Le shadow work ou travail de l’ombre n’est jamais la première étape d’un cheminement personnel. Quand on découvre le développement personnel, on commence à se poser des questions sur nous-mêmes. Nous commencons à creuser nos valeurs, nos talents voire notre mission sur Terre. Cette première phase souvent nécessaire donne confiance en soi. Beaucoup de personnes s’arrêtent à cette étape et ne veulent pas aller plus loin.

Ensuite vient la phase de creuser dans son ombre. Tu ne peux pas espérer être vraiment toi-même et intégrer ta personnalité sans faire un travail sur ton ombre et ton inconscient.

L’ombre est une partie mal aimée, c’est ce que nous refoulons et refusons d’exprimer, causant tout un tas de compensations dans nos émotions et nos comportements.

Sur Epanessence, l’odyssée intérieure proposée inclut cette phase d’exploration de l’ombre et de l’inconscient. Je te dis tout dans cet article sur le “shadow work” comme certains l’appellent : le travail de l’ombre.

Shadow work : qu’est-ce que le travail de l’ombre ?

“On n’atteint pas l’illumination en imaginant des figures de lumières, mais en portant à la conscience l’obscurité intérieure. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire.” Carl Gustav Jung

En alchimie il y a l’acronyme VITRIOL, qui signifie : “Visita interiora terra, Rectificando, Inventes occultum lapidem”

Dans la langue de louis XVI, ça veut dire “visite l’intérieur de la terre et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée.”

Autrement dit, le travail de l’ombre consiste à aller voir au tréfonds de soi-même pour y trouver la pierre cachée, la pépite d’or. Ce n’est pas dans tout ce qui est beau et lumineux que nous pouvons nous épanouir vraiment.

Paradoxalement, en creusant dans l’ombre, en rencontrant nos émotions refoulées, nos doutes, nos pires craintes, peut émerger la plus belle lumière que l’on porte en nous.

Le travail de l’ombre demande une profonde humilité car il nous met face aux parties les moins reluisantes de nous-mêmes, à ce que nous n’aimons pas chez nous.

Cela est largement inspiré du psychiatre suisse Carl Gustav Jung : parmi tout ce qu’il a théorisé, on retrouve les archétypes, le processus d’individuation, le travail de l’ombre, les synchronicités, l’inconscient collectif ou encore le symbolisme des rêves.

Tout ce travail sur ce qui est “caché” en nous est impopulaire car il n’est pas agréable, mais il est réellement transformateur.

Je ne connais pas de “travail” plus important et puissant que celui sur notre ombre. Il impacte toute notre vie en :

  • nous réconciliant avec nous-mêmes
  • pacifiant nos relations
  • résoudre nos tensions et conflits internes
  • augmentant l’estime de soi et l’amour de soi
  • réduisant les comportements nuisibles envers nous et les autres
  • apportant plus de lucidité sur notre personnalité et ce qui nous anime
  • aidant le travail d’intégration et d’éveil de la conscience
  • permettant le processus d’individuation, de réellement être Un

Et surtout, il y a pour moi UNE raison qui surpasse toutes les autres : si on ne fait pas le travail de l’ombre, cette dernière va nous revenir à la gueule encore et encore.

Comme le disait Jung “Tout ce que nous n’aurons pas ramené à la conscience se manifestera dans notre vie comme le destin ou la fatalité.”

Pour autant, ce travail est loin d’être anodin, veille donc à lire tout cet article si ce thème t’intéresse.

Ma première découverte du travail de l’ombre  

L’exploration du monde intérieur peut faire remonter de l’inconfort. La première fois que j’y ai été confronté était pendant une formation sur une thérapie basée sur l’auto-hypnose. Très vite, je me retrouve à l’intérieur de moi un monde bourré de symboliques : un coffre, des tuyauteries, une nature desséchée…

En visitant l’intérieur de mes organes, j’ai fait un sacré voyage : Je marchais dans des égouts nauséabonds, le gros intestin. Je me faufilais dans une longue tuyauterie étroite, l’intestin grêle. Je me retrouvais sur une grande sphère terreuse toute sèche et sans couleur, mon foie.

Ca m’a surpris de voir autant de créativité, autant d’images apparues spontanément, sans que je cherche à créer quoi que ce soit. Associées à ces images, j’ai ressenti du dégoût, de la peur, de la tristesse.

J’ai réalisé ce jour-là la richesse de mon monde intérieur et j’ai définitivement cessé de croire que je manquais de créativité 🙂

Pendant 15 ans à creuser dans la psychologie, la thérapie, le développement personnel et la spiritualité, j’ai découvert des centaines de méthodes et croisé des milliers de personnes…

De tout ce que j’ai vu, j’ai constaté systématiquement à quel point nous avons une aversion systématique à l’exploration du monde intérieur et au travail de l’ombre.

Pourquoi ?

C’est ce que nous allons voir tout de suite !

4 bonnes raisons de ne pas faire de “shadow work” – travail de l’ombre

Il y a au moins 4 grosses raisons qui expliquent l’aversion à l’exploration de notre psychisme à travers le shadow work :

1/ Douleur et souffrance : explorer notre personnalité et notre fonctionnement inconscient, ça nous confronte forcément à notre pente égotique, nos zones sensibles, nos souvenirs douloureux. Tu peux le voir comme une zone sensible qui a été frappée et que tu protèges : tu ne veux pas appuyer sur tes hématomes et c’est bien normal.

2/ Mensonge à soi-même et mécanismes de défense : la quasi-totalité des humains se mentent tellement à eux-mêmes, passent la moitié de leur vie à s’anesthésier… qu’ils ont beaucoup de protections pour ne pas gratter sous la surface. Peut-être parce qu’on reste dans un boulot qui nous insupporte, un couple qui nous frustre et globalement une vie dans laquelle on est que l’ombre de soi-même. Le mensonge à soi-même sur ses émotions, sur ses besoins, permet de tenir.

3/ Le statu quo : tout bêtement, notre ego est fait pour la survie, pas pour une vie épanouie et agréable. Ainsi, le statu quo est satisfaisant pour notre système nerveux qui fonctionne à l’économie. L’humain préfère rester dans une situation autant qu’il le peut et change seulement quand il est au pied du mur. Découvrir certaines parties de nous pourrait tout changer à la façon dont nous vivons notre vie et nous préférons éviter ça autant que possible.

4/ La peur : nous avons peur d’être confrontés à des parties de nous qui nous terrifient, des parties de nous que nous avons tellement laissés sur le tapis que nous craignons ce qui pourrait se passer si on les ramenait à la conscience.

Voilà 4 raisons solides qui motivent à ne PAS visiter notre intériorité… Alors pourquoi aller plus loin ? Ben oui Fabien, pourquoi ?

Le travail de l’ombre : pourquoi faire ?

Découvrir son fonctionnement, ses mécanismes de défense, ses névroses, ses peurs profondes… Beaucoup de gens refusent purement et simplement, consciemment ou inconsciemment d’y aller.

Cela peut se comprendre, faire face à ses ombres n’est pas très agréable. Ca te confronte à des parties de toi que tu ne veux pas reconnaître, que tu n’aimes pas voire qui est insupportable à assumer.

D’un autre côté, comment être soi-même si on évite de se confronter… à soi-même ?

Accrochés à une image fantasmée de nous-mêmes, nous nous tenons éloignés de qui nous sommes vraiment, comme si cette chaussette qui pue ne nous appartenait pas.

Nous préférons nous tenir loin de cette noirceur, de cette ombre… … Et plutôt s’abreuver de psychologie positive, d’affirmations et de plaisirs.

Paradoxalement, ce refus renforce l’opacité et la terreur des profondeurs de ces zones d’ombre… qui vont tôt ou tard se rappeler à ta conscience, par le retour du refoulé, par un acte manqué, par une maladie, par un rêve, par un accident.

On ne peut pas refouler des parties de soi durablement sans en payer le prix fort.

Comment esquiver subtilement le travail de l’ombre

Nous les humains préférons visiter les Caraïbes, nous enivrer avec de bonnes victuailles et des repas gargantuesques, en tenant le cap avec quelques addictions qui, nous disons-nous, ne font pas trop de mal : alcool, cigarette, café, nourriture, sport, travail, écrans, jeux, sexe, connaissance, amis et autres drogues.

Des addictions ± socialement admises qui permettent de maintenir un équilibre tangent.

L’équilibre se trouve régulièrement rompu par des symptômes plus ou moins forts selon l’intensité du déni : dépression, maladie, burnout, rupture, accident…

La vie n’a de cesse de nous ramener à la conscience ce que nous ne voulons pas voir de nous-mêmes. Mais comme il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, il est extrêmement facile de rationaliser une crise de foie avec un “j’ai trop mangé”, un lumbago par un “j’ai fait un faux mouvement” et une immense tristesse par un “je ne me sens pas très bien l’hiver car ça manque de lumière”.

Il est tout à fait possible d’esquiver toute sa vie le contact avec sa vie intérieure, avec le risque des regrets d’être passé à côté de celle-ci sur son lit de mort.

Parmi les regrets les plus fréquemment exprimés par les personnes en fin de vie, on retrouve « J’aurais aimé avoir eu le courage de vivre la vie que je voulais vraiment, fidèle à moi-même, pas celle que les autres attendaient de moi. »

Seulement, comment éviter ce terrible regret si on ne prend jamais le temps de regarder vraiment à l’intérieur ce que l’on ressent, quels sont nos besoins et nos aspirations profondes ?

Trop souvent, les invitations à visiter notre monde intérieur et notre ombre sont purement et simplement évacuées car “nous avons mieux à faire”, à moins de vraiment arriver dans une impasse et de répondre à l’appel.

Quand l’appel vient… … prépare-toi à répondre !

Shadow work : comment faire son travail de l’ombre en pratique ?

Le travail de l’ombre n’est pas juste un petit exercice à faire sur son cahier, un test à remplir sur internet, ni une pratique quotidienne de méditation.

Il s’agit d’une véritable quête intérieure qui transforme l’individu pour de bon. Cela n’est pas à prendre à la légère. Donc dans cette dernière partie, je tiens à te briefer sur l’aventure qui t’attend et te donner des pistes pour rendre tout ça pratique.

Les conditions de l’appel de la quête

Qu’est-ce que l’appel de la quête ?

À un moment donné dans ta vie, tu peux sentir un appel de la quête héroïque : ça ne se passe pas que dans la fiction ! Si cela nous parle autant dans les livres et les films, c’est simplement parce que ça a lieu dans notre propre vie.

L’appel de la quête héroïque provient d’un double mouvement :

  • La conscience profonde d’un manque intérieur dans son cœur
  • La décision d’y répondre et s’engager

Il s’agit vraiment d’un appel du cœur, d’où le fait que l’une des qualités héroïques est le courage (ce mot a la même racine que cœur). Si le héros ne répond pas à la quête, quelque chose d’essentiel va mourir en lui et c’est tragique pour le monde (comme quand le personnage n’évolue pas à la fin du film, ça laisse un arrière-goût amer, dans Titanic par exemple).

Quand on répond à l’appel, l’épopée héroïque peut démarrer. Cette quête intérieure de soi-même amène à rencontrer des obstacles (dragons et autres trolls), des alliés (hobbits et autres magiciens) et tout un tas de péripéties dans lesquelles tu te retrouves grandi.

Cette odyssée n’est pas qu’intérieure, elle retentit forcément dans ta vie extérieure et peut t’amener à révolutionner ton rapport à toi-même, au corps, à ta spiritualité, ça peut changer complètement ton couple et tes autres relations, ainsi que ta vie professionnelle…

La vie trouve toujours un chemin comme le dit l’auteur Michael Crichton à travers le théoricien du chaos de son fameux Jurassic Park : “L’histoire de l’évolution montre que la vie échappe à toutes les barrières. La vie se libère. La vie s’étend à de nouveaux territoires. Douloureusement, peut-être même dangereusement. Mais la vie trouve un chemin.”

La vie trouve un moyen de ramener à la conscience nos tâches aveugles et nos zones d’ombre. Elle nous invite à nous individuer, c’est-à-dire à rassembler tous les morceaux éclatés de notre moi fragmenté pour formé un Tout unifié.

Ainsi, d’un être humain fragmenté et dominé par sa personnalité, on passe à un individu (étymologiquement cela veut dire indivisible).

C’est ce que permettent les crises, les conflits et tous les frottements de l’existence. Cela remet du mouvement dans notre vie. Par le mouvement extérieur, nous pouvons remettre du mouvement intérieur et réajuster le tir.

Cette exploration des profondeurs se fait rarement pour le fun. Nous réagissons souvent par nécessité car la souffrance est trop grande. C’est parce que Hercule est devenu fou et tue ses enfants qu’il part en quête avec ses 12 travaux.

La quête héroïque est une décision, certes, mais elle n’est pas vraiment un choix… C’est une destinée.

Les différentes voies possibles pour explorer son intériorité

L’exploration intérieure et le travail de l’ombre peuvent être expérimentés de multiples façons :

  • Par la retraite (méditative, yoga, quête de vision chamanique…) ou le pèlerinage (Compostelle…)
  • Par les substances enthéogènes (psylocybine, DMT, mescaline, ayahuasca…)
  • Par la lecture et l’étude des livres, des mythes et des textes sacrés
  • Par des pratiques régulières (méditation, respiration…)
  • Par des modèles psycho-spirituels (ennéagramme, MBTI, astrologie…)
  • Par l’écriture, l’analyse des rêves, le questionnement
  • Par la thérapie, l’accompagnement…

Toutes ces portes mènent au même endroit. Il y a des portes plus directes, des portes plus accessibles et des portes qui nous parlent plus ou moins selon notre vécu et notre type de personnalité.

Par où commencer ?

Je te recommande simplement la voie qui fait écho pour toi en ce moment. Peut-être que quelque chose revient régulièrement à ta conscience : la méditation, l’ennéagramme, le chemin de Compostelle…

Suis les cailloux du petit Poucet et arpente TON chemin. Il est personnel, intime et unique.

Parfois ça implique de cheminer avec d’autres personnes, parfois pas. Il n’est aucune vérité ou “meilleure méthode” dans ce domaine.

Ce qui compte le plus est l’intention avec laquelle tu y vas.

Les dangers et précautions du travail de l’ombre

L’exploration de l’ombre diffère de la pure connaissance de soi psychologique au sens où elle la complète et donne accès à une autre dimension.

Tu peux tout à fait creuser ton type ennéagramme, le connaître et être très lucide sur ton fonctionnement sans jamais creuser vraiment dans ton ombre.

On peut vriller, devenir fou si :

  • Ce n’est pas le moment : il faut être prêt et sentir que c’est le bon timing.
  • On est pas (ou mal) accompagné : il faut des personnes compétentes, de confiance et avec qui ça résonne fort.
  • On passe en force pour obtenir quelque chose : s’il y a la volonté de rentabiliser le voyage, de fonctionner par objectif, il y a des chances de se prendre dans la tronche un retour de bâton.

Pour éviter les décompensations voire l’asile psychiatrique, il convient de prendre son temps, d’écouter son corps, ses ressentis et d’avoir des garde-fous (une personne clé par exemple).

Travail de l’ombre : les aides et soutiens

Tout voyage héroïque implique des obstacles, des galères et son lot d’émotions. Quand Frodon arpente la montagne pour détruire l’anneau, il est accompagné par Sam, il va rencontrer Gollum et vivre un bon paquet de galères.

Ta principale ressource, quoi que tu veuilles entreprendre, c’est la Présence. Certains l’appellent l’observateur intérieur, l’intelligence d’arrière-plan, le maître intérieur. On s’en fout du nom, ce n’est “personne”, c’est la Présence elle-même. La présence à ce qui est, stable, ancrée, impersonnelle. C’est depuis cet endroit que tu te vois faire, tu te vois dire, tu te vois ressentir, tu te vois penser. Cet endroit n’a ni morale, ni avis, ni jugement. C’est un espace de présence aimant qui accueille TOUT ce qui vient.

Cette Présence doit s’ancrer dans le corps pour éviter de partir trop haut (et finir comme tous ces gens qui se perchent) ou trop bas (et finir comme tous ces gens qui se tirent une balle).

Une spiritualité saine est incarnée : les pieds sur terre ET la tête dans les étoiles.

Si nous sommes des êtres humains, c’est parce que l’incarnation se passe ici bas et pas perché 10 mètres au-dessus du sol. Apprendre ce centrage est la chose la plus importante.

Voilà pourquoi l’ennéagramme peut aider, car ça te permet de connaître les mécanismes précis de l’ego qui aspirent ta présence.

Comme tu t’en doutes, cette odyssée intérieure dans tes profondeurs doit être faite dans la solitude, car personne ne peut le faire à ta place.

Par contre, tu peux avoir un guide dont le rôle est de proposer un cadre soutenant et sécurisant, qui est un point de repère pour toi.

Mon retour d’expérience du travail de l’ombre

Après plus de 15 ans de développement personnel, j’ai tiré un certain nombre d’enseignements sur ce qui m’a le plus aidé. Je n’ai pas gardé grand chose de tout ce qui a un lien avec le développement personnel et l’amélioration de soi : affirmations, PNL, hypnose, EFT et tous les outils de ce type.

Parmi toutes les expériences que j’ai pu faire, 3 m’ont particulièrement marqué :

– La quête de vision chamanique : tout seul en pleine nature pendant 4 jours et 4 nuits, sans boire ni manger, sans rien faire.

– La méditation Vipassana : 10 jours de méditation à méditer 10 heures par jour.

– Les psychédéliques : ils m’ont montré ce que je ne voulais pas voir de moi. Avec l’ennéagramme et plus récemment les mythes, ils m’ont ouvert une porte immense sur mon monde intérieur.

Aujourd’hui ce voyage continue avec les archétypes et l’étude des mythes (Hercule, Narcisse, Prométhée, Faust…).

Et toi, prêt(e) à amorcer cette aventure ?

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