Nouveau sur Epanessence ?

Epanessence accompagne ceux qui, malgré beaucoup de dev’ perso, tournent en rond dans leurs schémas et en souffrent. Le but : renouer avec qui tu es vraiment et être en paix avec toi-même.

La théorie polyvagale a le vent en poupe car elle est un pavé dans la mare qui apporte beaucoup plus de pertinence et de précision dans le fonctionnement de notre système nerveux.

Qu’est-ce que la théorie polyvagale (ou TPV) ? Quels sont ses principes ? Quels sont les champs d’application ?

Théorie polyvagale

Stephen Porges est à l’origine de la théorie polyvagale (ou TPV).

Avant de détailler ce qu’est la théorie polyvagale, faisons un petit détour par le fonctionnement de notre système nerveux et particulièrement du système nerveux autonome.

Ce magicien de système nerveux autonome est responsable de la vie végétative, automatique : grâce à lui, je respire sans y penser, ma digestion se fait seule, mon cÅ“ur continue de battre…

Auparavant on divisait le système nerveux autonome en 2 : système nerveux sympathique et système nerveux parasympathique.

  • Le système nerveux sympathique est la pédale d’accélérateur de l’organisme : il met tout en mouvement, il accélère le rythme cardiaque, il accélère la respiration, il active le mode combat ou fuite. Il est en lien avec l’adrénaline et la noradrénaline, 2 catécholamines en lien avec les réactions au stress qui activent le système nerveux. Il est activé dès que l’on réfléchit, que l’on bouge, que l’on conduit, que l’on travaille, que l’on fait du sport… Bref, tout passage à l’action.

  • Le système nerveux parasympathique est la pédale de frein de l’organisme et associé au nerf vague : il est responsable de toutes les fonctions de régénération, le sommeil, la digestion, l’élimination. Il est activé dès que l’on se repose, qu’on respire, qu’on prend notre temps, qu’on écoute une musique douce…

Avec la théorie polyvagale, la dualité est devenue trinité : désormais nous savons que le nerf vague se sépare en deux branches, le vagal dorsal et le vagal ventral.

Ainsi notre système nerveux autonome se retrouve avec trois branches : le vagal dorsal, le système nerveux sympathique et le vagal ventral. À part changer les livres d’anatomie, qu’est-ce que ça change ?

Eh bien beaucoup de choses ! Nous allons détailler les implications un peu plus bas.

3 principes de la théorie polyvagale

Hiérarchie automatique du système nerveux

Le premier principe de la TPV est la hiérarchie. La théorie polyvagale postule l’existence d’une hiérarchie automatique dans notre système nerveux. Le même type de hiérarchie est visible en ennéagramme on l’on peut constater une hiérarchie dans nos centres d’intelligence (mental, émotionnel, instinctif) selon le type de personnalité.

Cette hiérarchie signifie que les états s’activent automatiquement en fonction du danger perçu :

  • D’abord on est en vagal ventral, la branche du nerf vague responsable des états de bien-être et de détente. On communique avec les autres, tout va bien. Quand il y a un léger stress, il y a le réflexe d’entrer en relation, d’aller chercher le contact avec autrui pour se coréguler (cf le troisième principe).

  • Comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, un stimulus vient nous chatouiller les narines (un courrier des impôts, un voisin un peu pénible, un client difficile à gérer…) : si ce stimulus nous dépasse, on descend d’un étage et on passe dans le système sympathique avec les états de lutte ou de fuite, selon notre réaction privilégiée.

  • Si le stress continue, que les stimuli se surajoutent les uns aux autres et que ça ressemble plus à une inondation dans la maison qu’une mouche qui se pose sur notre visage ET qu’il n’y a plus de porte de sortie… ça fait descendre encore d’un étage : on passe en vagal dorsal, la branche du nerf vague responsable de l’extinction. Le disjoncteur coupe le courant, on s’éteint, on déconnecte et on passe en mode lapin au milieu des phares, dans des états dissociés et anesthésiés.

Evidemment, ces 3 états sont nécessaires, il n’y a pas un dans lequel il faudrait être tout le temps et un à bannir. Si le système nerveux autonome fonctionne ainsi c’est qu’il a de bonnes raisons de le faire ! On peut constater le magnifique mécanisme de défense de l’organisme pour se réguler.

Les problèmes arrivent quand on reste coincé dans un étage. Par exemple, rester bloqué dans le système nerveux sympathique amène l’individu à être coincé dans ses réactions automatiques de lutte ou fuite et direction le burn-out. Parenthèse : Le burn-out est symptômatique d’une époque qui valorise la productivité à tout prix, ce qui crée des individus qui n’écoutent pas leur corps, leurs symptômes et crament leur système nerveux. Le burn-out est simplement l’aboutissement d’une surstimulation du système nerveux sympathique.

Neuroception

Le deuxième principe de la théorie polyvagale (TPV) est la neuroception. La neuroception est une sorte de système de surveillance interne qui vérifie les signaux de danger et de sécurité :

  • Neuroception de sécurité : le vagal ventral s’active pour aller expérimenter et connecter dans le monde.
  • Neuroception de danger : le sympathique s’active pour fuir ou attaquer.
  • Neuroception de danger vital : le vagal dorsal s’active pour éteindre l’organisme.

Evidemment, si on fait un petit détour par l’ennéagramme, cette neuroception dépend fortement de notre personnalité, notre attention ne se focalise pas du tout sur les mêmes choses selon le câblage de notre ego. Ainsi, certaines personnes se sentent en sécurité dans des endroits objectivement dangereux (par exemple un type 9) tandis que d’autres se sentent en danger chez eux dans un endroit objectivement tranquille (par exemple un type 6).

Ce n’est JAMAIS l’événement qui crée notre réaction, c’est nous-mêmes. C’est d’ailleurs cela qui permet de déceler les hyper-réactivités, on en reparle un peu plus bas.

Cette neuroception dépend aussi de notre histoire, de notre éducation, de notre génétique… Pendant des années, la vue d’un chien me mettait en stress car un chien m’a mordu quand j’étais enfant. Il est fréquent que quelqu’un ayant vécu un trauma de façon répétée (violences sexuelles) a un système nerveux en alerte quasi-permanente, a fortiori quand c’est arrivé tôt dans la vie.

La neuroception suit trois courants de conscience : l’intérieur, l’extérieur et l’entre-deux.

  • L’écoute intérieure se produit lorsque la neuroception s’intéresse à ce qui se passe à l’intérieur de notre corps – les battements cardiaques, le rythme respiratoire, l’état de tension musculaire – et l’intérieur des organes, particulièrement du système digestif.
  • L’écoute extérieure commence dans ton environnement immédiat et s’étend ensuite au monde entier pour inclure le quartier, le pays et toute l’humanité.
  • Le troisième courant de conscience, l’écoute intermédiaire, est la manière dont votre système nerveux communique avec d’autres systèmes, que ce soit en tête-à-tête ou avec un groupe de personnes.

Ces trois niveaux d’écoute fonctionnent toujours de façon instinctive, instant après instant, sous le niveau de notre conscience.

En arrière-plan, la neuroception provoque les changements d’états autonomes qui nous invitent à entrer en contact avec les gens, les lieux et les expériences, ou qui nous éloignent de ce contact et nous amènent à nous protéger en combattant, en fuyant ou en nous fermant. Comment on pense, se sent et agit commence avec la neuroception et cela conditionne en bonne partie notre histoire et notre mythe personnel.

Corégulation

Le troisième principe de la théorie polyvagale (TPV) est la corégulation. La corégulation consiste à vivre des moments de connexion aux autres êtres vivants dans un lien de confiance et de sécurité. C’est un indispensable pour notre bien-être et même pour survivre. Depuis bébé, nous avons eu besoin de système nerveux des autres pour nous réguler et tout le processus de maturation consiste à peu à peu devenir plus autonome dans cette régulation, en tout cas de savoir aller chercher la corégulation quand le besoin s’en fait sentir.

Les applications de la théorie polyvagale (TPV)

La TPV peut s’appliquer à beaucoup de domaines de vie. Voici 3 champs d’application simple pour la vie de tous les jours.

Introspection

La TPV est un outil très intéressant pour l’introspection, entre soi et soi : observer ce qui me fait du bien, ce qui me fait passer en vagal ventral. Relations chaleureuses, animaux, nature, musique…

Il est extrêmement important de savoir déceler ce qui m’active, me fait passer en sympathique (agitation) ou en vagal dorsal (inhibition). Ce qui te déclenche est extrêmement personnel. Certaines personnes s’affolent à la vue de sang, d’autres d’une araignée, d’autres d’un formulaire CERFA.

Toute hyper-réactivité me renseigne sur l’agitation de mon système nerveux et fait le lien avec une éventuelle mémoire traumatique. Dans ce cas, une libération émotionnelle avec un outil comme NERTI est particulièrement adaptée pour rééduquer le système nerveux et lui montrer qu’il n’y a aucun danger.

Attention : certains outils comme l’hypnose, l’EFT ou la PNL peuvent être utilisés pour faire croire au système nerveux que tout va bien en rajoutant des transes sur un système nerveux en alerte. C’est une très mauvaise idée qui crée des déplacements de symptômes, empire le problème et c’est une faute professionnelle de ces accompagnants qui manquent d’une vision systémique. J’ai observé ce schéma de façon très récurrente dans le développement personnel et ça fait partie des meilleures façons de se maltraiter, car on nie purement et simplement l’émotion, le trauma, la blessure.

La TPV est un outil précieux pour se rendre compte de l’état d’activité du système nerveux instant après instant pour constater quelle branche prédomine.

Accompagnement

Connaître la TPV permet de comprendre que le système nerveux a un rôle prépondérant dès qu’il y a une mémoire émotionnelle, un trauma.

Quand tu as un client qui est dans une boucle de stress, ça ne sert à rien de lui dire qu’il n’y a aucune raison de vivre ça : il le sait très bien.

Connaître les différents états du système nerveux donne la possibilité de s’adapter et de donner à la personne ce dont elle a le plus besoin : très souvent de l’écoute et de l’empathie.

Ainsi, les émotions peuvent se libérer et le système nerveux s’apaise alors naturellement.

Communication

Dans le couple, avec les enfants, dans le milieu professionnel ou amical, je trouve cela précieux de connaître l’état actuel du système nerveux de notre interlocuteur.

Typiquement, quand la personne à qui je parle est dans un mode “sympathique”, agité et mû par l’attaque ou la fuite, j’ai intérêt à être vigilant sur ce que je dis et la façon dont je le dis. Dans cet état, on est très irritable et on part au quart de tour, la parole dépasse la pensée et ça peut créer des conflits, briser des relations, pour pas grand chose.

L’intelligence émotionnelle peut nous aider à proposer un espace d’écoute pour l’autre si on constate qu’il est dans un stress important. Pour autant, n’y vois pas une injonction à l’écoute ou à l’empathie : tu fais ce que tu peux. Si tu n’en as pas les moyens, ça ne sert à rien d’essayer ou de se forcer.

Tu ne peux donner à l’autre que ce dont tu débordes toi-même. Feindre l’empathie si t’es toi-même en mode lutte va probablement empirer la situation, d’autant que nous sommes des êtres sensibles au système nerveux des autres.

C’est d’ailleurs prouvé que l’état de cohérence cardiaque calme le système nerveux des êtres vivants autour (même les bébés et les animaux).

Ca marche aussi avec un système nerveux agité : il suffit de voir un enfant très en colère (en mode combat) pour capter instantanément l’impact sur le parent, que ça met très souvent aussi en stress vu qu’il est incapable de s’auto-réguler.

Théorie polyvagale, un dernier mot

Le monde moderne est très agressif pour notre système nerveux, notre cerveau et nos émotions.

Il est vraiment important d’apprendre à stimuler régulièrement le vagal ventral responsable du sentiment de détente et de sécurité. Dans cet espace, tu peux vivre tes émotions et tu as accès à tes ressources beaucoup plus facilement. C’est là qu’intervient la résilience et que tu peux avoir une réponse plus adaptée à la situation.

En effet, en mode sympathique ou vagal dorsal tu n’as pas le choix, c’est une réaction automatique et conditionnée. Tu ne penses plus avec ton cerveau, tes lobes frontaux sont en vacances car tu restes coincés dans les réactions de stress.

Dans le vagal ventral, tu passes des réactions automatiques à une réponse plus consciente. Quelle différence ? Dans la réaction, c’est conditionné : stimulus – réaction. Dans la réponse, il y a un micro-temps entre le stimulus et la réponse, ce que certains appellent la pause cortico-thalamique.

Si tu prends soin de ton système nerveux, tu te rends le plus grand des services. Rends-toi compte, il gère TOUTES les fonctions automatiques et végétatives de ton corps. À toi de mettre en place ce qui fait du sens : méditation, cohérence cardiaque, sieste, respiration consciente, balade en forêt, dessiner, jouer de la musique…

Pour explorer plus ce sujet de la TPV, tu peux aller voir la vulgarisation de Sandra Boré de effervescience en français et en anglais lire les livres de Stephen Porges et Deborah Dana.

5/5 - (3 votes)