cette histoire de légitimité n’a rien à voir avec les autres, c’est une histoire entre toi et toi qui t’invite à te poser cette simple question :

Quand t’autoriseras-tu à être toi-même ?

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