Pourquoi et comment faire une introspection ?
La plupart des humains vivent en mode automatique leur vie sans conscience réelle de qui ils sont… Et un jour survient dans leur vie un événement qui les fait se remettre en question et amener à la connaissance de soi. Cette sortie du mode automatique met de la conscience et invite à se poser des questions, parfois très pragmatiques “est-ce que je quitte ce travail/cette personne/ce lieu ?”, parfois très métaphysiques “pourquoi suis-je sur Terre ?” et souvent les deux.
Ca peut faire bizarre quand on en arrive à un épisode de sa vie à tout remettre en question dans un moment d’introspection et constater soudainement tous ces gens qui vivent sans conscience, sans jamais se poser de questions.
Dans cet article, tu vas découvrir comment pourquoi et comment faire une introspection, nous allons parler de bilan, de retraite (pas que de méditation), de vie intérieure et de connaissance de soi.
Sommaire
Introspection : définition
L’introspection vient du latin “intro” et “specio” : cela signifie littéralement regarder à l’intérieur de soi. Selon le Larousse, la définition de l’introspection est “Observation méthodique, par le sujet lui-même, de ses états de conscience et de sa vie intérieure.”
Ce n’est pas un acte nombriliste visant à gonfler l’ego, ce qui est classique en psychanalyse ou psychothérapie. Ce n’est pas une analyse mentale, un travail au forcing, un travail sur les valeurs.
Raconter toujours la même histoire renforce nos pensées, nos émotions, nos croyances et fige une identité narrative dans notre esprit. Cela peut vite amener au renforcement d’une posture de victime et de déresponsabilisation.
L’introspection ne vise pas tant à expliquer et à se mettre en récit, elle vise plutôt à se comprendre réellement, au-delà du mental, il s’agit de plonger dans notre monde intérieur, dans nos émotions, notre expérience présente sans émettre d’avis ou de jugement (mais de notifier s’il y en a !).
L’introspection peut avoir 2 principales finalités : 1/ L’introspection à visée personnelle : quand tu veux te connaître, connaître ton fonctionnement, ta personnalité, analyser ton esprit, tes pensées, tes émotions. 2/ L’introspection à visée professionnelle : quand tu cherches à te reconvertir, à changer de travail, que tu cherches ton ikigai et qu’il y a une intention d’ajuster ta vie professionnelle en faisant un bilan.
L’introspection peut aussi être “gratuite”, sans but. Elle peut se manifester dans une démarche spirituelle, où tu te retrouves avec toi-même sans rien chercher de spécial. Tu sais que tu es dans ce type d’introspection quand la réponse est dans la question. “Pourquoi est-ce que je fais de la méditation ? Pour pratiquer la méditation.” Il n’y a pas de finalité derrière, d’intention consciente ou inconsciente du type “méditer pour être zen, méditer pour être plus productif…”
L’introspection peut être guidée par une simple intention de regarder à l’intérieur, c’est une façon d’être avec soi-même.
Pourquoi faire une introspection ?
Faire une introspection est une expérience de psychologie extrêmement enrichissante humainement parlant puisqu’elle nous sort du mode automatique. Notre système nerveux n’a pas le réflexe de mener une introspection pour observer son propre fonctionnement, il est fait pour agir dans une intention de survie.
Il y a un certain nombre de bénéfices à l’introspection :
- Se connaître et comprendre son fonctionnement
- Reprendre la responsabilité sur sa vie et sortir d’une posture de victime
- Mettre en lumière les schémas répétitifs de vie pour les briser
- Se ressourcer, être seul avec soi-même, se faire du bien
- Faire la paix avec soi, avec ses zones d’ombre et s’aimer tel qu’on est
- Se recentrer dans une période de crise existentielle
Regarder à l’intérieur n’est pas se regarder le nombril pour développer une pseudo-estime de soi.
C’est développer une réelle conscience de qui nous sommes, comment nous fonctionnons et arrêter de lutter contre nous-même. Ramener cette conscience dans notre expérience développe ce qu’on appelle la méta-cognition : le fait d’avoir conscience de nos pensées, de nos émotions, de nos états d’être, sans s’identifier à tous ces processus internes (et sans se dissocier non plus).
La méditation permet typiquement de muscler cette méta-cognition et d’amener de la conscience dans notre expérience, ce qui s’appelle aussi dans certaines spiritualités le “rappel de soi” : une simple observation de soi sans jugement. C’est une façon de dire qu’on cesse d’être hypnotisés par nos pensées et émotions : nous avons conscience de ce qui se joue en nous.
L’introspection est une étape nécessaire à la connaissance de soi car en ne regardant jamais à l’intérieur, tu ne peux pas te connaître.
Comment faire une introspection
L’introspection peut être pratiquée de multiples façons :
- Durant un espace qui invite à la présence (méditation, yoga, écriture…)
- En filigrane tout au long de la journée (s’observer sans jugement dans la vie quotidienne)
- En lien avec d’autres êtres humains
- En utilisant des psychédéliques (DMT, psylocybine, LSD, ayahuasca…) (disclaimer : ceci n’est pas une incitation. Leur consommation est illégale en France)
- En analysant le contenu des rêves et des projections sur les autres
L’introspection nécessite la métacognition, la conscience d’être conscient. La métacognition est cette capacité qui permet d’observer notre monde intérieur : c’est la seule façon de sortir du pilotage automatique et de choisir une réponse en conscience.
La première chose que ça demande, c’est être clair avec l’intention de départ. Quand il est question d’introspection, l’intention est de se rencontrer, sans attente, sans projet sur soi. Ce n’est pas un travail.
Même s’il y a une finalité par exemple d’ordre professionnelle (pour se reconvertir, pour lancer un projet ou juste changer de travail…), le temps de l’introspection, il est important de lâcher tous les enjeux et d’observer la réalité brute sans jugement.
Voici deux exercices par lesquels tu peux commencer : 1/ Un premier exercice tout simple : mettre de la conscience dans un acte anodin du quotidien (se doucher, manger, cuisiner, conduire, marcher…). Choisis-en un et lorsque tu es dedans, tu mets simplement de la conscience dans l’expérience en étant présent à tes sensations, à tes pensées, à tes émotions, à ce que tu dis, ce que tu entends, ce que tu vois…
2/ Un deuxième exercice qui est une variante du premier : s’asseoir dans n’importe quelle position et observer les mêmes phénomènes : tes pensées, émotions, ton état intérieur…
3/ Un troisième exercice que je recommande souvent aux personnes que j’accompagne : écrire ton auto-biographie, juste pour toi-même. Note par ordre chronologique tout ce dont tu te rappelles de ta vie, les pensées que tu avais, les émotions que tu as ressenties, les choix que tu as fait. C’est une façon de mieux se connaître, de faire un bilan de sa vie et en même temps d’amener de la conscience sur ton passé qui existe encore dans le présent, ce qui peut avoir pour effet de faire remonter des émotions liées à des traumas (très bonne occasion pour libérer ça en thérapie notamment).
L’impasse de la pseudo-introspection (ou la quête frénétique du développement personnel)
Il y a un certain nombre de façons qu’on peut inconsciemment adopter pour éviter de pratiquer l’introspection et de mettre de la conscience dans notre expérience de la vie (liste non exhaustive) :
- L’amnésie : constamment oublier de le faire.
- La projection : projeter sur les autres des pensées, des émotions, des intentions, qu’on est incapables de voir chez soi.
- L’anesthésie et la narcotisation : se couper de notre corps pour ne rien sentir, via des drogues, de l’alcool, de la nourriture, des écrans, du travail, du sport…
- Le mensonge à soi-même : en restant prisonnier d’un masque social, en se faisant croire qu’on ne ressent pas ce qu’on ressent.
- La rationalisation : en trouvant des raisons rationnelles pour expliquer notre expérience sans la vivre.
- Le déni : en refusant purement et simplement d’aller regarder.
- Saturer l’environnement : bruits, lumières, odeurs…
- L’agitation : par l’action compulsive, en s’entourant toujours d’autres personnes, pour ne jamais avoir cette espace de solitude…
Tu remarqueras que cela rappelle certains mécanismes de défense de l’ennéagramme.
Tant qu’on veut préserver une image de soi intacte, maintenir notre sentiment d’identité, on évite de vraiment tourner le regard à l’intérieur. Il y a de bonnes raisons de faire ça et ce sont des freins à l’introspection :
- Peur de se connaître vraiment
- Peur de ce que ça pourrait impliquer (remise en question, changement de vie, décision radicale, poser ses limites…)
- Peur d’être démuni et impuissant face à ce qu’on va découvrir
- Protéger des parties de nous blessées et traumatisées
- Peur de découvrir des parties de soi socialement inacceptables et d’être rejeté pour qui on est
- Peur d’assumer qui on est vraiment
Il est ainsi facile de rester dans une pseudo-introspection superficielle où nous n’allons pas vraiment enlever les couches de l’oignon.
Je l’ai beaucoup vu avec des personnes intéressées par le développement personnel qui lisent les 5 blessures de Lise Bourbeau, le pouvoir du moment présent de Eckhart Tolle ou les 5 accords toltèques de Don Miguel Ruiz… Et qui prennent tout cela comme un manuel de vie où il s’agit d’une recette rigide à appliquer.
S’apposer l’étiquette de contrôlant ou de fuyant n’aide pas à l’introspection et ça nourrit la croyance d’avoir un problème. On peut passer ainsi des années à se fuir avec du développement personnel, sans jamais se rencontrer, en évitant subtilement de se voir tel qu’on est.
J’ai été très habile dans cette démarche. Pendant plus de 10 ans, j’ai cherché à m’améliorer, pensant qu’il me manquait quelque chose. J’ai fait des retraites de yoga à me contorsionner dans tous les sens, des retraites de méditation de 10 jours en immobilité à souffrir le martyr, une quête de vision chamanique de 4 jours en jeûne sec. J’ai lu des centaines de livres de développement personnel, de psychologie, de spiritualité…
Toute cette démarche était faite à partir d’un espace de rejet de moi, de manque d’amour pour moi… Je ne voulais pas me rencontrer, je cherchais à combler un vide et à me corriger coûte que coûte. Forcément, cette quête est insatiable et infinie.
À un moment donné, j’ai fait le tour de toutes ces approches visant à façonner la “meilleure version de moi-même”, j’ai constaté leurs limites et j’ai vu que ça ne pouvait pas se substituer à une réelle introspection.
Je n’étais même pas conscient que j’étais en rejet de qui j’étais ici et maintenant. Alors à un moment donné j’ai décidé de poser les armes et d’ouvrir la boîte de Pandore. Ca a transformé mon expérience de vie définitivement, je suis beaucoup plus en paix avec moi et je me permets de me découvrir chaque jour un peu plus.
Les outils qui aident à l’introspection
Ennéagramme : c’est un modèle de connaissance de soi qui cartographie les motivations profondes et inconscientes des individus. Il décrit 9 profils de personnalité définis par des mécanismes égotiques bien spécifiques. Il permet de prendre conscience de notre fonctionnement inconscient, de décrypter notre propre esprit.
Spirale dynamique : c’est un modèle qui cartographie des niveaux de conscience de l’humanité, applicable au niveau personnel et au niveau collectif. Il aide énormément à prendre conscience de la phase de vie dans laquelle on est.
Internal Family System : c’est un modèle thérapeutique qui illustre la pluralité du “moi” avec différentes parties, souvent en conflits, car ayant des stratégies différentes
Ces 3 modèles sont des aides, des béquilles, qui soutiennent une démarche d’introspection. Evidemment, ils ne suffisent pas. D’autres peuvent aider : la CNV (communication non violente), l’AT (analyse transactionnelle), l’ikigai.
Sans l’intention de se rencontrer ici et maintenant, aucun outil ne peut aider. C’est seulement à cette condition et équipé de notre métacognition, que nous pouvons nous connaître au présent.
En effet, aucune connaissance de soi n’est possible en dehors du présent. Même en te rappelant de ton passé, tu le fais à partir de l’instant présent et les émotions et sensations que ça suscite se passent ici et maintenant dans ton expérience présente.
Par où commencer une introspection ?
Quelle que soit ta situation de vie, l’introspection commence ici et maintenant. Dès que tu as fini cet article, tu as la connaissance, tu ne peux plus faire comme si tu ne savais pas.
Personne au monde en dehors de toi ne peut le faire à ta place et en même temps il n’y a pas d’enjeu, pas de “il faut” et surtout pas d’objectif.
Une excellente façon de mettre plus d’introspection dans ta vie est de programmer une retraite histoire de faire un bilan de ta vie. Il suffit de commencer par un ou deux jours, dans un lieu ressourçant pour te laisser aller à tes besoins, à ce qui te fait du bien.
Quelle que soit l’approche que tu choisis pour mettre plus d’introspection dans la vie, le plus important est d’aller vers un amour inconditionnel de qui tu es.