Nouveau sur Epanessence ?

Epanessence accompagne ceux qui, malgré beaucoup de dev’ perso, tournent en rond dans leurs schémas et en souffrent. Le but : renouer avec qui tu es vraiment et être en paix avec toi-même.

Du besoin de sécurité à l’éloge de l’insécurité, il semble y avoir un gouffre, et pourtant.

Pour connaître la vérité, on doit se débarrasser de la connaissance.

Rien n’est plus puissant et créatif que le vide, qui suscite l’aversion de l’homme.
Ces idées, qui viennent de Lao Tseu, sont aussi profondes que paradoxales.

De quoi parle le besoin de sécurité ?
D’où vient le sentiment d’insécurité ?
Comment gérer ça ?

Le paradoxe de la sécurité

Mythes et légendes

De tout temps, Sapiens se raconte des histoires. Il se les raconte tellement souvent et avec tellement de conviction qu’il finit par croire qu’elles sont vraies.

Les mythes, les légendes, ont animé l’esprit de Sapiens depuis des millénaires. Ils permettent de se raccrocher au connu. Avec la croyance qu’il y a un Dieu puissant à l’extérieur de nous, nous pouvons nous sentir en sécurité : il y aura bien un paradis, tout va bien aller.

La croyance est par nature irrationnelle et permet à l’individu de se sentir en sécurité.

Evidemment cette sécurité n’a rien de réel, elle n’est qu’une belle illusion ayant l’apparence du réel.
Dans la réalité, un camion peut me renverser dans la rue, une météorite peut défoncer ma maison, une pandémie peut survenir… La sécurité n’existe pas.

Ce que je crois, je le rends réel. Et mon cerveau fabrique toutes les preuves pour confirmer ce que je crois et me donner raison (le fameux biais de confirmation).

Figer la réalité pour se rassurer

Chacun, chaque chose doit avoir son étiquette, son numéro, son certificat, son immatriculation, sa classification. Ce qui n’est pas classifié est irrégulier, imprévisible et dangereux.” Alan Watts

Depuis tout temps, la croyance est une façon de se rassurer. Pour ça nous utilisons des mots, des concepts. La réalité est par essence mouvante, imprévisible.

Si j’étiquette quelqu’un de gentil, je le catégorise comme étant une non menace.
Pour autant, si cet individu décide de me tuer, le fait que je l’ai étiquetée de gentil ne change rien au fait que je vais me faire tuer.

Pour différencier nos illusions de la réalité (qui ne sont que des transes hypnotiques), c’est très simple : qu’est-ce qui reste à la fin ? 
Le réel ne peut pas être appréhendé. C’est ça même qui nous fait peur.

C’est la limite du centre mental : il croit pouvoir modéliser le réel et anticiper, mais à la fin la météo dit qu’il fait soleil alors que dans le réel il pleut.

Tu connais l’adage : la carte n’est pas le territoire.

Notre cerveau cherche à mettre du sens, à cataloguer, à catégoriser.

Nous calibrons les pommes et les carottes, ça rassure. C’est connu et prévisible : je peux prévoir le lendemain.

Mais dans la réalité, les pommes et les carottes ne ressemblent à aucune autre. La nature ne calibre pas. La nature crée de la diversité, du chaos. C’est un chaos organisé.

Que ce chaos nous fait peur ! L’imprévisibilité est un terrible fardeau.

Cultiver l’insécurité : une nécessité

Le besoin (névrotique ?) de sécurité

Beaucoup de nos actions sont sous-tendues par le besoin de sécurité. Nous voulons nous sentir en sécurité.

C’est normal, l’enfant a besoin de sécurité. Le besoin de sécurité fait partie des besoins fondamentaux de la pyramide de Maslow, dans le sens où quand un être se sent profondément en insécurité, il a du mal à être suffisamment détendu pour vivre tous ses besoins relationnels et ses besoins de contribution.

La théorie polyvagale nous apprend qu’un système nerveux sous stress a justement besoin fortement de sécurité.

Le bébé a besoin de sécurité pour pouvoir explorer dans son environnement et il peut le ressentir grâce à un attachement sécure avec sa mère.

Ce sentiment de sécurité (ou d’insécurité) prend naissance dans l’enfance et va colorer le reste de la vie (travail, relation, expériences…)

Il est à noter que tous les profils de personnalité ne sont pas égaux face à la sécurité.

En grandissant, les enfants devenus adultes vont choisir leurs stratégies préférées pour se sentir en sécurité.

Problème : Nous donnons souvent à l’argent le pouvoir de remplir ce rôle, par exemple. Si nous en manquons, alors le sentiment d’insécurité se réveille et la pensée suivante émerge : “je dois gagner plus d’argent pour me sentir en sécurité.”

Ca paraît évident, le raisonnement paraît logique et implacable.

Pourtant, c’est une illusion totale. L’argent n’apportera jamais la sécurité et ne l’a jamais apporté à qui que ce soit.

Pourquoi ?

Un objet extérieur ne peut en aucun cas créer une expérience intérieure.

Croire que l’argent apportera la moindre sécurité est voué à l’échec et mieux vaut l’intégrer avant de passer des dizaines d’années de course poursuite après l’argent.

Il suffit de regarder combien de millionnaires et de milliardaires sont dans la dépravation, la peur perpétuelle de perdre leur argent : ils ne se sentent pas forcément plus en sécurité qu’un ouvrier qui gagne 1000€/mois. 

Je t’invite à relire cette dernière phrase.

Si la sécurité n’est pas une question d’aisance financière, comment se sentir en sécurité ?

J’ai pris l’exemple de l’argent, j’aurais pu prendre l’exemple d’un toit sur la tête ou d’une relation.

Quand le sentiment de sécurité dépend d’une circonstance extérieure, il est fragile. 

La loi de l’effort inverse

Cette loi stipule qu’au plus je cherche à obtenir quelque chose, au moins je l’obtiens. Dans le langage courant, nous connaissons cette loi sous l’adage “Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis.”

Ca fonctionne dans les relations hommes-femmes, oui, mais aussi dans la vente, avec l’argent, avec les objectifs…

Au plus je désire quelque chose, au plus je repousse l’objet de mon désir.

Ca paraît paradoxal et pourtant l’explication en est simple :

Quand je veux très fort quelque chose, je fais l’expérience de “vouloir”, pas “d’avoir”. Donc j’envoie comme information à tout mon être que je n’ai PAS.

Le même principe fonctionne avec la sécurité.

Dès lors que je veux me sentir en sécurité à tout prix, je cherche à obtenir la sécurité, je lui cours après d’une certaine manière.

Dans ces circonstances, quelle autre expérience puis-je faire que celle de ressentir que je n’ai PAS la sécurité ?

La magie de cette loi de l’effort inverse réside dans ce paradoxe.

Au moins je veux quelque chose, au plus je l’ai.

C’est quand je lâche l’enjeu, que je cesse de m’accrocher et de me crisper, que je finis par obtenir ce que je voulais : en faisant aucun effort.

Autant dire que cette loi est très difficile à intégrer quand nous nous sommes programmés à coup de “fais des efforts”, où nous sommes persuadés que nous devons travailler extrêmement dur.

Nous croyons que nous devons FAIRE pour AVOIR. Alors qu’il s’agit avant tout d’ÊTRE pour AVOIR. Faire demande un effort, alors qu’être demande simplement… d’être.

Ca ne veut pas dire qu’il faut rester dans le canapé et prier.

La réalité est que toute action qui part de la volonté égotique d’avoir quelque chose qu’il me manque, mènera à un résultat insatisfaisant. Il ne peut en être autrement.

L’antidote au sentiment d’insécurité :

La réponse n’est pas dans le comment

Demander comment faire cela, quelle est la technique ou la méthode, quelles sont les étapes et les règles revient à complètement passer à côté du problème.

Les méthodes servent à créer des choses qui n’existent pas encore. Nous nous occupons ici de comprendre quelque chose qui est, l’instant présent.

Il ne s’agit pas d’une discipline psychologique ou spirituelle d’auto-amélioration ; mais d’être simplement conscient de l’expérience présente, et de concevoir qu’on ne peut ni la définir, ni s’en séparer. Il n’y a pas d’autre règle que : “Regarde !”

Le “Comment” est une question qui nous obsède. C’est le mental qui s’agite. Quand nous nous surprenons à rêver ou à envisager un projet qui nous enthousiasme, on se surprend très vite à le brider par notre mental qui a besoin de rationnaliser : “C’est pas possible. COMMENT je vais faire ça ?”

Ce fonctionnement est caduque. Parce qu’il induit de se référer au connu pour réaliser la vision qui m’anime.

Alors même que la réalisation de cette vision ne peut PAS passer par ce qui est connu, sinon je l’aurais déjà fait.

Dans ce cas, il devient nécessaire de lâcher le mental et accueillir pleinement l’instant présent, car seul en cet endroit réside la sécurité.

J’aime bien faire des expériences un peu bizarres et ces dernières années j’ai testé la quête de vision chamanique et la méditation Vipassana.

Récemment, j’ai décidé de vivre une retraite en solitaire sous un arbre pendant quelques jours.

Le sentiment d’insécurité s’est pointé : “il risque d’y avoir des sangliers”, “et s’il y a des tiques ?”, “merde il va pleuvoir…” 

J’ai fait une expérience très intéressante à ce moment là : en étant totalement présent à ma peur, en étant AVEC moi, le sentiment d’insécurité s’est envolé.

Je me suis senti serein et rassuré dès lors que j’ai été présent à ma peur. Paradoxal, hein ?

La clé pour en finir avec le sentiment d’insécurité

“Pour “connaître” la réalité, vous ne pouvez pas vous tenir en dehors d’elle et la définir; vous devez entrer en elle, être elle et la ressentir. Quand par contre vous comprenez que vous vivez, que vous êtes en fait cet instant présent et non un autre, et qu’à part cela il n’y a ni passé ni futur, vous vous calmez et percevez complètement les saveurs, que ce soit du plaisir ou de la douleur.” Alan Watts

La clé se situe dans la loi de l’effort inverse. Nous l’avons dit : au plus je cherche la sécurité, au moins je la trouve.

La réciproque est vraie : au moins je cherche la sécurité, au plus je la trouve.

Quand j’arrête de chercher la sécurité, en courant après l’amour, l’argent ou les objectifs, je lâche mon mental.

Ainsi, je sors de ma tête et commence à me revenir dans l’instant présent : là où tout se passe.

Je réalise alors que la sécurité est à un seul endroit au monde : en moi-même, ici à cet instant. La sécurité est simplement un sentiment que je ressens dès lors que j’arrête d’y prêter attention.

Tout comme le bonheur, il se vit et ne se pense pas.

Dès que je me demande “est-ce que je suis heureux ?”, je me dissocie de l’expérience et ne peux pas le vivre.

Cette sécurité est une expérience intérieure qui se vit maintenant.

Dès lors que je sentirai le stress, l’anxiété, l’insécurité, remonter à travers diverses pensées angoissantes,…

Il me suffit de reconnecter avec mon corps, avec l’ici et maintenant, pour revenir au seul endroit où je peux me sentir en sécurité.

J’arrrête de courir après le bonheur, j’arrête de courir après le succès, j’arrête de courir après la sécurité, et alors je les éprouve instantanément.

Impermanence

Le plus grand sentiment d’insécurité réside quand nous sommes attachés à la permanence de toute chose.

Dans le bouddhisme, l’impermanence est un concept central : tout change tout le temps. Nous le savons pertinemment, mais la connaissance corticale n’a pas passé le seuil de l’expérience.

Nous continuons de nous plaindre quand le temps change, quand il y a un bruit alors qu’on aimerait le calme, de pleurer la mort de quelqu’un

Nous faisons comme si nous ne savions pas. “Il est mort, ça n’aurait pas dû arriver.”

Voilà un déni total de la nature même de la vie, qui est l’impermanence. La peur existe uniquement dans le mental : quand est-ce que je vais mourir ? Je ne le sais pas et mon mental peut se torturer des journées entières sur des questions insolubles de ce type.

Il y a des questions qui n’appellent pas de réponse.

Il me suffit de revenir en cet instant, dans mon humanité, dans mes sens, pour simplement contempler ce que je vis.

Le but de ma vie, c’est juste de vivre cet instant.

La mort résume la vérité selon laquelle en chaque instant nous sommes poussés dans l’inconnu.

Là, tout attachement à la sécurité doit cesser, et la vie est renouvelée partout où le passé s’en va progressivement et où la sécurité est abandonnée.

Finalement, ce thème de la sécurité n’invite-t-il pas simplement à devenir adulte ?

Une posture enfantine consiste à s’accrocher à des objets extérieurs en quête de sécurité (et ça n’a rien de mal !), là où une posture adulte invite à se réapproprier le pouvoir de s’apporter à soi-même cette sécurité en étant présent à ma peur quand elle s’invite dans le présent.

C’est là qu’interviennent la foi et la confiance en la vie. C’est un changement de mode total. 

On pourrait dire que la volonté de se sentir en sécurité à tout prix est un fantasme de l’ego et que foi et confiance sont des qualités de l’essence.

Je termine cet article par une citation issue de l’excellent livre “Eloge de l’insécurité” :

“La mort est l’inconnu dans lequel nous vivions tous avant la naissance. Rien n’est plus créateur que la mort, puisqu’elle est tout le secret de la vie. Elle signifie que le passé doit être abandonné, que l’inconnu ne peut être évité, que “je” ne peut perdurer et que rien ne peut être finalement fixé. Quand un homme sait cela, il vit pour la première fois dans sa vie. En retenant sa respiration, il la perd. En la laissant aller, il la trouve.” Alan Watts

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