Nouveau sur Epanessence ?

Epanessence accompagne ceux qui, malgré beaucoup de dev’ perso, tournent en rond dans leurs schémas et en souffrent. Le but : renouer avec qui tu es vraiment et être en paix avec toi-même.

L’idéal du moi crée autant de motivation que de souffrance. Outil privilégié dans le marketing, il est un pivot central du développement personnel et prend racine dans la psychanalyse de Freud et Lacan. Reste bien sur ta chaise, tu vas avoir des surprises !

Idéal du moi, c’est quoi ?

L’idéal du moi, c’est comme si tu voulais vivre à Hawaii alors que tu vis dans la banlieue parisienne. Tu passes ta vie à rêver de vivre ailleurs que là où tu es, sans jamais être satisfait car tu ne le vis pas.

L’idéal du moi est une image fantasmée de ce que l’on aimerait devenir.

L’idéal du moi, c’est une tension continue vers un objet désiré inatteignable. Une fois que tu seras à l’endroit souhaité (si tant est que tu y sois un jour), il y aura un autre idéal du soi.

Dans l’idéal du moi, tu n’es jamais dans l’ici et maintenant, tu n’es jamais satisfait de ce que tu vis, de ce que tu fais, de ce que tu penses, des relations que tu as, de l’argent que tu as.

Tu n’es pas satisfait de ton quotidien. Tu dois être plus confiant, plus musclé, plus compétent, plus intelligent, mieux organisé, plus travailleur. C’est d’une maltraitance énorme. Le plus dur avec cet idéal du moi, c’est que tu fais l’expérience de ne jamais l’être. Tu veux très très fort, tu fais tout pour y arriver, et tu ne le vis jamais. C’est tout le propre de la transe d’identification à l’idéal du moi : l’individu se confond avec la quête imaginaire qu’il poursuit.

L’idéal du moi, en termes simples, est un concept en psychanalyse introduit par Sigmund Freud. Il stimule le désir d’atteindre une sorte de modèle intérieur. C’est l’image de la perfection personnelle que nous construisons à partir de diverses influences, principalement celles de nos parents, surtout notre mère (coucou le complexe d’Œdipe), et des figures importantes de notre enfance. C’est parce que l’enfant admire son père et sa mère qu’il y a une idéalisation, ce qui est bien normale puisque c’est notre première référence, notre première figure d’attachement (la mère). Cette idéalisation contribue à former un modèle parfait que l’enfant souhaite atteindre, d’où l’identification à l’idéal.

Mon expérience négative avec l’idéal du moi

Quand j’étais adolescent, j’avais un grand poster de Arnold Schwarzenegger dans ma chambre : il m’inspirait beaucoup, j’étais un grand fan de Terminator. Lorsque j’ai lu son auto-biographie “Total Recall”, je m’identifiais à cet homme qui avait tout réussi : de multiples titres de Mister Olympia avec un physique hors norme, un empire immobilier, une carrière brillante au cinéma et un poste en politique. Bref, il était l’incarnation de la réussite (un belle illustration de son profil de personnalité).

Idéaliser une idole fait partie du développement naturel de l’ego de l’enfant. L’idéalisation peut concerner une personne du monde réel ou un personnage (dont on peut s’amuser à lire l’analyse symbolique), par exemple San Goku ou Végéta pour les gens de ma génération.

Le hic arrive quand on continue à faire ça toute notre vie et d’y croire au premier degré.

Pendant des années, j’ai cru très fort que je devais être plus discipliné, me lever plus tôt, avoir plus confiance en moi, avoir une meilleure posture, être plus riche… J’ai lu des centaines de livres, participé à des dizaines de conférences et de séminaires à Paris, Amsterdam, Londres, Barcelone, Athènes, Lisbonne, j’ai investi des dizaines de milliers d’euros pour poursuivre la version idéalisée de Fabien.

Bien sûr, ça m’a motivé ça m’a aidé à sortir de la procrastination, ça m’a fait réaliser plein de choses : j’ai appris à parler en public et faire de nombreux discours, j’ai appris à parler à des inconnus, à me lancer des défis, à changer d’alimentation, à faire de la musculation, à me mettre à méditer

Comme souvent, c’est une étape nécessaire de la vie de l’individu, une fonction utile dans le développement de l’enfant. Rien n’arrive par hasard.

Et en même temps c’est comme ça que je me suis bafoué pendant plus de 10 ans : à penser toujours à qui je devrais être, quand je serai mieux. J’ai refoulé mes émotions, mes envies profondes, mes besoins, parce que ce n’était pas l’image que j’avais de moi. J’étais plus dans le fantasme que dans la réalité et c’est d’une violence de le capter dans les tripes !

J’ai réalisé qu’il n’y avait pas de place pour moi là-dedans et que cette quête d’idéal peut être très négative et toxique.

Quand mon attention est obnubilée par ce que je veux devenir, je ne suis pas du tout en train d’écouter ce qui est ici et maintenant en moi.

L’enfer de l’idéal du moi

L’idéal du moi, c’est diabolique, au sens étymologique du terme. Le “diable”, c’est celui qui coupe en 2 : d’un côté le moi présent et d’un autre côté le moi idéal.

On quitte l’Unité fondamentale pour se concentrer sur un désir d’ailleurs. Cela rappelle aisément la fixation d’objectif avec un état présent et un état désiré.

L’idéal du soi, c’est cet espace virtuel dans lequel tu n’arrives jamais, créant désolation et souffrance.

Tu veux très très fort aller à cet endroit, mais tu fais l’expérience de ne jamais y être, puisque cet idéal du moi est toujours plein de critères : des critères extérieurs à toi, des critères qui viennent de la société, et rarement de toi-même.

Cela fait que tu passes ton temps à te traiter comme un objet, comme une machine, pour atteindre cet endroit-là, sans voir que c’est un endroit inatteignable.

Tu ne fais qu’expérimenter frustration, colère voire tristesse car tu n’arrives jamais à destination. Les personnes les plus malheureuses que j’ai côtoyées sont celles qui courent en permanence après leur idéal du moi sans jamais l’atteindre.

Les moments les plus désagréables de ma vie sont survenus quand j’ai réalisé que je n’étais absolument pas qui je voulais être. C’est probablement l’une des pires expériences qu’un humain puisse vivre.

Il faut bien distinguer qui tu es vraiment de qui tu aimerais être. Il est facile de te mentir à toi-même. Changer qui tu es ? D’où vient cette idée farfelue ? Pourquoi faudrait-il te changer ? Qui t’a fait croire que tu ne convenais pas ?

Pendant que tu es obsédé par la personne que tu veux être, tu n’es pas avec qui tu es ici et maintenant.

L’idéal du moi en marketing

“Ce que je déteste le PLUS dans le métier de conseiller en marketing, c’est qu’il est tellement plus difficile d’amener les gens à se concentrer sur leur propre talent inné et leur différenciation naturelle. Il est plus facile de montrer aux gens un objet brillant et de les manipuler pour qu’ils sautent dans le prochain wagon éphémère que de maîtriser quelque chose qui commence tout juste à fleurir.” Perry Marshall

Les marketeurs en tout genre l’ont bien compris : vendre de l’idéal du moi fonctionne excessivement bien sur un humain aussi narcissique qu’aveugle à ses mécanismes.

Tu vends de l’espoir d’une meilleure vie, d’un futur idyllique, tu vends une situation idéale, désirée et désirable.

Tu vends la plage sur l’île déserte et pas le vol sur un siège miteux où tu es tout serré pendant 8 heures.

La société de l’ultra-consommation est énormément basé sur cette utilisation du désir d’un idéal : tu seras plus charismatique avec cette montre, plus attractif avec ce gel douche et plus heureux avec cette formation à la confiance en soi.

Le concept d’adaptation hédonique nous rappelle d’ailleurs que nous nous adaptons à toutes les circonstances et que le niveau de bonheur n’augmente pas particulièrement.

Malgré ça, le chant des sirènes du marketing est très fort et peut t’amener à VRAIMENT croire que ta vie sera réellement mieux avec un nouveau produit.

Qui sait attiser le désir en s’appuyant sur la anture narcissique de l’humain a un grand pouvoir sur ce dernier.

Voilà pourquoi, pour ma part, je ne propose rien d’autre que simplement apprendre à être soi-même.

Sortir de l’idéal du moi

À un moment donné quand l’élastique est trop étirée, elle pète. L’idéal du moi devient trop incohérent avec la réalité tangible du quotidien et elle mène à une énorme désillusion : une désidéalisation.

Qui dit désillusion dit illusion. En effet, absordé par un idéal du moi, on nage en pleine illusion : voilà encore le thème de l’image, du vaporeux.

À un moment, il y a la réalisation que l’idéal du moi est une illusion d’optique.

Il y a un moyen très simple de sortir de l’idéal du moi et il tient en un mot : désidentification. C’est la base de n’importe quel travail spirituel.

Il y a de multiples manières de se désidentifier, en général c’est quand l’écart entre l’idéal du moi et le réel est trop important et qui crée de la souffrance.

D’où la priorité de revenir au présent pour sortir de cette identité fantasmée. Il n’y a ni outil, ni méthode, ni plan.

Cela demande simplement une écoute de l’instant, pour revenir à mes besoins réels. Les besoins sont concrets, immédiats.

Quand je fais le constat que je ne suis pas mon idéal du moi, que je me suis construis sur une fausse identité, la souffrance liée au décalage se fait sentir par une intensité émotionnelle.

Ca fait partie du passage à l’âge adulte, ai-je envie de dire ! Seulement, ce passage à l’âge adulte n’est pas une question d’âge car la plupart des gens sont des enfants dans des corps d’adulte en réalité. Le passage de l’adolescent à l’adulte revient à intégrer son pathos, faire le deuil d’une vision fantasmée de soi et de la vie pour se verticaliser.

Pour ma part, ce fut une immense tristesse de voir que je m’étais coupé de moi-même.

L’antidote le plus directement soutenant est l’auto-empathie. C’est totalement l’opposé de l’idéal du moi dans la mesure où l’idéal du moi se fiche de qui je suis et ce que je vis, alors que l’auto-empathie focalise entièrement sur ce qui se passe en moi dans l’instant.

Voilà pourquoi ça fait partie des fondamentaux dans mes accompagnements.

Idéal du moi : compléments psychanalytiques

L’idéal du moi est un concept clé en psychanalyse qui se développe dès les premiers stades de la vie. Au début, un enfant éprouve un amour pour lui-même : c’est le narcissisme primaire. Ce narcissisme primaire peut être situé entre le stade auto-érotique (chez Freud, c’est un comportement sexuel où l’enfant utiliserait son propre corps pour obtenir du plaisir) et le stade où il choisirait des objets extérieurs. En grandissant, cet amour se transfère partiellement à l’idéal du moi, une image idéalisée que l’enfant aspire à atteindre.

L’identification joue un rôle crucial dans la formation de l’idéal du moi. L’enfant s’identifie aux figures d’attachement, principalement ses parents. Cette identification incorpore les qualités et les caractéristiques admirées chez ces figures. La relation avec la mère est particulièrement importante dans ce processus. Les attentes, les encouragements et les critiques de la mère contribuent à modeler cet idéal intérieur.

Pour comprendre toute la pression que l’être humain peut se mettre pour atteindre son idéal, il est important de comprendre le surmoi. Le surmoi (défini par Freud) intègre les valeurs et les normes morales de la société. L’idéal du moi fait partie de ce surmoi, mais il se concentre sur ce que l’individu veut devenir. Le surmoi peut être perçu comme l’intériorisation des parents dans l’enfant, représentant toutes les exigences et les pressions que l’on s’impose à soi-même, comme “il faut que je me lève plus tôt” ou “je dois vraiment travailler plus”.

En psychanalyse, l’objet se réfère à la cible de nos désirs et sentiments. Dans le contexte de l’idéal du moi, les objets idéalisés, tels qu’un parent ou un mentor, influencent la construction de cet idéal. Les caractéristiques idéalisées de ces figures sont intégrées dans l’image que l’enfant souhaite atteindre, orientant ainsi ses aspirations et son développement personnel.

L’idéal du moi peut être vu comme une forme de projection en psychanalyse. Ce concept est également abordé par Jacques Lacan, un éminent psychanalyste qui a enrichi et complexifié les idées de Freud.

Pour Freud, l’idéal du moi fait partie du surmoi et se forme à partir des identifications aux parents et aux figures d’autorité. Il guide les aspirations et les comportements en imposant des standards élevés, souvent basés sur l’idéalisation de la mère ou du père. Cette construction psychique joue un rôle essentiel dans le développement du narcissisme, car elle représente une version idéalisée de soi-même que l’on cherche constamment à atteindre. Quelque part, l’enfant dirige sa libido vers la construction de cet idéal. La libido et la pulsion alimentent les efforts pour atteindre l’image tant désirée.

Jacques Lacan, dans ses œuvres, a approfondi ce concept en l’intégrant à sa théorie du stade du miroir. Selon Lacan, l’idéal du moi se forme lorsque l’enfant reconnaît son image dans le miroir, marquant ainsi le début de la conscience de soi. Cette reconnaissance initiale est cruciale car elle établit une relation entre l’image perçue et l’idéal que l’enfant souhaite atteindre. Lacan considère que cette image idéalisée est toujours influencée par le regard et les attentes des autres, notamment celles des parents.

Bref, l’idéal du moi est une instance qui repose sur un idéal de toute puissance de l’enfant et basée sur le narcissisme primaire de cet enfant. C’est une étape du développement nécessaire qui peut devenir une prison et invite à s’en émanciper pour être adulte.

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