Hypersensibilité : Note préalable
“Comment savoir si je suis hypersensible ?” est une question que beaucoup de personnes se posent quand elles réalisent que leur fonctionnement leur fait vivre des émotions intenses.
De ce que j’ai observé, l’hypersensibilité est un concept à la mode qui permet souvent de mettre toutes nos souffrances sur le dos d’une étiquette.
C’est un terme fourre-tout au même titre que “haut potentiel” ou “pervers narcissique” qui peut ressembler beaucoup à l’effet Barnum.
Comme toujours, si tu as très envie de coller à l’étiquette hypersensible, questionne-toi sur le besoin sous-jacent (cela pourra t’aider à comprendre ton profil psychologique).
En effet, certains types ennéagramme vont beaucoup plus s’auto-étiqueter hypersensibles que d’autres : tu vas rarement rencontrer un type 8 qui se dit hypersensible…
Quel que soit ton fonctionnement, tu es bien plus vaste qu’une étiquette.
C’est OK de l’utiliser temporairement car mettre des mots sur une réalité désagréable peut vraiment aider, garde juste à l’esprit que c’est qu’une partie de toi, tu “n’es” pas que ça.
Comme toute béquille, il est important de la lâcher à un moment donné.
Ceci étant dit, l’hypersensibilité cache une réalité vécue dont beaucoup de gens souffrent. Lauren de pépitesdebonheur m’a fait l’honneur d’écrire cet article.
Bonne lecture !
C'est quoi l'hypersensibilité ?

Il existe des personnes à fleur de peau qu’un rien touche. Tout ce qu’elles voient, entendent, sentent, ressentent les bouleverse en moyenne plus que la plupart des autres individus.
Les événements se gravent en elles, comme marqués au fer rouge dans leur cœur et leur mémoire. Il leur est ensuite difficile de passer à autre chose.
On les reconnaît souvent aux larmes qu’elles versent devant un film, un coucher de soleil, un paysage majestueux, ou lors d’un conflit.
Mais aussi parce qu’elles sont très touchées par le sort des animaux. Ou encore les émotions des autres qu’elles peuvent absorber et parfois même confondre avec les leurs.
Ou parce qu’elles s’émerveillent facilement devant ce qu’elles trouvent beau ou émouvant et devant ce qu’elles ont la chance d’avoir.
Beaucoup d’entre elles sont très créatives et sensibles à l’art.
La plupart ont du mal à faire des choix. Pourquoi ? Parce qu’elles captent et analysent tous les détails d’une situation et qu’elles en anticipent toutes les issues possibles.
C’est aussi la raison pour laquelle elles ont la sensation de « penser trop, à tout et tout le temps ». Que leur mental envahissant ne leur laisse que peu de répit, au point de leur « manger leurs journées ».
Ce sont aussi celles qui vont « rapidement » s’isoler lorsqu’il y a beaucoup de monde et de bruit. Non parce qu’elles sont particulièrement « associables » mais parce qu’elles ont besoin de calme pour se ressourcer suites aux surstimulations.
Qui sont-elles ?
Des personnes hypersensibles.
Quelle place dans la société ?

Ces êtres un peu particuliers sont considérés par beaucoup comme « trop » sensibles, « trop » fragiles, « trop » vulnérables, « trop » prise de tête.
Pourquoi « trop » ? Parce qu’ils ne sont pas dans la norme. Ils seraient environ 20% de la population à tout ressentir en plus intense. Nombreux donc, tout en restant en infériorité numérique. Ils sont donc d’une certaine façon « hors-normes ».
Or ce qui ne rentre pas dans les cases dérange bien souvent. Ce n’est pas pratique, c’est compliqué, ça demande plus d’efforts. Ça demande de s’adapter et de faire preuve d’ouverture d’esprit. Et l’adaptation n’est pas le fort de tout le monde.
Le décalage dans l'hypersensibilité

Cela peut être difficile, il faut le reconnaître, pour une personne beaucoup moins sensible de concevoir ce qu’il peut se passer dans la tête et le cœur d’un hypersensible. Difficile de réaliser tout le tumulte de pensées et les tsunamis émotionnels. Précisément lorsque soi-même on ne l’a jamais expérimenté (ou très peu).
Alors on encourage souvent les plus sensibles à rentrer dans le moule, par manque de compréhension. Certains (moins sensibles) leur demandent de réprimer leur sensibilité. Peut-être car ils se sentent démunis et/ou mal à l’aise face à elle. Il n’est d’ailleurs pas impossible que ce soient ces mêmes personnes qui ne s’autorisent pas à laisser leur propre sensibilité s’exprimer.
« Il faut que tu t’endurcisses », « Pas la peine de pleurer pour ça », « on n’est pas au monde des bisounours », « laisse tomber, tu te prends la tête pour rien » et compagnie rythment ainsi bien souvent le quotidien de ces ultra-sensibles.
Ils se sentent par conséquent en décalage avec cette désagréable impression de dénoter. Comme s’ils avaient un problème, qu’ils n’étaient pas normaux. Ils ont l’impression d’être des « extra-terrestres », que ce monde n’est pas fait pour eux. Ils pensent que quelque chose cloche chez eux sans savoir quoi ni pourquoi.
Origine de l'hypersensibilité
Après tout, pourquoi sont-ils si différents ?
L’hypersensibilité serait en partie héritée génétiquement. Des études sont en cours pour déterminer quels gènes détermineraient la forte sensibilité.
Ainsi le cerveau des hypersensibles semble avoir un fonctionnement propre avec une plus grande activation de certaines zones cérébrales (intégration sensorielle, conscience et empathie).
Enfin l’environnement a bien sûr également une influence sur l’hypersensibilité.
Vulnérabilité et hypersensibilité
Les larmes étant généralement vues comme une marque de faiblesse dans notre société, les plus sensibles d’entre nous se sentent souvent bien vulnérables dans ce monde rempli de personnes si sûres d’elles (du moins en apparence) et affirmées.
Face à toutes ces personnes qui osent dire ce qu’elles pensent sans forcément de soucier de leur interlocuteur (au moins en apparence).
Alors qu’eux, les hypersensibles, y font au contraire très attention. Donc plus ou moins consciemment, ils en attendent autant des autres…
Mais voilà, la plupart des gens ne prend pas forcément de « pincettes » pour leur parler. Si bien que les hypersensibles peuvent avoir l’impression de « s’en prendre plein la gueule » à longueur de temps. (NB de Fabien : cela peut aussi être lié à un décalage de niveau de conscience).
D’autant qu’attentifs aux moindres détails, ils font souvent autant attention à la forme qu’au fond du message.
Souvent dotés d’une grande empathie ils sont également très sensibles aux émotions des autres. Ils sont attentifs aux ressentis de leur interlocuteur. Et ne comprennent pas pourquoi « tout le monde ne fait pas pareil ».
Ce n’est déjà pas toujours facile pour une femme, alors vous imaginez pour un homme qui, historiquement, est « censé faire preuve de virilité » ? Vous imaginez le regard porté sur un homme qui pleure souvent, qui fait preuve de beaucoup d’empathie et qui se prend souvent la tête sur tout ce qui lui arrive ?
Comment faire de son hypersensibilité une force

Tout d’abord en cessant de penser que l’hypersensibilité « se soigne ».
Ce n’est pas une maladie, il n’y a donc pas de remède. Par contre on peut apprendre à vivre avec.
Apprendre à se connaître, s’accepter et s’aimer comme on est. Accueillir, assumer, respecter, apprécier puis enfin sublimer sa forte sensibilité.
Pour cela il est nécessaire de commencer par changer sa perception de la sensibilité. Ne plus la voir comme un « handicap » mais comme un atout potentiel, à condition d’arriver à l’apprivoiser en quelque sorte.
Alors bien sûr cela demande une bonne dose d’estime de soi pour se détacher des injonctions normalisatrices de la société, conçues et perpétuées par des personnes beaucoup moins sensibles que soi.
Or justement ce qui pose souvent problème aux hypersensibles, c’est leur estime d’eux-mêmes, généralement basse et peu stable.
Lien entre hypersensibilité et estime de soi
Parce qu’il faut bien reconnaître que l’hypersensibilité n’aide pas au développement optimal de l’estime de soi. Si bien que certains comportements liés à la faible estime de soi (comme la susceptibilité, les réactions exagérées, le perfectionnisme, les ruminations, etc…) sont à tort trop souvent associés à la forte sensibilité.
En apprenant à s’accepter, à s’aimer et à avoir confiance en eux, en équilibrant l’image qu’ils ont d’eux-mêmes (donc en nourrissant leur estime d’eux-mêmes), les hypersensibles réussissent à calmer leur mental, apaiser leurs émotions et trouver leur place auprès des autres.
Ce travail de reconnexion à eux-mêmes, à qui ils sont vraiment, à leurs besoins profonds et à ce qui compte vraiment pour eux leur permet de mieux se comprendre. Et prendre plus soin d’eux. Donc par suite de mieux comprendre les autres.
N’oublions pas qu’on peut donner bien plus aux autres lorsqu’on se sent bien (en paix) avec soi.
Pratiquer encore et toujours

Bien entendu tout ceci demande du temps et des efforts. Mais c’est accessible pour celui ou celle qui s’en donne les moyens.
Car n’oublions pas l’élément clé : la pratique régulière. Sans pratique pas de transformation. Lire informe, pratiquer transforme. Lorsqu’on se contente de lire sans incarner les concepts, alors rien ne change.
Par exemple il y a une différence entre lire une fois une affirmation positive, se dire qu’elle est bien, et la lire tous les jours, plusieurs fois, en la ressentant au plus profond de soi.
De même qu’il y a une différence entre savoir que c’est mauvais pour soi de se dévaloriser, et se reprendre gentiment dès qu’on se surprends à se dévaloriser pour petit à petit ne plus le faire du tout.
Enfin n’oublions pas non plus (c’est peut-être même encore plus important), que l’essentiel est de faire de son mieux. Tout simplement.
Le développement personnel doit selon moi rester un plaisir dont le but est de se faire du bien. D’apaiser ses souffrances. Et non de se mettre une pression folle pour atteindre des objectifs trop idéalisés.
Lauren Ducret de Pépitesdebonheur