Quand je découvre l’ennéagramme en 2016, le type 3 ne me parle pas du tout. Pourtant, c’est exactement ma personnalité profonde, que je découvre 5 ans plus tard. Peu de gens me voient dans cet ennéatype parce que je suis souvent aux antipodes du stéréotype. Les explorateurs de l’ennéagramme ont souvent une image complètement erronée du type 3.
Il est temps de te dévoiler le type 3 clandestin, une créature méconnue plus fréquente que tu ne l’imagines !
Sommaire
- 1 Le type 3 n’est pas un stéréotype
- 2 Pourquoi on voit le type 3 comme caricatural
- 3 Le type 3 clandestin
- 4 La tension permanente qui gâche la vie du type 3 clandestin
- 5 Pourquoi le type 3 cache ses émotions
- 6 La fin de la quête épuisante de la carotte imaginaire
- 7 Sortir de l’enfer du du type 3 clandestin
Le type 3 n’est pas un stéréotype
Le type 3 est souvent décrit comme quelqu’un d’exubérant, qui se vante, tient des monologues sur ses réussites, manipulateur à souhait et qui vendrait sa mère pour recevoir une médaille.
Oui ça fait partie des expressions possible du type et ça peut être lourd. (Types 3 et 8 sont vus comme les plus détestables de l’ennéagramme.)
Mais en rester là, c’est passer complètement à côté du type 3 ennéagramme !
Revenons à la base : L’ennéatype est une structure psychique universelle : un archétype. Que tu sois en Inde, en France ou en Suède, tu verras plein de types 3 dans la rue (et pas que là, hein !). Le type ennéagramme ne renseigne PAS sur les comportements qui en découlent : chaque humain exprime singulièrement son ennéatype. Comme un même gène qui peut donner une maladie chez quelqu’un et pas chez un autre (coucou l’épigénétique).
Usain Bolt et moi avons des quadriceps, pour autant si on joue à faire la course, je suis mal barré.
Dans chaque type, tu peux trouver des gens radicalement différents : Adolf Hitler et Alexandre Jollien, Donald Trump et Eric Baret, Zinedine Zidane et François Hollande.
L’ennéagramme parle des motivations profondes qui nous dirigent. Ces motivations ne sont pas si évidentes à décoder de l’extérieur : la preuve en est la difficulté de typer un individu avec certitude, on se trompe souvent.
Pourquoi on voit le type 3 comme caricatural
Notre cerveau primitif aime simplifier le réel, les cases et étiquettes, un monde en deux dimensions (noir/blanc, gentil/méchant, pour/contre). C’est la principale raison.
Le type 3 étant un centre émotionnel, centré sur l’image et la reconnaissance, tu vas clairement le retrouver dans des endroits où il peut vivre ça. Ça peut s’exprimer autant dans la danse, que dans un milieu écolo, politique ou sur internet.
Les types 3 caricaturaux (typique de l’instinct social) prennent énormément de place et de visibilité, c’est pourquoi on finit par résumer : type 3 = superficiel, vaniteux, insupportable.
Avant de découvrir Epanessence, beaucoup de gens m’ont dit avoir une mauvaise impression du type 3 à cause de cette minorité hyper-visible.
Mais les plus visibles ne sont pas représentatifs du spectre d’expression du type 3 !
Comme pendant une catastrophe type tornade ou tsunami : une minorité en profite pour piller, voler et faire du chaos… pendant qu’une immense majorité s’entraide. Evidemment, les médias zooment sur le sensationnel et parlent seulement de ce qui les arrange.
Mon expérience me montre que beaucoup de types 3 autour de moi ne collent PAS à cette vision caricaturale qu’on peut avoir quand on découvre l’ennéagramme.
De la même manière que le type 6 contre-phobique ne colle pas avec l’image de froussard qu’on voit chez le type 6 phobique.
Il est temps de te parler de cette variante particulière du type 3 : le type 3 clandestin.
Le type 3 clandestin
Pour t’en parler, petit retour sur mon histoire :
Enfant, je passe un temps phénoménal à jouer à la console, à regarder la TV, bref tranquille chez moi. Adolescent, je suis loin d’être populaire au collège, je suis souvent un objet de moqueries et de critiques, je passe mon temps à jouer sur mon ordinateur, sur les forums, je n’ose pas parler aux filles qui me plaisent… Dans les groupes, je ne parle pas de moi, voire je garde le silence, je ne sais pas quoi dire. Dans tous événements entrepreneurs que j’ai fait, je galère à parler de mon activité donc si je peux, j’évite : l’autre monopolise la conversation et il est fréquent qu’il ne sache rien de moi.
Ca ne ressemble pas trop au type 3 cliché tout ça… (et c’est pourquoi j’ai eu du mal à me typer)
Alors tu peux te dire : “Bah Fabien, tu t’es juste trompé de type !”.
J’en suis à un stade de ma vie où je n’ai plus beaucoup de certitudes, par contre je n’ai pas de doute sur ma structure psychique ! Je détaille mon parcours de typage en détail. Revisiter mes traumas a confirmé encore et encore ma base 3.
Le type 3 visible, qui réussit, parle de lui, c’est valable quand il exprime son ego “normalement” et sans entrave.
Mais rappelons comment est structuré le type 3 en revenant aux centres : c’est un centre émotionnel/de l’image tourné à la fois vers l’intérieur et vers l’extérieur.
Il est expert dans l’art caméléonesque de faire coller sa réalité intérieure à ce qu’on attend de lui. “Dis moi qui tu veux que je sois et je le serai pour toi” pourrait être une devise inconsciente de type 3.
Avoir un avatar social est OBLIGATOIRE pour recevoir la reconnaissance dont il a besoin (dans l’ego).
Que se passe-t-il quand le type 3 évolue dans un environnement Bleu comme la France qui valorise la discrétion, l’humilité ? Et que se passe-t-il quand il est élevé dans une famille où c’est mal vu de réussir, d’être visible, de parler de soi et de ses succès ?
Ces 2 contextes créent en lui une tension interne entre :
- Ses motivations profondes (qui le poussent à avoir de la valeur en faisant des trucs)
- La mauvaise image que ça donnerait de lui s’il exprimait cette partie de lui.
Cette guerre intérieure se traduit par ce que j’appelle le type 3 clandestin : quelqu’un qui cherche à se faire discret en s’auto-censurant.
Mais même quand on s’auto-censure, il faut montrer qu’on a de la valeur ! Il rêve de lumière sans s’autoriser la lumière.
C’est là qu’on rentre dans les subtilités : faire preuve d’un excès d’humilité en ne se vantant jamais (et en se vantant de ne pas se vanter :D), se diminuer pour paraître modeste (et se faire complimenter), rabaisser les autres, laisser parler nos signes extérieurs de richesse, montrer notre corps ou notre apparence ou notre talent (Sofiane Pamart avec le piano par exemple), glisser des références d’auteurs (ma spécialité) ou de célébrités qu’on connaît…
Tout ça est évidemment INCONSCIENT ! Comme à l’époque où je cherchais à me faire remarquer en classe ou en formation, ce qui agaçait profondément ceux qui ne se l’autorisaient pas.
Pour ma part, j’ai excellé dans l’art d’exprimer le contre-type du type 3 :
- Rabaisser ceux qui réussissent plus que moi : “de toute façon ils font de la merde”
- Refuser de jouer le jeu des apparences et du “m’as-tu vu” (le contre-signaling) : “non mais moi j’aime pas la superficialité”
- Rationaliser ma réussite moindre : “il y a autre chose que l’argent dans la vie”
- Poser des questions pour qu’on s’intéresse à moi
- Apprendre plein de trucs pour intéresser les gens
- Muscler mon corps et mettre des débardeurs ou vêtements moulés (à l’adolescence c’était abusé !)
- Corriger quelqu’un pour montrer que je sais
L’auto-censure est un mécanisme bien pratique pour rester dans l’ombre : repousser des actions importantes, arrêter des projets en plein milieu, éviter de confronter son projet à la réalité, rester dans l’apprentissage, focaliser sur des projets très secondaires…
Chez certains types 3, ça peut prendre une forme d’ego spirituel : “Je ne suis plus dans l’ego de réussir, regarde comme je suis un être éveillé !”. Avec la transe d’identification, le type 3 peut se modeler sur ce qu’il imagine être un maître spirituel. Le Youtuber Jean Laval l’illustre bien dans ses vieilles vidéos (voix lente, collier de perles, discours new age…)
Il faut bien comprendre que TOUT ça est une (vaine) tentative d’éviter de se prendre l’échec dans la tronche.
La tension permanente qui gâche la vie du type 3 clandestin
Le type 3 vit beaucoup de tensions internes, dont il est ± conscient.
Il y a la tension de base très forte chez le type 3, qui consiste à chercher à faire correspondre ce qu’il vit à l’intérieur et ce qu’il imagine que les autres attendent de lui. Ca crée une adaptation permanente qui lui coûte beaucoup d’énergie et lui fait perdre la connexion avec lui-même.
C’est la base de son centre émotionnel préféré, tourné dans les deux directions, qui lui vaut souvent d’être réprimé dès qu’il sature. D’où le terme “émotionnel non émotionnel” pour parler du type 3, où, sous stress égotique, il devient froid, cassant, désagréable.
À cette tension de base s’ajoute une autre tension interne qui touche encore plus le type 3 clandestin :
- Le besoin impérieux d’être vu : “regarde moi, j’existe !”
- La peur panique d’être vu : “ne me regarde pas trop, pas de trop près !”
Comment on gère ça ?
De mon expérience, je cherche à être vu autant que possible en m’agitant dans tous les sens, mais pas trop quand même. Donc si possible m’agiter pour des trucs qui vont me rendre à peine visible (l’ennéagramme par exemple ? :D)
Et quand je suis vu, je fuis parce que c’est tellement intense que ça fait vivre énormément de choses à l’intérieur (c’est aussi lié à l’instinct sexuel). Alors je ne relève pas le compliment, je détourne le regard, j’oublie ce que je viens d’accomplir pour passer à la suite. Là, je suis tenté de rajouter que “ça a évolué” pour te montrer une meilleure image de moi.
Ce que j’ai observé chez un certain nombre de clients et amis de type 3 qui me ressemble, c’est à quel point ils souffrent de ne pas s’autoriser à vivre l’ego du type 3.
C’est comme si tu avais H24 un somptueux fondant au chocolat devant les yeux, sans pouvoir le manger. (Je ne dis pas ça parce que c’est mon dessert préféré, évidemment)
Le type 3 clandestin vit une dissonance cognitive terrible entre ses motivations profondes et ce qu’il fait vraiment. Ca se traduirait par “je crève la dalle d’être vu, reconnu, par les autres… mais je fais tout pour ne pas le vivre et je me raconte que ce n’est pas important.”
Ca entraîne beaucoup de souffrance, qui peine souvent à s’exprimer car le type 3 est expert dans l’art de cacher ce qu’il ressent.
Pourquoi le type 3 cache ses émotions
Le type 3 croit très fort qu’il n’est pas aimable pour qui il est, alors il cache son authenticité au fond de lui-même en priant que son masque cache sa vérité intérieure (ça marche souvent mais pas avec les gens un minimum présents à eux). Même après des discours où j’étais hyper stressé et où j’étais sûr que ça se voyait à des kilomètres, les gens me faisaient le retour que j’étais super à l’aise et souriant. Des types 3 m’ont souvent raconté des anecdotes similaires.
Le type 3 a entendu ou deviné : tu n’as pas le droit d’avoir ses propres sentiments et sa propre identité. Alors il a tout cadenassé pour survivre, créant une identité factice, car il vit une peur immense d’être nu, démasqué, vu dans sa nullité et sa bassesse.
Chez énormément de 3, des hectolitres de tristesse sont contenus derrière ses blocages émotionnels, ne trouvant pas le chemin des larmes. C’est là que se trouve l’accès à notre humanité (mais si tu n’es pas 3 toi-même, ça te sera compliqué d’imaginer l’incroyable difficulté de cette entreprise).
Ce n’est qu’à 29 ans que j’ai réalisé toute la tristesse qui était cadenassée en moi. Et c’est seulement depuis quelques mois que les larmes recommencent à couler.
Cette tristesse est souvent masquée par :
- La honte : honte de ne pas être à la hauteur, honte de réussir trop peu, honte de son statut.
- La culpabilité : de ne pas en faire assez, de procrastiner…
- La colère
Qui dit répression dit compensation et retour du refoulé.
Comme toujours, la vie trouve une façon de le manifester par des symptômes :
- La nourriture (quasi systématique), en particulier sucrée (coucou le chocolat :p), symbole archétypal maternel par excellence
- Les tensions corporelles, désordres digestifs, nœuds au plexus solaire, oppression thoracique
- La somatisation par la peau (fréquent au visage)
- La suractivité : sport, apprentissage, travail…
Chez un type 3 qui a le centre mental en soutien (comme moi), ça se manifeste très fort par l’apprentissage, la lecture, les modèles, la compréhension… Chez un type 3 avec centre instinctif en soutien, ça se manifeste par encore plus d’action dans le monde extérieur, d’agitation, de sport, l’agressivité…
Aujourd’hui, mon expérience de vie et de coach me fait poser l’hypothèse suivante :
La plupart des types 3 clandestins ont un centre mental en soutien et plutôt une aile 4, ça va avec plus de conscience de leur intériorité, beaucoup plus d’intensité et de drame intérieur.
C’est tout à fait possible que ce soit un biais lié au fait que j’attire des gens comme moi, même si le combo centre mental soutien, centre instinctif réprimé et aile 4, paraît cohérent pour faire l’expérience du type 3 clandestin.
La fin de la quête épuisante de la carotte imaginaire
Le type 3 vit une course perpétuelle à la poursuite de sa carotte imaginaire. Cela le maintient dans une activité frénétique qui le stimule autant qu’elle le fatigue, alimentant le mode survie.
Même le type 3 clandestin s’agite toute la journée : regarder des vidéos, scroller sur les réseaux sociaux, écrire sur un forum, envoyer des messages, bricoler, lire… (je connais ça bien)
Ce qu’il ne sait pas, c’est que l’arrêt signifie son arrêt de mort. D’où le fait qu’il ne s’arrête jamais. Son ego ne supporte pas l’idée de ne rien faire, de juste rester avec ce qui est.
Parce qu’alors, ça signifierait qu’il peut juste ÊTRE (ce qui ne colle pas avec ses programmes inconscients qui lui disent “tu dois faire et réussir pour être”).
Comme si être, c’était pour “plus tard”, parce que, là maintenant “j’ai pas le temps, j’ai trop de trucs à faire”.
Faire ce constat serait la fin immédiate de la quête.
Ben oui, si je n’ai pas besoin de faire pour être, je vais me contenter d’être. Et le faire en découlera naturellement : c’est la voie de l’intégration, en connexion avec son authenticité et l’espérance, quand le type 3 ne se prend plus pour Dieu mais s’en remet au grand plan qui le dépasse et sur lequel il n’a aucun contrôle.
À la place de cette connexion au divin, le type 3 s’épuise (j’en connais beaucoup qui sont allés au burnout) pour obtenir quelque chose qu’il n’obtient jamais parce que la seule reconnaissance qu’il reçoit s’adresse à son personnage et il ne prend même pas le temps de la sentir. Oui, c’est épuisant de se prendre pour Dieu ! “Je me suis fait tout seul” : voilà l’hubris du type 3.
Il lui suffirait de se poser sur un canapé et reconnaître ce qu’il ressent pour amener énoooormément de détente dans son système. Mon expérience me l’a montré bien des fois.
Quel détour pour ne pas se rencontrer ! Comme si tu prenais le train à Paris pour aller à Pau, avec un changement à Strasbourg (sinon t’irais tout droit en Allemagne !).
Pour le type 3 inhibé, c’est encore plus terrible parce que tous ses efforts ne mènent pas à de gros résultats tangibles, vu qu’il passe son temps à se contenir et à se cacher. Ca mène à des petits succès par ci par là, dont il parle à demi-mots.
Cette expression tiédasse de son type (en mode clandestin) entre en comparaison avec les types 3 qui y vont franc du collier (comme David Laroche ou Franck Nicolas en France). La comparaison, les jugements sur soi et sur les autres, lui font vivre un enfer intérieur permanent et une impuissance aussi réelle qu’impossible à reconnaître.
Sortir de l’enfer du du type 3 clandestin
Tu l’as bien compris, ce petit jeu de vouloir être vu et de tout faire pour ne pas l’être est une peine perdue. La seule manière pour que ça s’arrête ?
Laisse-moi te poser une devinette juste avant :
Tu es dans une voiture et c’est toi qui conduis. Derrière toi, il y a une ambulance. Devant, un camion de pompiers. Au-dessus, un hélicoptère. À gauche, une vache. Et à droite, un ours. Comment fais-tu pour t’arrêter ?
Descendre du manège : c’est la seule option.
Ca commence par renouer avec l’énergie de base de ton type ennéagramme, sans la censure. T’autoriser à t’exposer, t’autoriser à ouvrir ta gueule, à parler de ce que tu fais et réussis. Oui temporairement ça va être maladroit et ça va emmerder des gens, mais c’est pour toi que tu le fais.
Il ne s’agit pas de devenir une caricature comme Arnold Schwarzenegger (mon idole d’adolescent !), mais de réinvestir la polarité que tu as désinvestis, jusqu’à trouver la justesse.
Goûte à ta 3titude en t’autorisant ce que tu t’interdisais jusqu’à présent (ce qui demandera de revisiter les loyautés familiales qui t’ont amené à te censurer), pour réaliser ensuite la Vanité fondamentale de tout ce jeu de faire et de paraître.
Ce chemin à la rencontre de toi-même est très compliqué à faire seul.e tant les tâches aveugles sont nombreuses : je peux t’y accompagner tout comme je l’ai fait pour moi et pour d’autres.
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