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contrôler ses émotions

Gérer ses émotions : entre mythe et réalité

Gérer ses émotions, contrôler ses émotions, vaincre ses émotions ou encore éradiquer les émotions négatives…

Telle est la volonté à notre époque.

Les émotions sont vues comme des choses incompréhensibles, indomptables, irrationnelles, inconvenantes, voire négatives qui doivent être contrôlées voire éliminées.

La réalité est-elle aussi simple que ça ?

L’être humain est-il aussi rationnel qu’on aimerait le croire ?

Qu’est-ce qu’une émotion ? À quoi sert-elle ?

Est-ce possible de gérer ses émotions ? Et même souhaitable ?

Quel est le risque de contrôler ses émotions ?

Y a-t-il d’autres voies pour jongler avec ses émotions ?

Plongeons ensemble dans cette Terra Incognita émotionnelle !

L’humain, un être rationnel ou irrationnel ?

Tonton René, à son apogée

“Dubito, ergo cogito, ergo sum” (“Je doute, donc je pense, donc je suis”) René Descartes

Cet apophtegme de la philosophie occidentale sacralise la pensée rationnelle, le doute systématique et glorifie le centre mental.

J’ai entendu tellement de fois au cours de ma vie des personnes qui me déclarent : “Moi, tu sais, je ne me fais pas manipuler, je suis rationnel.”

Ah bon ? Elle est bonne celle-là !

On croit qu’on peut dompter l’émotion et rester rationnel.

Croire qu’on est rationnel… n’a justement rien de rationnel !

Qu’est-ce qu’une croyance ?

Une pensée scellée dans l’esprit par… une émotion.

[…]

L’humain n’est pas rationnel et ne l’a jamais été. Il rationalise ses émotions.

Les travaux sur les biais cognitifs de Daniel Kahneman et Amos Tversky montrent bien la prééminence de biais automatiques et inconscients dans le fonctionnement humain.

(même si le terme même de biais cognitifs est biaisé car il induit l’idée d’une orthodoxie de la pensée… Qui décide que telle pensée est “dans la norme” et telle autre non ?)

Les deux compères ont développé la notion de système 1 et système 2, le premier étant rapide, automatique et émotionnel, le deuxième étant lent, “manuel” et réfléchi… Avec un prix Nobel d’économie à la clé (ceci dit, attention au biais d’autorité, ce n’est pas parce qu’un prix Nobel dit quelque chose que c’est pertinent…)

Le système 1 est criblé de biais cognitifs et se déclenche automatiquement, en permanence, il ne demande aucun effort.

Le système 2 arrive dans un deuxième temps, il coûte de l’énergie et est fatigable.

Système 1 et système 2 ne sont pas opposés, ils sont complémentaires et fonctionnent main dans la main, le système 2 prend du recul sur le système 1 mais ne peut pas penser en dehors de lui.

Croire à une rationalité sans émotions, c’est croire à des pièces à une face.

(oui, moi aussi j’ai essayé de me faire une image !)

Antonio Damasio, le célèbre neurologue portugais, a mis en évidence le rôle prépondérant des émotions sous-tendant la cognition.

Autrement dit, nous pensons en fonction de notre propre vécu émotionnel.

Se battre bec et ongles pour soutenir notre point de vue validé par la science, c’est motivé… par des émotions.

Certains parlent aujourd’hui d’un système 3 qui permettrait de moduler le fonctionnement des systèmes 1 et 2, permettant d’avoir accès à une pensée beaucoup plus pondérée et indépendante des préférences personnelles.

Aujourd’hui cela est avéré : sans un travail conscient et répété, notre système 1 nous dirige. 

Nos envies, nos désirs, nos peurs, nos aversions, pilotent en automatique tout notre être (même si on peut se raconter que non)

Le marketing, la politique, la négociation, la propagande, l’hypnose fonctionnent comme cela.

Ce n’est (presque) QUE de l’affect.

Ecoute un discours politique et analyse phrase par phrase, tu y verras TOUS les leviers de manipulation qui sont connus depuis bien longtemps et qui agissent sur le système 1 du cerveau : principe d’autorité, preuve sociale, engagement et cohérence, sympathie, réciprocité, urgence,… ainsi que double contrainte, infantilisation, signes de reconnaissances positifs et négatifs…

Un discours politique s’adresse uniquement aux parties du cerveau les plus primaires.

D’où les réactions automatiques et les conditionnements qui en découlent.

Les émotions n’ont pas de raisons, ni de justifications.

Il n’y a pas de motif pour être triste ou en colère.

L’émotion EST, un point c’est tout.

Nous parlons d’émotion depuis tout à l’heure, mais c’est quoi exactement ?

Qu’est-ce qu’une émotion ?

Émotion vient du latin “ex” (hors de) et “movere” (mouvoir).

L’émotion est un mouvement vers l’extérieur, une énergie de vie extériorisée.

Elle pourrait être définie de multiples façons, mais arrêtons nous ici pour les définitions car contenir un élément vivant dans un mot est une entreprise vaine.

Ce qu’on sait est que l’émotion est une expérience subjective très brève (de quelques secondes à quelques dizaines de secondes)

Chaque émotion est associée à un cocktail biochimique.

A bien y regarder, l’émotion est une nécessité biologique pour la survie.

Pourquoi ?

Parce que cette stratégie de survie est utilisée depuis des millions d’années par les êtres humains, leurs ancêtres et bien des animaux.

Il y a de nombreuses théories sur les émotions. Il y a 4 émotions, 27, + de 150, selon si on se réfère à Paul Ekman, Robert Plutchik ou toutes les recherches scientifiques récentes.

Aimant la simplicité, je te propose la grille de base des 4 émotions de base qui se combinent pour en donner de nombreuses, exactement comme les couleurs (sauf qu’il y en a 3 primaires et pas 4).

Considérons les 4 émotions : joie, peur, colère et tristesse.

On pourrait différencier la joie des 3 autres. Pourquoi ?

La joie est l’émotion de base quand tout va bien : l’être est épanoui, la joie règne au présent.

Les 3 autres émotions sont les émotions aversives de base. Elles sont un indicateur, un avertisseur, pour notre système. 

(Ce ne sont PAS des émotions négatives, une émotion négative ça n’existe pas !)

• La peur est liée au futur : elle est une réaction d’anticipation face à un événement qui pourrait survenir et mettre en danger, risquant de menacer l’intégrité de l’être.

• La colère est liée au présent : elle permet de protéger son territoire, se battre pour ce qui est important et se mettre en mouvement.

• La tristesse est liée au passé : elle est une réaction permettant de faire le deuil et lâcher ce qui a été et qui n’est plus. 

Selon ton environnement, ta famille, ton éducation, tu réprimes une ou plusieurs de ces émotions (on parle de racket émotionnel).

Par exemple, la colère est souvent très mal vue dans la société, la tristesse n’est pas en reste non plus.

L’émotion que tu évites le plus est en général masquée par une autre.

Pour ma part, j’évitais complètement la tristesse, je ne l’ai pas ressentie pendant presque toute ma vie et je croyais réellement que je n’étais pas triste. 

En fait, elle était en fond et je ne la conscientisais pas, je la fuyais plus qu’autre chose. Je ressentais plutôt la peur à la place.

Tu peux te demander :

Quand vis-tu la peur ? Quelle situation la déclenche ? Comment te sens-tu avec ça ?

Quand vis-tu la colère ? Quelle situation la déclenche ? Comment te sens-tu avec ça ?

Quand vis-tu la tristesse ? Quelle situation la déclenche ? Comment te sens-tu avec ça ?

Les rôles des émotions et le lien avec l’ennéagramme

Si les émotions font partie de la réalité, elles doivent bien avoir des fonctions ?

Alors à quoi ça sert ?!

Les émotions ont plusieurs rôles :

1/ Indicateur : l’émotion, comme le voyant sur le tableau de bord, montre qu’un besoin n’est pas nourri dans le système.

2/ Soupape : l’émotion permet de décharger le stress, de libérer une tension, de diminuer la pression dans le système. La soupape émotionnelle est nécessaire pour notre équilibre.

3/ Révélateur : l’émotion fait résonner une partie de moi inconsciente

4/ Moteur : l’émotion incite à agir pour rééquilibrer le besoin concerné

Elle est donc à la fois un moyen (indicateur, révélateur et moteur) et une finalité (soupape).

Il est intéressant de faire le lien avec l’ennéagramme : chaque émotion est liée à un centre.

Ainsi, les 3 émotions aversives de base rencontrent les 3 centres.

La peur est liée au centre mental. Le centre mental fonctionne avec des plans et la peur que ces plans ne collent pas à la réalité est toujours en fond.

La colère est liée au centre instinctif. Le centre instinctif fonctionne avec le contrôle, la colère est l’énergie instinctive qui donne envie de conquérir le monde.

La tristesse est liée au centre émotionnel. Le centre émotionnel est très sujet à la problématique de l’identité et de l’image de soi. Ne sachant pas vraiment qui il est, il y a un fond de tristesse et de mélancolie.

Nous parlions plus haut de révélateur : l’émotion est un excellent moyen de se connaître. 

Puisque ce que je ressens ne parle de personne d’autre que moi.

Une personne, qui n’a aucun discernement ni recul sur lui-même, croit que l’autre est responsable de son mal-être.

Très vite, on réalise que ni la situation, ni la personne, n’est responsable de l’état dans lequel je me mets.

Le monde extérieur n’est qu’un révélateur de ce que j’ai en moi.

Par conséquent, toutes les situations que je vis, toute les personnes que je rencontre, tout ce que je ressens, tout ce qui me traverse, est un excellent moyen de me connaître !

Chaque réaction émotionnelle te renseigne un peu plus sur qui tu es.

Même si c’est souvent ton ego qui est “accroché”, ton ego reste quand même une part de toi.

Si je demande un renseignement dans la rue et que la personne m’envoie bouler, si je me sens rejeté et triste, ça parle surtout de moi. 

Finalement, les émotions permettent à l’être humain de maintenir son équilibre, elles sont une nécessité vitale dans l’homéostasie du système.

En considérant les émotions de cette façon, imagine le prix à payer de vouloir les contrôler ou les inhiber…

Justement, parlons-en.

Gérer ses émotions ? Ca n’existe pas !

“Je ne veux pas être à la merci de mes émotions. Je veux les utiliser, les apprécier et les dominer.” Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

Quand on voit le rôle des émotions, leur importance dans notre système humain, quelle hérésie de vouloir les gérer !

La gestion ou le contrôle des émotions, ça n’existe pas (à part dans les livres de développement personnel…).

Une émotion ne se gère pas, elle se vit.

C’est d’ailleurs ce qui surprend toutes les personnes qui vivent une libération émotionnelle.

“Oui mais moi si je laisse aller l’émotion je me fais submerger.”

Evidemment, que se passe-t-il quand tu as mis un barrage depuis longtemps ?

Il y a beaucoup d’eau à faire couler.

Mais l’émotion ne submerge rien du tout, parce que l’humain flotte.

L’émotion coule à travers toi, elle t’emporte seulement si tu résistes. Seule la personne qui veut à tout prix rester à la surface finit par se noyer, celle qui va avec le courant peut survivre.

Comme la vie, la mort, l’argent, l’amour, la rose ou l’espèce humaine… L’émotion finit par passer car l’impermanence est une conséquence de la vie. C’est y résister qui la fait durer longtemps.

Facile à dire alors que nous avons grandi dans une société castratrice qui a relégué les émotions au rang de réaction dérangeante et inconvenante.

Remettons nous dans le contexte :

Dans une société basée sur la religion qui sacrifie l’individu sur l’autel du collectif (niveau BLEU en spirale dynamique), on ne peut pas tolérer l’expression d’une individualité (alors que c’était une évidence à ROUGE, où l’individu exprimait le soi sans se poser de questions). On craint le regard des autres, il ne faut pas sortir du cadre au risque d’être puni.

L’empreinte est encore visible dans l’éducation des enfants au XXIème siècle : lorsque l’enfant vers 2 ans voit l’émergence de son niveau ROUGE (le fameux stade du “non”), la plupart des parents vont, avec plus ou moins de véhémence, le briser.

Pas parce qu’ils sont malveillants ou méchants.

Simplement parce qu’ils ne sont eux-mêmes pas à l’aise avec leurs émotions et en particulier leur colère. Ils font malgré eux de la pédagogie noire, pour reprendre le terme d’Alice Miller. En réalité, ils ont juste besoin d’empathie.

Alors qu’à 2 ans, l’enfant a justement besoin d’expérimenter ses limites, pour développer son discernement.

Forcément, dans un climat pareil, nous avons vu fleurir des tas de livres de développement personnel basés sur “contrôler ses émotions” ou “calmer ses émotions”.

C’est quelque chose à gérer, comme un bien immobilier ou un problème mathématique.

On veut s’en débarrasser le plus vite possible parce que ça parasite la cognition et l’action.

Mais tu ne fais pas de la gestion de patrimoine ou de la gestion financière… La gestion d’émotions est par nature impossible, tout comme tu ne peux pas attraper de l’eau.

Malheureusement, on ne mesure pas le coût de ce sacrifice.

Se couper de ses émotions et les mettre sous le tapis, c’est se couper de l’enfant en nous, donc de la vie en nous.

C’est loin d’être évident pour beaucoup, avec cette éducation basée sur le refoulement voire la répression des émotions.

Chacun a pu vivre un certain nombre d’injonctions selon son enfance :

“Ne pleure pas, t’es pas un faible” 

“Arrête de pleurer !!!”

“Tu n’as pas à avoir peur”

“Maintenant tu te tais”

Et autres joyeusetés.

Chacun a lot de drivers (cf l’analyse transactionnelle) qui ne vont pas aider à se connecter à ses émotions : sois parfait, sois fort, fais des efforts, fais plaisir, dépêche-toi.

Ainsi, nous développons de multiples stratégies pour ne pas vivre nos émotions, les considérant illégitimes.

Vaincre ses émotions ? Ah carrément…

On se plonge dans des vidéos et des livres de développement personnel qui nous conseillent de méditer, de faire de la cohérence cardiaque, de l’EFT, pour calmer ces émotions envahissantes et se contrôler.

Certains croient encore qu’une émotion ça se contrôle…

Ou alors on prend un coach qui nous enseigne comment transformer les “émotions négatives” en “émotions positives” et autres exercices malsains qui te coupent encore un peu plus de toi-même… Pour devenir une machine d’optimisme qui oblitère complètement le “négatif” à coup de suggestions, de visualisations. 

Ces stratégies sont plus subtiles mais pas moins délétères que les autres. 

Quelle que soit la pratique, quand cela part d’une volonté de se débarrasser des émotions, tu as maintenant compris pourquoi c’est malsain.

On peut aussi se plonger dans des livres de philosophie, de stoïcisme, de bouddhisme, qui vont nous inviter à être équanime, à constater l’impermanence.

Le hic, c’est que ça vient encore de l’ego (et souvent du centre mental) qui veut se couper des émotions.

Et au plus on est mal à l’aise avec nos émotions, au plus on va se plonger dans ce type de pratique, de discipline, de philosophie.

Il y a aussi la stratégie classique de monter dans la tête pour analyser : viennent tout un tas de pensées pour comprendre plutôt que ressentir.

Sauf que les pensées, c’est du domaine du mental, pas des émotions.

Les pensées peuvent venir automatiquement comme une protection pour ne pas ressentir, particulièrement s’il y a un trauma non résolu dessous.

Une autre stratégie répandue pour ne pas ressentir est la compensation par l’agitation, les écrans, les drogues, l’alcool… Tout est bon pour se narcotiser.

Couper les émotions, revient :

– à supprimer l’indicateur de nos besoins primordiaux (et un besoin, comme son nom l’indique, n’est pas négociable)

– à supprimer la soupape : on prend sur soi, on intériorise, on somatise. Il y aura d’autres soupapes mises en place automatiquement car le système est extrêmement bien fait pour maintenir son homéostasie : compulsions alimentaires, addictions, comportements excessifs…

– à supprimer le révélateur : on ne sait pas ce que l’on aime ou ce que l’on aime pas, on ne se connaît pas.

– à supprimer le moteur : on a envie de rien, on vit dans une dépression, dans l’immobilisme.

Se couper de ses émotions, c’est se couper de soi. On ne peut pas supprimer la dimension émotionnelle sans en payer le prix.

(cela a tendance à augmenter leur intensité, d’où l’hypersensibilité que tu peux ressentir)

Ce prix se traduit souvent dans le corps. 

Le corps porte la mémoire de tout ce qui n’a pas été ressenti ni exprimé. 

Chaque nœud, chaque tension dans le corps, trouve racine dans une énergie réprimée car contenue, avec très souvent (pour ne pas dire systématiquement) des émotions à la clé.

Comme le dit si bien Alice Miller (encore elle) : notre corps ne ment jamais.

Le corps sait et il parle à notre place quand on empêche l’information de remonter de l’inconscient.

Le centre émotionnel est une partie de nous, qu’on le veuille ou non.

Le stoïcisme et le bouddhisme sont très intéressants, ce sont deux philosophies que j’aime beaucoup car il y a du bon sens.

Cependant, attention à la volonté de contrôler ses émotions.

L’équanimité est un effet collatéral d’une spiritualité incarnée et PAS un but à poursuivre, au risque de se couper de soi.

L’intention change tout.

Tu peux simplement te demander : D’où ça part en moi ? Dans quelle intention je fais ça ? 

Alors, as-tu toujours envie de gérer tes émotions ou de les contrôler ?

Danser avec ses émotions

“Ok Fabien, si on ne contrôle pas nos émotions, si on ne les gère pas, on fait quoi ?”

Laisse-moi te répondre par une question :

Quand tu prends une douche, tu fais quoi avec l’eau qui sort du pommeau de douche ?

Tu cherches à l’attraper ? 

Non, elle coule le long de ton corps et tu n’en fais pas un drame. 

Elle coule, point.

L’émotion, c’est la même chose : tu ne fais rien, tu la laisses faire.

La décharge émotionnelle a lieu indépendamment de ta volonté.

Tu l’observes et tu la laisses te traverser, ce n’est pas un problème, c’est la vie en toi qui s’exprime.

Bref, une émotion se vit.

Ca demande du courage et de l’entraînement, surtout quand on a des transes d’anesthésie ou de dissociation (mais une transe n’est jamais là par hasard).

Cela demande aussi de la patience, car si tu réprimes le centre émotionnel, ce peut être plus difficile. Certaines personnes ont un vrai blocage avec le ressenti (et d’autres appellent ça un auto-sabotage).

Si l’émotion ne sort pas, comme ce fut mon cas pendant presque toute ma vie, prends tout ton temps : mets de la conscience sur toi, sur ton corps, observe ce qui se passe, donne-toi simplement de l’amour comme tu prendrais un petit chat dans les bras.

Mets simplement de la conscience avec bienveillance sur tes sensations sans attendre de résultat et sans avoir d’avis du type “je ne veux pas ressentir cette boule au ventre” ni partir dans ta tête et analyser “mais pourquoi je ressens ça”. Être présent à ce que tu vis, c’est déjà de l’amour.

Tu as toute la vie pour t’entraîner.

Quand une émotion survient, tu peux passer par ces 4 étapes :

1/ Ressentir 

2/ Nommer

3/ Rester avec

4/ Exprimer

Nous en reparlerons car apprendre les émotions, c’est apprendre un nouveau langage.

Quand je dis apprendre, ce n’est pas tout à fait juste car, enfant, nous savions très bien comment cela fonctionnait.

Avec les injonctions de l’éducation, nous avons appris à ne plus écouter, à contenir, cette énergie de vie.

Il s’agit plutôt de désapprendre que d’apprendre ET en même temps apprendre à écouter, apprendre à ressentir, apprendre à nommer, apprendre à exprimer.

Tout commence par la conscience, tu peux apprendre à la nourrir chaque jour.

Prendre conscience de ta respiration, prendre conscience de ton corps, de tes sensations.

Dans chaque situation de vie, tu peux prendre conscience de l’émotion que ça crée en toi.

La conscience amène de la présence et c’est l’ingrédient clé qui permet de laisser couler les émotions lorsqu’elles surviennent.

Finalement, une émotion est tellement naturelle que traverser une émotion ne devrait pas te perturber plus que marcher ou déféquer.

Pour résumer cet article en quelques points clés :

1/ L’émotion EST. Elle est l’expression de la vie en toi. Elle ne se justifie pas.

2/ Une émotion ne peut pas être contenue éternellement sans en payer le prix.

3/ L’émotion te renseigne sur qui tu es.

4/ L’émotion est un ensemble de sensations.

5/ L’émotion n’est jamais négative (c’est l’humain qui a un point de vue dessus).

6/ Il n’y a rien à faire pour libérer une émotion, juste à laisser faire. Elle connaît le chemin.

La limite des croyances limitantes : au-delà du coaching de performance

“Les croyances limitantes” : voilà un terme qui revient systématiquement dans le coaching et le développement personnel.

 

Il y aurait d’un côté les croyances limitantes, négatives, emprisonnantes, qui nous empêchent de vivre la vie qu’on désire vraiment.

 

D’un autre côté, il y aurait les croyances aidantes, qui nous aident à vivre une vie géniale, harmonieuse.

 

Comme beaucoup de sujets dans le coaching et le développement personnel, il y a à boire et à manger, et beaucoup de nuances à apporter.

Les croyances limitantes n’y font pas exception.

 

Et si croire aux croyances limitantes était… une croyance limitante ?

 

Dans cet article, explorons plus en profondeur :

 

Quel est l’influence de nos croyances dans la vie ?

Qu’est-ce qu’une croyance limitante ?

En quoi une croyance est-elle limitante ? 

Quelles sont les limites de ce concept de croyances limitantes ?

 

Bien des personnes souscrivent au fameux “Je crois ce que je vois” de Saint Thomas d’Aquin.

 

Selon le fonctionnement de notre psychisme, la réalité est plutôt “Je vois ce que je crois”.

En effet, ce que je crois devient ma réalité car je fais en sorte de trouver toutes les raisons que c’est vrai.

 

Les croyances sont simplement des pensées qu’on considère vraies. Personne n’est exclu de ce phénomène.

On a des croyance sur tout : sur nous, sur l’argent, sur le travail, sur l’amour, sur le monde, sur les émotions, sur le succès et la réussite, sur une situation particulière…

 

Les croyances sont scellées dans notre système par des émotions : très souvent il y a de la peur derrière. C’est typiquement ce qu’on appelle un blocage inconscient.

 

Notre psychisme ayant un besoin vital de sens et de cohérence, lorsqu’il considère quelque chose comme vrai, il cherche toutes les preuves pour confirmer ce qu’il croit.

 

Pour cela, notre cerveau utilise automatiquement 2 biais cognitifs : le biais de confirmation et le biais d’attention sélective.

 

Le biais de confirmation me fait accorder plus d’importance aux informations qui valident ma thèse tandis que le biais d’attention sélective me fait sélectionner les informations qui sont pertinentes à mes yeux.

 

Ces deux biais font que le monde me donne toujours plus de la même chose, en fonction de ce que je crois.

 

Autrement dit, si je suis particulièrement touché par la violence, le monde va me servir plus de violence. Je vais voir de la violence partout.

 

Ce n’est pas qu’il y a plus de violence, c’est mon cerveau qui focalise dessus pour me montrer plus de ce qui est important pour moi. Je ne verrai pas les situations de paix et d’harmonie.

 

C’est comme la radio, si tu es câblé sur le 87.7, tu n’entendras pas le 103.2.

 

Le cerveau a la capacité naturelle de trier parmi tout le réel ce qui est pour moi du signal.

Tout le reste est considéré comme du bruit.

 

La croyance est une façon pour notre cerveau d’économiser de l’énergie pour ne pas avoir à penser consciemment à chaque fois, ce qui serait une gouffre énergétique.

 

La croyance est comme un programme inconscient qui se déroule en permanence, permettant l’économie cognitive.

 

Tout cela se déroule en arrière plan dans notre système 1 (qui est le système rapide se déclenchant sans notre intervention consciente), c’est le siège de tous les raccourcis mentaux, préjugés, clichés.

 

Pour une question d’économie, le système 1 a besoin de mettre des étiquettes, des cases : les noirs, les riches, les enfants, les violeurs, les nazis, les sportifs…

 

Le système nerveux n’a jamais eu pour rôle principal d’appréhender la réalité, mais de favoriser l’action, ce qui implique de simplifier et distordre énormément la réalité.

Comment travailler sur ses croyances

Dans le développement personnel et le coaching, il est souvent question de travailler ses croyances.

Les croyances sont vues comme une limite à la réalisation de notre plein potentiel. Travailler sur leurs croyances devient une addiction pour certains.

Prenons une image : ton potentiel revient à la possibilité d’escalader l’Everest.

Manque de bol, tu as une croyance limitante qui te fait croire que tu peux escalader seulement le Mont Blanc.

Tu n’es pas à ton plein potentiel, tu te brides…

Tu as une croyance limitante qu’il faut dégager.

L’obstacle, c’est ta croyance.

On l’a dit juste avant, il est vrai que ce que tu crois définit ta réalité.

Ce que tu crois, tu le crées, tu le rends réel.

La première étape est celle de la conscience.

Il s’agit de constater l’impact de tes croyances sur ta vie, d’observer factuellement en quoi cela oriente ton existence. 

Il s’agit d’une observation brute, dénuée de tout jugement ou opinion, qui permet de prendre conscience de ce qui se joue en nous en dessous du seuil de conscience. (le genre d’observation que tu peux faire en profondeur pendant une retraite de méditation)

C’est la seule manière de constater la nature de nos croyances inconscientes : faire un état des lieux de notre vie sur tous les plans.

Ma vie intérieure, ma relation de couple, ma relation familiale, ma relation à l’argent, ma spiritualité, ma santé, mon travail… Tout cela me renseigne sur ma vision du monde.

Ainsi, mes croyances sur la vie conditionnent ce que je pense, ce que je ressens, ce que je fais.

Nous en arrivons vite à une vision binaire des choses avec 2 types de croyances décrites en PNL et en coaching :

Les croyances limitantes qui sont néfastes pour ma croissance, elles sont un obstacle.

Les croyances ressources qui sont un soutien pour ma croissance, elles sont un tremplin.

Il suffirait ainsi de péter toutes les croyances limitantes pour enfin vivre ma vie de rêve.

Cela valide l’idée d’une progression, d’un potentiel à débloquer, à libérer, où je deviens tout à coup inarrêtable.

C’est le lion à qui on a enlevé sa laisse et qui terrasse tout sur son passage.

Il est vrai que ça laisse rêveur, ça donne envie de se dire qu’on a ce lion à l’intérieur qui ne demande qu’à rugir et rompre sa laisse.

N’est-ce pas un peu trop simpliste ?

La réalité est-elle aussi dichotomique, aussi peu nuancée ?

Détruire les “croyances limitantes” est-il aussi pertinent qu’on nous le dit ?

Bien sûr que non.

Des personnes qui ont fait du coaching, de l’hypnose et des protocoles PNL ad nauseam pour vivre leur vie de rêve et qui se sentent bloqués, j’en ai rencontré des centaines (moi compris).

Nous touchons du doigt les limites des modèles tels que la PNL et la pratique du coaching.

Le terme “croyances limitantes” a du sens dans un contexte d’objectif, quand on a un fantasme, sur ce qui devrait être et qui n’existe pas.

Et s’il y avait autre chose derrière cette histoire de croyance limitante ?

Sii on s’amuse à appliquer les croyances limitantes à elles-mêmes, on constate que croire à des croyances limitantes est déjà limitant…

Un peu de déconstruction

Dans le travail de coaching et de développement personnel, on cherche à maximiser le bonheur, l’efficacité, le bien-être.

 

Cela passe souvent par le travail sur les fameuses croyances limitantes.

 

Donc on s’affaire à identifier les croyances limitantes des gens, à dévoiler leurs barrières conscientes et inconscientes, et à les briser pour leur permettre d’aller au-delà.

 

Souvent la réflexion s’arrête là, car il faut entrer dans l’action, dit-on.

Eh bien justement, questionnons.

 

Pour quelle raison vouloir casser ou reprogrammer une croyance limitante ?

 

Une croyance est dite limitante quand elle est un obstacle à quelque chose de mieux.

 

J’aimerais aller quelque part, il y a des obstacles, donc je dois me débarrasser de ces obstacles pour y arriver. Logique imparable.

 

Comme s’il y avait un ennemi à l’intérieur de nous, un mur, un frein.

 

Il y a une pensée à l’intérieur de moi qui implique une émotion désagréable, probablement une peur, et je la taxe de limitante.

 

N’est-ce pas déjà limitant de penser ainsi ?

Et si les croyances limitantes n’étaient rien d’autre qu’un mythe ?

Qu’une vision simpliste de la psychologie qui résume tout à une histoire d’objectif ?

 

Les croyances sont un peu comme un baromètre de notre psychisme.

Elles nous protègent, elles sont au niveau de ce qu’on peut se permettre, de ce que notre psychisme est capable “d’encaisser”.

 

La croyance limitante est l’émanation d’une partie de nous, comme toute pensée, émotion ou action.

 

Partant de là, à coup d’hypnose, de PNL ou d’EFT, on veut se couper de cette part de nous pour enfin aller vers cet objectif tant désiré.

 

Seulement… Quid de cet objectif ?

 

On se raconte qu’on sera mieux une fois l’objectif atteint.

Est-ce réellement le cas ?

 

Il y a de multiples présupposés dans ce monde du développement personnel que nous pouvons légitimement questionner :

– Atteindre ses objectifs

– Être heureux

– Se dépasser

– Être libre

 

Bien sûr, ça fait rêver d’être libre, d’atteindre tous ses objectifs, de faire péter les limites, d’être heureux tout le temps, de se dépasser.

 

Mais… Est-ce réellement souhaitable ?

 

On revient encore à un idéal à atteindre.

A un “idéal du soi”.

 

Tout ça, c’est du fantasme, pas de la réalité.

 

La réalité, c’est que des millions d’individus courent après cet idéal (qui fluctue selon la personnalité de chacun) et vivent plutôt frustration, flagellation et auto-jugement, qu’harmonie, joie et détente.

 

Parce qu’ils font l’expérience de courir après l’idéal de soi et pas l’expérience de le vivre.

 

Pendant cette course, ils ne vivent pas ici et maintenant, luttant férocement contre leur réalité présente, se condamnant à pousser leur rocher tel Sisyphe.

Derrière les croyances limitantes...

Et si les croyances limitantes n’étaient en fait, pas limitantes ?

(exactement comme les auto-sabotages…)

As-tu déjà émis cette possibilité ?

De mon expérience, les croyances limitantes sont des émanations d’endroits en nous qui vivent de l’insécurité, dans lesquels il n’y a pas d’accueil ni d’amour.

“Je n’y arriverai pas.”

“Je n’en suis pas capable.”

“Je suis nul.”

Ces 3 pensées peuvent être considérées comme limitantes.

Ce qu’on peut lire entre les lignes, c’est un enfant qui ne croit pas en lui et qui se déprécie, qui surinvestit le regard des autres.

Je ne vois pas de croyance limitante là-dedans, seulement un manque d’amour et d’écoute !

 

Avec cette pensée, il y a de l’émotion associée : peut-être de la tristesse, de la colère, voire de la peur. Une pensée ne vient jamais seule.

Est-ce vraiment avec un protocole de PNL ou de coaching qu’on va mettre plus d’écoute dans notre être ?

Je ne crois pas.

Voilà la limite d’un paradigme basé sur la performance et l’efficacité : le risque est de se traiter comme une machine à produire et tout ce qui ne va pas dans le sens de cette productivité est taxé d’obstacle, que ce soit une pensée, une émotion, un ami, un loisir…

Mais où est la vie là-dedans ?

Mon discours n’est pas non plus de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Les croyances restent les limites de ta carte du monde.

Sans pour autant lutter contre, il me paraît intéressant d’y faire face, de les explorer, de voir les émotions contenues qui se cachent derrière et de s’amuser à les assouplir.

Par exemple, si tu débusques chez toi une croyance qu’il est impossible d’avoir un business qui tourne bien en travaillant 1 heure par jour… Tu peux simplement te laisser le bénéfice du doute : 

“En fait je n’en sais rien si je pourrais travailler 1h/jour et avoir un business rentable. Je crois plutôt que non aujourd’hui. Ca me ferait trop peur de travailler si peu. Ca me rend triste de le réaliser.”

Tu peux installer le doute dans tes propres certitudes, pour assouplir ton psychisme et t’ouvrir à la possibilité que, peut-être, il existe d’autres possibilités.

Pas besoin de te marteler la tête avec des protocoles PNL, des auto-suggestions ou de la visualisation, tu peux simplement ouvrir grand tes yeux et aller chercher des informations qui vont dans le sens opposé à tes croyances pour voir, finalement, que c’est tout aussi vrai.

Derrière toute croyance que tu veux éradiquer, il y a un enfant blessé qui a peur et ne demande qu’à être rassuré.

Quand tu prends ta peur dans les bras, elle se transforme en courage.

La solution n’est pas dans la violence d’un protocole interventionniste pour éradiquer la “limite” en toi.

Ca reviendrait à abandonner ton gamin de 3 ans dans la colline parce qu’il ne marche pas assez vite et qu’il est limitant pour finir ta randonnée. 

La PNL et le coaching peuvent amener à ce genre d’aberrations en traitant l’humain comme une machine à produire dénuée d’émotions.

Alors la prochaine fois que tu constates une croyance que tu penses limitante, pense à l’explorer, à la comprendre, à voir ce qu’elle signifie. 

Voilà l’occasion de rencontrer une nouvelle part de toi qui était tapie dans l’ombre !

Et pourquoi pas assouplir ton psychisme en explorant d’autres points de vue tout aussi vrais ?

Pour aller plus loin et explorer tes croyances sur toi et sur le monde, tu peux démarrer le parcours Bas Les Masques.