L’instinct grégaire est inné en l’humain et il a beaucoup plus d’influence que tu ne l’imagines. Peu de personnes comprennent vraiment ce qu’est cet instinct. Quel impact a-t-il dans notre vie ? A quoi cela ressemble-t-il chez les autres ? Comment s’exprime-t-il selon la personnalité des gens ?
A la fin de cet article, tu auras le fin mot de l’histoire au sujet de l’instinct social ou instinct grégaire.
Sommaire
Qu’est-ce que l’instinct grégaire ou social ?
Revenons 30 000 ans en arrière. Lucy, Grok et tous leurs compères s’organisent en bande voire en tribus pour les plus organisés. Dans un monde hostile avec des dinosaures partout (non je blague ils avaient disparu) et plein d’autres animaux dangereux, il fallait rester ensemble pour survivre. Être seul dans un monde chaotique rend la survie très difficile.
L’humain n’étant ni le plus rapide, ni le plus fort, ni le plus gros… Il a fallu trouver une autre stratégie : s’organiser en tribu.
L’instinct grégaire (ou social) est l’impulsion d’appartenir à un groupe, connaître sa position dans celui-ci, en connaître la structure, les règles et les respecter.
Pour l’anecdote, grégaire vient du latin gregarius qui vient de grex : troupeau.
L’instinct grégaire se pose la question : est-ce que j’appartiens à un ou des groupes et est-ce que j’y occupe ma place ?
Cela renvoie immédiatement à la peur de l’exclusion. Ce n’est pas juste une peur du rejet en mode “mince ils ne veulent pas jouer avec moi” ou “elle me regarde de travers, elle ne m’apprécie pas.”
C’est beaucoup plus profond et archaïque que cela ! L’instinct grégaire craint plus que tout le bannissement, car cela renvoie au danger d’être exclu du groupe.
Seul hors du troupeau, c’est la mort assurée.
L’instinct social ou grégaire est profondément ancré en l’Homme depuis la nuit des temps. Il est notre moteur relationnel : il nous motive à créer des relations et à nous soucier du bien-être des autres.
L’instinct social est l’instinct le plus récent des êtres vivants : il est apparu il y a quelques dizaines de millions d’années, par rapport à l’instinct sexuel et à l’instinct de conservation qui sont encore plus anciens.
L’instinct social navigue naturellement dans les groupes, il perçoit qui est à quelle place, qui est dominant, qui est en relation avec qui… On peut le relier à une forme d’intelligence sociale et situationnelle.
L’instinct social représente une révolution dans la manière dont la vie s’auto-organise, encourageant des actes de sacrifice qui vont souvent à l’encontre des intérêts de survie individuels pour le bien des autres membres du groupe. Il fonctionne en micro comme en macro, c’est-à-dire qu’il peut nous pousser à être en lien une seule personne pour être plus intime avec (sans chercher la séduction) ou s’étendre à un grand groupe et vouloir créer de la cohésion et de l’harmonie.
L’instinct grégaire n’est pas QUE le groupe : discuter de tout et de rien pendant des heures avec quelqu’un relève aussi de cet instinct.
L’instinct grégaire est sensible à l’état des autres, au langage non verbal, il permet de connaître l’état interne des autres et va naturellement savoir comment entrer en relation avec quelqu’un.
Notons que l’instinct social est en lien avec la représentation : quand on parle de masque social, on parle justement de cet automatisme consistant à montrer une certaine partie de soi. Il s’incarne dans l’apparence, le style personnel, le langage du corps : tout cela s’englobe dans notre “identité sociale”.
Autant cet instinct grégaire est présent chez tout le monde (au même titre que les 2 autres instincts), autant il n’occupe pas la même place pour tout le monde ! Ce dernier point est très important comme tu vas le découvrir dans un instant, notamment quand tu entres en relation avec les autres.
L’instinct grégaire chez l’humain
La place de l’instinct grégaire dans notre personnalité influence considérablement la psychologie de l’individu. Nous avons 3 instincts : conservation, sexuel et social.
Comme chaque instinct, l’instinct social peut être dominant, secondaire ou réprimé.
Avant de détailler ce que ça change dans la psychologie d’un individu, prenons le temps d’expliquer cette hiérarchie des instincts, présente en chacun de nous :
- L’instinct dominant est le moteur de notre personnalité. Il pilote en arrière-plan tout notre fonctionnement. Toute notre psychologie est colorée par cet instinct et les besoins qu’il cherche à nourrir. C’est celui qui est le plus marqué par les névroses et par les mécanismes égotiques de notre type de notre personnalité (cf ennéagramme). Toute notre vie est organisée autour de celui-ci !
- L’instinct secondaire est plus neutre, il sert souvent de soutien et permet de soulager l’instinct dominant. On confond souvent notre instinct dominant et notre instinct secondaire car le premier prend tellement de place qu’on ne le voit pas.
- L’instinct réprimé ou aveugle est complètement mis de côté et carrément sacrifié. En réalité, l’ego le considère comme inutile voire dangereux.
Qu’est-ce qui se passe quand l’instinct social est dominant chez quelqu’un ?
Justement, c’est ce que tu vas découvrir maintenant.
L’instinct social dominant
L’Homme dominé par l’instinct social se sent très impliqué par tous les thèmes qui touchent la sphère sociale : c’est quelqu’un qui s’engage dans la vie sociale, est plus sensible aux causes politiques. Il s’engage plus aisément dans des collectifs : associations, groupes, syndicats, écovillages, CE…
Si l’instinct social est dominant, la MAJORITÉ de la vie et de l’identité tourne autour de ça.
Il y a une forme d’intelligence grégaire de savoir qui est à quelle place dans le groupe et de très vite cerner les enjeux sociaux dans une situation donnée.
Tout est fait pour éviter d’être banni et abandonné donc il est normal qu’il y ait des mécanismes automatiques pour pouvoir rester en lien avec la tribu. L’instinct social amène à se positionner dans le groupe en essayant d’avoir un statut particulier.
L’instinct social est en lien avec l’appartenance et ça se voit très très bien dans les groupes où les gens veulent créer ensemble. Ils veulent défendre leurs causes : c’est un grand classique chez toutes les personnes qui veulent faire bouger les lignes qui s’intéressent à une cause particulière. Selon les époques, les personnes et les cultures, au choix : droit de vote des femmes, égalité entre blancs et noirs, mariage gay, droit à l’avortement…
Les gens avec l’instinct social dominant s’approprient les sujets politiques et mettent une énergie conséquente dans ces sujets, selon leur profil psychologique.
Le profil psychologique conditionne énormément la façon dont cet instinct social s’exprime.
Exemple : Il y a ceux qui sont à fond dans un mode militant, comme le type 1 ou le type 6, et d’autres qui sont plus en retrait comme le type 4 ou le type 9.
Ca c’est pour les gens à instinct social dominant : comme tu l’as compris, c’est une question d’identité pour eux, leur ego va se manifester principalement dedans ainsi que leurs principales névroses.
Pour ceux qui l’ont en instinct secondaire, ça reste important pour eux mais pas au point d’en faire une quête identitaire et une question de vie ou de mort.
Enfin, pour les derniers qui répriment l’instinct social (mon cas par exemple), cet instinct est désinvesti car considéré comme un obstacle à l’instinct dominant. Ces personnes restent plus éloignées des groupes, peinent à jouer ce jeu de la représentation qu’elles associent à de la superficialité et du bavardage. Elles peuvent oublier les visages, les noms des gens, les informations personnelles. Plus on désinvestit l’instinct social, plus on a tendance à s’effacer voire s’isoler, à ne pas sentir notre impact sur les autres.
Si tu veux découvrir ton instinct dominant, il y a un article sur ce sujet.
Ennéagramme et instinct social : les 9 “sous-types” sociaux
En ennéagramme, il y a 9 structures psychiques appelées ennéatypes.
Lorsque les 9 types de l’ennéagramme rencontrent les 3 instincts, cela donne 27 variantes instinctives possibles, aussi appelées sous-types (même si c’est faux vu que les instincts ne découlent pas de l’ennéagramme, c’est le terme usité par la “communauté” ennéagramme).
L’ego du type ennéagramme s’approprie l’instinct dominant, ce qui le rend très visible et l’expression est alors très spécifique.
Lorsque l’instinct social domine, chaque type vit selon l’équation inconsciente suivante “je ne peux pas appartenir à un groupe où il y a X”, X étant l’évitement compulsif. Il faut bien se dire que c’est une question de vie ou de mort pour le psychisme !
Dans l’instinct social, il y a des individus qui cherchent à fédérer le groupe, d’autres à corriger les membres pour que tout se passe bien, certains veulent prendre la tête du groupe, d’autres se mettent en périphérie…
Comme toujours, derrière le comportement visible, il y a la motivation invisible qui pilote dans l’ombre (qui renvoie directement à l’ennéatype et à l’instinct dominant).
Le type 1 social a un radar à imperfections sur tout ce qui se passe dans le monde, il est très conscient des enjeux sociaux. Il veut contribuer, prendre sa place et sa responsabilité pour contribuer à ce qu’il estime juste (ses idéaux élevés). Il a tendance à militer pour une cause qui lui tient à cœur : il a le sens de la mission et mène une quête d’intégrité. Il va tout faire pour améliorer le collectif dans lequel il s’engage, quitte à paraître froid et critique. Aurélien Barrau est un bon exemple.
Le type 2 social met beaucoup d’énergie à entretenir des relations et est naturellement bon à ça. C’est typiquement quelqu’un qui a un carnet d’adresse monumental ! Il n’aspire pas à être la figure centrale d’un collectif (cf les traits égotiques du type 2 en lien avec l’estime et l’amour de soi), par contre il gravite aisément autour de la personne dominante. Il peut être un excellent bras droit et aime cette position dans laquelle il n’est pas au centre et où il peut aider et s’impliquer dans la vie des autres.
Le type 3 social cherche à être une figure centrale, à la différence du type 2 social. Il sent l’énergie de la pièce et sait quoi faire et quoi dire pour briller dans le groupe. Il a tendance à être charismatique et charmant, dépense beaucoup d’énergie pour se présenter sous son meilleur angle et prendre soin de sa réputation. Il se met dans une position dans laquelle il va pouvoir inspirer les autres. Il aime naviguer dans des groupes qui améliorent son image sociale, d’où le fait qu’il peut très vite s’enfermer dans un rôle social. Cyril Hanouna est un bon exemple.
Le type 4 social s’intéresse à la profondeur dans ses relations. Il a tendance à s’engager plus sur la scène sociale que des autres 4, notamment à travers des collectifs d’artiste, des groupes spirituels ou des cercles académiques. Même s’ils se retrouvent plus dans des contextes sociaux, l’évitement de la banalité crée un sentiment de décalage vis-à-vis des groupes, ce qui entre en conflit avec le besoin d’appartenance de l’instinct social et crée un sentiment de honte accru. Il peut se laisser aller à la plainte et peut chercher à créer du drame s’il s’est senti humilié, en s’apitoyant sur lui-même et nourrir une identité de victime. Solange te parle est un bon exemple.
Le type 5 social est le plus extraverti des 5. Il cherche à devenir expert dans un domaine et peut devenir enseignant voire guide pour d’autres. Les domaines qui l’attirent lui permettent d’entrer en relation avec des personnes et des groupes qui ont un bagage riche et intéressant pour lui. Il respecte beaucoup les gens qui sont maîtres dans leur domaine. Comme il valorise le mental, sa transmission peut être très complexe et jonchée de langage pointu qui est accessible seulement aux initiés. Il peut s’engager dans des débats intellectuels stériles, fuir les groupes qui ne l’apprécient pas et afficher sa supériorité publiquement. Pierre Bourdieu est un bon exemple.
Le type 6 social est préoccupé par son rôle au sein du cadre de référence. Il met toute son énergie au service de l’accomplissement de son devoir. Pouvant paraître froid et critique, il cherche à maintenir l’ordre dans un groupe. C’est un fervent défenseur des causes sociales qui peut aller jusqu’à la guerre idéologique. Il a de fortes attentes dans les relations importantes pour lui parce qu’il a besoin de pouvoir compter sur les autres. Il peut se sentir trahi quand les autres ne collent pas à leurs attentes et il a une vision très claire de ce qu’est pour lui l’amitié : il est très sensible à la fiabilité, la confiance, le soutien. Il peut tomber facilement dans des croyances et des idéologies qui rassemblent des gens jusqu’à arriver à une dévotion aveugle. Eric Zemmour est un bon exemple.
Le type 7 social est enclin à donner et se sacrifier pour le groupe. Il peine à savoir où investir son énergie, il a tendance à se disperser, d’autant qu’il voit du positif dans toutes les opportunités. Il a tendance à essayer de se contrôler, de faire attention à son alimentation, il reporte ses plaisirs pour un idéal futur, à la différence des autres 7. Lorsqu’il est anxieux, il peut devenir peu fiable, incontrôlable même s’il maintient une façade sympathique. Major Mouvement est un bon exemple.
Le type 8 social est le plus accessible des 8. Il met beaucoup d’énergie à la défense des autres et se retrouve souvent dans des positions de pouvoir. Il aime cette posture de leader dans laquelle il peut exprimer son énergie. Il peut justifier des actions autoritaires et destructrices au nom du groupe. Sous stress, il peut aller jusqu’à exiger une soumission et un contrôle total des autres. Nassim Taleb est un bon exemple.
Le type 9 social est le plus extraverti et amical des 9. Il s’implique beaucoup pour les autres et joue le rôle de liant dans les groupes. Il finit par se retrouver en position de pouvoir sans forcément l’avoir cherché. Il peut être très dévoué envers ses proches et envers les causes importantes pour lui. Il peut avoir du mal à connaître son propre avis. Il a tendance à graviter à l’extérieur des groupes. François Hollande est un bon exemple.
Si tu souhaites approfondir l’ennéagramme pour mieux te connaître, rendez-vous dans Bas Les Masques.