Quand tu t’intéresses à la psyché humaine, tu finis tôt ou tard par tomber sur le vaste sujet des traumas.

Dans ce domaine, dur de passer à côté de TIPI et NERTI. Peu de gens comprennent la différence entre les 2.

  • D’où viennent TIPI et NERTI ?
  • Quelles différences entre ces 2 outils ?
  • Qu’est-ce qui les différencie de l’EMDR, de la respiration holotropique ?
  • Quel outil privilégier pour dissoudre une mémoire traumatique définitivement ?

Mettons tout ça au clair !

Ma rencontre avec la libération émotionnelle

En 2016 je rencontre Luc Geiger, créateur de la méthode NERTI, dans le cadre entrepreneurial.

Comme on se parle régulièrement et que la libération émotionnelle m’intéresse autant à titre perso que pro, je décide de me former à la méthode NERTI en 2017.
Dans un premier temps, je veux l’appliquer sur moi-même.

Mais à cette époque, j’ai trop de résistances et je n’arrive pas à l’appliquer sur moi, j’évite, je fuis… 

Pourtant, j’arrive à l’appliquer sur les autres et je vois des résultats impressionnants : sur la peur du vide, du rejet, de parler en public, de la comptabilité, la phobie des petits trous… En effet, je constate que la plupart des gens sont libérés en une séance. A cette époque, je suis loin d’imaginer tout ce qui se cache derrière.

Et comme pour rendre à César ce qui lui appartient, je vais clarifier tout ce que je sais sur le sujet des outils de libération émotionnelle.

L’origine cachée des outils de libération émotionnelle en France

En 2019, je vis avec ma compagne à l’île de la Réunion et nous partons en vacances aux Seychelles.

Dans l’avion, je discute avec ma voisine de siège et le courant passe direct : pédagogie, cerveau, mindmapping… on passe le reste du vol à discuter de moult sujets passionnants et elle dit que je m’entendrais bien avec son mari.

De retour à la Réunion, elle nous invite à manger chez eux et je réalise à quel point le monde est petit : son mari Didier a travaillé avec Luc Nicon il y a des années, le créateur de la méthode TIPI (Technique d’Identification des Peurs Inconscientes).

Didier Godeau est kinésithérapeute (comme moi, même si j’ai pris ma retraite en 2017) et il a une façon particulière d’accompagner les patients. Très inspiré par l’approche de François Roustang, il laisse le patient s’auto-guérir par le non agir et essentiellement en silence.

Je suis hyper-curieux de découvrir, Didier me propose une séance et je suis fasciné de découvrir une approche non interventionniste qui rend le pouvoir au client. Pour moi qui suis fan de souveraineté, j’aime beaucoup !

Il me prête le livre “Savoir attendre” de Roustang, qui me fait l’effet d’une torpille dans mes croyances.

Je réalise ces 2 choses essentielles dans tout accompagnement :

  1. La présence de l’accompagnant compte bien plus que n’importe quel outil.
  2. Il n’y a rien à faire de particulier.

François Roustang est hypnothérapeute mais si tu prends le temps de l’écouter quelques minutes (facile à trouver sur YouTube), tu te rends vite compte qu’il ne pratique pas l’hypnose (qui consiste par définition à chercher des “états modifiés de conscience”).

En réalité, Roustang a enlevé tout le superflu de sa pratique en proposant au patient de s’installer confortablement dans son canapé, avec la conscience de son “problème” et de ne rien faire, de le laisser se résoudre de lui-même. On pourrait parler d’une thérapie par la présence. Il est probable qu’il ait gardé le terme hypnose par confort.

Ca n’a rien d’une pratique d’hypnose “classique” où l’on place l’individu dans un état particulier pour glisser des suggestions, pour faire faire des choses à l’inconscient ou toute autre approche d’interventionnisme naïf. Comme toujours, ça dépend surtout du praticien : pour ma part, j’observe beaucoup d’hypnothérapeutes ayant une vision très interventionniste (en mode ORANGE dans la spirale dynamique) avec un objectif et où on va un peu forcer le système pour aller dans cette direction. Je suis très critique de cette approche, plus que de l’hypnose elle-même qui peut aussi être utilisée pour partir à la rencontre de parts de soi sans ce mode interventionniste.

L’approche de Roustang est écologique au sens où elle ne force rien, puisqu’il invite littéralement à ne rien faire et c’est ce qui peut désarçonner ! Pourquoi payer quelqu’un pour passer du temps à rester dans le rien ?

J’ai été beaucoup perturbé par cette histoire de “ne rien faire”, puisqu’à cette époque je ne sais pas ce que ça veut dire, tellement je suis hypnotisé par le discours ambiant consistant à “faire pour être”.

C’est sur ce terreau-là que Didier et Luc Nicon arrivent plus spécifiquement au “laisser faire les sensations”, parce que “ne rien faire” est quand même bien vague et peut amener à une libération de manière très aléatoire.

De TIPI à NERTI

À ce moment-là, je découvre que Luc Nicon a popularisé la méthode TIPI sur base des travaux de Didier Godeau, lui-même inspiré de l’expérience de François Roustang.

TIPI consiste à être en présence des sensations dans le corps et les laisser évoluer jusqu’à libération. Seulement… ça ne suffit pas dans beaucoup de cas.

C’est déjà une révolution dans le monde de la psychothérapie (rappelons qu’en 2025 la plupart des psys en sont encore à faire parler les gens…) en intégrant le corps, les sensations et le “laisser faire”.

Mais il manque un ingrédient de taille. Et pour t’en parler, je dois te raconter l’histoire de Nicolas Actisdana.

L’ingrédient clé de la libération émotionnelle définitive

Je rencontre Nicolas quand il lance son activité de thérapeute, spécialisé dans les crises d’angoisse, et qu’il me sollicite pour l’accompagner dans son développement.

Pour te situer, Nicolas c’est le patient zéro de Luc Geiger (créateur de la méthode NERTI (pour Nettoyage Emotionnel Rapide des Traumatismes Inconscients)) dont je te parlais plus haut.

Pendant 6 ans, Nicolas fait crise d’angoisse sur crise d’angoisse. Dès 2006, Luc l’accompagne avec moult outils (EFT, PNL, EMDR, sophrologie…) et ça lui apporte des améliorations.
Mais rien ne règle vraiment le problème pour de bon.

En 2007, Luc se forme à TIPI et le teste en cabinet.
Même si ça lui apporte des résultats, Nicolas tourne en boucle sur ses sensations pendant des heures et n’arrive à la tant attendue libération définitive.

Un jour, Luc tombe sur une étude qui stipule qu’il y a une augmentation massive de syndrome de stress post-traumatique suite à un trauma crânien induit par un accident de la route. EURÊKA : il réalise que la mémoire traumatique est scellée par une sorte de verrou associé à la perte de connaissance (où le cerveau a cru mourir).

Il fait le lien avec toutes les sensations bizarres observées dans ses séances pouvant s’apparenter à une perte de connaissance – tourner, tomber, s’enfoncer, pencher sur le côté, …

Il appelle ces sensations bizarres le “verrou”. Ce verrou est LA clé de la mémoire traumatique. Aller jusqu’au bout du verrou, c’est informer notre système nerveux qu’il n’y a pas de danger de mort, ce qui dissout instantanément la mémoire traumatique.

Avant d’arriver au verrou et à NERTI, il est passé par 3 grandes étapes :

  1. La méditation Vipassana pour avoir la conscience d’observer les sensations sans intervenir
  2. La sophrologie pour réaliser que la présence au corps peut amener des libérations émotionnelles spontanées
  3. TIPI pour laisser faire les sensations corporelles en lien avec un déclencheur

Les expériences de Luc Geiger et de Nicolas montrent que TIPI est assez aléatoire dans les résultats, à cause de cette histoire de verrou qui n’est pas explicitée. 

Du coup on peut passer 2 heures à tourner autour du pot avec des sensations intenses, sans parvenir à se libérer vraiment.

Je peux aussi témoigner de mon expérience : en 2016 je découvre TIPI sans savoir ce que c’est : à cette époque, Luc-Marie (encore un Luc !), un thérapeute rencontré sur une croisière (longue histoire), me fait plonger dans mes sensations en lien avec un souvenir de CP très désagréable où l’institutrice me vire de cours.

Pendant près d’une heure dans mes sensations, j’hyper-ventile, j’ai chaud, je me sens mal, je n’en vois pas le bout… Et on arrête à un moment donné parce que je tourne en boucle et ça ne s’arrête pas et je deviens tout blanc. Pour moi c’est hyper-intense, je suis hébété, épuisé… et ça ne m’a pas libéré pour autant.

Des années plus tard, ce souvenir était toujours actif. Tu comprends pourquoi : on a pas ciblé le verrou de la mémoire traumatique.

Voilà la découverte incroyable de Luc Geiger : cibler le verrou permet une libération de manière systématique, parce que c’est la racine de la mémoire traumatique. Il a ajouté sa patte sur d’autres points (l’inversion psychologique, la technique à froid…) et a créé NERTI.

Les différents outils de libération de traumas

Aujourd’hui, il existe pléthore de méthodes de libération qui passent par le corps et je trouve ça génial :

  • Somatic experiencing (de Peter Levine)
  • Focusing
  • TIPI
  • NERTI
  • Psych-K
  • TRE (Tension Releasing Exercises)

Certaines utilisent la respiration : respiration holotropique de Grof, biorespiration de Mérien, rebirth…

D’autres utilisent le regard : EMDR, DMOKA.

D’autres utilisent des stimuli corporels : EFT, SCAMDEN…

Pour avoir essayé presque tous ces outils, mon expérience est la suivante : quand je veux libérer une mémoire traumatique spécifique, NERTI est la plus aboutie car c’est la seule qui cible le verrou de la mémoire traumatique. Sans forcer, en restant juste en présence.

Ca donne une libération plus rapide, plus prévisible et définitive.

Certains outils travaillent sur des mémoires mais on ne sait pas lesquelles, comme toutes les pratiques respirations avec hyperventilation. Et ça peut avoir du sens aussi !

D’autres outils travaillent des traumas spécifiques, mais ça peut faire des séances interminables qui durent 1h30-2h ou plus, comme SCAMDEN ou TIPI.

À force d’explorer le sujet, de tester de nombreuses libérations sur moi depuis cette année, d’accompagner des dizaines de clients avec NERTI, d’en discuter avec Luc (Geiger) et Nicolas, je comprends de mieux en mieux les différences entre ces approches et n’ai pas encore trouvé plus pertinent que NERTI. Je n’ai pas de conflit d’intérêt et je ne suis pas payé pour écrire ça 🙂 Luc est un ami mais si je trouve mieux un jour je lui dirai !

Mon témoignage personnel

C’est seulement en 2025 que je commence véritablement à faire des libérations en autonomie et jusqu’au bout. Jusqu’alors, j’avais des résistances inconscientes, des croyances qui disaient “NERTI ne marche pas sur moi”. Cet outil est tellement puissant qu’on peut avoir 1001 raisons de ne pas s’en servir, de ne pas aller jusqu’au bout de la libération, d’oublier son existence…

Il y a de nombreux bénéfices à rester dans nos blocages et traumas, c’est tout à fait normal.

Cet été 2025, j’ai annoncé publiquement mes expériences de libération traumatique, notamment sur tout ce qui me limite sur le plan professionnel. Ca vient toucher au rapport à l’argent, au travail, au manque, à l’exclusion de la tribu, au jugement et regard des autres.

En quelques semaines, je vois déjà des changements radicaux à l’intérieur de moi. Pratiquer NERTI en autonomie demande du courage et de la persévérance mais le jeu en vaut la chandelle.

Je ne sais pas jusqu’où je peux libérer mais je soupçonne que ça peut aller très loin, jusqu’à des éléments qu’on considère faisant partie de notre structure psychique (et qui ne le sont pas, en fait).

Vers un NERTI 2.0 ?

Sur base de François Roustang, Didier Godeau et Luc Nicon, Luc Geiger a développé un outil simple, épuré, accessible en autonomie et c’est juste incroyable.

Comme pour tout outil, chacun se l’approprie et le customise à sa sauce, ce que je ne manque pas de faire.

Je ne vois rien à ajouter à NERTI, par contre je vois des ajustements importants notamment au début des séances, qui est LE moment clé où ça peut bloquer. Et sur l’aspect émotionnel, qui peut être un point névralgique pour beaucoup de gens.

J’ai réalisé à plusieurs reprises que certaines personnes n’arrivent pas à rentrer dans leurs sensations, pour plusieurs raisons :

  • Dissociation ou anesthésie : 2 transes typiques associés à des traumatismes. Quand le client est trop à côté de ses pompes, Luc Geiger parle du “renforcement de la structure émotionnelle” et je le rejoins. Tout ce qui relève de la pratique méditative DANS LE CORPS est aidante, ça peut aller de la sophrologie au sport en passant par le massage. Creuser son type ennéagramme peut éventuellement aider.
  • Insécurité : elle peut être liée au sujet amené, au cadre thérapeutique ou même à l’accompagnant. Dans ce cas il est primordial de mettre en lumière la part du client qui vit cette insécurité, amener de l’écoute, de l’empathie. C’est tout l’attirail IFS, CNV et théorie polyvagale qui entre en jeu. Alliance thérapeutique, toussa toussa.
  • Résistance : elle est souvent inconsciente et, là encore, il faut identifier la part qui en est à l’origine. Une véritable discussion de cœur à cœur suffit souvent à faire tomber la résistance. Il faut que ce soit écologique pour le client : on ne force pas un système nerveux. La résistance peut dire “coco, c’est pas le moment, c’est un trop gros dossier”, dans ces cas-là on va plutôt creuser avec des questions de coaching pourquoi la personne cherche à passer en force sur elle-même.

Un travail sur le nerf vague aide énormément dans tous les cas.

Ces outils basés sur l’accueil des sensations peuvent être rudes pour les personnes qui ont un grand besoin d’écoute, comme c’est mon cas. Pour ces profils, pendant la séance, j’accorde beaucoup d’importance à offrir un espace d’empathie, d’écoute des émotions et des besoins sous-jacents, pour qu’il y ait suffisamment de confiance. Là, le système nerveux peut se détende avant de descendre dans les tréfonds de la psyché pour libérer la mémoire traumatique.

Voilà, tu sais tout ! Si t’as envie qu’on discute ensemble des mémoires traumatiques qui foutent la merde dans ta vie et t’empêchent de prendre ta place dans le monde, parlons-en.

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