La Communication Non Violente (cnv) est-elle une piste intéressante pour mieux communiquer ? Les rapports humains sont empreints d’interprétations, de jugements, de tensions, qui mènent au conflit, à la rupture et à la violence.
Quand j’ai découvert la Communication Non Violente en 2015, j’ai trouvé cette méthode très intéressante intellectuellement mais complètement inutilisable en pratique. En réalité, je n’avais rien compris et, comme tu vas le découvrir dans cet article, c’est beaucoup plus profond et puissant que ça en a l’air. J’ai redécouvert la Communication NonViolente en 2022 grâce à un ami et, enfin, j’étais mûr pour en comprendre l’essence.
Si tu te demandes :
- C’est quoi la Communication Non Violente ? D’où ça vient ?
- Quels sont les 3 piliers de la Communication Non Violente ?
- Comment fonctionne le processus en 4 étapes de la Communication Non Violente ?
- Comment mettre en pratique la Communication Non Violente ?
Alors suis le guide !
Sommaire
Qu’est-ce que Communication NonViolente (CNV) ?
La Communication Non Violente a été développée par Marshall Rosenberg. (Si tu es familier de mes articles sur l’ennéagramme, tu trouveras cocasse que Marshall Rosenberg est de type 9, celui qui évite compulsivement les conflits, souhaite vivre la paix et l’harmonie)
C’est un art de la relation intra-personnelle comme interpersonnelle. Contrairement à ce qu’on pense souvent, avant d’être de la communication, c’est avant tout un retour à soi pour clarifier sa réalité intérieure.
En effet, pour communiquer avec l’autre et augmenter les chances d’être entendu, il est capital d’être au clair avec notre propre vécu, ce qui se joue en nous et d’où part l’envie de dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire, telle chose.
Dans la plupart des relations, il y a tellement de distorsions, de généralisations, de suppositions, de manipulation… Que nous ne pouvons pas, dans ces circonstances, vivre des relations épanouissantes, authentiques et respectueuses.
La Communication NonViolente permet justement de mettre de la clarté en nous puis à l’extérieur de nous, afin d’entrer en relation avec l’autre avec une vraie altérité.
Factuellement, autrui est pour nous une contrainte, un ennemi, une ressource, un moyen de… Mais dans toutes ces circonstances, il n’est pas un être humain. Tu retrouveras ça dans tous les niveaux de la spirale dynamique antérieurs à Vert. Ce n’est pas mal ni grave, c’est un fait, qu’il est bon de connaître.
L’Altérité avec un grand A apparaît à Vert et seuls les individus ayant accès à ce niveau de conscience (soit 10% de la population selon certaines sources) est capable de cette présence.
Autrement dit, si tu attends de l’empathie et une écoute à des personnes qui n’ont pas réellement accès à cette forme d’altérité, tu vas être déçu. Nous y reviendrons.
Quel que soit ce que tu vis aujourd’hui, la CNV va t’aider à mettre de la clarté sur ton vécu et à l’exprimer à l’autre de façon la plus claire possible. Elle va surtout t’aider à te relier authentiquement à l’autre sans toujours avoir de projet sur lui, c’est ce que tu vas découvrir dans un instant.
En fait, la Communication NonViolente invite à une danse relationnelle plutôt qu’à une guerre relationnelle. Il s’agit de passer de la vision de l’autre comme adversaire à l’autre comme partenaire.
Le rêve de Marshall Rosenberg était que chaque humain rencontre ses besoins. Comment faire pour que ça arrive ? En comprenant les 3 piliers de bases de la Communication NonViolente.
Les 3 piliers de la Communication NonViolente
La Communication NonViolente parle de bon nombre de sujets : l’empathie, la honte, les limites, … Avant d’évoquer tout cela, découvrons ensemble les 3 piliers fondamentaux de la CNV pour bien comprendre de quoi il retourne.
La clé N°1 de la Communication NonViolente
La clé absolue de la CNV sans laquelle rien n’est possible, c’est l’intention. À chaque fois que nous entrons en relation (avec nous-mêmes ou avec autrui), nous pouvons avoir 2 types d’intention :
- L’intention de relation : elle cherche une qualité de connexion (à soi et/ou à l’autre) sans rien attendre. Il y a une vraie intention de prendre soin de la relation avant toute autre chose.
- L’intention de résultat : elle cherche à atteindre quelque chose, elle a un projet sur soi et/ou sur l’autre. L’intention est que l’autre dise/ne dise pas, fasse/ne fasse pas, pense/ne pense pas.
L’intention de relation est en lien avec la vie et sa circulation naturelle d’énergie. L’intention de résultat amène l’idée d’un contrôle sur la vie où l’autre devient “un moyen de”, il n’est plus un être à part entière mais un objet duquel je peux me servir pour mon propre bénéfice.
Attention, l’ego récupère très vite cette information pour dire : l’intention de relation c’est bien, il faut être tout le temps comme ça ; l’intention de résultat c’est mal, il ne faut surtout pas faire ça !
Entends bien que ce n’est pas ce que je dis : ce serait récupérer ce concept depuis un niveau de conscience basé sur la dualité bien/mal (cf Bleu en spirale dynamique) qui ne nous intéresse pas dans le cadre de la CNV.
C’est OK d’avoir une intention de résultat, on l’a tous les jours, moi le premier. L’important c’est d’en être conscient, donc d’avoir l’intention d’être en lien avec l’intention de résultat… Pour ne pas être dupe de ce qui se joue en nous. Et en même temps si on y arrive pas parce qu’on est pas les moyens, c’et OK aussi !
Il est temps de parler d’un paradoxe, comme la vie en est remplie : Plus on est orienté résultat, moins il y a de chances de l’atteindre. Plus on est orienté relation, plus il y a de chances d’obtenir un résultat.
Les deux animaux de la Communication NonViolente
En CNV tu entendras souvent parler de deux animaux : la girafe et le chacal. Le chacal représente la personne lambda qui n’a pas conscience que ce qu’elle dit est une interprétation personnelle de la réalité, qui mêle observation des faits et jugement, qui est capable de manipuler, de ne pas t’écouter… C’est tout le monde, en somme 🙂
La girafe représente l’animal capable de prendre de la hauteur (avec son grand cou) et d’aller au-delà de ce que dit l’autre en surface (avec son grand cœur). La girafe fait la différence entre les faits, son interprétation, ce qu’elle ressent et les besoin sous-jacents. Elle fait son maximum pour se relier à l’autre et améliorer la qualité de la relation.
Attention : je ne suis toujours pas dans du “la girafe c’est bien, le chacal c’est mal”. Nous avons tous ces 2 animaux en nous et l’invitation de la CNV est de se mettre dans la posture de la girafe autant que possible, quand nous en avons les moyens. Inutile d’en faire une injonction et de se mettre la pression (sinon ce n’est pas de la girafe et ce n’est pas nourrissant).
Le processus en 4 étapes de la Communication NonViolente
“Notre demande peut être entièrement sincère que si nous sommes conscients de l’objectif qui la motive. Le processus est destiné à ceux d’entre nous qui souhaiteraient que les autres changent et réagissent favorablement mais à la seule condition qu’ils le fassent de leur plein gré et du fond du cœur.” Marshall Rosenberg
La CNV est souvent résumée par le processus en 4 étapes, facile à retenir par l’acronyme OSBD. Tu vas également découvrir l’erreur classique en CNV (que j’ai faite au début) liée à ce processus OSBD.
OSBD signifie :
Observation : c’est la phase dans laquelle nous observons la réalité telle qu’elle est en discernant nos jugements, nos pensées et notre interprétation. On différencie l’observation de l’interprétation que nous faisons de la réalité. Exemple : “Tu rentres à 21h” est l’observation d’un fait ; “C’est à cette heure-là que tu rentres !” est notre intrerprétation d’un fait. Au passage, tu peux noter comment cette deuxième phrase crée déjà de la tension et invite au mode défensif.
Sentiment : c’est la phase où je suis en lien avec mes émotions et sentiments, déclenchés par la situation. On différencie les émotions/sentiments des émotions/sentiments mêlés à des pensées. Exemple : “je me sens triste” est une émotion ; “je me sens trahi” est une émotion (tristesse, colère ?) mêlé à une pensée (“c’est ta faute”)
Besoin : C’est la phase où je creuse le besoin sous-jacent à mes émotions et besoins. Je peux me demander quel est le besoin important pour moi qui est concerné par la situation. On différencie les besoins des stratégies. Les besoins sont non négociables, universels, ils ont mon énergie de vie et ils sont peu nombreux. Les stratégies, elles, sont négociables car elles sont juste un moyen d’accéder au besoin, elles sont extrêmement nombreuses. Exemple : “j’ai besoin de toi” n’est pas un besoin, le besoin sous-jacent est sûrement un besoin d’amour, de partage ou de reconnaissance. “Toi”, c’est la stratégie.
Demande : une fois en contact avec la réalité de mes émotions et mes besoins, une demande peut (ou non) émerger. On différencie les demandes des exigences. Faire la différence est très simple : c’est notre réaction quand l’autre dit “non” à notre sollicitation. Si on augmente l’intensité, qu’on menace, manipule, juge… C’est que c’était une exigence. Si ça nous laisse relativement neutre et qu’on cherche d’autres solution, c’est que c’était une demande. On différencie aussi une demande d’une demande implicite qui n’est pas formulée clairement car non assumée. Exemple : “tu peux me passer ma veste s’il te plaît ?” VS “tu ne trouves pas qu’il fait froid ce soir ?”
Attention : la CNV est souvent vue comme l’expression à l’extérieur des 4 étapes de l’OSBD. J’ai longtemps cru ça… à tort. Ces 4 étapes n’ont absolument pas pour but d’être exprimés tel quel, comme un robot qui dirait : “Tu es arrivé à 21h, je me sens triste parce que j’ai besoin d’amour et de soutien. Tu serais d’accord de rentrer plus tôt ?” Ca fait très vite lourd, déshumanisé et ça n’a pas de sens !
Ca a été une révélation pour moi de comprendre que ces 4 étapes ont uniquement pour but de mettre de la clarté dans notre réalité pour voir ce qui se joue en nous. Ensuite la forme extérieure importe peu ! Il n’y a aucune forme prédéfinit qu’il faudrait employer en CNV, le plus important étant l’intention de se relier à l’autre. S’il n’y a pas cette intention… on ne fait pas de CNV.
Si tu utilises le processus OSBD pour obtenir quelque chose de l’autre et que c’est motivé par une intention de résultat, tu ne fais pas de CNV !
3 fausses idées sur la Communication NonViolente
- Il n’y a pas de colère ou d’intensité : c’est faux. Il y a cette image de la CNV comme étant seulement de l’empathie, de la bienveillance, une façon de parler cucul la praline… Ca c’est quelqu’un qui singe la CNV ! Cette méthode n’interdit rien d’exprimer, ça peut tout à fait ressembler à de la communication “classique”, sauf que c’est fait depuis un toute autre espace. Oui tu peux exprimer ta colère et tes limites.
- Ca n’est pas applicable dans la réalité : c’est tout le contraire ! Ce qui est inapplicable, c’est la vision cucul la praline. La CNV peut être pratiquée à chaque instant de vie et, évidemment, ça demande du temps, de la patience et de la méthode.
- Ca ne marche pas : ça tombe bien car la CNV n’est pas faite pour “marcher” ! La BASE, c’est justement l’intention de relation où l’on veut se relier à l’autre. TOUS les êtres humains crèvent d’envie que tu t’intéresses à eux et leur réalité, donc si la CNV ne marche pas, c’est que tu en attends un résultat, donc… que tu ne fais pas de CNV. Paradoxalement, la meilleure façon d’atteindre un résultat dans une relation est de ne pas chercher un résultat mais juste de te relier à l’autre…
La pratique de la Communication NonViolente
Maintenant que tu as compris les bases de la CNV, dans quel contexte peut-on l’appliquer ?
Tu t’en doutes au vu de tout ce que j’ai écrit. La première application est d’abord entre soi et soi. Tant que je ne suis pas clair dans ma propre réalité, mieux vaut que je ne parle pas et que je prenne un temps pour me recentrer pour connaître mes enjeux.
Bien plus qu’être un modèle relationnel, je vois la CNV comme une voie d’épanouissement personnelle voire spirituelle qui permet de mettre de la lumière à chaque instant sur ce que je vis. La vie étant très généreuses en situations qui nous active, c’est un acte d’amour précieux que de prendre le temps de regarder ce qui se vit en nous. Couplé à l’ennéagramme, ça nous aide à voir de plus en plus clair sur notre réalité, sur notre interprétation de la réalité, sur nos jugements, sur nos émotions, sur nos besoins non rejoints…
Ensuite, la CNV est évidemment applicable dans toute relation, quelle qu’elle soit, de la relation avec notre boulangère à la relation de couple en passant par la relation avec nos amis. Evidemment, le plus gros “gamer changer” se fait dans la relation avec nos proches. Quand on commence à l’utiliser dans le cadre de notre relation de couple, avec nos enfants voire avec nos parents, ça change drastiquement la qualité de nos relations.
De la même manière que les 5 langages de l’amour, ça améliore vraiment nos relations.
La CNV n’a pas pour but d’aller où que ce soit, finalement c’est surtout une invitation à être présent à notre expérience et à faire circuler la vie en nous et autour de nous 🙂
Approfondir la Communication NonViolente
Cet article n’a pas pour vocation à être une formation ni à être exhaustif. Il est là pour te présenter la méthode de la Communication NonViolente et ma perception de celle-ci.
Si tu veux approfondir, il y a le livre classique de Marshall Rosenberg “Les mots sont des fenêtres (ou ce sont des murs)” ainsi que “Cessez d’être gentil, soyez vrai” de Thomas d’Ansembourg.
Après, si tu veux réellement expérimenter le processus de la Communication NonViolente, ça ne se passe pas dans un livre. Je t’invite à participer à une formation : la CNV ça se vit, ce n’est pas une compréhension intellectuelle. L’empathie, l’écoute, les émotions, les besoins, c’est dans le réel que ça se passe. Une formation en Communication NonViolente peut être une très belle façon de se découvrir à travers un groupe, d’autant qu’on tisse souvent des liens précieux dans ce type de groupe.
Et surtout, garde en tête que la meilleure formation en Communication NonViolente, c’est ta propre vie. Une formation CNV, c’est juste “l’école”, avec des gens remplis de bienveillance, d’empathie (même fake). Après, c’est dans la vie que ça se passe, avec des vrais gens qui n’en ont rien à carrer de bienveillance et d’empathie : c’est là que tu vas être testé 🙂