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Epanessence accompagne ceux qui, malgré beaucoup de dev’ perso, tournent en rond dans leurs schémas et en souffrent. Le but : renouer avec qui tu es vraiment et être en paix avec toi-même.

Le triangle de Karpman est un classique dans les relations interpersonnelles. Une maman qui crie sur son enfant au supermarché, le mari qui donne des solutions à sa femme, … Les exemples du triangle de Karpman sont légion.

Triangle de Karman et analyse transactionnelle

Le triangle de Karpman est un jeu relationnel dans lequel beaucoup d’humains se retrouvent malgré eux. C’est un jeu psychologique basé sur une trinité (persécuteur-sauveur-victime) où les joueurs se refilent la patate chaude. Ce type de jeu peut s’observer dans absolument toutes les situations (à la maison, au travail, à l’école…) avec tous les protagonistes possibles : une mère avec son enfant, un patron avec son salarié, un mari avec sa femme, deux amis, un professeur et son élève, deux automobilistes, un médecin avec son patient, le coach avec son client, deux enfants dans le milieu scolaire…

Il n’y a qu’à observer les situations du quotidien pour s’amuser de l’omniprésence du triangle de Karpman. C’est comme une pièce de théâtre où le décor change, les protagonistes changent mais le scénario reste le même.

Le triangle dramatique de Karpman a été développé par Stephen Karpman en 1968 en se basant sur les travaux de Eric Berne avec l’analyse transactionnelle.

Ce schéma, sous forme d’un triangle inversé, illustre les jeux psychologiques typiques auxquels les humains aiment jouer inconsciemment. Consciemment personne n’aime se mettre dans une situation dramatique, pourtant chacun y trouve son compte sur le plan inconscient puisqu’il y joue !

Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas des êtres unifiés (individués au sens de Jung) pour la plupart.

“L’homme est une maison en désordre où il n’y a pas un maître mais une foule de serviteurs qui veulent tous commander” Carl Gustav Jung

L’analyse transactionnelle postule la présence de 3 états du moi au sein d’une personne : enfant, adulte et parent.

Le triangle de Karpman démarre quand nous jouons avec des parties basses de nous-mêmes avec les gens avec qui nous interagissons. Quand ça arrive, nous jouons avec 3 rôles : Victime, persécuteur et sauveur.

Les rôles dans le triangle de Karpman

Le triangle dramatique de Karpman montre 3 rôles dans lesquels nous pouvons tous tomber. Au sein du triangle de Karpman, nous sommes tous capables de prendre les 3 rôles. Par contre, nous avons une position privilégiée dans laquelle nous allons revenir encore et encore, selon notre personnalité et notre histoire.

Il est tentant de réduire le modèle à une dimension simpliste où une personne = un rôle. Comme tu vas le voir plus bas, c’est plus fin que ça.

Même s’il y a trois rôles, cela peut très bien se jouer à deux (ou même tout seul au sein de notre propre psychisme).

Le rôle de la victime

La victime croit la vie est dure, qu’elle est injuste envers elle. Elle se victimise et ne prend pas la responsabilité de ce qu’elle vit, projetant le coupable à l’extérieur. La victime est le rôle pivot pour faire tenir le triangle de Karpman car sans une victime qui se laisse persécuter ou sauver, il n’y a pas de jeu.

Tout jeu psychologique nécessite d’être au moins 2 ! Même si, évidemment, nous pouvons jouer à ce jeu-là tout seul, dans notre propre psychisme. Le triangle de Karpman intérieur est aussi un axe à creuser.

Le rôle du persécuteur ou bourreau

Le persécuteur croit qu’il est entouré de gens stupides, incompétents, rejette la faute sur toi. Il se croit supérieur, il aime avoir le contrôle et le pouvoir sur l’autre. Il a un radar à repérer la victime et c’est typiquement l’amalgame qui est fait dans la psychologie de comptoir avec le “pervers narcissique”. Le persécuteur-bourreau a bon dos pour avoir tous les torts, en réalité il faut être 2 pour jouer à un jeu psychologique et la victime est aussi responsable.

Encore une fois, la victime est la clé de voûte du triangle de Karpman, sans sans cette victime, il ne se passe rien.

Le rôle du sauveur ou sauveteur

Le sauveur croit qu’il doit aider tout le monde et s’occuper de l’autre en réglant ses problèmes. Il endosse la responsabilité des autres et veut passer pour le super héros de service. Il se fait évidemment rejeter car tout le monde ne veut pas être sauvé, il crée des victimes et ne se sent souvent pas reconnu.

Les jeux psychologiques

Éric Berne a défini le jeu comme « le déroulement d’une série d’échanges à double sens progressant vers un résultat bien défini, prévisible ».
C’est un échange entre deux ou plusieurs personnes dont le but réel pour chacun n’est pas la poursuite de la discussion au niveau de ce qui est dit mais de ce qui est dit et qui ne s’entend pas (non au niveau social, mais au niveau caché).

Les jeux psychologiques sont des tentatives inconscientes de manipulation pour prendre quelque chose à l’autre. Les jeux psychologiques sont naturels chez les êtres humains et ne peuvent pas être totalement supprimés. Par contre ils peuvent être totalement dévastateurs pour la qualité de la relation lorsqu’ils ne sont pas conscientisés.

En effet, chaque jeu psychologique peut entamer ce que j’appelle la corde relationnelle*.

*La corde relationnelle est la qualité du lien qui unit 2 personnes. La qualité de cette corde conditionne comment le message est perçu. Quand la corde est solide et en bon état, nous pouvons échanger simplement, sans mettre les formes, on se comprend facilement et il y a très peu de distorsions. Par contre quand la corde est endommagée, chaque parole est déformée et il devient très compliqué de communiquer sans qu’il n’y ait de déformations, d’émotions déclenchées.

Les conséquences des jeux psychologiques

Evidemment, les jeux psychologiques ne sont pas sans effet sur la qualité de nos relations, que ce soit dans le couple, au travail, avec un parent, un ami… Tous les jeux psychologiques impliquent des disputes plus fréquentes.

Typiquement, quand une personne s’enferme dans son rôle du triangle de Karpman, il pousse l’autre inconsciemment à prendre le rôle complémentaire. Par exemple, quelqu’un qui se place en persécuteur va favoriser la mise en place de la victime chez l’autre. C’est extrêmement fréquent dans toutes les relations humaines.

Il en résulte une communication violente par les mots, le ton, le non verbal… pouvant aller jusqu’aux menaces, au chantage.

Quand tu émets des jugements sur l’autre, des critiques, des remarques indirectes, ou que tu emploies un ton sarcastique, ironique… Toutes ces tentatives de jeux de pouvoir inconscientes abîment la relation et risquent de générer de plus en plus de tensions et de conflits.

Paradoxalement, le triangle de Karpman est encore plus visible avec nos proches, en couple, en famille…

Comment sortir du triangle de Karpman

Pour sortir du triangle de Karpman, la première étape est toujours la même. Il s’agit de prendre conscience de notre responsabilité, se regarder face à face dans le miroir et assumer qu’on a créé cette réalité avec autrui. Se prendre sur le fait lorsqu’on lance une critique à l’autre dans le but de blesser, de faire une remarque parce que l’autre n’a pas débarrassé ou rangé ses chaussettes.

Prendre conscience de ce que l’on pense, ressent, dit et fait est une étape nécessaire pour sortir du triangle de Karpman.

En effet, tant que tu ne prends pas conscience de tes faits et gestes, tu peux facilement nier ta responsabilité. L’humain adore faire ça “non c’est pas ma faute, c’est quelqu’un l’autre” en mode victime ou “non c’est pas ma faute, c’est la tienne” en mode persécuteur.

Ensuite, il s’agit d’apprendre à mieux communiquer avec autrui, à faire attention aux mots employés et à l’intention sous-jacente que l’on a avant d’entrer en relation.

Les dangers du triangle de Karpman

Le triangle de Karpman est un cercle vicieux qui peut aspirer ton énergie comme un trou noir. Il y a plusieurs pièges classiques que je vais te présenter ici :

  1. S’identifier à un rôle : il est classique de tirer un bénéfice en terme d’identité depuis une des rôles du triangle de Karpman. C’est classique de s’identifier au sauveur pour un coach ou un thérapeute par exemple. De la même façon, bien des personnes s’abonnent au rôle de victime et cherchent à s’attirer les foudres d’un persécuteur ou l’aide d’un sauveur. Garde en tête que ce n’est qu’un rôle qui change tout le temps. Le triangle de Karpman a un aspect dynamique : la victime persécutée devient un persécuteur puis basculer en sauveur. Cette alternance des rôles est extrêmement visible au quotidien.
  2. Essentialiser l’autre : de la même façon où il est dangereux de mettre l’étiquette d’un rôle sur soi, il est dangereux d’essentialiser l’autre et le résumer l’autre à son rôle dans le triangle de Karpman… “Tu es une victime” ou “tu es un persécuteur” est un peu simple et tend à déshumaniser l’autre. Cela amène au troisième danger.
  3. L’asymétrie de la responsabilité : il est classique de responsabiliser plus le persécuteur car il a le rôle du “méchant” et de dédouaner la “pauvre victime” qui n’a rien fait. En réalité, une relation se co-crée toujours à deux. En réalité, la plupart des gens qui jouent au triangle de Karpman ne veulent pas reconnaître leur responsabilité car cela est plus simple de la projeter à l’extérieur. Malheureusement, cela les coince dans une situation merdique de laquelle ils ne peuvent pas s’extraire car ils ne sont pas responsables, selon eux.

La CNV pour sortir du triangle

La communication non violente de Marshall Rosenberg apparaît comme un bel outil pour sortir du triangle de Karpman.

En effet, la CNV invite à prendre la responsabilité de nos comportements et à partager notre réalité en faisant le distinguo entre la réalité et nos interprétations. La CNV t’aide à comprendre que tu n’observes jamais que TA réalité et pas LA réalité. De fait, on distingue ce qu’on observe, ce que ça crée en soi comme comme émotion ou sentiment et le besoin concerné.

La CNV invite à sortir de la culpabilisation, de la déresponsabilisation et de la projection sur l’autre.

La CNV est un outil comme un autre, il en existe de nombreux autres.

Un professionnel pour sortir des jeux psychologiques

Il peut être très difficile de sortir du triangle de Karpman quand on a baigné pendant des années dedans. J’ai eu deux situations récemment : La première est une cliente qui n’arrive pas à sortir d’une relation de couple passionnelle où sa partenaire alterne entre victime et persécuteur-bourreau. Ca dure depuis des années et elle vit des émotions très intenses et très désagréable.

La deuxième est une cliente qui a des difficultés de communication avec sa fille qui se sent profondément incomprise. Elle a tendance à se mêler de sa vie et peine à prendre sa responsabilité.

Il est souvent précieux de se faire accompagner par un psychologue, un coach ou un thérapeute quand on se sent piégés dans ce type de relation triangulaire.

Par ailleurs, un outil comme l’ennéagramme permet d’amener beaucoup plus de précision dans ce qui se joue pour prendre conscience des enjeux inconscients de chaque personne, derrière les comportements apparents.

L’utilisation du triangle de Karpman dans la vie quotidienne

La gestion des conflits

Le triangle de Karpman est particulièrement pertinent en cas de conflit, car dès qu’il y a une confrontation dans une relation, on peut allumer notre conscience pour réaliser ce qui est en train de se passer. Le premier réflexe est de se demander : est-ce que je joue malgré moi au triangle de Karpman ? À quel rôle est-ce que je m’identifie ? Le questionnement est une bonne manière de se mettre en mode observateur de soi-même.

Les relations interpersonnelles

Toutes les relations interpersonnelles sont sujet au triangle de Karpman car, comme on l’a dit, les jeux psychologiques sont naturels chez l’être humain. Ainsi, il est précieux de garder cette grille de lecture en tête pour voir la réalité avec plus de clarté.

Tu peux repérer quand quelqu’un essaie de t’embarquer dans un jeu psychologique, quand tu cherches toi-même à provoquer un jeu psychologique…

Il y a un entraînement que j’aime bien, c’est de pratiquer avec les situations de la vie quotidienne chez les autres : assister à un repas de famille, regarder un film ou une série, regarder une émission TV… C’est l’occasion de mettre ses lunettes de sociologue l’espace d’un instant pour s’entraîner à repérer les jeux de pouvoir dont le triangle de Karpman.

Le triangle de Karpman intérieur

Une variante de notre triangle consiste à l’appliquer à soi-même. Il est fascinant de constater comment nous pouvons être notre propre bourreau, sauveur et victime. Par exemple, chez les personnes que j’accompagne, il est fréquent qu’elles s’imposent à elles-mêmes des choses dont elles n’ont pas envie. “Il faut que je fasse ça”, disent-elles en maugréant. Une autre partie prend le relais en disant “mais j’y arrive pas, je suis nul…”.

Il est ainsi très facile de repérer le bourreau intérieur puis la victime intérieure, dans le cas de cet exemple.

Pas besoin d’être plusieurs pour jouer à ce jeu psychologique, ni besoin d’être atteint d’un trouble dissociatif de l’identité ! Nous faisons tous ça très bien et il s’agit de s’en rendre compte pour ne pas rentrer dans cette spirale infernale.

Sortir de ce triangle de Karpman intérieur et accueillir chaque partie de nous est indispensable pour nourrir l’amour de soi.

Le triangle de Karpman est naturel, il n’en est pas moins destructeur pour les personnes qui y jouent trop souvent. Il s’agit donc de le repérer, de l’assumer et de le désamorcer.

Cela reviendra encore et encore, tu vas donc devoir t’armer de patience pour désamorcer encore et encore ces jeux psychologiques dès que tu te vois faire. C’est exactement comme la pratique de la méditation, ce n’est jamais fini. Chaque instant est une occasion à observer nos sensations, nos pensées et nos émotions sans y réagir, ni résister à ce qui est.

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