28 ans, 40 ans… Il y a des Ăąges oĂč la crise existentielle s’invite dans nos vies. C’est souvent synonyme de perte de sens, de dĂ©pression, d’isolement… Mais d’oĂč vient cette crise existentielle ? Pourquoi ? Que faire ?
Entrons dans le monde mystérieux de la crise existentielle.
Sommaire
Qu’est-ce qu’une crise existentielle ?
La crise existentielle est une crise de sens qui apparaĂźt Ă de multiples Ăąges de la vie, oĂč l’on est face Ă l’absurditĂ© de notre existence. J’ai observĂ© des Ăąges frĂ©quents : 28 ans, la fameuse crise de la quarantaine.
Crise vient du grec krino qui signifie trancher. De mĂȘme, l’idĂ©ogramme chinois de crise est le mĂȘme qu’opportunitĂ©. La crise existentielle est littĂ©ralement une opportunitĂ© de trancher. C’est une invitation Ă prendre du recul pour faire un point sur notre existence et trier le bon grain de l’ivraie. Il me paraĂźt bon de dĂ©dramatiser la crise existentielle en rĂ©alisant que c’est normal au cours d’une vie humaine d’y ĂȘtre confrontĂ© !
La pĂ©riode de crise a lieu en plein hiver psychologique (cf la roue de Hudson), cela va souvent avec une pĂ©riode d’anxiĂ©tĂ© voire de dĂ©pression, oĂč l’existence perd son sens, avec un sentiment d’isolement, de dĂ©calage qui paraĂźt impossible Ă surmonter…
Si on regarde bien, TOUT invite Ă prendre une grosse pause, Ă faire un bilan de la phase Ă©coulĂ©e pour dĂ©cider ce qu’on garde et ce qu’on enlĂšve.
C’est un peu comme si tu Ă©tais sur l’autoroute Ă fond les ballons et la vie t’invite Ă sortir Ă la prochaine sortie pour te poser sur l’aire d’autoroute.
La crise existentielle est aussi et surtout une opportunitĂ© de rĂ©alignement de l’ĂȘtre. De façon pragmatique, nous nous Ă©cartons plus ou moins de notre essence, de notre chemin, au cours de notre vie et la crise survient pour nous dire “eh coco, t’es sorti de ton axe lĂ !”
C’est pourquoi une crise existentielle vient trĂšs souvent avec un besoin vital d’introspection et d’isolement. La tĂȘte est pleine de pensĂ©es, de questions existentielles, parce que c’est le moment de tout poser Ă plat.
Il s’agit de s’arrĂȘter, de prendre du temps pour soi et se questionner :
- Qu’est-ce que je ressens en ce moment ?
- Quelles sont mes valeurs ?
- Quels sont mes besoins ?
- Qu’est-ce qui est important pour moi ?
- Qu’est-ce que je ne veux plus ?
Ce questionnement permet de réajuster et de prendre des décisions importantes.
Le contexte d’une crise existentielle
Beaucoup d’Ă©vĂ©nements peuvent provoquer une crise existentielle : une maladie, un deuil, un accident, un licenciement, une rupture…
La crise existentielle va avec une pĂ©riode de transition (cf la spirale dynamique). C’est souvent quelque chose de violent et inattendu qui nous sort de notre mode automatique dans lequel on est en transe hypnotique et oĂč l’on peut se satisfaire de nombreux compromis mais oĂč, au fond, on ne se sent pas du tout Ă notre place.
Ce point de rupture s’appelle un point choc dans certaines traditions. Ce point choc vient systĂ©matiquement de l’extĂ©rieur et nous aide Ă remettre du mouvement en allumant la lumiĂšre de la conscience dans notre vie, Ă un endroit qui Ă©tait cristallisĂ©, immobilisĂ©, et oĂč il y avait bien besoin de remettre de la vie.
Dans ma propre vie, les points chocs sont survenus suite Ă des points de rupture, relationnel ou professionnel. La derniĂšre crise existentielle remonte en 2020 quand j’ai remis Ă plat tout ce que je faisais, quand mon business a coulĂ© subitement aprĂšs des mois trĂšs florissants par plusieurs concours de circonstance successifs.
Les questions existentielles sont remontĂ©es Ă la surface de mes pensĂ©es plus que jamais et j’ai ressenti la nĂ©cessitĂ© de faire face Ă moi-mĂȘme, d’apprendre Ă me connaĂźtre, Ă aller voir au fond de moi ce que j’esquivais par le biais du dĂ©veloppement personnel notamment.
C’est lĂ que j’ai redĂ©couvert l’ennĂ©agramme, que j’ai pris le temps de m’offrir une thĂ©rapie, que j’ai plongĂ© dans ce vide identitaire.
Cette crise de sens m’a aidĂ© Ă revenir Ă mon essentiel. Il est d’autant plus prĂ©cieux de se permettre de vivre pleinement cette crise existentielle car a posteriori nous rĂ©alisons que c’est parmi les choses les plus prĂ©cieuses qu’il nous ait Ă©tĂ© donnĂ© de vivre.
Ăvidemment quand nous sommes dans l’Ćil du cyclone, ça va dans tous les sens, c’est la machine Ă laver !
Comme le dit l’adage, le traitement Ă©tait douloureux mais le patient en avait besoin. Une crise existentielle n’arrive jamais par hasard et si c’est ton cas, peut-ĂȘtre que le moment est venu d’ouvrir la boĂźte de Pandore.
Les clés en cas de crise existentielle
Loin de moi l’idĂ©e de dire qu’il y a une recette pour traverser une crise existentielle. Seulement, ce type de pĂ©riode est houleuse, nous plonge dans un chaos intĂ©rieur oĂč l’on perd tout repĂšre et, de mon expĂ©rience et de celle de centaines personnes que j’ai accompagnĂ©es ces derniĂšres annĂ©es, je peux au moins te partager quelques grands principes (qui n’ont pas vocation Ă ĂȘtre une prescription).
0. Accueillir ce qui vient
Avant de donner quelques recommandations pour traverser ces crises existentielles et en rĂ©colter le nectar, il est important de faire un dĂ©tour par la via negativa que j’affectionne tant.
La Via Negativa nous invite Ă d’abord Ă©viter les erreurs avant de chercher Ă faire quelque chose de particulier.
Par exemple, pour vivre longtemps, on peut commencer Ă Ă©viter les erreurs stupides (conduire bourrĂ©, consommer des aliments transformĂ©s, faire une opĂ©ration non nĂ©cessaire…) avant de chercher Ă faire du sport et manger sainement. Question de bon sens.
Lors d’une crise existentielle, tu entres dans une pĂ©riode de total dĂ©calage avec le monde ordinaire qui continue Ă se dĂ©rouler sous tes yeux. Tout le bruit ambiant ne fait plus aucun sens pour toi : les gens qui vont au travail sans se poser de questions, qui vont voter en pensant changer les choses et regardent des Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es le soir, ça te passe par dessus.
Toi, tu vis peut-ĂȘtre d’intenses Ă©motions, tu es en proie Ă des doutes, Ă des questions existentielles, Ă un vide intĂ©rieur, Ă une confusion totale.
Bref, tu es telle la chenille dans sa chrysalide, dans une bouillie sans forme : c’est une pĂ©riode de changement.
Cela n’est pas forcĂ©ment si intense pour tout le monde, tout le monde ne vit pas une dĂ©pression ou de l’anxiĂ©tĂ©, une thĂ©rapie n’est pas toujours nĂ©cessaire.
Quoi que tu vives, s’agit avant tout d’accueillir tout ce qui vient sans chercher Ă le changer, sans croire que c’est un problĂšme, sans vouloir Ă tout prix chercher Ă aller bien. C’est paradoxal, oui, mais vouloir s’en sortir au plus vite est la garantie de rallonger le processus. Cela rappelle les personnes qui font comme si de rien Ă©tait aprĂšs la mort de leur proche et ça ressort 1 an ou 5 ans aprĂšs sous forme de deuil pathologique.
Maintenant voyons 3 pistes prĂ©cieuses sur lesquels tu peux t’appuyer en situation chaotique.
1. Se donner le temps
Une crise existentielle invite Ă prendre le temps. On n’est plus dans la course du quotidien, on est comme la formule 1 sortie du circuit pour s’arrĂȘter au stand. L’heure n’est ni Ă la productivitĂ©, ni Ă la socialisation.
Rien ne sert de courir ou de se presser, pour aller oĂč ? Cela me rappelle une personne que j’ai accompagnĂ©, qui a enchaĂźnĂ© les stages de dĂ©veloppement personnel, les livres, pour essayer d’aller mieux et Ă©viter de plonger dans son chagrin. Elle n’a fait que retarder le moment oĂč les larmes allaient couler. On ne peut pas esquiver la vie, un deuil est un deuil.
Revenir Ă notre essentiel, Ă se poser les bonnes questions, Ă aller Ă la rencontre de soi-mĂȘme, peut-ĂȘtre prendre le temps de dĂ©couvrir son type de personnalitĂ©, se reposer, profiter de la nature, de sa famille… tout cela prend du temps.
Ătre pressĂ© de revenir Ă la vie ordinaire me paraĂźt une mauvaise idĂ©e et montre que nous avons peur de nous donner rĂ©ellement ce temps de retour Ă soi. Alors que c’est justement la fuite rĂ©pĂ©tĂ©e de moments d’introspection qui finit par mener Ă une crise existentielle.
Dis-toi que tu vas surmonter cette crise existentielle, c’est une passade normale dans la vie qui n’est pas un problĂšme ou une maladie… Ă moins que tu y sois depuis 20 ans.
2. Cultiver la solitude
La solitude est une prĂ©cieuse alliĂ©e dans une pĂ©riode de crise existentielle. Les humains modernes ont une vie bruyante, remplie tout le temps de tas de choses, pour Ă©viter de se confronter avec le vide abyssal de leur existence, avec le silence et l’isolement.
C’est bien comprĂ©hensible, ça fait peur de se confronter au vide !
L’isolement est un alliĂ© dans ces moments : prendre le temps d’une retraite en solitaire, rester dans le silence, flĂąner… cet espace vide est crucial pour se reconnecter Ă soi-mĂȘme.
Cette solitude est l’occasion d’apprendre Ă nous apprivoiser, Ă rester en notre prĂ©sence sans stimulus, Ă creuser en soi, Ă se poser des questions, Ă laisser remonter les Ă©motions qui veulent sortir, Ă faire du tri dans notre vie…
Cela peut ĂȘtre l’occasion de creuser l’ennĂ©agramme, l’IKIGAI et tout autre modĂšle qui peut t’aider Ă voir plus clair en toi, sans attendre de rĂ©sultats.
Cet isolement social est d’autant plus prĂ©cieux que certaines personnes peuvent te faire culpabiliser et te lancer plein de conseils non sollicitĂ©s. Mieux vaut Ă©viter la prĂ©sence de personnes qui te dĂ©centrent de toi-mĂȘme et se prennent pour ton psychologue. Surtout en France oĂč les Ă©motions sont connotĂ©s nĂ©gativement, il vaut mieux ne pas trop parler dans les endroits oĂč l’on risque de ne pas ĂȘtre compris.
3. Chercher du soutien
Cultiver la solitude ne veut pas dire rester seul pendant des mois pour garder la tĂȘte haute et dire “moi je m’en suis sorti tout seul” ! Je dis simplement que la solitude est nĂ©cessaire Ă un moment donner pour te retrouver dans ton intimitĂ©.
Il est aussi prĂ©cieux de cĂŽtoyer des amis, Ă©ventuellement un psychologue, un thĂ©rapeute ou un coach qui sait ce que l’on traverse, qui maĂźtrise ce sujet.
Cela peut donner un cadre dans un moment difficile, en faisant bien attention Ă s’entourer de personnes rĂ©ellement capables d’empathie, d’Ă©couter sincĂšrement et pas des personnes qui se positionnent en sauveur pour te dire quoi faire pour aller mieux et sortir de lĂ !
La crise existentielle : une autre perception
Ă un niveau plus mĂ©ta, la crise existentielle est une façon qu’a la vie de retrouver un nouveau point d’Ă©quilibre plus respectueux de la vie, plus en adĂ©quation avec ton essence, plus Ă©cologique pour ton Ă©cosystĂšme psycho-Ă©motionnel-corporel.
De la mĂȘme façon que la maladie peut ĂȘtre perçue comme une crise de guĂ©rison, la crise existentielle illustre bien la loi de l’homĂ©ostasie.
Un ĂȘtre humain dans un travail ou une relation qui ne l’Ă©panouit pas peut prendre sur lui pendant longtemps, moyennant quelques compensations pour tenir (cigarette, alcool, sport, Ă©crans…). Avec le temps, cette personne se dĂ©centre de plus en plus d’elle-mĂȘme jusqu’Ă ce qu’un point choc arrive pour mettre du chaos et chercher un point d’Ă©quilibre plus sain.
Dans la sociĂ©tĂ© actuelle, beaucoup d’individus sont Ă cĂŽtĂ© de leurs pompes et ne s’en rendent pas compte Ă cause de plusieurs systĂšmes tampons :
- Les mĂ©canismes de dĂ©fense dont le dĂ©ni, la rationalisation ou le mensonge Ă soi-mĂȘme.
- La fuite de soi par des mĂ©canismes de compensations via la nourriture, le sexe, l’alcool, le sport, le travail, le bruit, l’occupation, les Ă©crans… Permettant Ă une situation de perdurer longtemps.
- Les approches interventionnistes : hypnose, PNL, EFT et autres thĂ©rapie de surface… peuvent ĂȘtre autant de mĂ©thodes pour mettre une emplĂątre sur une jambe de bois et crĂ©er un dĂ©placement de symptĂŽme qui va simplement retarder l’explosion.
Ainsi, la crise existentielle est non seulement nĂ©cessaire Ă un moment donnĂ© quand un individu est Ă cĂŽtĂ© de ses pompes, mais en plus elle est mĂȘme salutaire !
Il convient de prendre le temps, ne rien prĂ©cipiter, cultiver sa solitude et ne pas hĂ©siter Ă se faire aider par un professionnel compĂ©tent. Une psychothĂ©rapie ou autre thĂ©rapie peut ĂȘtre une vraie aide, tu as le droit de demander du soutien.
Comme le disait ce cher Carl Gustav Jung : “Tout ce que nous nâaurons pas ramenĂ© Ă la conscience se manifestera dans notre vie comme le destin ou la fatalitĂ© “
Et si la crise existentielle Ă©tait une bĂ©nĂ©diction qui t’invite Ă profiter de cette pĂ©riode de creux pour plonger au fond de l’eau et renouer avec qui tu es vraiment ?