“J’ai fait une fixette sur Vanessa.”

“Arrête de faire une fixation sur ce qui ne va pas.”

 

 

Ces expressions courantes nous parle des pensées obsédantes qui peuvent tourner en  boucle dans notre tête.

 

La fixation est un thème central dans l’ennéagramme, elle fait partie des mécanismes égotiques qui concernent tous les ennéatypes.

 

Et oui, même toi !

 

Repérer nos mécanismes avec bienveillance est probablement le plus sage et le plus humble des travaux possibles avec l’ennéagramme.

 

 

Il est tellement plus facile de regarder les autres, de se moquer et de les juger, de les étiqueter et de les essentialiser.

 

Rappelons que le premier usage de l’ennéagramme est sur toi-même !

 

Dans cet article, nous allons voir en détail ce qu’est la fixation en ennéagramme, la fixation de tous les ennéatypes et qu’en faire au sein une démarche de développement personnel.

 

Tu vas aussi découvrir la contre-fixation, un mécanisme égotique subtil et tout aussi important que la fixation qui peut induire en erreur sur ton typage (et c’est pour ça qu’un test de personnalité ne vaut pas grand chose).

La cascade de la compulsion en ennéagramme

Faisons un bref rappel.

Dans l’ennéagramme, chaque type de personnalité se construit sur la compulsion, qui se définit comme l’évitement d’un pan du réel par l’ego. 

Pensons à la tâche aveugle de la rétine qui fonctionne de la même façon.

Dans l’ennéagramme, chaque profil a sa tâche aveugle que le système psychique ne peut pas gérer. Par exemple : la colère, le conflit, l’échec, la souffrance.

Pour éviter d’y être confronté, l’ego met en œuvre le mécanisme de défense.

Le mécanisme de défense agit comme un emplâtre sur une jambe de bois qui permet de ne JAMAIS être exposé à la compulsion.

 

Gardons en tête que chaque ennéatype a peur de la dissolution de son ego, peur de ne pas exister.

C’est LE point de commun de tous les ennéatypes et c’est la raison d’être de ce fonctionnement égotique avec tous ces mécanismes.

 

Dans ces moments où l’ego est activé, la passion et la fixation sont présentes.

La passion et la fixation sont visibles par les autres très facilement (surtout quand ils sont formés à l’ennéagramme) et par nous-mêmes lorsque nous avons suffisamment de lucidité et de courage pour nous voir tels que nous sommes.

Après ce bref tour d’horizon, creusons dans notre thème du jour : la fixation.

Fixation et centre mental

 

Dans l’ennéagramme, la fixation est littéralement une idée fixe du centre mental.

 

En effet, là où la passion concerne le centre émotionnel et le sous-type le centre instinctif, la fixation concerne le centre mental.

 

La fixation au sens de l’ennéagramme est simplement une idée obsédante qui tourne automatiquement et inconsciemment dans la tête lorsqu’on est dans notre ego, activé par la compulsion.

 

 

Tu sais, comme cette chanson qui ne te sort pas de la tête ou ces répliques de film qui tournent en boucle.


Les 9 ennéatypes ont leur fixation spécifique.
Rappelons que pour être sûr de ton ennéatype, tu dois retrouver TOUS les mécanismes.

9 types de l'ennéagramme = 9 fixations

 

Pour le type 1, c’est le perfectionnisme. Cet ennéatype est obsédé par ce qu’il doit améliorer, qui n’est pas assez bien fait. Il dépense une énergie immense (issue de la formation réactionnelle) à faire du mieux possible et se met une pression considérable. Chaque détail compte, même si ça lui demande beaucoup plus de ressources. On pourrait résumer à “soit je fais impeccablement, soit je ne fais pas.” Attention : le perfectionnisme concerne ce qui est dans ses idéaux, il n’est pas forcément comme ça partout. Chaque profil de l’ennéagramme peut être perfectionniste, par contre pour le type 1 c’est son fonctionnement égotique automatique.

 

Pour le type 2, c’est la flatterie. Cet ennéatype crée du lien à tout prix avec les autres et pense constamment à ce qu’il pourrait dire de bien. Il n’est pas avare de compliment, il fait part de ses considérations positives, quitte à les exagérer, afin de recevoir de la reconnaissance en retour. Toute l’attention est sur son interlocuteur, il veut que l’autre se sente bien (et redevable, tant qu’à faire).
Pour cette raison, l’ennéatype 2 a du mal à rester seul.

 

Pour le type 3, c’est la vanité. Il est obnubilé par tout ce qu’il peut mettre en avant pour augmenter sa valeur perçue afin de recevoir de la reconnaissance. Grâce à son mécanisme de défense d’identification, il met en avant ce qui l’arrange (et dissimule le reste). Avec ce fonctionnement, il joue un personnage sans s’en rendre compte et se ment à lui-même, se coupant de ses émotions et montrant un avatar fade qui court après des projets ne correspondant pas forcément à ses aspirations profondes. 

La vanité est ainsi double : le type 3 est vaniteux au sujet de choses vaines. Pour cette raison, l’ennéatype 3 peut être vu comme quelqu’un de superficiel. 

 

Pour le type 4, c’est la mélancolie. Comme ses émotions changent tout le temps, l’ennéatype ne sait pas qui est il est. Cette quête perpétuelle d’identité le rend mélancolique et nourrit son impression d’être différent. Même dans ses moments d’extase, le type 4 ressent toujours un fond de mélancolie, palpable par quiconque ayant un minimum de présence et de finesse d’observation. 

Là où l’ennéatype 2 trouve un semblant d’identité dans l’aide apportée aux autres et l’ennéatype 3 dans ses réussites, l’ennéatype 4 garde un gros point d’interrogation en guise de réponse (forcément, quand tu t’identifies à quelque chose d’aussi changeant que les émotions…)

 

Pour le type 5, c’est le détachement. L’ennéatype 5 se détache de la réalité et part dans sa tête, il devient un centre mental sur pattes qui observe le monde depuis sa tour d’ivoire et s’implique peu dans la réalité. Cela contribue à la vision asocial que les autres ont du type 5. Ce fonctionnement permet au profil 5 de se couper de ses émotions quand elles n’arrivent pas au bon moment.

 

Pour le type 6, c’est le doute. Comme le type 6 est dirigé par la peur, la crainte de dévier de son cadre (dont il s’efforce de rester loyal), il doute de tout, tout le temps : de lui, du cadre, des gens dans le cadre, des gens hors du cadre. Toutes ses interrogations fait qu’il n’est jamais sûr de rien, il a un mal fou à croire, à faire confiance. Pour ces raisons, le 6 est souvent perçu comme le pessimiste de service qui critique, “débunke”, tout ce qui passe. A cause de son mécanisme de défense de projection, il n’est pas conscient de son fonctionnement…

 

Pour le type 7, c’est la planification/futurisation. Le type 7 est obsédé par ce qui pourrait se passer de génial dans le futur. Il crée ainsi ses propres fantasmes où il jouit mentalement et où il peut se réfugier dès lors que la réalité devient trop désagréable.

C’est pour ça qu’on dit de l’ennéatype 7 qu’il est celui qui vit le plus dans le futur de tout l’ennéagramme.

 

Pour le type 8, c’est la vengeance. L’ennéatype 8 est obsédé par ce qu’il pourrait faire subir aux personnes qui l’ont trahi, qui lui ont manqué de respect. Il va donc ruminer quand et comment il pourra se venger de ces malotrus, même si ça prend des années. Pour ça, il se rappelle extrêmement bien des détails de ce qui a été dit et fait, afin de le ressortir avec précision le moment donné. Quand il a quelque chose à dire, il le fait savoir, c’est LE profil le plus brut de décoffrage de l’ennéagramme.

 

Pour le type 9, c’est l’oubli de soi. L’ennéatype prend en compte les points de vue d’autrui, afin de rechercher l’unanimité et l’harmonie. Du fait de sa compulsion de narcotisation et d’anesthésie, il oublie soigneusement de considérer son point de vue personnel, de toute façon il se connaît si peu qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il pense. Avec l’oubli de soi, le 9 est peu présent à ce qu’il vit, il se coupe volontiers de son corps. Avec ce fonctionnement, on dit de l’ennéatype 9 que c’est celui qui se connaît le moins de tout l’ennéagramme, il peut passer sa vie à fuir ses besoins et ses émotions.

La contre-fixation, une fausse intégration ?

Dans certains courants de l’ennéagramme, tu n’entendras jamais parler de la contre-fixation, qui est un mécanisme provenant de l’ennéatype 2.

Sa fixation de flatterie est destinée à recevoir de l’amour et de la reconnaissance extérieure.

 

Si ça ne fonctionne pas, l’ennéatype 2 a une autre cartouche en réserve, sa contre-fixation de dédain.
Il fait mine d’ignorer et de dédaigner l’autre afin qu’il revienne à genoux, le suppliant de l’aider et de le pardonner d’avoir refusé son aide.

 

En arrière-plan il y a toujours la peur de ne pas être aimé.

 

En extrapolant ce mécanisme, certains experts de l’ennéagramme se sont rendus compte que chaque type avait une contre-fixation.

 

Tout comme la passion et la contre-passion, on peut observer ces mécanismes chez tout le monde.

 

Certains manifestent plus la fixation et d’autres plus la contre-fixation, chacun varie les plaisirs. Ce n’est pas tout noir ou tout blanc.

 

Généralement, on constate la contre-fixation quand la première ne fonctionne pas.

 

C’est une cartouche supplémentaire de l’ego pour ne pas vivre la compulsion, afin d’avoir toujours le pistolet chargé.

 

 

"Tu vois, dans ce monde, il y a 2 catégories de personnes, mon ami : ceux qui ont un pistolet et ceux qui creusent. Toi, tu creuses."

La contre-fixation permet d’amener beaucoup plus de nuances et de précision dans le modèle de l’ennéagramme. 
On pourrait ne pas comprendre pourquoi l’ennéatype 1 ne finit pas ses projets, lui qui est si perfectionniste, ou pourquoi l’ennéatype 6 qui doute habituellement de tout se met tout à coup à être certain de lui.

 

L’ennéagramme n’est pas QUE 9 profils de personnalité. Il s’agit de 9 grandes familles avec beaucoup de variabilité au sein des ennéatypes.

 

Au cours de sa vie, un individu reste de même ennéatype, mais développe de la finesse : avec les ailes, avec l’intégration/la désintégration, avec la réintégration du centre réprimé…

Pour ces raisons, même avec un test très poussé, tu auras énormément de mal à te trouver, d’où l’importance d’un coach ou d’une formation.

Voyons les 9 contre-fixations de l’ennéagramme :

Pour le type 1, c’est l’inachèvement. Au lieu d’être bloqué dans le perfectionnisme, il arrête précocement ses projets et procrastine pour éviter d’être confronté à l’imperfection de ces dernier (et donc la peur de la critique). Comme ça, plus de problème de finition !


Pour le type 2, c’est le dédain. Si sa flatterie n’a pas fonctionné et qu’il n’a pas reçu de reconnaissance, il ignore et snobe complètement la personne responsable, même s’il espère que l’autre reviendra à 4 pattes en implorant son pardon. 


Pour le type 3, c’est l’abaissement. S’il n’arrive pas à augmenter sa valeur perçue grâce à la vanité (en parlant de lui et en chantant ses louanges), il le fait en abaissant les autres, en pointant ce qui ne va pas chez eux. Malin le lynx !


Pour le type 4, c’est la platitude. Au lieu se voir comme quelqu’un d’exceptionnellement différent que personne ne peut comprendre, l’ennéatype 4 se voit comme quelqu’un de plat, dont la vie est nulle et ennuyeuse, tel un encéphalogramme plat. Sa vie devient donc tellement nulle qu’il est le seul à vivre une vie aussi pourrie… Personne ne peut le comprendre.

Pour le type 5, c’est le paternalisme. Au lieu de se détacher, il envoie quelqu’un au casse-pipe d’autre que lui pour éviter de jouer sa peau. C’est le cliché de l’ennéatype 5 qui fait combattre les autres à sa place et observe, prend des notes, comme s’il faisait une expérience de laboratoire. (cf Palpatine dans Star Wars)

 

Pour le type 6, c’est l’aveuglement. Au lieu de douter de tout, il est aveuglé par ses certitudes et convictions, certain de son cadre (toujours loyal envers lui), n’y voyant aucune faille, aucune faiblesse. C’est l’ennéatype 6 qui tombe dans le fanatisme par excès de confiance et manque de jugement.

 

Pour le type 7, c’est l’improvisation. Au lieu de faire des plans sur la comète, et de vivre dans ses fantasmes, il ne planifie plus rien du tout et improvise sa vie au jour le jour, vivant chaque jour comme si c’était le dernier dans un “carpe diem” perpétuel.

 

Pour le type 8, c’est la velléité. Il intériorise sa vengeance, ne l’exprime ni ne la met en pratique. Garder tout pour lui le ronge de l’intérieur.

 

Pour le type 9, c’est le pharisaïsme. Au lieu de s’oublier complètement et se perdre dans les opinions des autres, l’ennéatype 9 déblatère des généralités consensuelles et sans intérêt sur la vie, il philosophe sur tout et rien et se perd dans les méandres d’une pensée impersonnelle.

La fixation de l'ennéagramme comme outil de connaissance de soi

La fixation en ennéagramme permet de comprendre que chaque ennéatype a son obsession : ça tourne en boucle dans sa tête de façon automatique.

 

Quand tu réalises que tu as cette idée fixe, tu peux être sûr que ton ego a été activé d’une façon ou d’une autre.

 

Que faire avec ça ?

 

Tout comme la passion, la fixation est l’un des mécanismes les plus simples à débusquer en ennéagramme.

 

C’est le mécanisme le plus proche de la surface, il nous permet de voir que notre ego prédomine par l’activation de la compulsion, donc que nous sommes en protection du pan du réel sacrifié.

 

Pour rester aveugle à notre évitement compulsif, toute la cascade égotique se met en route et nourrit notre modèle du monde.

 

Ainsi, ta seule mission avec l’ennéagramme (si tant est qu’il y en ait une), c’est d’observer la fixation ou la contre-fixation de ton type, et de te donner suffisamment d’amour et d’espace pour fonctionner autrement dès lors que tu la notifies.

 

 

Toute situation de vie du quotidien est une occasion à observer nos mécanismes.

 

Les films, séries, sont de belles occasions pour s’entraîner à voir les mécanismes de chaque type et à pratiquer concrètement l’ennéagramme.  

 

Tu peux aussi t’amuser à le voir chez les autres types, pour ta propre compréhension du monde et de l’ennéagramme.

 

Attention au jugement qui pourrait survenir, avec les 2000 ans de chrétienté derrière nous, l’image des 7 péchés capitaux, on a tôt fait de se fouetter. 

 

Il n’est pas question de vouloir être une bonne personne, laissons de côté ce délire de pureté dogmatique et toxique.

 

Sans présence, sans volonté de se voir tel qu’on est, l’ennéagramme n’a, à mon sens, aucune utilité. 

 

D’où l’intérêt d’avoir un miroir, sans quoi on peut passer notre vie à se fuir et à ne pas se voir tel qu’on est.

D’où le danger des tests de personnalité qui te donnent un ennéatype erroné et une vision parcellaire de l’ennéagramme (et d’où l’intérêt d’une formation ou un accompagnement).

 

Si tu souhaites un miroir pour mieux te connaître grâce à l’ennéagramme et voir tes angles morts, tu peux profiter d’un bilan de personnalité où on prendra le temps d’aller bien plus loin qu’un simple test sur internet.

 

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