Qu’est-ce que l’amour de soi ? Comment le développer ?

L’amour de soi est nécessaire à l’équilibre d’un être humain, sans cela il dépérit. Pourtant nous vivons dans un monde gangréné par une pandémie mondiale de carence d’amour de soi.

Dans une quête de performance insatiable, l’être humain se traite comme un esclave et se transforme en faire humain.

Quand l’individu cesse de devenir un sujet et devient un objet, il n’y a pas d’amour. Il y a tout au plus une reconnaissance conditionnelle. C’est de la manipulation, pas de l’amour.

Décryptons ensemble le vaste sujet de l’amour de soi.

L’amour de soi : de quoi parle-t-on ?

“Nous ne donnons vraiment à autrui que ce dont nous débordons. Tout le reste, on se l’emprunte à soi-même. L’addition arrive vite, et souvent salée, quand nous avons « trop donné », car nous avons emprunté à notre propre personne ce que nous ne possédions pas en abondance. Puis, une révision de nos priorités commence à faire sens : « Maintenant je m’occupe de moi », revient en fait à se mettre au centre de ses préoccupations. Puisque notre culture a diabolisé un sain-égoïsme consistant à faire de Soi le réceptacle premier de notre bienveillance, Nous offrons au monde un Soi anémié, boitant, en manque d’amour. Je crois que l’amour de Soi-même guérit de tout, et, que rien d’autre ne guérit vraiment la dépendance affective. Tout au plus, la collection et l’accumulation compulsive de sentiments et d’égards externes remplissent un puits sans fond, ce vide immense dont parlent ceux qui se détestent. Ceux-là qui, comme solution de survie ont développé un système de défense complexe tout autour de leur tonneau des danaïdes, oscillant entre la fuite compulsive (du sens, ou de la profondeur) et la dépendance affective. Nous ne donnons vraiment à autrui que ce dont nous débordons, Tout le reste, on se l’emprunte à « soi-m’aime »”. Stephan Schillinger

Tout est dit dans cette citation, je pourrais arrêter l’article là !

L’amour de soi est le miel qui apaise tous les maux de l’âme.

Si je devais le définir, je dirais que l’amour de soi consiste à être présent à qui je suis à chaque instant, accueillir ce qui me traverse et m’autoriser à être sans condition.

Pour savoir où tu en es par rapport à ça, tu peux te poser ces quelques questions :

  • Qu’est-ce qui se passe quand je suis triste, en colère ou que j’ai peur ?
  • Que se passe-t-il quand je ne corresponds pas à l’image idéale que j’ai de moi ?
  • Que se passe-t-il quand je prends du poids ?
  • Que se passe-t-il si je n’ai plus d’argent ou que je perds mon travail ?
  • Que se passe-t-il quand j’ai un comportement que je ne voudrais pas avoir ?
  • Que se passe-t-il quand je me fais critiquer ou juger ou qu’on me rejette ?

En clair : Est-ce que je m’aime tel que je suis ici et maintenant ?

C’est très simple en réalité : l’amour c’est accueillir ce qui est. Voilà quelque chose d’aussi simple à comprendre que difficile à vivre !

L’amour de soi revient à créer suffisamment d’espace pour accueillir tout ce qui peut survenir dans ma vie : la joie, la peur, le doute, la maladie, la colère, la tristesse, le vide existentiel, la honte, le deuil…

L’amour de soi n’est pas un interrupteur ON/OFF avec 2 positions, c’est plus comme un Pokémon qui peut être niveau 1 comme 99.

Quand tu t’aimes suffisamment, tu ne cherches plus à passer en force sur toi quand tu n’as pas envie de faire quelque chose, tu ne prends plus sur toi quand tu veux dire non, tu valorises tes émotions et les accueilles telles qu’elles viennent.

Pense à l’enfant qui s’écorche le genou en tombant sur des cailloux. Le sang perle sur sa jambe, il se met à crier et pleurer. Sa mère le prend dans les bras et accueille sa tristesse inconditionnellement.

L’amour de soi, c’est ce rapport de tendresse et de douceur que nous donnons depuis notre espace “maman” envers notre part “enfant” quand quelque chose nous traverse, en accueillant sans juger ce qui est.

Attention, l’amour de soi ça n’est pas :

  • La confiance en soi : la confiance en soi parle plus d’une compétence situationnelle. Exemple : j’ai confiance en moi quand je prends la parole en public car je l’ai fait 50 fois, je n’ai pas confiance en moi quand j’aborde des inconnus car je ne l’ai jamais fait… La confiance en soi est une question de pratique et d’habitude.

  • L’estime de soi : l’estime de soi est une question de valeur. Estime vient de “aestimarer” signifiant “donner de la valeur à”. En clair, l’estime de soi est la valeur que tu te donnes. Certains auteurs ont décrit 4 types d’estime de soi : estime de soi élevée et stable ; estime de soi élevée et instable ; estime de soi faible et stable ; estime de soi faible et instable. L’estime de soi est conditionnelle, selon les personnes elle dépend de l’humeur, des accomplissements, de l’appartenance sociale…

  • L’image de soi : l’image de soi est l’image que nous avons de nous-mêmes et qui influence l’image que nous renvoyons aux autres. L’image de soi influence toute relation, qu’elle soit affective ou professionnelle.

L’amour de soi et son influence

L’amour de soi influence tout dans ta vie.

Ca influence ta capacité à faire des choses nouvelles, ta capacité à prendre des décisions pour ton propre bonheur, à cultiver tes qualités intrinsèques. Ca influence ton niveau de bonheur personnel, ta capacité à prendre du plaisir dans la vie. Ca influence ton mode de vie, comment tu prends soin de ton corps, de tes relations. Ca influence qui tu attires, ta relation de couple, ta relation avec tes enfants, ta relation avec tes parents, ta relation avec tes amis. Ca influence énormément les pensées, les émotions, les croyances, les valeurs. L’amour de soi est nécessaire à un narcissisme sain ! (narcissisme qui est très mal vu dans cette société)

L’amour de soi n’est pas une question de développement personnel car la plupart du temps, le développement personnel est pratiqué depuis un espace de haine de soi. En effet, le développement personnel est une façon de vouloir se changer.

Quelqu’un qui ne s’aime pas peut être envahi de pensées destructrices à son égard et ça peut lui pourrir la vie tant qu’il n’a pas fait un travail de détachement des pensées (j’en sais quelque chose). Toute pratique permettant ce détachement (yoga, méditation) permet de se désidentifier aux pensées, aux croyances pour les observer.

Le premier principe est de sortir de l’identification.

Manquer d’amour de soi : exemples

Le manque d’amour pour soi, c’est quand je ne suis pas là pour moi, ou pire, que je suis contre moi. Les exemples sont omniprésents dans notre vie, sur internet, autour de nous…

Il y a quelques années, je décide de prendre un coach en hygiénisme pour améliorer ma santé. Paradoxalement, je n’ai pas pris soin de moi. Pendant 6 mois, je me suis privé, je me suis mis une discipline qui ne me convenait pas, je me suis mis la pression, je m’en voulais de chaque écart alimentaire. Il n’y avait pas d’amour. Je sacrifiais ma vitalité sur l’autel de l’idée de la vitalité. Un comble !

Tous les jours je discute avec des clients qui veulent passer en force sur eux, qui veulent “détruire leurs croyances limitantes“, qui veulent “arrêter de procrastiner” ou encore “arrêter d’être perfectionniste”.

C’est systématiquement le même schéma qui se répète :

  1. Un raz-le-bol de répéter le même fonctionnement
  2. Une incompréhension de la partie de soi responsable du comportement

Ca amène à partir en croisade contre soi et le résultat n’est jamais beau à voir. Tu ne peux pas passer en force sur toi sans en payer les conséquences.

Les croyances limitantes sont simplement des croyances protectrices qui protègent ton psychisme et que tu juges de “limitantes”.

La procrastination est un mécanisme de défense qui t’informe qu’une partie de toi a peur et/ou pas envie de faire quelque chose.

Le perfectionnisme est un comportement qui t’informe de la dureté de tes standards envers toi-même.

Tous les comportements, aussi incompréhensibles soient-ils, sont des émanations de toi. L’invitation est d’arrêter de lutter contre et plutôt à chercher à les comprendre, les accueillir pour les transcender.

La première étape est la prise de conscience de cette dureté, de voir que tel sentiment, telle émotion, n’a pas sa place en toi. Cette conscience de soi se nourrit au quotidien.

L’origine de manque d’amour de soi

Le manque d’amour de soi prend racine dans l’enfance (comme tant de choses).

Lorsque l’enfant naît, il est au contact direct de son état biologique. Il n’y a aucun filtre entre ce qu’il ressent et ce qu’il exprime. Il a faim, il pleure.

En grandissant, il reçoit de plus en plus de retours de l’extérieur lui montrant que ce mode de fonctionnement n’est pas OK.

Que ce soit en lien avec sa joie “arrête de faire autant de bruit, on est pas tout seuls”, avec sa tristesse “ne pleure pas, t’es pas une fillette”, avec ses sensations physiques “finis ton assiette”.

L’enfant vit une dissonance cognitive répétée entre ce qu’il ressent et ce que les personnes dont il dépend (ses éducateurs) lui demandent de faire/ne pas faire, dire/ne pas dire, ressentir/ne pas ressentir.

Peu à peu, l’enfant se coupe de lui-même et se plie à ce qu’on attend de lui.

Nous avons tous constaté dans notre vie que nous avons un certain mimétisme vis-à-vis de nos parents : des expressions de langage, des comportements, des addictions, des schémas relationnels…

Combien de fois ai-je entendu de la bouche des personnes que j’accompagne : “Je me suis toujours dit que je ne ferais jamais comme mes parents et si je regarde la réalité, je fais exactement comme eux…”

Si aujourd’hui tu manques d’amour envers toi, que tu ne sais pas t’en donner, que tu te maltraites, que tu ne te donnes pas droit à l’erreur, que tu ne te permets pas de vivre tes émotions ou d’exprimer tes limites… C’est simplement parce que tu n’as pas pu l’apprendre par mimétisme.

Tes éducateurs n’ont probablement pas accès à cet amour d’eux-mêmes : comment veux-tu y avoir accès ?

Comme ils n’y avaient pas accès pour eux (du fait que leurs parents n’en avaient pas les moyens non plus), ils n’en avaient pas pour toi, d’où les injonctions, les critiques… Ils ont fait avec les moyens du bord et parfois c’est très peu. C’est ainsi, rien ne sert ne chercher un coupable.

Pour autant, sommes-nous condamnés à nous traiter comme de la merde toute notre vie ?

Heureusement non ! Le cerveau reste plastique toute notre vie, voyons maintenant comment inverser la tendance.

Comment apprendre l’amour de soi

“Comment apprendre l’amour de soi ?”

Voilà la question que je me suis posé il y a quelques années. La question est mal posée, car le “comment” implique qu’il y a quelque chose à faire.

Comme s’il fallait faire une routine de 30 minutes pendant 21 jours pour enfin développer l’amour de soi ! Ce n’est pas comme ça que ça marche.

L’amour de soi (et des autres, du reste) ne dépend pas d’une action, ça n’est pas relatif au FAIRE.

L’amour, c’est dans l’ÊTRE : il s’agit de créer un espace d’accueil, de présence, suffisamment grand en soi pour accueillir ce qui nous traverse.

En prenant du recul, c’est laisser la vie prendre place en toi. Ca implique d’avoir suffisamment confiance en la vie (confiance veut dire “avec foi”), à un endroit.

C’est une posture intérieure plus qu’une pratique. L’amour de soi c’est comme le saut à l’élastique, ça se vit. On peut en parler, on peut s’entraîner à sauter sur son matelas, jouer à des simulations… Mais on tourne autour du pot.

Les pratiques du type se dire “je m’aime” face au miroir, faire des affirmations positives, c’est une façon d’essayer de se convaincre. 
Ca n’a jamais marché pour moi et pour toutes les personnes que je connais.

C’est un peu comme faire semblant de t’intéresser à quelqu’un qui ne t’intéresse pas : tout le monde le sent.

Tu ne peux pas simuler l’amour, tout comme tu ne peux pas le “faire”. C’est un état d’être que tu peux apprendre, mais pas dans les livres ni dans les formations. 

La seule façon de l’apprendre à ma connaissance, c’est avec des personnes qui ont accès à cet état de présence et d’amour. Ce sont des personnes qui te font sentir bien, où tu sens que tu as ta place, tu es accueilli tel que tu es.

Peu importe que ce soit un ami, une thérapeute, ton voisin ou ton maître spirituel ! Prends tout ce qu’il y a à prendre et par mimétisme ça va finir par infuser.

À un moment donné, c’est à toi de prendre le relais : Personne ne peut le faire à ta place.

Bien entendu, nourrir cet amour de soi peut passer par certaines routines :

  • Prendre un bain moussant
  • Regarder un coucher de soleil
  • Te faire masser
  • Faire une séance de sport
  • Lire un livre
  • Marcher dans la nature
  • Prendre soin de son enfant intérieur : manger du chocolat, se faire un bon gâteau, jouer…

Mais attention, ce ne sont pas des prescriptions, c’est à toi d’identifier ce qui te permet de prendre soin de toi et manifester ton amour pour toi.

Ca va dépendre de tes langages de l’amour. Ce n’est pas tant l’action que l’intention derrière qui compte.

Accéder à cet amour inconditionnel change absolument tout. Tu n’as plus besoin d’être, de faire, d’avoir, autre chose que ce qui est. La quête est terminée, tu es arrivé là où tu devais être. Cela te permet de goûter une paix intérieure, un bonheur, qui vaut n’importe quelle méditation pratiquée pendant 30 ans.

Ca ne veut pas dire que tu ne vivras plus jamais d’émotions et que toute ta vie ne sera que papillons et fleurs. Pas du tout !

La différence majeure est que, maintenant, tu es là pour toi quelles que soient les galères de la vie. Et ça, ça change tout.

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