L’empathie est extrêmement mal comprise et malheureusement mise de côté. On parle d’empathie cognitive, d’empathie émotionnelle… Quelle différence ? Comprendre réellement l’empathie et être capable de l’offrir aux autres va changer absolument TOUTES tes relations. Oui, grosse promesse… Alors continue ta lecture jusqu’au bout !

L’empathie c’est quoi ?

L’empathie a de nombreuses définitions selon l’auteur, le cadre de pensée… comme beaucoup de termes.

Pour le grand philosophe Larousse, l’empathie c’est la faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent.

Ca, c’est UNE portion de l’empathie, comme tu vas le découvrir plus bas, ça ressemble plus à l’empathie cognitive.

Empathie, sympathie, compassion… ce sont des mots, les nuances sont parfois fines. Pour certains, l’empathie est seulement cognitive ou émotionnelle… J’aimerais proposer une perspective plus large.

Voici ma vision de l’empathie : L’empathie est une qualité de présence permettant à l’autre d’accueillir son vécu sans s’y perdre.

Ce n’est pas de la sympathie dans laquelle il y a une confusion entre l’émotion de l’autre et la mienne et où j’ai perdu mon centre. Ressentir l’émotion de l’autre n’est pas de l’empathie ! C’est plutôt de la contagion émotionnelle et affective (et c’est normal chez les humains).

Dans l’empathie, je suis présent à moi ET à l’autre, et cet espace de présence offre une résonance à ce que vit l’autre . C’est en tout cas la vision de la CNV que je partage.

Sans le savoir, c’est ce que beaucoup d’humains viennent chercher chez un thérapeute, un médecin, un kinésithérapeute, un ami ou même chez le coiffeur…

Malheureusement, nous recevons souvent tout sauf de l’empathie : se faire plaindre, des conseils, des explications… j’y reviens dans un instant.

L’empathie a un effet de détente quasi-immédiat. Là où quelqu’un peut tourner en boucle sur une plainte quand il ne se sent pas écouté, avec l’empathie il se sent reconnu dans ce qu’il vit et ça recentre immédiatement. Ensuite ça libère les émotions et facilite l’expression authentique.

L’empathie cognitive et émotionnelle

Avant de parler des différentes empathies que nous pouvons utiliser, il est important de comprendre un point clé.

L’être humain est constitué de 3 centres d’intelligence :

  • Mental
  • Emotionnel
  • Instinctif

Notre empathie peut provenir de ces 3 niveaux :

  • Empathie mentale : “je te comprends”. Empathie froide. C’est le niveau de la compréhension, de l’empathie cognitive.
  • Empathie émotionnelle : “je peux me relier à toi”. Empathie chaude. C’est le niveau de la connexion, de l’empathie affective, du cœur.
  • Il y a une troisième empathie, moins connue, l’empathie corporelle : “j’accueille tout ce que tu vis”. C’est l’espace de présence neutre.

Ces trois niveaux d’empathie sont différents et complémentaires.

Recevoir une empathie d’un seul niveau donne un arrière-goût de “quelque chose qui manque” :

  • Une empathie cognitive purement mentale est froide et déconnectée.
  • Une empathie émotionnelle est chaude mais peut vite être dépassée et manquer de contenance.
  • Une empathie corporelle accueille tout mais manque d’humanité.

Quand ces 3 niveaux d’empathie se rejoignent en un seul être humain, c’est extrêmement nourrissant car on se sent profondément rejoint.

Lors d’un stage CNV, j’exprimais une situation douloureuse pour moi et la fille avec qui j’étais en binôme cherchait essentiellement mentalement ce qui se passait pour moi. C’est normal car elle avait un profil de personnalité à dominante mentale. Ca m’aidait de mettre des mots (elle était douée pour ça) mais je ne me suis pas senti accueilli dans ce que je ressentais et exprimais. Ensuite le formateur est venu et j’ai senti à sa présence que ça n’avait rien à voir en terme de qualité d’écoute : j’ai reçu en 30 secondes ce que bien peu d’humains sont capables de donner même s’ils y passaient des heures.

L’empathie ne consiste pas à dire ou faire une action, c’est simplement un état d’être.

Les écueils de l’empathie

Goûter à l’empathie ne peut pas se faire via un article. Quoi que, quand tu lis un texte dans lequel tu te sens profondément en connexion et tu sens que ton vécu est accueilli, ça peut faire cet effet. La lecture d’un texte sacré peut faire cet effet par exemple !

Avec cet article, tu peux déjà retenir tout ce qui n’est PAS de l’empathie.

Tous ces comportements peuvent partir de bonnes intentions, mais ce n’est pas pour autant que ça donne de l’empathie à autrui…

Chaque centre a ses propres écueils :

  • Centre mental : enquêter, diagnostiquer, conseiller, éduquer, questionner, enquêter…
  • Centre émotionnel : dramatiser, plaindre, rassurer, consoler, parler de soi, vouloir aider à tout prix, empathie d’une personne absente, ressentir plus que l’autre…
  • Centre instinctif : changer de sujet, clore, corriger, moraliser, secouer, faire une action…

Lorsque j’ai découvert tous les obstacles à l’empathie lors de ma formation CNV, j’ai été édifié de me rendre compte du nombre de fois où j’ai fait ça dans ma vie… et où j’ai reçu ça moi-même au lieu de recevoir de l’empathie.

Ca m’a permis de comprendre l’échec retentissant de chercher à rassurer quelqu’un, à lui donner des conseils ou relativiser ce qu’il vit.

Devinette : Si nous sommes incapables d’empathie, c’est pour une raison très simple… Quelle est-elle selon toi ?

Qu’on ne l’a pas appris à l’école ? Oui aussi, mais c’est encore plus trivial que ça.

Nous sommes très souvent incapables de nous donner de l’empathie à nous-mêmes. Si autant d’humains souffrent dans le monde moderne, refoulent leurs émotions, sont coupés de leur corps, de leurs rêves, de leurs besoins, c’est en bonne partie parce qu’ils ne savent pas comment se donner de l’empathie à eux-mêmes.

Au lieu de s’accueillir, on se coupe de notre ressenti, on juge nos émotions de négatives, on met sous le tapis certaines parties de nous, on se fuit… Avec tout ce que cela implique.

L’auto-empathie est une belle preuve d’amour à soi-même, puisque je m’offre un espace de présence pour accueillir mes émotions, mes jugements, ma douleur, mes besoins… Bref, je suis là pour moi !

C’est LE point de départ de toute démarche quelle qu’elle soit.

Comme on ne peut donner que ce dont on déborde vraiment… On ne peut pas donner vraiment de l’empathie sans avoir déjà cet espace de présence pour soi-même.

L’empathie en pratique

Souvent, quand on parle d’empathie et/ou de présence, vient automatiquement une question : “Comment faire ?”

Cette question est LE plus gros piège sur ce sujet, car on cherche à FAIRE quelque chose alors que l’empathie est un état d’ÊTRE.

C’est comme le mec qui voit sa femme pleurer et qui cherche à faire quelque chose, il cherche sur quel bouton il peut appuyer pour que ça s’arrête… Ce qui témoigne d’une incapacité à simplement être avec ce qui est.

Moi aussi pendant des années je ne savais pas quoi faire quand ma chérie pleurait, car je croyais que je devais faire quelque chose… Alors qu’elle avait juste besoin de ma présence, d’un espace pour contenir ce qu’elle ressentait (de l’empathie quoi !).

C’est typiquement ce que développent toutes les pratiques du type méditation en s’ancrant dans le corps et dans la respiration.

Les 3 niveaux de l’empathie

Selon le temps disponible, la disponibilité mentale et émotionnelle, on peut explorer 3 niveaux d’empathie, de profondeur croissante :

  1. Le premier niveau de l’empathie, c’est l’empathie de l’émotion. C’est la porte d’entrée du vécu de l’autre : l’émotion est souvent palpable, visible, évidente. Simplement rester avec l’émotion de l’autre est déjà un beau cadeau à lui offrir, peu de gens en sont capables.
  2. Le deuxième niveau de l’empathie, c’est l’empathie du besoin de surface. C’est le besoin qui se cache juste derrière son émotion. Il peut se trouver assez facilement. Par exemple, si tu te sens triste dans une situation où tes amies se sont retrouvées entre elles et ne t’ont pas invité… Il y a sûrement un besoin d’appartenance, de partage ou de reconnaissance. On pourrait s’arrêter là… Avant ma formation CNV je ne savais pas qu’on pouvait aller plus loin, alors que si !
  3. Le troisième niveau de l’empathie, c’est l’empathie du besoin racine. C’est l’empathie la plus “profonde” et précieuse qu’on peut offrir à quelqu’un. Pour l’avoir vécu : c’est inestimable ! Il s’agit de mettre en lumière LE besoin le plus profond qui se cache derrière son émotion et son besoin de surface. On va forcément tomber sur quelque chose de très puissant car au plus proche de l’expression du vivant : l’amour, la liberté, le don… Voici la façon dont ça peut se questionner : Est-ce que l’intensité/la profondeur de [ton émotion] est à la mesure de combien tu aimes vivre [ton besoin racine] ? Concrètement ça peut donner : “est-ce que l’intensité de la tristesse que tu ressens est à la mesure de l’amour que tu aimes vivre ?”

S’entraîner à l’empathie

L’empathie est applicable sur 100% des êtres humains, voici 3 façons de la pratiquer :

  1. Sur toi-même : l’auto-empathie. En moi, pour moi. Tout est expliqué dans cet article.
  2. Sur l’autre : la télé-empathie. En moi, pour l’autre. Seul, je m’imagine ce que vit l’autre, j’essaie de sentir l’émotion et le besoin en jeu pour lui.
  3. Sur l’autre : l’écoute empathique. Avec l’autre, pour l’autre. En relation avec l’autre, je lui offre de l’empathie.

L’empathie est une capacité “méta” extrêmement précieuse, utilisable dans toutes les situations possibles et imaginables. Je ne connais pas un individu qui n’y est pas sensible. Tu peux voir le développement de ton empathie comme le développement d’une capacité qui change ta façon d’être et de te relier à autrui.

T’entraîner est d’autant plus important que dans la société, l’empathie est une capacité sous-estimée et même ignorée.

L’empathie, bien que centrale dans la gestion des émotions, est souvent absente de nos sociétés actuelles. Le contexte émotionnel mondial, basé sur l’individualisme, la compétition et l’accent sur l’action, réduit l’importance de l’empathie, une capacité ignorée. Les faits, les tests et les perspectives individuelles prédominent, laissant peu de place à une compréhension profonde des émotions. L’emphase sur le développement personnel renforce cette tendance, mettant en avant des capacités qui sont plus techniques que relationnelles.

Les interactions sociales, souvent superficielles, se concentrent davantage sur des aspects comme la reconnaissance des capacités et la manière de se comporter dans des contextes sociaux normés. où chacun est dans son rôle social. Les situations sociales sont de plus en plus marquées par un manque de prise en compte des sentiments des autres. D’où cette société où l’individu est isolé dans sa propre perception et ses émotions, rendant difficile l’expression de la compassion ou de la reconnaissance des émotions d’autrui.

Les rôles sociaux imposent des attentes qui laissent peu de place à l’exploration de l’émotionnel. Les actions sont valorisées au détriment de la compréhension empathique, et la sympathie est souvent perçue comme une faiblesse. Cela crée un fossé émotionnel dans les situations sociales, où chacun agit en fonction d’une perspective individualiste sans intégrer une approche collective de la situation. L’empathie pourrait être rétablie si les sociétés reconnaissaient davantage l’importance de l’émotion dans les interactions humaines, mais cela nécessite une révision des priorités sociales et une réévaluation du rôle de l’individu face aux autres.

En ce qui te concerne, ton champ d’action est large pour t’entraîner (et faire passer le mot) :

  • D’abord et avec tout avec toi-même : l’auto-empathie est une pierre angulaire pour vivre une vie épanouissante.
  • Dans le couple : c’est un formidable cadeau à offrir à notre partenaire de vie… Et c’est probablement l’un des cadeaux qui améliore le plus la relation (je peux en témoigner).
  • Avec tes clients : très souvent, je me rends compte que les personnes qui font appel à moi ont surtout besoin d’empathie. Ils viennent pour du coaching et/ou pour de la thérapie, mais très souvent ils ont énormément besoin d’empathie.
  • Avec tes prospects : quelqu’un qui a peur, qui doute, avant de prendre une décision d’achat, a besoin d’empathie. Là où le vendeur basique va donner des arguments logiques, toi tu peux VRAIMENT prendre le temps d’écouter cette personne.
  • Avec les personnes que tu croises dans ta vie : un commerçant, la vieille dame dans la file devant toi, un parent d’élève, une personne perdue dans la rue, un voisin… La vie m’a présenté un jeune homme en covoiturage qui avait besoin d’empathie après avoir raté son permis, le soir même de la formation CNV ! Une bonne occasion pour pratiquer.
  • En famille et avec tes enfants : un enfant est très au contact de son vivant, il est très sensible à l’empathie !
  • Avec des tags (oui oui !) : l’autre jour j’ai vu un tag sur un mur qui disait “on ne veut pas avoir une augmentation, on ne veut plus travailler du tout !”. Je me suis amusé à faire de l’empathie cognitive : “est-ce que tu te sens en colère parce que tu aimerais que tes efforts soient reconnus ?”
  • Avec des vidéos YouTube, des films et de séries : entraîne-toi à nommer les émotions des personnes que tu vois à l’écran et même essayer de sentir les besoins qui sont présents derrière. C’est un excellent exercice.

Dis-toi simplement que la plupart des humains crèvent la dalle d’empathie pour 2 raisons :

  • Ils sont incapables de s’en donner à eux-mêmes.
  • Les personnes qui savent en donner vraiment sont rares (sauf dans certains écosystèmes privilégiés).

Cela fait que des occasions se présentent tous les jours.

Pour finir, quelques recommandations concrètes :

  • Questionne toujours, évite d’affirmer : tu ne sais pas pour autrui. “Est-ce que c’est de la tristesse que tu ressens dans cette situation ?” plutôt que “ça se voit que tu es triste”. L’idée est de renvoyer un reflet empathique à l’autre pour qu’il puisse ressentir son émotion et son besoin.
  • Reformule pour t’assurer d’avoir compris et offrir un reflet empathique à l’autre “Ce que tu veux dire c’est que [phrase d’autrui], est-ce que c’est bien ça ?”
  • Apprends à écouter sans parler, ça demande d’apprendre à se taire vraiment et tu verras que ce n’est pas si simple (on a très envie de parler et ramener notre réalité). Fais le test pendant 5 minutes, tu verras que les gens vont adorer (autrui adore parler de lui… et autrui c’est aussi toi et moi) !
  • Faire de la télé-empathie : c’est une empathie essentiellement cognitive qu’on peut faire seul dans notre tête en se questionnant au sujet d’une personne : “est-ce qu’il se sent [sentiment] parce qu’il a [besoin] ?”. On peut aussi sentir dans notre cœur et notre corps pour éviter de rester juste dans la tête.
  • Développe ta perception en écoutant vraiment autrui, pour apprendre à sentir quel besoin se cache derrière ce qu’il raconte.
  • Trouve une personne avec qui tu peux faire un échange empathique régulier, un “compagnon d’empathie” ! C’est l’occasion d’avoir quelqu’un qui peut t’accueillir dans tous tes états et que tu peux soutenir dans tous ses états.
  • Le processus OSBD est d’une grande aide pour s’entraîner.
  • Si ça te parle et que tu veux approfondir, forme-toi en CNV, c’est une expérience que je te souhaite de vivre 🙂

Bref, cet article ne sert à rien s’il n’est pas traduit dans la matière. J’espère qu’il t’a donné envie de t’offrir de l’empathie à toi et à autrui.

Qu’est-ce que cette lecture t’a inspiré ? Est-ce que ça t’a inspiré à concrétiser quelque chose dans le monde ?

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