Auto-hypnose, hypnose ericksonienne, hypnose elmanienne… L’hypnose se démocratise, elle est désormais partout. Certaines personnes se questionnent sur l’efficacité et sur la dangerosité de l’hypnose. Explorons ensemble ce thème important.

C’est quoi l’hypnose réellement ?

L’hypnose, terme issu du grec hypnos signifiant “sommeil”, est une pratique qui suscite autant de fascination que d’interrogation. Cette technique thérapeutique, popularisée sous diverses formes telles que l’hypnose ericksonienne ou l’auto-hypnose, s’est démocratisée depuis quelques années, promettant une amélioration du bien-être de la personne.

Mais, une question persiste : l’hypnose porte-t-elle en elle des risques ?

L’hypnose est utilisé en thérapie comme outil pour la confiance en soi, la douleur, le stress, les troubles du sommeil…

Néanmoins, l’hypnothérapie, bien que non invasive, n’est pas exempte de controverses. Des questions se posent quant à l’efficacité et la sécurité de certaines méthodes, comme l’EMDR ou les approches plus suggestives lors de troubles complexes.

Avant de rentrer dans le détail, revenons sur la base : c’est quoi l’hypnose ?

Selon ce que j’ai appris dans une formation d’hypnose, l’hypnose est un état modifié de conscience caractérisé par 3 éléments :

  • La suggestibilité : la capacité à être plus suggestible par rapport aux messages. Certains profils de personnalité le sont plus que d’autres.
  • La distorsion temporelle : perturbation de la perception du temps.
  • Phénomènes idéomoteurs : petits tremblements, paupières qui sautent, micro-mouvements du corps…

Pour entrer dans un état d’hypnose, il y a classiquement une induction, consistant à basculer de l’état de conscience habituel vers l’état d’hypnose. Pour cela on peut utiliser certaines techniques : la confusion, la vision périphérique, le souvenir hypnotique, la spirale sensorielle…

Bon, ça c’est la théorie. En pratique, on ne sait pas ce qu’est un état de conscience modifié… Car pour cela il faudrait un état “normal” de conscience.

Or, l’humain passe l’essentiel son temps dans des transes hypnotiques : progression en âge (projection dans le futur), régression en âge (rappel du passé), suggestions hypnotiques (“il faut faire ceci”, “je suis comme cela”)…

Egalement, on sépare l’induction de la transe hypnotique… Dans la réalité réalité où s’arrête l’induction et où commence la transe hypnotique ?

Comme les humains passent la majorité de leur vie en état d’hypnose (ce qui ne leur fait pas plaisir à entendre), ils y sont déjà avant même d’avoir franchi la porte d’un hypnothérapeute.

Personnellement j’ai beaucoup utilisé l’hypnose sous forme d’auto-hypnose pour l’atteinte de mes objectifs, pour mon sommeil, pour travailler ma confiance en moi… J’en suis revenu, j’ai totalement arrêté d’utiliser cet outil et je t’explique pourquoi un peu plus bas.

J’ai aussi fait pas mal de séances d’hypnose avec des praticiens différents et je suis plutôt mitigé. 

Les peurs injustifiées sur l’hypnose

Les gens qui ont peur de l’hypnose ont souvent peur par rapport à leurs préconceptions de ce qu’ils ont vu dans les films. Dans Tintin par exemple, on voit un fakir qui hypnotise avec ses yeux et qui fait peur. Cela influence beaucoup l’inconscient collectif dans un certain sens.

Il suffit de voir le nombre de Kevin qui sont nés dans les années 1990. Quel rapport avec l’hypnose ? Le film “maman j’ai raté l’avion”… Dont le nom du personnage principal est (tu t’en doutes) Kevin. C’est une forme subtile d’hypnose dont les publicitaires se servent abondamment. Les leviers d’ingénierie sociale se basent essentiellement là-dessus.

Avec l’hypnose de spectacle, la peur de cet outil s’est amplifié. Les gens ont peur de devenir un crapaud, de perdre totalement le contrôle, de faire n’importe quoi…

L’hypnose illustre bien une chose : la puissance nos processus inconscients. Ca n’est pas un scoop, un humain est piloté en grande partie par ses mécanismes inconscients, même s’il le nie.

Il y a des vrais dangers avec l’hypnose qui sont complètement méconnus du grand public et des praticiens en hypnose eux-mêmes ! C’est ce dont j’aimerais te parler maintenant.

Les dangers et risques de l’hypnose

Depuis le siècle dernier, de nombreuses expériences psychologiques ont été menés sur des humains pour tester la puissance de l’hypnose, pour forcer un psychisme, implanter de faux souvenirs… Les projets déclassés de la CIA comme MK Ultra sont riches d’enseignements en ce sens. Quand un hypnothérapeute te dit que “ton inconscient n’acceptera jamais quelque chose qui est contraire à ton écologie”, ça l’arrange bien mais c’est totalement faux.

Il est avéré qu’un individu peut tuer sous hypnose, les militaires sont d’ailleurs conditionnés par des techniques de conditionnement mental qui dérivent de l’hypnose.

Ces exemples sont extrêmes, certes, mais c’est simplement pour te montrer que l’hypnose n’est pas quelque chose d’anodin : c’est TRÈS efficace.

On peut faire des dégâts lourds sur un psychisme avec l’hypnose et c’est d’ailleurs le quotidien dans les cabinets d’hypnothérapie.

Pourquoi ?

Sans s’en rendre compte, les hypnothérapeutes peu expérimentés forcent le psychisme de leurs clients : le principe de l’hypnose est de passer outre l’esprit conscient pour faire passer des idées dans l’inconscient. Découper l’esprit humain en deux avec conscient et inconscient a ses limites mais pour simplifier le propos restons sur cette dialectique.

Seulement, si le conscient est là, ce n’est pas pour rien ! Contourner l’esprit conscient est la porte ouverte à de l’interventionnisme naïf en forçant le psychisme selon le bon vouloir du patient.

Les humains sont déjà en transe… Et c’est depuis leurs transes hypnotiques qu’ils croient avoir un problème et qu’ils cherchent à le résoudre. Cela les amène chez un hypnothérapeute qui les met encore plus en transe, sauf les thérapeutes qui ont conscience de cela et dont la pratique ressemble plus à de la déshypnose. François Roustang fait partie de ces accompagnants qui ont une approche totalement contre-intuitive, ces pratiques n’ont d’hypnose que le nom.

Aujourd’hui, on assiste à des pratiques dangereuses comme la pose d’un anneau gastrique virtuel pour la perte de poids. Imagine ce que ça implique dans le psychisme d’un individu en terme de restriction…

L’humain baigne en permanence dans des états hypnotiques plus ou moins forts et il a souvent plus besoin de déshypnose que d’hypnose.

Souvent, la recherche d’une personne avec l’hypnose est l’atteinte d’un objectif particulier : mieux dormir, atteindre ses objectifs professionnels, gagner confiance en soi…

Le problème de cete approche par objectif est de couper l’individu plus qu’il ne l’est déjà, en réprimant encore plus les parties de la personne qui sont en mode protection. Malheureusement, il est fréquent de constater un déplacement de symptôme, une sorte de retour du refoulé.

L’utilisation irresponsable de l’hypnose peut, dans certains cas, conduire à des résultats contraires à l’intention thérapeutique initiale. Un praticien inexpérimenté peut, sans le savoir, induire des faux souvenirs ou des réactions indésirables chez le patient.

De plus, n’importe qui peut se déclarer thérapeute sans la moindre formation et même hypnothérapeute au bout de 4 semaines de formation. Être praticien en hypnose est à la portée de tout le monde et un thérapeute pétri de bonnes intentions peut créer de grosses compensations chez son patient.

Un hypnothérapeute qualifiié pourrait être plus conscient des limites de sa pratique, tout en ayant un biais : l’engagement et cohérence. Plus un individu a investi dans une voie, plus il a du mal à la remettre en question et à avoir du recul sur celle-ci.

De toutes les personnes que j’ai vu utiliser beaucoup l’hypnose, j’ai souvent vu une manière de fuir le réel en le sculptant sur ses désirs ou en partant dans des mondes imaginaires.

Les indications pertinentes de l’hypnose

Cet article n’a pas pour but de pointer du doigt l’hypnose et de dire que c’est définitivement dangereux. Comme tout outil, cela dépend l’intention avec laquelle c’est utilisé.

De nos jours, l’hypnose est servie à toutes les sauces pour mieux dormir, éliminer les angoisses, perdre du poids… Seulement, si c’est un protocole bête et méchant qui est utilisé pour forcer le psychisme (ce qui est malheureusement fréquent) à atteindre l’objectif que l’on veut, même si ça marche à court terme, il va y avoir des dégâts.

En dehors de ces usages discutables, on peut tout à fait utiliser l’hypnose pour certaines situations particulières :

  • Pour revenir dans un souvenir et faire remonter une émotion qui était mise sous le tapis
  • Ramener à la conscience des parties de soi qu’on ne voit pas habituellement et avec lesquelles on peut recréer du lien (des parties “enfants” qu’on a réprimé, la plupat du temps)
  • Préparer à une opération pour visiter les différentes parties de soi et amener de la détente
  • Hypno-analgésie pendant une opération pour éviter la médication ou quand il y a une blessure grave, une grosse douleur dans un moment il y a une question de survie (accident de voiture, fracture pendant une randonnée)

À mon sens, l’indication que je trouve la plus intéressante est de diviser artificiellement les différentes parties de nous qui sont en désaccord voire en conflit pour mieux rassembler et ramener plus d’harmonie à l’intérieur.

En clair, sortons de l’idée que l’hypnose est miraculeuse et résout tous les problèmes (j’ai longtemps cru ça et c’est une idée fréquemment colportée dans ces milieux), tout comme elle est forcément néfaste.

C’est un outil à double tranchant et c’est tellement puissant que je déconseille d’utiliser un tel outil à visée de productivité, d’atteinte d’objectif ou de résoudre un quelconque symptôme car c’est la garantie de passer en force sur soi et de payer le prix fort à rebours.

Trop souvent, c’est utilisé par des gens pour se traiter comme des machines, en forçant leur psychisme pour faire passer leur volonté plus facilement.

C’est aussi vendu comme une pilule miracle : “grâce à ce protocole d’hypnose, vous pouvez libérer toutes vos émotions enfouies / résoudre tous vos problèmes de sommeil”. Ce type de pensée magique nourrit beaucoup de fantasme… mais dans la réalité ça ne fonctionne pas comme ça. 

Les plus grandes libérations émotionnelles que j’ai vécues, ce n’est pas avec de l’hypnose ni de l’EFT.

L’hypnose thérapeutique en conclusion

L’hypnothérapie trouve ses indications dans le traitement de divers troubles, agissant comme un complément à la thérapie conventionnelle. Que ce soit pour gérer la douleur, le stress ou les troubles du sommeil, elle est clairement efficace.

Le danger guette quand on glisse dans une hypnose interventionniste par objectif. Dans un cadre thérapeutique digne de ce nom, sauf exception (anesthésie, douleur…), l’hypnose n’a pas sa place à mes yeux.

Comme le disait un formateur en auto-hypnose : la principale différene entre l’hypnose et la méditation, c’est l’objectif.

Ce qui compte le plus là-dedans, c’est la présence que tu peux nourrir en toi. Car si tu as des symptômes ou des blocages que tu cherches à résoudre par l’hypnose, ce n’est pas en forçant ton inconscient que cela va s’améliorer mais en amenant au contraire plus de présence sur ce qui se cache derrière.

Je préfère beaucoup plus des outils comme NERTI qui consistent à rester présent à soi.

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