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Epanessence accompagne ceux qui, malgré beaucoup de dev’ perso, tournent en rond dans leurs schémas et en souffrent. Le but : renouer avec qui tu es vraiment et être en paix avec toi-même.

Les besoins fondamentaux sont au cœur de la vie humaine. Ils sont souvent compris superficiellement et considérablement sous-estimés. Les besoins révèlent quelque chose de beaucoup plus profond sur notre humanité.

Dans cet article je te partage tout ce que je sais sur les besoins.

Les besoins fondamentaux : kézako ?

Les besoins fondamentaux correspondent à l’énergie de vie qui soutient l’épanouissement de la vie elle-même.

Dans la vision classique du terme “besoin”, cela renvoie au manque, à un réservoir à remplir. Dans la langue française c’est typique des expressions : “J’ai besoin de toi” pour évoquer le vide abyssal que je ressens quand tu n’es pas là. “Il est dans le besoin” pour évoquer quelqu’un qui est dans la rue et qui n’a rien.

Les besoins ont mauvaise presse. C’est souvent associé à quelque chose de péjoratif comme le dit l’expression “Je vais faire mes besoins” pour évoquer l’élimination des déchets par les excréments.

L’enfance détermine en grande partie la perception de nos besoins et le niveau avec lesquels nous les écoutons (ou pas.)

Il y a quelques années je voyais les besoins comme des petits réservoirs avec un niveau de remplissage. Ton besoin d’amour est plein = OK. Ton besoin d’amour est vide = pas OK.

Cette vision mécaniste est simpliste : nous ne sommes pas des voitures à remplir avec de l’essence et avec un niveau d’huile à maintenir.

Depuis les travaux d’Abraham Maslow, tout le monde a entendu parler de la pyramide des besoins humains. Même si les besoins sont découpés artificiellement avec des mots, l’être humain est régi par un “méta-besoin” : prendre soin de la Vie en lui. La Vie se gère elle-même en générant la sensation de faim ou de soif, en créant des émotions pour s’informer de l’état des besoins au présent.

L’être humain a de multiples façons pour cela comme nous allons le voir plus bas.

Juste avant, prenons un instant pour bien clarifier ce qu’on entend par besoins avec 3 points clés :

  • Les besoins sont le moteur de TOUT ce que nous faisons : cette force motrice et innée nous mobilise pour l’épanouissement de la Vie en nous.
  • Nous avons tous les mêmes besoins, mais ils ne s’expriment pas forcément au même moment et pas dans la même intensité.
  • Les besoins sont profondéments ancrés dans le présent, c’est l’énergie de vie qui s’exprime d’instant en instant.

En CNV, on identifie 4 critères d’un besoin :

  • Universel. Personne n’est épargné, ça concerne 100% des individus incarnés sur Terre.
  • Sans forme : immatériel
  • Neutre : il n’y a pas de bon/mauvais besoin ; il n’y pas de besoin plus important ou plus “élevé” qu’un autre. L’estime n’est pas mieux que manger.
  • Il y a des milliers de stratégies pour nourrir un besoin.

Le besoin est détaché d’une Personne, d’une Action, d’un Lieu, d’un Moment, d’un Objet.

Les besoins sont très différents des stratégies pour les satisfaire :

  • Les besoins fondamentaux sont peu nombreux ; les stratégies sont innombrables. Ex : besoin = manger ; stratégies = viande, pomme de terre, carotte, graines germées…
  • Les besoins fondamentaux sont universels et concernant 100% des humains ; les stratégies diffèrent selon les êtres humains. Ex : pour nourrir son besoin de sécurité, le premier achète une alarme, le deuxième accumule de l’argent, le troisième vole les deux premiers, le quatrième apprend la self-défense.
  • Les besoins fondamentaux sont non négociables ; les stratégies sont optionnelles. Ce sont des besoins donc ils sont vitaux : si on ne les nourrit pas, on dépérit.
  • Il n’y a pas de Pourquoi au besoin : le besoin est une finalité, il est un pourquoi lui-même. Il n’y a pas de raison ou de logique. Le besoin est inhérent à la vie et c’est pourquoi c’est le cœur de la CNV et tout l’intérêt de l’OSBD.

Quand tu dis :

  • “J’ai besoin que tu fasses/dises quelque chose”, tu parles d’une stratégie, pas d’un besoin.
  • “J’ai besoin de toi/de cette maison/d’aller au cinéma/d’un téléphone/d’argent”, tu parles d’une stratégie, pas d’un besoin.

Ce type de raccourci nous empêche de voir le besoin réellement présent qui peut être inconscient. Il suffit de remonter la source comme le saumon remonte la rivière pour déduire le besoin qui se cache derrière.

“J’ai besoin de toi” renvoie instinctivement à un besoin relationnel. Maintenant, est-ce de l’amour, de l’appartenance, de la reconnaissance, ou autre chose ? Cela dépend de qui prononce cette phrase.

La modélisation des besoins fondamentaux

Les besoins fondamentaux ont été modélisés par Abraham Maslow à travers la fameuse pyramide des besoins humains qui suggère que chaque étage doit être satisfait pour aller à l’étage du dessus.

Abraham Maslow était un psychologue américain qui a commencé à travailler sur le comportement des animaux avant de s’intéresser aux humains. Maslow est considéré comme le père de la psychologie humaniste.

Même si les besoins modélisés par Abraham Maslow sont souvent représentés par la fameuse pyramide de Maslow, ce n’est pas si simple. La vision hiérarchique est intéressante sur le plan intellectuel, par contre en pratique, Maslow parlait lui-même des besoins comme d’une dynamique fluide où plusieurs niveaux coexistent simulntanément.

En effet, certaines personnes font une grève de la faim comme stratégie pour manifester la frustration de leur besoin de respect, ce qui montre la limite de la modélisation par la “pyramide de Maslow” qui ne rend pas bien compte de l’aspect dynamique des besoins.

Les humains se taperaient moins sur la gueule en ayant conscience qu’ils ont tous les mêmes besoins ! Nos besoins sont pondérés différemment, par exemple pour certains humains le besoin de sécurité est primordial alors qu’il est beaucoup moins marqué pour d’autres.

Pour simplifier, nous pouvons différencier trois familles de besoins, concernant les 3 dimensions de l’être.

  1. Les besoins physiologiques (du corps)
    • Besoin de respirer
    • Besoin de repos
    • Besoin de nourriture, d’hydratation
    • Besoin de mouvement
    • Besoin de reproduction
    • Besoin de sécurité
  2. Les besoins psycho-émotionnels (de l’esprit)
    • Besoin d’appartenance
    • Besoin de reconnaissance
    • Besoin d’amour
    • Besoin d’intimité
    • Besoin d’estime
    • Besoin de respect
  3. Les besoins spirituels (de l’âme)
    • Besoin de cohérence
    • Besoin de sens
    • Besoin de transcendance
    • Besoin de contribution

Il s’agit d’une grille de lecture comme il y en a de nombreuses. Quand on parle de besoins, on cherche à modéliser la réalité et comme la carte n’est pas le territoire, il y a souvent plusieurs cartes pour approcher le territoire différemment.

Pour Isabelle Padovani (enseignante en CNV), il y a 5 familles de besoins :

  • Survie : ce qui m’est nécessaire pour exister
  • Bien-être : ce qui nourrit mon être
  • Réalisation : ce qui soutient mon déploiement
  • Relation : ce que j’aime vivre avec autrui
  • Célébration : ce qui me permet de goûter pleinement tout ce que je vis

D’autres personnes ont contribué à modéliser les besoins fondamentaux comme Virgina Henderson. Virginia Henderson était infirmière et chercheuse et a développé les 14 besoins fondamentaux.

  1. Respirer
  2. Boire et manger
  3. Éliminer
  4. Se mouvoir et maintenir une bonne posture
  5. Dormir et se reposer
  6. Se vêtir et se dévêtir
  7. Maintenir sa température corporelle
  8. Être propre et protéger ses téguments
  9. Eviter les dangers
  10. Communiquer avec ses semblables
  11. Agir selon ses croyances et valeurs
  12. S’occuper en vue de se réaliser
  13. Se recréer
  14. Apprendre Ces 14 besoins fondamentaux de Virgina Henderson sont fréquemment enseignés durant les études de soins infirmiers.

Quelle que soit la modélisation, le besoin revient toujours à ces 4 critères, à cette énergie de vie que chaque personne possède en lui.

Comment accéder à nos besoins fondamentaux

Un jour en discutant avec un ami qui pratique la CNV depuis 10 ans, il m’a dit une phrase qui m’a interloqué : “Le fait qu’un besoin soit nourri ou pas n’est pas si important. Le premier besoin d’un besoin est d’être reconnu.”

Un frisson a parcouru mon corps ! Waow, c’est tellement évident, simple et pourtant contre-intuitif…

Je faisais directement le raccourci en me disant que parce que j’ai des besoins, il faut absolument les combler.

À ce moment-là, j’ai compris que quel que soit “l’état de satisfaction de mon besoin”, le simple fait de le voir et le reconnaître en tant qu’énergie de vie en moi change la totalité de mon expérience !
En plus, cela peut donner d’autres moyens de les satisfaire que ce qu’on pense mentalement bon pour nous.

Ca a changé définitivement mon rapport à mes besoins, j’ai cessé de les voir comme de simples réservoirs avec un niveau de remplissage, mais plutôt comme une énergie de vie, à l’image d’un jardin potager avec des fleurs et des légumes. Quel que soit le niveau de maturité de la plante, elle est la vie et mérite d’être célébrée.

La base de la base concernant les besoins revient à s’y connecter par notre présence, ce qui demande un retour au corps.

Voilà pourquoi les termes importent peu : les besoins sont ancrés dans le corps, ils ne sont pas des concepts mentaux mais se ressentent.

Le besoin est dans l’ici et maintenant, comme le corps, pas dans un fantasme futur. Ressentir son corps dans le futur, ça n’existe pas.

Ainsi, la seule façon d’être en lien avec mes besoins, c’est écouter mon corps au présent.

Se mettre en écoute du besoin ne nécessite à aucun moment qu’il soit nourri, je peux reconnaître sa présence en m’y reliant.

Célébrer un besoin demande une qualité de présence et d’écoute à soi qui se travaille. Peu de gens en sont capables car c’est quelque chose que nos éducateurs ne nous ont pas transmis.

L’intention première est de se relier au besoin en tant “qu’énergie de vie”.

La porte d’entrée qui mène à la maison du besoin est… l’émotion.

Toute émotion est liée directement à un besoin. Parmi les 4 émotions de base, chacune nous renseigne sur certains types de besoin :

  • La peur est en lien avec les besoins physiologiques et de sécurité : elle est en lien avec les ressources, les manaces objectives et l’anticipation.
  • La tristesse est en lien avec les besoins émotionnels et relationnels : elle permet de faire le deuil, de lâcher, de passer à autre chose…
  • La colère est en lien avec les besoins de respect, en lien avec le territoire : elle permet de poser les limites.
  • La joie est en lien avec la célébration de la vie.

Ce qui nous sépare (les moyens) est une occasion de nous rappeler ce qui nous relie (les besoins).

Deuiller = rester avec ma tristesse quand l’un de mes “j’aime vivre” ne peut pas se vivre.

Les nuances sur les besoins

Les besoins ne sont pas nécessairement une pyramide. Maslow en parlait comme une pyramide où les besoins de base doivent être satisfaits avant de passer à l’étage du dessus. C’est valide en théorie mais la carte n’est pas le territoire… Dans la réalité, des besoins psychologiques ou spirituels peuvent amener à une grève de la faim.

Les besoins ne sont jamais satisfaits définitivement. Qui a déjà joué aux Sims s’en rend bien compte : l’être humain est à l’image de la marche, toujours en mouvement. Ce n’est pas un équilibre statique comme une chaise. La marche est une chute en avant permanente, un équilibre dynamique en permanent déséquilibre. D’où l’importance de cette écoute de tous les instants qui permet de sentir le besoin qui est vivant à l’instant T.

Personne ne peut prendre de 100% de ses besoins seul. L’être humain est un animal social qui a des besoins relationnels. Par contre chaque individu est totalement responsable de ses besoins, de la manière dont il choisit de les satisfaire (ou non). Chaque individu est le garant de ses propres besoins et a la charge de son enfant intérieur, tout comme une personne qui a des enfants en bas âge est responsable de la prise en charge de leurs besoins.

Nous sommes des animaux sociaux et nous avons besoin des autres, pour cela il est utile de connaître les 5 langages de l’amour.

Pour autant, tout le monde n’est pas égal dans la prise en soin de ses besoins. Certains humains ont tendance à les réprimer, d’autres à faire leur priorité, cela dépend du profil de personnalité de la personne.

Les besoins amènent également la conscience d’une santé intégrale. On comprend bien que la santé n’est pas que physique. La négligence des besoins spirituels sur toute une vie peut mener à une vie vide de sens qui donne envie de se pendre, malgré la satisfaction de tous les besoins physiques et émotionnels. Cela nous invite à envisager la dimension triple de la santé : physique, psycho-émotionnelle et spirituelle. Là encore, ces 3 dimensions sont indissociables et complémentaires.

L’adulte et ses besoins : le tabou

Enfant, le petit de l’homme est présent à tous ses besoins. La vie est présente à elle-même pour le dire simplement. En grandissant et en introjectant les normes sociales et familiales, l’enfant finit par se couper de ses émotions, de ses sensations et donc de ses besoins, selon la culture et l’environnement dans lequel il a grandi.

Par exemple, dans les cultures occidentales, la colère est connotée négativement ce qui pousse la plupart des gens à ne pas l’exprimer, à prendre sur eux et à violer leur besoin de respect en laissant outrepasser leurs limites.

Dans une société productiviste, il est mal vu de parler de ses émotions, de son intimité et donc de ses besoins. La focalisation sur l’extérieur pousse l’individu à se désintéresser de sa vie intérieure, ce qui amène à des adultes complètement coupés de la vie en eux. Certains humains sont tellement coupés d’eux-mêmes qu’ils peuvent vivre des décennies dans un environnement qui ne leur plaît pas, dans des relations toxiques qui ne les nourrit pas…

Un enfant est tellement au contact de ses besoins qu’il réagit imédiatement quand l’un d’eux n’est pas nourri. En ce sens, l’individu adulte a souvent beaucoup plus à apprendre de l’enfant qu’il ne l’imagine…

L’adulte humain moderne est souvent plus proche de la survie que de la vie, comme l’attestent tous les chiffres sur les addictions, la prise d’antidépresseurs, le taux de dépression, de suicide, de burnout.

On assiste à des générations entières d’individus coupés de leur corps et donc de leurs besoins fondamentaux.

Comment prendre soin de nos besoins quand on ne les connait pas ? Comment nourrir la vie en soi quand on s’en est coupé ?

Cela demande toute une rééducation, de tisser de nouveau ce lien avec soi-même, dans une démarche loin de toute volonté de résultat.

Le niveau de “coupure” vis-à-vis de nos besoins dépend de notre enfance, de notre profil psychologique, de notre culture…

Prendre soin de ses besoins, c’est devenir une mère et un père pour soi-même… Et ça commence maintenant !

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