Avec l’avènement du développement personnel et des livres autour des différentes blessures de l’âme, la peur du rejet est un thème très à la mode. Qu’est-ce qui se cache derrière ? Quelles sont les conséquences réelles ? Peut-on s’en libérer et si oui, comment ? Réponse tout de suite.
Sommaire
C’est quoi la peur du rejet
Qu’est-ce que la peur du rejet ? Rien à voir avec la peur de Roger, l’oncle tordu qui fait des blagues sexuelles toutes les 2 minutes.
Depuis des temps immémoriaux, l’appartenance au groupe nourrit le besoin de sécurité, prépondérant dans un monde hostile et chaotique, d’où la nécessité de Violet (cf la spirale dynamique).
La peur du rejet renvoie à la peur d’être exclu, banni du groupe. La peur du rejet induit la peur de se différencier du groupe, de sortir du lot. D’où les biais cognitifs comme la preuve sociale, la conformité…
Certains parlent de “blessure de rejet”. La blessure de rejet, c’est un peu comme recevoir un “non” quand on attendait un “oui” avec toute notre cœur. Imagine, tu invites quelqu’un à sortir et cette personne te dit qu’elle n’est pas intéressée. Ou encore, tu proposes ton offre à un prospect et il dit non aussitôt. Ces situations peuvent te faire ressentir un pincement au cœur, un sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas être accepté par les autres.
Mais pourquoi est-ce que ça fait si mal ? Au fond de nous, nous avons tous un besoin fondamental d’être aimés et acceptés par les autres. Quand tu te sens rejeté, c’est comme si ton identité propre était remise en question. Tu peux perdre confiance en toi, en estime de toi. Tu peux avoir envie de fuir, à avoir des comportements disproportionnés pour éviter de revivre ce rejet car l’intensité du sentiment que tu ressens paraît difficile à surmonter. Il y a des liens à faire avec les blocages émotionnels.
Cependant, il est crucial de comprendre que le rejet fait partie de la vie, il est totalement normal. Tout le monde, absolument tout le monde, le vit à un moment ou à un autre. Ce qui change, c’est la couche d’interprétation que tu rajoutes par dessus pour éventuellement t’enfermer dans ton personnage. “Je le savais”, “personne ne m’aime”, “de toute façon je ne vaux rien.”
Si tu te vois rajouter une narration par-dessus le rejet, je t’invite à en être lucide et à creuser ce qui se cache derrière.
De la peur du rejet à la conformité
Il y a un mécanisme extrêmement fréquent chez les gens touchés par la peur du rejet : c’est de rejeter de peur d’être rejeté.
Du fait que l’on a peur d’être rejeté, on va par anticipation rejeter l’autre et s’enfermer dans une forme de solitude que l’on peut même regretter alors qu’inconsciemment ça nous arrange bien pour rester loin des groupes.
La peur du rejet induit souvent un masque social consistant à se faire discret, à se cacher et à se mouler sur le groupe. Plus la peur du rejet est marquée, plus l’individu se cache et montre un avatar social différent de ce qu’il vit à l’intérieur.
C’est bien légitime quand on sait qu’il y a l’angoisse de ne pas être aimé et accepté tel qu’on est.
Cette dissonance peut tenir tant que les véritables émotions sont réprimées, mais lorsqu’elle devient trop importante, l’individu est tiraillé entre les efforts demandés pour créer un avatar social qui ne correspond pas à qui il est et ce qu’il vit vraiment à l’intérieur.
Certaines personnalités ont une capacité à se suradapter à autrui, de sorte que cette dissonance peut être plus intense jusqu’à ce qu’il le remarque. C’est le cas des types d’attachement qui sont les types du triangle de l’ennéagramme : type 3, type 6 et type 9. Leur fonctionnement les rend adaptable et leur donne un sentiment d’identité poreux car cette dernière n’est pas “fixe”.
Il devient ainsi facile de se perdre dans la relation voire dans le groupe.
De la peur du rejet à la peur de l’abandon
La blessure du rejet et de l’abandon ne parlent pas des mêmes thèmes.
La blessure de rejet revient à avoir peur de ne pas être à la hauteur d’être aimé. C’est la croyance qu’il faut faire / avoir quelque chose pour être aimé. Le rejet cache une extrême sensibilité et un besoin d’amour.
La blessure d’abandon se caractérise par la croyance qu’il faut être quelque chose pour être aimé. Il est classique de retrouver un mécanisme de projection où je vais tout faire pour essayer d’aider les autres et ne jamais les abandonner.
Les deux schémas se rejoignent sur le syndrome du manque : il faut rajouter toujours quelque chose.
La thérapie du rejet pour vaincre la peur du rejet ?
Il y a des années, j’avais très peur du regard des autres et le thème du “social” était un sujet de tension pour moi. La peur de l’autre m’a incité à lire sur le sujet et je suis tombé sur la thérapie par le rejet, dont parle Jia Jiang dans son livre “à l’épreuve du non”.
L’idée est simple : se faire rejeter, encore et encore, volontairement. Ainsi, à la manière de la mithridatisation avec le poison, tu finis par être insensible au poison que tu t’es inoculé.
Ayant un tempérament challenger, j’ai beaucoup aimé cette idée et j’ai commencé à jouer le jeu, en faisant des choses saugrenues :
- Prendre une photo avec une pizzaiolo
- Demander de verser le thé à la façon des serveurs dans un restaurant marocain
- Demander des champignons hallucinogènes au magasin de CBD
Chaque challenge me créait beaucoup de stress et d’adrénaline, mais quand j’ai constaté que systématiquement ça se passait bien… J’ai eu de moins en moins peur de me faire jeter ou d’entendre un “non”.
Maintenant voilà, la thérapie du rejet ne suffit pas, parce que c’est juste une pièce du puzzle.
Il manque la phase mentale et la phase émotionnelle.
L’ingrédient manquant de la peur du rejet
La phase mentale consiste à comprendre ce qui se joue en lien avec le rejet : qu’est-ce que ça vient toucher chez moi ? Cette phase de connaissance de soi invite à tourner le regard à l’intérieur pour comprendre son propre fonctionnement.
En effet, le rejet ne touche pas la même chose chez chaque personne, selon ton histoire, selon ton éducation, selon ton profil de personnalité. Pour certains, ça peut être la peur de déranger, pour d’autres, la peur de ne pas convenir, pour d’autres encore la peur de ne pas savoir quoi dire.
Ce qui peut énormément aider est la recherche de ton type ennéagramme. Cela m’a permis de comprendre que le rejet pour moi renvoyait au regard des autres, au thème de la honte et de l’humilation en public : le risque derrière est d’être vu comme quelqu’un qui n’a pas de valeur.
C’est pas le “non” en tant que tel ou le rejet, mais plutôt la conclusion que je tire sur ma valeur personnelle.
Sans l’ennéagramme, je n’aurais pas compris avec tant de finesse ce qui se jouait en moi, ce qui m’a aidé à passer à la phase émotionnelle.
La phase émotionnelle consiste à accueillir ce qui te traverse émotionnellement. Ainsi, vouloir dégager la peur du rejet, c’est nier les émotions que ça amène chez toi. Le problème n’est alors pas l’émotion suscitée, mais plutôt le rejet de cette émotion.
Si tes émotions étaient OK, tu t’en ficherais de “la peur du rejet”. Ca ne serait pas un sujet, tout comme ton cœur bat plus vite quand tu fais du sport, il bat plus vite quand tu parles en public ou à un inconnu.
L’accueil inconditionnel est souvent l’ingrédient manquant dans ce type d’approche consister à se libérer d’une peur, à se dépasser ou sortir de sa zone de confort.
C’est souvent fait avec violence, à coup de volonté, pour prouver qu’on en est capable. Très bien, ça peut être une étape.
Malheureusement, beaucoup de gens se cantonnent à s’anesthésier avec l’EFT ou l’hypnose pour contrôler leurs émotions ne plus rien ressentir parce que c’est trop intense pour eux et se coupent ainsi d’eux-mêmes.
D’autres passent leur temps à se dépasser dans un élan contre-phobique permanent.
Et après ? Je n’ai pas envie de me challenger chaque jour de ma vie en demandant des trucs bizarres aux inconnus dans la rue ou au boucher de mon village. J’ai peur de ce que peut penser l’autre de moi et c’est OK. Ca fait partie de moi et j’ai cessé de croire que c’est un problème.
Beaucoup de gens aimeraient devenir des robots insensibles qui ne ressentent plus d’émotion… Rappelons un détail : la sensibilité est inhérente à notre humanité.
Paradoxalement, quand tu t’autorises vraiment à ressentir cette peur (et tout ce qui est en lien), tu te libères réellement de la peur du rejet ou de ce que peuvent penser les autres.
Ca ne veut pas dire que tu ne ressentiras plus rien, mais que ça ne t’empêchera plus de vivre. Aujourd’hui je n’hésite plus à demander des choses, à parler aux gens, à proposer mes services à des prospects. Je ne suis pas toujours à l’aise et parfois je n’en ai pas envie, mais ça ne m’empêche plus de vivre.
Le petit Fabien qui ressent la peur d’être exclu a le droit d’avoir sa place en moi et je serai toujours là pour lui. Il n’est pas un problème à résoudre.
Cet accueil inconditionnel s’apprend : quand on ne l’a pas pour soi-même (ce qui se constate par la volonté de se changer), il vaut mieux commencer par le recevoir de l’extérieur. Un ami, un thérapeute, un mentor, un psychologue… toute personne peut donner cet accueil inconditionnel. C’est important que tu aies des relations dans lesquelles tu peux te sentir en sécurité pour rassurer l’enfant en toi, pour amener de l’amour et de la reconnaissance, afin de détendre cette blessure affective.
C’est quelqu’un avec qui tu te sens accueilli, écouté et quand tu as fini la conversation tu te sens mieux après qu’avant. Tu te sens plus rempli, revigoré et tu n’as plus l’impression d’avoir un problème.
Notre système nerveux apprenant par mimétisme, tu débloques ensuite la capacité de le faire pour toi-même : cet espace d’écoute est un état d’être particulier dans lequel tu peux être là pour toi.
Si la peur du rejet te paralyse et que tu n’arrives pas à t’en sortir par toi-même, tu peux visiter cette page.