Le monde moderne est extrêmement stressant pour notre psychisme.

Comment se détendre, même quand on a pas le temps ? Même quand on se sent activé très fort émotionnellement ?

Encore faut-il comprendre ce qui est en train de se passer.

Et si la relaxation n’était pas du tout ce que tu croyais ?

Un modèle simplifié pour comprendre le stress

Imagine un verre d’eau : le niveau d’eau détermine à quel point le débordement arrive vite.

  • Si ton verre est à raz bord, le moindre stimulus le fait déborder : un courrier, une voiture qui te coupe la priorité, une critique, une faute d’orthographe…
  • Si ton verre est quasiment vide, il faudra des stimuli plus importants avant que ça déborde : accumulation de mauvaises nuits, rupture, deuil…

Tu l’as lu mille fois, ce n’est pas le stress qui pose un problème, c’est sa chronicité. Et c’est surtout quand la quantité de stress dépasse ta capacité à le gérer. Comme quand tu manges vraiment trop par rapport à ta capacité à digérer : tu vomis.

Plus le stress est intense et répété, plus il est difficile de le traiter. Comme pour la nourriture, le grignotage demande une digestion continue qui fatigue le corps.

Or, quand quelqu’un vit un stress chronique, il n’y a pas de répit, de soupape… Ce qui crée des conséquences dramatiques à long terme. C’est très étudié avec ce qu’on appelle : la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement. Quand cette dernière arrive, tes réserves sont vides, tu t’écroules : ça s’appelle le burn-out.

Mais c’est quoi ce stress exactement ?

Tout stimulus qui amène un choc dans ton système nerveux, petit ou grand :

  • Recevoir une facture imprévue
  • Une douleur dans le dos
  • Repenser à ta longue todolist
  • Une dispute avec ton partenaire
  • Les notifications incessantes
  • Les klaxons et bruits de la ville
  • Recevoir un message désobligeant
  • Un appareil en panne
  • Un non dit dans la relation

Tout ça s’accumule et finit par saturer le système nerveux. Ceci dit nous ne sommes pas égaux sur ce sujet.

Ton niveau de stress de base dépend de plein de facteurs :

  • Ta génétique sur laquelle tu ne peux pas grand chose
  • Ton profil de personnalité qui conditionne ta vision du monde et tes croyances
  • Ton enfance qui est passée
  • Tes traumas sur lesquels tu as un grand champ d’action
  • Ton rythme au quotidien que tu peux modifier
  • Tes habitudes quotidiennes sur lesquels tu as un certain pouvoir

La bonne nouvelle est qu’il n’y a pas de fatalité : malgré un terrain favorisant, tu as de multiples leviers pour agir dessus, c’est tout le principe de l’épigénétique. Tu ne choisis pas tes cartes mais comment tu joues avec.

Ensuite, ça change selon les périodes et le moment de la vie.

Ainsi, il y a certaines périodes de ma vie dans lesquelles un automobiliste qui roule lentement sur la route m’énerve copieusement… Et d’autres périodes où je suis totalement détendu face à ce même stimulus et j’en profite pour prendre mon temps.

Le stress chronique est un vrai poison pour l’esprit et le corps, prenons un temps pour voir comment tu peux en sortir.

Ceci ne marche (souvent) pas pour se détendre

Je suis le premier à aimer la philosophie… mais quand c’est une façon de rationaliser son vécu, ça ne marche absolument pas !

Je peux me raconter autant que possible que “tout change tout le temps”, quand j’ai la rage parce qu’un proche m’a trahi, ce n’est pas un précepte philosophique sur l’impermanence qui va m’aider.

Ce serait un peu comme dire à quelqu’un en pleine crise d’angoisse : “oh tu sais, c’est juste une perception de ton esprit.”

Est-ce que ça l’aide à se calmer ? 

La rationalisation est un piège classique dans lequel je suis tombé tellement de fois :

  • “Ca ne sert à rien de s’énerver”
  • “Comment ça peut me toucher ? C’est vraiment pas grand chose”
  • “C’est du passé, maintenant il faut aller de l’avant”
  • “Je vais bien, c’est juste une petite contrariété”
  • “C’aurait pu être pire”
  • “Ce n’est pas si grave”
  • “Ca ira mieux demain”

Toi aussi tu les as entendu tous ces poncifs qui ne servent absolument à rien ? Pire, ça enfonce le couteau dans la plaie et ça remue bien dedans. Quand tu as l’esprit agité, ce n’est pas avec du mental que l’esprit va se calmer.

Ce sont des tentatives de noyer le poisson et de ne pas être à l’écoute de nos émotions et sensations.

Passer par le mental pour obtenir une réelle détente, c’est peine perdue !

Quand ton système nerveux est dérégulé, il FAUT passer par le corps : c’est la manière la plus directe d’agir dessus, d’apporter du réconfort et du soulagement.

2 approches complémentaires pour se détendre

Pour se détendre à n’importe quel moment de la journée, il y a 2 grandes approches :

  • Lâcher la pédale d’accélérateur : relâcher le système nerveux sympathique
  • Appuyer sur la pédale de frein : activer le système nerveux parasympathique

Les deux vont peu ou prou avoir un impact sur le nerf vague qui est le pivot principal pour amener du calme dans le corps et l’esprit (les deux ne faisant qu’un).

Dans mes accompagnements, les gens me demandent souvent : “Fabien, qu’est-ce que je peux faire pour me détendre et être zen ?”
Ils pensent souvent devoir méditer, aller courir, faire du yoga…

Le premier réflexe est de penser à FAIRE quelque chose, c’est le biais classique du système nerveux : il est fait pour agir.

Or, c’est la souvent suractivation qui amène à un surplus de stress et d’anxiété… Autant te dire que faire n’est pas la meilleure des idées !

Pour les curieux, c’est très en lien avec le “do something bias” : chercher à faire quelque chose plutôt que rien.

Or, la meilleure option est souvent d’enlever plutôt qu’ajouter…

Faut-il faire pour cicatriser après une blessure ?

Se détendre avec la Via Negativa

“La meilleure façon de purifier d’une eau boueuse est de la laisser tranquille.”Alan Watts

En première intention, il s’agit de privilégier les approches dites “suppressives”, connues depuis l’antiquité.

“Primum non nocere” disait Hippocrate : D’abord ne pas nuire, un précepte tellement important en médecine. Par exemple : éviter un médicament puissant aux multiples effets secondaires ou une opération dispensable qui pourrait causer du tort, dans la mesure du possible. Prescrire une thérapie plutôt que donner des anti-dépresseurs ou des benzodiazépines est un autre exemple.

Pourquoi une approche suppressive ?

C’est beaucoup plus efficace de quitter un boulot insupportable qui te pourrit la vie que de méditer tous les jours pour tenter d’être zen.

Voilà la puissance de la Via Negativa !

Sur le sujet du stress et de l’anxiété, ça consiste à lâcher la pédale d’accélérateur.

Voici quelques idées :

  • S’occuper de nos traumas (avec NERTI par exemple)
  • Quitter une relation toxique
  • Supprimer les grosses sources de stress de ta vie
  • Arrêter de regarder la TV, les journaux et toute source d’informations toxiques dont tu ne contrôles pas le flux
  • Arrêter les films d’horreur, les documentaires angoissants et tout ce qui amplifie tes réactions de stress
  • Arrêter de courir partout et de faire tout vite
  • Arrêter d’enchaîner les activités du matin au soir
  • Arrêter le sport et le travail à outrance
  • Diminuer le temps d’écran, notamment le soir
  • Consulter moins la boîte mail et les notifications

Les préconisations de cet article vont t’aider à diminuer drastiquement la surstimulation via les écrans.

Se détendre en appuyant sur la pédale de frein

L’autre grande approche est de stimuler le système nerveux parasympathique, ce qui passe notamment par une stimulation du nerf vague.

Il existe plein de manières d’activer le nerf vague pour déstresser et se détendre :

  • Dormir : une bonne nuit de sommeil résout beaucoup de problèmes
  • Respiration Buteyko
  • Souffler dans un ballon (et je ne parle pas d’alcootest)
  • Trembler
  • Bâiller, soupirer
  • Emettre des vibrations (le fameux “ommm”), fredonner, chanter
  • Pratiquer la cohérence cardiaque pendant 5 minutes
  • Yoga, Qi Gong, méditation… toute pratique qui invite à la lenteur et la conscience sur le présent
  • Prendre un bain (même si les écolos extrêmes vont te jeter des tomates)
  • Danser, bouger, faire du mouvement libre
  • La lentothérapie (inventée par un ami à moi), consistant à tout faire plus lentement : parler plus lentement, bouger plus lentement…
  • Se poser en nature, sous un arbre, à côté d’une étendue d’eau
  • Caresser un chat
  • N’importe quelle pratique respiratoire dans laquelle l’expiration est plus longue que l’inspiration
  • S’arrêter et rester immobile
  • Se connecter à la gratitude : prendre le temps de te connecter à la chance d’avoir un toit sur la tête, à relever tous les trucs cools du quotidien : de la nourriture dans mon assiette, telle attention de ma chérie (à midi par exemple je me sentais reconnaissant de manger les œufs de mes poules), la chance d’avoir 2 bras et 2 jambes… Tout ce qui te connecte à un ressenti de gratitude et de célébration de la vie, que ce soit de l’ordre de l’être, du faire ou de l’avoir !
  • Pratiquer le Systema
  • Faire une sieste de quelques minutes
  • Faire de l’exercice physique lent, genre marcher en forêt ou n’importe quelle activité physique en plein air
  • Se relaxer avec des huiles essentielles en diffusion dans la pièce
  • Sentir de l’huile essentielle de petitgrain bigarade ou se faire un massage le plexus avec cette huile
  • Se faire un massage avec une huile essentielle relaxante type lavande, diluée dans de l’huile végétale.
  • Se faire un massage du visage, ou de la réflexologie du visage
  • Ecouter de la musique relaxante : la musique a un puissant impact sur nous, notamment la musique classique ou toute musique t’apportant de la relaxation
  • Voir des proches avec qui tu te sens soutenu et en sécurité
  • Regarder un sketche, un film drôle

Tu noteras que toutes les approches pour se détendre et destresser reviennent peu ou prou au corps, à la respiration, la relaxation, la méditation et ce qui se rapproche du calme et sommeil. Quelques minutes suffisent souvent à changer d’état.

Le stress et l’anxiété sont souvent les symptômes d’un flux important de pensées, d’émotions et de sensations… Le tempo est rapide, le rythme s’accélère, on manque d’air, on a une respiration thoracique superficielle, on survit.

Une partie de nous aspire à ralentir… à se poser… à créer un espace hors du temps pour prendre le temps de vivre et respirer.

Les pièges de la détente

Attention, il y a certaines voies pièges qui sont une fausse manière de se détendre, notamment pour certaines personnes :

  • Se narcotiser à coup de méditation ou de yoga pour fuir une émotion inconfortable comme la colère (mais pas que)
  • Se dissocier de la situation et se réfugier dans le mental
  • Visualiser des choses positives et chercher à cultiver à tout prix de la joie (typique de la psychologie positive)

Ce sont différentes façons d’esquiver la réalité et, même si ça peut être un point d’appui à très court terme, à long terme c’est la garantie d’enfermer un paquet d’émotions à la cave (jusqu’au jour où…).

Ca revient à chercher à vivre autre chose que ce qui est, ce qui est probablement la source de tension N°1.

La stratégie paradoxale pour vivre une véritable détente

“La recherche du bonheur est l’une des principales sources de malheur.” Éric-Emmanuel Schmitt

Quand je veux être zen, très souvent ça ne fonctionne pas et ça m’énerve.

Pourquoi ? Parce que je “veux” justement !

La volonté vient avec une tension : la tension de vouloir autre chose que ce qui est.

Mon expérience m’a montré que la façon la plus directe de me détendre est de ne pas chercher à être détendu…

Au contraire même, ce qui me détend très rapidement est de faire un avec la tension.

Je te vois écarquiller des yeux.

En gros, c’est une vision taoïste dans le sens où tu vas AVEC la tension au lieu d’y résister. Pourtant, on fait ça tous les jours :

  • Il pleut et on aimerait du soleil
  • On est dans les bouchons et on aimerait un trafic fluide
  • On vit de la tristesse et on aimerait de la joie

Lutter contre le réel est la manière la plus simple de se gâcher la vie !

En gros, mieux vaut aller dans le sens de la rivière qu’essayer de bloquer l’eau avec tes mains.

Le Systema, un art martial russe, enseigne extrêmement bien dans le corps cette approche de la non résistance : le travail est de mettre l’attention sur nos tensions.

La détente émerge de la prise de conscience de la tension, pas de la volonté de détendre. Vouloir se détendre, c’est déjà créer de la tension.

La détente émerge comme comme une qualité de la présence. En clair, quand je suis présent à moi, une tranquillité émerge naturellement.

En même temps, plus je vis de l’intensité, plus c’est difficile d’y être présent. Cette intensité a un potentiel hypnotique très fort, elle aspire et toute l’attention se resserre.

Quand tu as mal aux dents, toute l’attention se focalise dessus et tu oublies tout le reste. Tu oublies que tu as de la chance d’être en vie et d’avoir un toit au-dessus de ta tête.

Mais quand j’arrive à accueillir l’intensité de ce que j’expérimente SANS m’identifier, depuis un espace plus vaste, le calme arrive.

C’est toute la métaphore de l’œil du cyclone. Au milieu, c’est calme.

Bon, tout ça, c’est que des mots, après il s’agit de s’entraîner dans la vie ! D’ailleurs…

Il suffit de commencer

Se détendre et déstresser, titiller son nerf vague, ça commence maintenant. Tu n’as absolument pas besoin de faire toutes les techniques et conseils proposés ci-dessus. Juste de prendre un point qui a résonné et le concrétiser dans ta vie.

Apprendre à détendre son système nerveux se fait de 3 manières différentes et complémentaires :

  • Tout de suite, à court terme quand tu traites un trauma, quand tu quittes une relation pourrie ou un travail qui te vide. Vive la Via Negativa !
  • À plus long terme via la mise en place de routines qui te font du bien, basées sur l’écoute de toi et pas sur ce que “tu es censé faire”.
  • À chaque instant, en apprenant à faire un avec ce qui est là.

D’ailleurs, tout ça est vertueux pour la santé.

Si tu souhaites approfondir cette démarche avec moi, c’est tout à fait possible.
Pour libérer une mémoire traumatique, ça se passe dans une libération émotionnelle.
Pour entamer le travail de fond, ça commence par mieux se connaître.

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