Comment se libérer du regard des autres ?
Cette question concerne tellement de monde !
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Le regard des autres est un point bloquant pour beaucoup de gens.
Chez certains, la peur du regard des autres empĂŞche de vivre pleinement leur vie.
Cela concerne autant la vie professionnelle que la vie personnelle et la vie de couple.
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Le regard des autres peut mĂŞme concerner ta vie sexuelle et tes fantasmes les plus secrets : “qu’est-ce qu’elle va penser de moi si elle sait que mon fantasme c’est les lanières de cuir ?”
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Dans cet article tu vas découvrir :
– Ce qu’est le regard des autres et ses manifestations
– Le lourd secret qui se cache derrière le thème du regard des autres
– Comment te libĂ©rer de cette peur du regard des autres
C'est quoi, le regard des autres ?
Comme toujours pour comprendre un concept, j’aime regarder l’Ă©tymologie.
Regard vient du bas latin wardare qui signifie surveiller et le prĂ©fixe “re” en montre l’intensitĂ©.
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Le regard des autres équivaut à être surveillé par les autres.
Cela paraĂ®t anodin et pourtant c’est d’une importance capitale.
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En effet, le regard des autres est primordial dans une société.
Ă€ l’Ă©poque des chasseurs cueilleurs, ĂŞtre ostracisĂ© de la tribu signifiait la mort.
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Ainsi, tout était fait pour ne pas dévier du groupe.
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Dans les sociĂ©tĂ©s plus rĂ©centes, par exemple, des femmes ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©es car suspectĂ©es d’ĂŞtre des “sorcières” (cf les sorcières de Zugarramurdi oĂą des centaines de femmes ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©es).
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Dans l’inconscient collectif, le regard des autres serait comme l’Ĺ“il de Big Brother qui surveille ton uniformitĂ©, comme une vĂ©rification de ton appartenance au groupe.
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Ainsi, il peut y avoir une peur de sortir du troupeau, avec tous les dangers inhérents à ce décalage : mécanisme de bouc-émissaire (cf la théorie de René Girard) avec projection, moqueries voire ostracisation.
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Dès lors, il est normal que soit ancrĂ©e en nous une peur de dĂ©vier, une peur du jugement, une peur des critiques, associĂ© Ă une volontĂ© de plaire et d’ĂŞtre acceptĂ© par les autres… MĂŞme si aujourd’hui il n’y a plus rĂ©ellement de danger de mort du fait d’ĂŞtre diffĂ©rent.
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C’est Ă relativiser, car ĂŞtre vraiment diffĂ©rent de la masse peut amener Ă une mort symbolique et au rejet social : on peut prendre pour preuve les nombreux exemples de l’histoire, avec Copernic, Semmelweis et plus rĂ©cemment pendant l’Ă©pisode Covid (Raoult, FouchĂ©…).
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Cette crainte du regard des autres sape la confiance, l’estime que l’on se porte : on se critique soi-mĂŞme, on se juge d’ĂŞtre ou ne pas ĂŞtre, on a un avis sur nos comportements, on met autrui sur un piĂ©destal et on minimise notre propre opinion.
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Cela façonne les croyances que tu as Ă ton sujet, cela conditionne tes actions, tes pensĂ©es…
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Il est clair qu’ĂŞtre uniforme avec le groupe (et donc sacrifier son unicitĂ©) diminue le risque d’ĂŞtre ostracisĂ©… Mais Ă quel prix !
Comment se manifeste la peur du regard des autres ?
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Ainsi, la peur du regard des autres reviendrait Ă une peur d’ĂŞtre surveillĂ© par les autres, pour tout ce qui risquerait de sortir de l’ordinaire.
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Un peu Ă la manière d’un professeur qui s’assure du calme de la classe, qui vĂ©rifie que tu es bien assis, avec ta trousse, ton cahier, que tu Ă©coutes… Et oĂą le moindre griboulli, le moindre mouvement, est puni comme une faute, un trouble Ă l’ordre public.
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Cette peur du regard des autres renvoie à notre héritage génétique et à la peur absolue du bannissement de la tribu, qui signifie la mort.
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Si tu veux t’amuser Ă faire un test, sors dans la rue avec un chapeau multicolore, pieds nus ou avec des cheveux verts… Et observe ce qui se passe.
La différence attire notre regard, le cerveau a tendance à considérer comme dangereux ce qui diffère.
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Comment se manifeste la peur du regard des autres ?
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– Par des pensĂ©es : “je ne peux pas faire ça”, “que vont-ils penser de moi”, “et si j’Ă©choue ?”, “ils vont me juger si je gagne beaucoup d’argent”
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– Par des émotions : de la tristesse, de la peur, de la colère, de la honte… associĂ©es Ă des sensations : la gorge serrĂ©e, la poitrine qui brĂ»le, le ventre nouĂ©…
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– Par des actions : l’inhibition (garder le silence, ne pas rĂ©ussir Ă parler, procrastiner), la fuite (sortir d’une pièce, quitter un groupe), l’attaque (chercher le conflit, critiquer, juger)
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La peur du regard des autres peut se manifester par toutes ces rĂ©actions et en gĂ©nĂ©ral il s’agit d’un combo de pensĂ©es, d’Ă©motions et d’actions (ou non action).
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Cette peur peut provoquer une rĂ©action du type “tu vas voir si j’en suis pas capable !” avec du dĂ©passement de soi et une volontĂ© de se prouver quelque chose, en mode enfant rebelle…Â
Ou Ă l’inverse une rĂ©action du type inhibition, un repli sur soi, en mode enfant soumis.
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Au final, la peur du regard des autres a tendance à créer une contention de qui on est : on se brime, on se limite.
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C’est une rĂ©action typique des nĂ©vrosĂ©s qui se sacrifient sur l’autel du collectif et qui sont complètement bloquĂ©s pour exprimer qui ils sont.
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“La nĂ©vrose est essentiellement un refus d’accepter ce qui se passe dans le prĂ©sent. La nĂ©vrose consiste Ă nier la vĂ©ritĂ© sur toute forme d’excitation, ici et maintenant. Un nĂ©vrosĂ© est une personne qui exige sans cesse que la vie soit autre qu’elle ne l’est.” Brad Blanton
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Le nĂ©vrosĂ© cherche Ă convenir, Ă s’adapter au groupe, quitter Ă sacrifier des parts de lui.
Maintenant, il y a un gros morceau qui se cache derrière…
Ce que cache le regard des autres
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Quand j’Ă©tais adolescent, je prenais tous les soirs le bus pour rentrer chez moi.
Je me souviens particulièrement de ce jour.
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Je monte dans le bus, je me dirige vers le fond avec 3 sièges faisant face Ă 3 autres sièges.Â
La seule place qu’il reste dans le bus est au milieu.
Je m’assois, avec une personne Ă ma droite, une autre Ă ma gauche, et 3 personnes face Ă moi.
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Le bus dĂ©marre et très vite j’ai l’impression d’ĂŞtre regardĂ©, Ă©piĂ©.
Je me sens mal Ă l’aise. J’ai chaud, je transpire.
Je ne sais pas oĂą me mettre, j’ai envie de fuir.
Je me sens vu, totalement “Ă poil”.
Ces 3 personnes en face de moi me scrutent, me jugent…
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Tout s’agite dans mon corps, mon cĹ“ur palpite, ma respiration s’accĂ©lère, c’est presque intolĂ©rable.
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Ce jour-lĂ , j’ai rĂ©alisĂ© Ă quel point j’accordais de l’importance au regard des autres.
Pourtant, je disais Ă qui veut l’entendre que je m’en fiche du regard des autres.
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Tu parles !
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Je me mentais à moi-même sur ce que je vivais vraiment intérieurement.
J’Ă©tais extrĂŞmement dĂ©pendant du regard des autres.
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Puis en rĂ©flĂ©chissant rĂ©cemment sur ce sujet, j’ai rĂ©alisĂ© quelque chose de fondamental qui m’a complètement retournĂ© le cerveau…
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Le regard des autres n’existe pas !
Eh non.
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Mais alors, tout ce pataquès pour quoi ?
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Le regard des autres, c’est juste… Le regard que tu as sur toi-mĂŞme et que tu projettes dans l’autre.
C’est ton propre juge personnel qui entame ton estime et ta confiance.
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Non seulement, tu projettes sur l’autre ce qu’il pourrait penser de toi (et c’est ça qui crĂ©e les rĂ©actions de stress), mais en plus tu ne sais PAS ce que l’autre pense vraiment de toi (Ă moins qu’il te le dise).
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Et pour couronner le tout, l’autre ne te voit pas rĂ©ellement… Il ne fait que projeter sa propre vision du monde sur toi (exactement de la manière dont tu le fais), mĂŞme s’il s’en insurge.Â
Quels que soient ses jugements, il s’agit de SON juge personnel, il critique en TOI ce qu’il n’accepte pas de voir en LUI. C’est tout le principe des zones d’ombre dont parle Carl Gustav Jung.
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Ca peut ĂŞtre un gros morceau Ă avaler car, quelque part “l’autre” n’existe pas.
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Mais alors, ça veut dire… que l’autre n’a rien Ă voir lĂ -dedans ?
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Exactement.
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Cette histoire se passe avant tout entre toi et toi, puisque tu projettes tes peurs et ton scénario de vie dans le monde.
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Tout ton “travail” est de t’affranchir de ce juge critique Ă l’intĂ©rieur.
Se libérer du regard des autres : mode d'emploi
La première étape est de faire un deuil.
“Comment ça Fabien ? Personne n’est mort !”
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Eh si, c’est la mort symbolique de ton ego : tu n’es pas le centre du monde.
Les autres se foutent de toi.
DĂ©solĂ© d’ĂŞtre aussi cru, on est lĂ pour se dire les choses.
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Cette obsession de se croire Ă©piĂ©, observĂ©, c’est simplement une blessure narcissique.
Rien de grave, il ne s’agit pas de te juger ou de te punir (puisqu’au contraire la clĂ© est dans l’amour)…Â
RĂ©alise simplement qu’au plus tu as peur du regard des autres, au plus tu vis Ă travers le regard que tu crois qu’ils ont (en gros, TON fantasme).
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Ca simplifie la problĂ©matique : il n’y a pas Ă se libĂ©rer du regard des autres… Puisqu’il n’existe pas.
Disons que 1/ Tu n’y as pas accès car tu n’es pas dans leur tĂŞte et 2/ Les autres ne te voient pas tel que tu es, mais tels qu’ils sont.
Alors que faire de ce que les coachs et les psychologues te racontent sur le sujet ?
“Il faut se dĂ©tacher du regard des autres”
“Il faut avoir plus confiance en soi”
“Tu n’as pas assez d’estime de toi”
“Apprendre Ă ĂŞtre toi-mĂŞme”
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Comment dire… ça ne peut ĂŞtre qu’une bĂ©quille temporaire.
Personnellement, quand j’entends “sois toi-mĂŞme”, ça met une pression et ça me pousse au contraire Ă afficher mon ego… Ce n’est pas conscient mais c’est ce qui se passe avec ce type de phrase. Comme le “sois spontanĂ©”. On appelle ça une injonction paradoxale. “Sens-toi libre de te vacciner”
Pour se libĂ©rer du regard des autres, c’est beaucoup plus simple…
Il n’est pas question de se dĂ©tacher du regard des autres.
Ni de chercher Ă gagner confiance en soi.
DĂ©jĂ , il s’agit de constater la rĂ©alitĂ© :
Les autres s’en tamponnent de toi. Il projettent leur propre pathos sur toi.Â
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Certes, dire ça Ă quelqu’un qui a vraiment peur n’aide pas Ă rassurer le petit enfant apeurĂ©… Parce que ça ne se passe pas dans la comprĂ©hension. Mais au moins, tu es au courant. C’est la phase mentale.
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Ensuite, il s’agit de rencontrer et accueillir la part de toi qui est apeurĂ©e et tĂ©tanisĂ©e par le regard des autres.Â
Oui, tu ressens une pression sociale, une pression de la conformitĂ© : c’est normal, nous sommes câblĂ©s pour ça !
Il ne s’agit pas de se placer en rebelle et de dire “non ! Moi je ne vais pas me laisser enfermer !”, ce qui te ferait passer Ă cĂ´tĂ© de ton ressenti, si important pour faire le deuil de ta normalitĂ©.
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La clĂ© pour te libĂ©rer vraiment, c’est apprendre Ă faire corps avec cette Ă©motion, de la prendre dans les bras, de prendre conscience Ă quel point ce regard de l’autre t’a façonnĂ© et Ă quel point tu t’es empĂŞchĂ© d’ĂŞtre toi-mĂŞme par peur de ta diffĂ©rence.
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Ca te demande de poser les armes, de poser les livres de dĂ©veloppement personnel, de poser les avis que tu as sur toi, de lâcher le juge critique Ă l’intĂ©rieur… Pour regarder ce qui est et ressentir simplement, sans jugement.
Exactement comme en méditation.
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Ensuite, c’est Ă partir d’un Ă©tat de dĂ©tente que tu peux exprimer qui tu es vraiment dans la vie, sous les couches de l’armure qui te protège.
Si tu veux expĂ©rimenter le regard d’autrui, voici une expĂ©rience très enrichissante Ă pratiquer avec quelqu’un : assieds-toi face Ă cette personne et regardez-vous dans les yeux, sans parler ni dĂ©tourner le regard.Â
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Observe ce qui se passe en toi : les pensĂ©es, les Ă©motions, les sensations, voire les actions. C’est riche d’enseignements pour mieux te connaĂ®tre.
Pour terminer, garde Ă l’esprit que le regard de l’autre n’existe qu’Ă travers ton juge personnel, personne ne te voit tel que tu es, autrui voit seulement sa projection…
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C’est TOI qui es dur envers toi-mĂŞme, c’est TOI qui a un avis sur tes actions, sur tes croyances, sur tes Ă©motions, c’est TOI qui te critique.Â
Pour autant, il n’y a pas d’ennemi Ă l’intĂ©rieur de toi.
Il n’y a pas Ă avoir une opinion lĂ -dessus, simplement Ă accueillir la part de toi que tu juges “pas assez” : pas assez charismatique, pas assez de confiance, pas assez positif, pas assez beau…
Tu es comme tu es, il n’y a rien Ă rĂ©parer puisque tu n’es pas cassĂ©.
Il ne te reste qu’Ă en prendre conscience en traversant l’Ă©motion.
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Pour aller plus loin, tu peux réserver un bilan de personnalité et faire un état des lieux sur TA situation spécifique.