La colère a mauvaise presse depuis longtemps.
Autrefois omniprésente chez les courageux guerriers, elle est depuis des centaines d’années une menace à la paix collective.
La connotation négative de la colère pose d’énormes problèmes au niveau individuel comme collectif.

Quels sont les impacts sur notre psychisme ? Et dans la société ?
Que faire avec notre propre colère ?

Zoomons sur ce sujet passionnant de la colère.

La colère en psychologie : définition et rôle

La colère est une énergie de vie mobilisant nos ressources pour défendre notre intégrité.
Cette énergie de vie est appelée émotion. Littéralement “mouvement vers l’extérieur”.

Avec la joie, la tristesse et la peur, la colère fait partie des 4 émotions primaires.
Selon les auteurs, on peut rajouter la surprise et le dégoût.
Ces émotions de base peuvent se combiner pour donner des centaines de nuances.

La colère est une émotion qui se caractérise par :

  • Une forte amplitude
  • Une direction extérieure

À la différence de la tristesse qui est est une émotion “tombante” :

  • De faible amplitude
  • Dirigée vers l’intérieur.

Le rôle de la colère est de protéger nos frontières, de respecter nos limites, de se battre pour ce qui est important pour nous.

Autrement dit, elle joue un rôle salutaire pour maintenir l’équilibre de nos besoins et nous informe quand cet équilibre est rompu.

Par exemple, quelqu’un qui m’insulte gratuitement peut faire monter la colère en moi et c’est bien normal : le respect est important pour moi.
La colère me susurre à l’oreille “ton besoin de respect n’est pas rejoint, là.”

Les problèmes dans nos vies commencent avec les projections que nous mettons sur les choses et les gens, tout en étant aveugles à ces projections.

C’es typique avec les connotations émotionnelles qu’on peut avoir sur la colère alors qu’elle est une énergie brute qui n’a rien à voir avec la morale.

En gros, si tu penses que te mettre en colère c’est mal, ou que tu as peur de la colère, ça en dit plus sur toi que sur la colère.

Mettre des connotations négatives à la colère a des conséquences que tu vas découvrir juste après.

Il ne faut pas oublier que la colère fait partie des 7 péchés capitaux ! Autant dire qu’elle n’a pas vraiment bonne presse.

Refouler sa colère dans une société castratrice

Dans une socioculture dominée par l’usage de la morale, de l’idéologie du bien et du mal et de la culpabilité, la colère est une émotion tabou qui n’a pas sa place. (Cf le niveau d’existence Bleu en spirale dynamique)

En effet, la colère est amalgamée avec l’agressivité, le passage à l’acte violent, l’agression et crée du chaos dans une société qui valorise l’ordre.

La colère est mauvaise : “il faut contrôler ses pulsions”, “il faut bien se tenir”, “il faut gérer ses émotions”, nous dit-on.

C’est d’ailleurs la grande différence entre les adultes conditionnés et les enfants en bas âge.
Avant le conditionnement, les enfants n’ont aucune continence émotionnelle, c’est action-réaction.
Ca rit, ça pleure, ça rigole… sans s’attacher à un état particulier.

Puis selon sa famille, son éducation, l’enfant apprend que certaines émotions sont OK et d’autres pas.

Petit à petit, l’enfant installe un surmoi qui est à l’image d’un limiteur de vitesse et permet de se contenir afin de fonctionner dans le collectif.
En gros, l’individu se castre lui-même pour coller au moule social. Ca crée beaucoup de blocages émotionnels.

Comme dit plus haut, dans une société Bleue, la colère est systématiquement mal vue. Elle peut être source de culpabilité voire d’auto-flagellation.

Les conséquences de refouler sa colère


Comme dit plus haut, la colère est une énergie de forte amplitude dirigée vers l’extérieur.

Que se passe-t-il quand une énergie intense ne sort pas ?

T’est-il déjà arrivé dans ta vie de te retenir de déféquer parce que le moment ne s’y prête pas ?

C’est la même histoire : une colère refoulée qui ne sort pas, c’est l’effet cocotte-minute.

Tu prends sur toi, tu contrôles tes émotions encore et encore, tu empiles les couches jusqu’au jour où ça pète.

Combien de personnes vivent ça dans leur vie ?

Il est classique que refouler la colère crée :

  • Des plaintes : ça râle, ça se plaint, ça critique… C’est une façon détournée d’exprimer sa colère, sans le faire en portant ses couilles.
  • Des addictions : cigarette, alcool, nourriture… il est très courant d’étouffer cette intense énergie avec une substance.
  • Des somatisations et autres problèmes de santé : mal à la gorge, hypertension, contractions dans le corps pour les plus connues. Ca peut aller jusqu’à une maladie grave si la colère est refoulée pendant des années et que la personne n’exprime rien.
  • Beaucoup de pensées récurrentes : idées de vengeance, rumination, apitoiement sur soi, création intempestive de scénarios futurs…

En 15 ans d’exploration du fonctionnement humain, j’ai compris une chose : on ne peut pas sacrifier nos émotions durablement sans en payer un prix considérable, qui peut aller jusqu’à notre vie (par la maladie ou le suicide).

Exprimer sa colère sans détruire

Évidemment je ne dis pas de se laisser aller à sa colère, qu’on s’en fiche de l’autre et qu’on peut tout se permettre.
Il n’est pas question de détruire qui que ce soit, ce qui est le cas dans le niveau d’existence Rouge qui n’a pas de considération pour autrui.

Simplement, l’extrême dans lequel nous sommes est très malsain : ronger son frein avec une colère refoulée en permanence cause énormément de dégâts sur la santé psychique et physique des êtres humains.

L’invitation de cet article d’inviter la colère de nouveau dans la pièce.

Exprimer sa colère n’est pas quelque chose qui se fait en une étape, en tout cas pas au début.
Comme pour la gestion de tâches, il s’agit de couper l’éléphant en tranches (sauf pour les vegans à qui je conseille plutôt de couper leur fausse viande de tofu en tranches) et la Communication Non Violente (CNV) peut être très utile pour cela.

Plus l’émotion est forte, plus tout s’amalgame et c’est dans ces moments que la parole dépasse la pensée.
Dans ces moments, le processus OSBD est d’une précieuse aide.

En effet, quand ma colère est très forte, ce n’est pas le moment de parler à l’autre.

D’abord, je prends le temps de mettre de la clarté sur ma réalité.
Je différencie :

  • L’observation : que s’est-il passé ? Quelle est la situation exacte ? Il s’agit d’être le plus factuel possible et de rester vigilant sur notre déformation de la réalité.
  • Le sentiment : qu’est-ce que j’ai ressenti ? Prendre le temps de sentir ce qui se vit en moi, de le ressentir, de l’apprivoiser. Ca a toute sa place, j’ai le droit de ressentir ce que je ressens. (attention aux sentiments sonnette d’alarme comme la honte)
  • Le besoin : qu’est-ce qui est important pour moi à cet endroit ? Quel est le besoin non rejoint derrière ? C’est l’occasion d’identifier le besoin précieux pour moi qui se cache derrière la colère.
  • La demande : est-ce que j’ai envie de faire quelque chose de particulier ? De demander quelque chose à l’autre ?

Ce processus se fait exclusivement pour SOI.
Passer par l’écrit peut aider pour bien discerner ce qui est factuel de ce qui appartient à mon interprétation.
“Il est 8h12” est factuel, “tu es encore en retard” est mon point de vue mêlé d’émotions non conscientisées ni assumées.

Évidemment, si c’est présent dans le corps, je peux directement libérer ma colère en criant, dans un coussin, dans la voiture, en haut de la montagne, en frappant un sac de boxe.
Tant que je ne me fais pas mal et que je blesse personne, j’ai le droit de sortir ma colère comme je veux !

Quand tu as pris le temps d’écouter ta colère et de la libérer, le recentrage revient naturellement, ça s’apaise tout seul sans méditer.

Dans cette clarté mentale, il est possible d’exprimer à l’autre ce qui s’est joué pour nous s’il y a quelque chose à lui dire.
D’où l’intérêt d’un entraînement au processus OSBD à l’intérieur de soi pour discerner la réalité de mon interprétation.

C’est un entraînement qui prend une vie !

Une anecdote personnelle sur la colère

Au détour d’une publication sur les réseaux je vois “Soin énergétique pour libérer la colère”.

Je commence à regarder… à aucun moment elle n’invite à connecter à la colère, lui laisser prendre sa place, autoriser à la sortir… 

En gros son approche revenait à la refouler, ce qui m’a personnellement mis en colère !

OK, chacun sa façon d’exprimer ses émotions, seulement je connais le fonctionnement des émotions et quand tu sens de la colère, à un moment donné ça doit sortir. (repense au caca)

D’expérience, c’est pas en tapotant des petits points sur ton corps que ça aide… Ni en méditant, ni en respirant… Ca c’est très cool pour se recentrer mais si c’est utilisé pour anesthésier l’émotion, c’est une très mauvaise idée.

Dans cette société, la colère n’est pas la bienvenue. Il faut la taire, la mettre sous le tapis, l’effacer. C’est une émotion “négative” qui crée des dégâts. Voilà le discours dominant que j’entends dans le développement personnel. Ce sont des “basses vibrations”.

Eh bien non, je ne souscris pas à ce paradigme stupide.

J’ai toujours considéré que la colère n’était pas OK, cette émotion me fait peur, elle me met mal à l’aise.

Hier, une personne m’a fait un mauvais coup et j’avais la haine.

J’ai gardé cette colère, ça bouillait à l’intérieur, jusqu’à ce que ma compagne me propose d’aller à la cave taper dans mon sac de frappe.

Le temps de négocier avec moi-même “ça va gêner les voisins”, “après tout ce n’est pas grand chose”… Sa phrase a fait tilt et j’ai arrêté de rationaliser.

Ni une, ni deux, je suis allé défoncer ce sac de frappe, connecté à ma colère, présent à celle-ci et j’ai gueulé pendant quelques minutes.
Et WAOW ! J’étais vidé, libéré.

Cette colère est mon amie, je la chéris, elle m’informe que mes limites ont été atteintes. L’outrepasser, c’est sacrifier une part de soi.
Il n’est plus question de prendre sur moi, de me laisser marcher dessus.

C’est une des conséquences de la connaissance de soi : tu connais tes contours, tes besoins, tes émotions… Et tu ne transiges plus avec tes besoins.
C’est non négociable : ce sont des besoins !

Voilà pourquoi tu as tout intérêt à découvrir ton type ennéagramme.

La colère est aussi là pour défendre le territoire et, tel Gandalf, faire comprendre aux autres “vous ne passerez pas”.
C’est notre responsabilité à chacun de défendre l’intégrité de notre être sur tous les plans.

Ca m’a amusé de voir que la vidéo de cette personne pour libérer la colère m’a énervé… Sur son site j’ai vu qu’elle a fait un autre live sur les “émotions négatives“.

En ne connaissant rien de cette personne, quelques mots clés m’alertent sur ce paradigme Orange à l’œuvre où on cherche à dégager les émotions pour se transformer et courir après la meilleure version de soi-même.
Je ne suis plus du tout OK avec ces considérations sur les émotions.

Ta colère, ta tristesse, ta joie, ta peur, et toutes leurs dérivées, sont des cadeaux tellement précieux.
Ces émotions t’informent en temps réel de l’état de tes besoins.
Et tes besoins, c’est toi, c’est ton énergie vitale.

T’as le droit de ressentir la colère, de défoncer un sac de frappe, de crier très fort !!! Pas besoin d’être en face de quelqu’un pour ça.
C’est une colère saine où tu ne fais de mal à personne et tu n’as pas à te justifier.

L’émotion est légitime par sa simple présence : elle EST.

Beaucoup de personnes ont du mal à intégrer ça tant ils ont grandi dans un écosystème où il faut fermer sa gueule, rester discret et ne pas pleurer.

C’est quand tu ne sors jamais ta colère que tu prends sur toi.
Au bout de quelques années ça peut partir en sucette, jusqu’à agresser voire tuer quelqu’un… Ou même se créer un cancer.

Un très bon exemple de répression de la colère est le type 9 ennéagramme qui a accumulé 10 années de colère et qui pète une durite : c’est aussi imprévisible qu’extrêmement dangereux.

Gérer ses émotions ça fonctionne un temps, mais tu ne peux pas pousser indéfiniment sur une vague sans te prendre un raz de marée sur la tronche.

Si tout cela te parle, je te recommande de jeter un œil à la libération émotionnelle.

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