Catégorie : Connaissance de soi

Mieux se connaître

Le niveau d’existence Rouge dans la spirale dynamique

“Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu.” Jules César

Il y a 10 000 ans, le temps des empires fut venu pour succéder aux tribus

Dans la spirale dynamique, il s’agit du niveau de conscience Rouge.

Quel est le thème de Rouge ?
Comment s’exprime-t-il dans la société et dans la culture ?
Comment s’exprime-t-il en chacun de nous ?
Quelles sont ses limites ?

Voyons cela tout de suite.

Le thème de Rouge

Avec les cultures tribales et animistes, l’heure était à la vie collective et à la tradition, aux rituels, pour calmer les esprits de la nature.
Respecter les traditions, apppartenir aux groupes, être en sécurité dans un monde inconnu,… telles sont les priorités de VIOLET.

Rouge émerge pour amener la conscience d’un “soi” séparé.

Le thème de Rouge est : Exprimer le soi sans culpabilité pour satisfaire immédiatement ses impulsions.

L’heure est à la conquête, la dominition et la loi du plus fort.
On étend les frontières, on conquiert de nouveaux territoires, on montre sa puissance au monde pour prouver qui domine.
Il n’y a pas de morale, on fait ce qu’on veut pour prouver cette hégémonie totale : piller, voler, tuerie de masse, violer, brûler des villages…

L’honneur est un thème clé, on est prêt à mourir pour son honneur.

Rouge dans la société/culture

Rouge est peu présent dans notre société moderne, il se cantonne aux quartiers défavorisés en périphérie des villes avec les cités, aux brigands et autres business illégaux (même si un business illégal peut être aussi Orange)…
Ce niveau de conscience est beaucoup plus présent dans les pays d’Afrique noire par exemple.
Dans une société dominée par Bleu, Rouge a été sacrifié sur l’autel du “vivre ensemble”.

Avec l’avènement de Rouge, les groupes humains ont grandi et donné des empires où le plus fort dirige : empire romain, ottoman, les huns…

Ce niveau d’existence est particulièrement marqué par l’impulsivité et l’egocentrisme.

Rouge a conscience de son existence propre et il l’affirme, il a ce sentiment de toute puissance qui le pousse à la violence et à la domination.
Il est d’ailleurs fréquent que l’empereur se prenne pour un dieu.

On est dans un monde dangereux où les autres sont des menaces et c’est le plus fort qui gagne.

Rouge accorde beaucoup d’importance au respect, craint particulièrement la honte et le déshonneur.
Il préfère mourir en héros pour sauver son honneur que vivre en victime (le film 300 en montre un bel exemple).

Rouge en nous

Rouge a une empreinte assez faible sur la plupart d’entre nous (du fait d’un surmoi très marqué par Bleu) :

  • Expression des pulsions : ce qui est ressenti est exprimé illico, pas de faux semblants. La colère sort librement.
  • Vouloir tout, tout de suite : Rouge n’attend pas, il va se battre pour avoir ce qu’il désire
  • L’amoralité : la partie de nous qui veut se venger des autres, qui veut les voir échouer, qui jouit de leur malheur
  • Le manque d’empathie : par son obsession de la domination, Rouge n’a aucune empathie pour autrui
  • Refuser de plier : il tient tête, refuse de perdre et de se soumettre.
  • Trahison : il n’a pas de compte à rendre à qui que ce soit, il trahit ostensiblement quand ça l’arrange.
  • L’importance du respect : Rouge veut absolument être respecté et ne supporte pas qu’on lui manque de respect

Les limites de Rouge

Comme tout niveau d’existence de la spirale dynamique, il y a des limites inhérentes à Rouge… que beaucoup d’humains finissent par rencontrer tôt ou tard.

La satisfaction égocentrique des besoins de l’individu crée beaucoup de violence. Pour vivre sa toute puissance, Rouge n’a aucun problème à commettre tous les délits et crimes possibles et imaginables.
Dans ce no man’s land où n’importe qui peut te planter un couteau pour te voler tes possessions, il est difficile de faire confiance en son prochain et de construire quelque chose ensemble.

Le besoin de structure commence à devenir une nécessité pour mettre de l’ordre dans le chaos.
C’est ainsi que Bleu apparaît et avec lui, une Vérité Ultime qui permet de relier tous les personnes qui y croient.

Nous passons d’un niveau de réalité basé sur le sacrifice des autres (ROUGE) à un niveau de réalité basé sur le sacrifice de soi (BLEU).

BLEU émerge pour mettre de l’eau dans le vin de ROUGE, comme chaque niveau d’existence de la spirale dynamique.

Cette Vérité Ultime donne du sens et contrôle tous les aspects de la vie.
Il faut s’en remettre à cette divinité qui nous dépasse au risque d’en payer le prix.

Bleu fait disparaître l’impulsivité de Rouge : il faut se contrôler coûte que coûte, contrôler ses émotions, contrôler ses pulsions.
La constipation émotionnelle bat son plein.

Ce thème du sacrifice est omniprésent dans BLEU comme nous allons le voir.

Les 8 fonctions cognitives du MBTI : la clé

Les fonctions cognitives du MBTI sont une aide précieuse pour mieux comprendre ton fonctionnement, autant tes capacités naturelles que tes talons d’Achille.
Voyons en détail :

  • Ce que sont les fonctions cognitives
  • Les 8 fonctions cognitives en détail
  • Comment identifier l’ordre des fonctions cognitives

Du type MBTI aux fonctions cognitives

Comme en ennéagramme, trouver son type de personnalité fascine les gens.
Il existe des tas de tests en MBTI pour trouver son type, croire qu’on se connait et ranger le tout dans un tiroir.
La vraie connaissance de soi n’a rien à voir avec un test.

Quand tu cherches les types MBTI sur internet, tu tombes sur des paragraphes généralistes qui décrivent un cliché nourrissant l’effet Barnum. On est loin d’une connaissance de soi réellement utile qui enrichit la vie intérieure…

Voilà pourquoi au type MBTI je préfère creuser les fonctions cognitives qui apportent l’aspect dynamique et nuancé aux 16 personnalités.

En réalité, chaque type de personnalité équivaut à l’usage des fonctions cognitives dans un certain ordre.
Laissons de côté les 16 types de personnalité pour l’instant et focalisons-nous sur ce qui est le plus intéressant : les fonctions cognitives.

Que sont les fonctions cognitives ?

Carl Gustav Jung est une figure illustre du 20ème siècle.
Il a travaillé sur les synchronicités, l’inconscient collectif, les archétypes, les zones d’ombre et le processus d’individuation.
Depuis 15 ans que j’explore le monde du développement personnel et de la psychologie, je retombe toujours sur ce personnage exceptionnel.

Dans les années 1910, Jung a eu une période de jachère pendant laquelle il a creusé les types psychologiques et a publié ses travaux après une vingtaine d’années dans le domaine de la psychologie.

Les fonctions cognitives nous parlent de nos préférences de fonctionnement de notre psychisme de façon automatique.

Il a identité deux types de fonctions :

  1. Les fonctions de perception qui visent à prendre de l’information de l’environnement
    Les fonctions de perception sont : la lettre N (intuition) et la lettre S (sensation).
    N est dans le monde des idées, S dans le monde des 5 sens.
    Chaque fonction de perception peut être introvertie ou extravertie, c’est-à-dire préférentiellement dirigée vers l’intérieur ou l’extérieur.

  2. Les fonctions de décision qui visent à prendre une décision à partir de ces informations
    Les fonctions de décision sont la lettre F (feeling = sentiment) et la lettre T (thinking = pensée)
    F se base sur un ressenti, T se base sur de la logique
    Chaque fonction de décision peut être introvertie ou extravertie, c’est-à-dire préférentiellement dirigée vers l’intérieur ou l’extérieur.

Avant de voir en détail les 8 fonctions cognitives, garde en tête que :

  • Aucune fonction n’est mieux qu’une autre
  • Tout le monde a les 8 mais pas dans les mêmes proportions
  • Les fonctions cognitives ne disent rien de comment tu les utilises
  • Les fonctions cognitives sont de l’ordre des capacités en terme de niveaux logiques

Les fonctions de perception

La fonction Ni : Intuition introvertie.

C’est la fonction dominante de l’INTJ et l’INFJ
Mots clés : Vision. Stratégie et perspectives futures.

L’intuition introvertie (Ni) une fonction visionnaire qui absorbe beaucoup d’informations, de concepts et d’idées en elle. De là vont émerger des révélations, des connexions, des idées novatrices, généralement au moment où on s’y attend le moins. Sous la douche, en balade, aux toilettes, en cuisinant…

Ni fait de travail de traiter l’information à l’intérieur d’elle.
Elle observe, est à l’écoute, à la différence de Ne.

Ni a cette vision globale qui en fait un très bon stratège, conseiller, consultant.
Elle repère les schémas à l’œuvre chez les autres, elle dénoue facilement la psyché humaine.

Là où Ne envisage plein de potentiels, Ni ferme les options et envisage UNE vision potentielle, elle est très douée pour anticiper.
Elle a plus de difficultés avec l’imprévu et ce qui bouscule sa vision.

La fonction Ne : Intuition extravertie

C’est la fonction dominante de l’ENTP et l’ENFP
Mots clés : idéation. Exploration des options avec enthousiasme

L’intuition extravertie (Ne) est un moteur infini à idées en tout genre : une idée en entraîne une autre, sans fin. Cela crée de l’enthousiasme et tend à dérouler encore plus les idées, ce qui crée un amour de l’apprentissage.

La fonction Ne envisage facilement des liens entre de multiples domaines, même très éloignés.
Elle repère les non dits chez les autres, ce qui est caché.

Ne a la facilité de tout remettre en question, et en particulier tout ce qui est déjà établi. Elle exècre les limites, les cadres trop structurés.

Elle aime la nouveauté, la stimulation intellectuelle, ce qui tend à la disperser et à générer des difficultés d’organisation et de concentration.
Il est d’autant plus difficile d’aller au bout d’un projet quand une idée en génère 10 autres !

La fonction Se : Sensation extravertie

C’est la fonction dominante de l’ESFP et l’ESTP
Mots clés : Expérience. Action et instinct.

La sensation extravertie (Se) apprend par le concret du monde réel, ici et maintenant, dans les 5 sens. Elle fait puis elle réfléchit.
Elle réagit du tac-au-tac et n’hésite pas pour expérimenter quelque chose de nouveau : elle se lève, se casse la gueule, se relève… Cette boucle d’apprentissage est nécessaire pour Se qui a besoin de rendre les choses concrètes.

Ici, pas de mode d’emploi ou de consignes : elle fait de son propre chef.
Elle saisit rapidement les opportunités, décide rapidement.

Sa capacité à œuvrer dans le monde la rend moins ouverte à l’introspection et elle peut facilement s’ennuyer s’il n’y a rien à faire.

Se accumule tout un catalogue d’expériences et il est toujours intéressant de l’agrandir.

La fonction Si : Sensation introvertie

C’est la fonction dominante de l’ISTJ et l’ISFJ.
Mots clés : Mémoire. Routine stable et traditionnelle.

La sensation introvertie (Si) suit ce qui est éprouvé, validé, fiable.
Ainsi, elle est une adepte du mode d’emploi qu’elle suit scrupuleusement.

Tout ce qui a déjà fait ses preuves est rassurant : elle aime les règles claires, les procédures précises.

La fonction Si est fiable, ne remet pas en question l’ordre établi et se contente d’agir sans se poser plus de question.
Elle aime la routine, que ce soit voir les mêmes personnes, aller dans les mêmes lieux.

Elle a une mémoire sensorielle fine de la même expérience au fil du temps (exemple : la même routine du yoga répétée, le même parcours de footing…)

Elle est effrayée par la nouveauté et le changement car elle a besoin d’un cadre stable.
De fait, elle a du mal à se projeter dans un futur.

Les fonctions de décision

La fonction Fe : Sentiment extraverti

C’est la fonction dominante de l’ENFJ et l’ESFJ.
Mots clés Harmonie. Diplomatie et connexions

Le sentiment extraverti (Fe) décide en fonction des autres.
Elle a la communication facile, a une bonne lecture des dynamiques sociales et aime les connexions avec les autres.
C’est typiquement la fonction qui crée la cohésion dans un groupe, rassemble les gens et fait le lien entre eux.

Fe est très diplomate, pour trouver le bon mot, ne pas brusquer, respecter la vision du monde de chacun. Elle comprend les référentiels qui lui sont éloignés, que ce soit une autre culture, un autre niveau social.

Fe veut vivre harmonie sociale et décide ce qui est approprié pour tout le monde.
Elle peut se sentir inférieure et s’adapter aux autres, voire s’oublier.

Attention : ne pas confondre Fe et le type 2 de l’ennéagramme, même s’il peut y avoir des corrélations.

La fonction Fi : Sentiment introverti

C’est la fonction dominante de l’INFP et l’ISFP
Mots clés : Authenticité. Identité et valeurs fortes.

Le sentiment introverti (Fi) est un système de valeur fort qui définit une identité basée sur des sentiments internes.

Elle fait les choses parce qu’elle en a envie et elle ne consulte personne d’autre pour cela, elle est globalement centrée sur elle.
Sa vision du monde singulière inspire les autres.

Fi est convaincu que chacun peut (doit ?) suivre sa voie, selon ses valeurs.

On ne fera pas faire à Fi quelque chose en lequel elle ne croit pas : tout ce qu’elle fait doit être aligné avec son identité profonde.

Cette fonction manque de structure et d’organisation, peut avoir des difficultés à mettre des mots sur ses ressentis.

Attention : ne pas confondre Fi et le type 4 de l’ennéagramme, même s’il peut y avoir des corrélations. Je connais des types 9 qui ont Fi en fonction dominante.

La fonction Te : Pensée extravertie

C’est la fonction dominante de l’ESTJ et de l’ENTJ.
Mots clés : Efficacité. Optimisation des systèmes.

La pensée extravertie (Te) est une fonction qui adore les systèmes.
Elle mesure l’efficacité en fonction de critères les plus objectifs possibles.
Tout est fait pour chercher un maximum d’efficacité, donc améliorer les systèmes pour les rendre fonctionnels et universels (il faut que ça marche pour tout !).

C’est une bête de course pour analyser ce qui ne marche pas et le corriger.

L’important est que ça fonctionne dans la réalité et sur le long terme.

La logique de Te prime pour prendre des décisions.
Elle a tendance à se baser sur la pensée des autres et à y faire référence.

Elle est mal à l’aise avec les relations intimes car les humains ne sont ni mesurables ni contrôlables.
Les émotions ont tendance à l’incommoder, ce qui la rend froide par rapport aux autres.
Elle a du mal à savoir ce qu’elle ressent vraiment, quelles sont ses valeurs et sa vraie identité.

La fonction Ti : Pensée introvertie

C’est la fonction dominante de l’INTP et de l’ISTP.
Mots clés : Précision. Logique et cohérence interne.

La pensée introvertie (Ti) est une fonction logique qui valorise sa propre cohérence.
Pour elle c’est normal, c’est logique !
Elle valorise un cadre intérieur qui répond à ses critères subjectifs.

Elle a un radar pour repérer toutes les erreurs logiques, les biais de raisonnement.

Ti ne s’encombre pas de blabla et diplomatie : sa tendance à être direct et honnête, à oublier facilement les codes sociaux et à vouloir corriger les erreurs des autres a tendance à être mal perçu.

Ses émotions sont un frein à sa logique.

Elle fait tout pour être la plus cohérente possible mais ne voit pas ses propres incohérences, elle a du mal à reconnaître ses torts.

Attention : ne pas confondre Ti et le type 6 de l’ennéagramme, même s’il peut y avoir des corrélations.

L’ordre des fonctions cognitives

Imagine l’eau qui part du petit ruisseau tout en haut de la montagne, comparé au bras de mer qui se jette dans cette immense étendue aquatique.

Le débit est démesurément différent entre le haut et le bas.
C’est exactement pareil dans l’usage de nos fonctions cognitives : on a un usage totalement asymétrique de nos 8 fonctions cognitives (c’est ce qui fait nos talents et nos talons d’Achille).

De la même manière que nous utilisons les 3 centres de l’ennéagramme de façon disproportionnée (le centre préféré prenant toute la place), on retrouve la même logique pour les fonctions cognitives.

Voici l’ordre des 4 premières fonctions :

  • La fonction dominante occupe la plus large place, c’est celle qui est le plus automatique, elle est facile et nous recharge.
  • La fonction adulte (ou auxiliaire) est en soutien et apporte une soupape pour la première.
  • La fonction enfant est plus coûteuse et moins naturelle.
  • La fonction inférieure est la moins naturelle et la plus difficile à utiliser.

Voici 3 principes à connaître dans l’ordre des fonctions :

  1. Les 4 fonctions fonctionnent par paire :
  • La fonction dominante est en lien avec la fonction inférieure (1 et 4)
  • La fonction adulte (ou auxiliaire) est en lien avec la fonction enfant (2 et 3)
  1. On alterne à chaque fonction introversion et extraversion. Par exemple, avec Ne en fonction dominante, la fonction adulte est forcément introvertie, la fonction enfant est forcément extravertie et la fonction inférieure forcément extravertie.
  2. Sur une même paire, une fonction est l’opposée dans le même type de fonction. Si la fonction dominante est une fonction de perception, la fonction inférieure en sera aussi une. Par exemple, avec Ne comme fonction dominante, la quatrième fonction est nécessairement Si, car les fonctions de perception sont N et S.
  3. Si la fonction dominante est une fonction de perception, la deuxième sera forcément une fonction de décision, et réciproquement. Par exemple, avec Ne en fonction dominante, la fonction adulte est forcément une fonction de décision introvertie (Fi ou Ti).
  4. Les deux premières fonctions permettent de déduire les 2 dernières. Par exemple, si on a Fi-Se en couple fonction dominante et fonction adulte, on sait par déduction qu’il y a Ni-Te en fonction enfant et en fonction inférieure. Car Te est l’opposé de Fi comme fonction de décision et Ni est l’opposé de Se comme fonction de perception.

Ca paraît un peu complexe au début (encore que ça dépend… de l’ordre de tes fonctions !) mais ça s’intègre vite.

Enfin, comment définir l’ordre des fonctions cognitives ?

  1. Tu peux faire un test sur internet, c’est la voie classique et la moins fiable. Il y a de nombreux tests de MBTI.
  2. Par introspection, en analysant ton passé, tes choix de vie, tes facilités, tes écueils
  3. Par observation factuelle du présent, à chaque instant !

L’idéal est de mixer les 3.
Tu peux faire un test, mener une introspection de ton passé et observer chaque jour comment tu fonctionnes.

Transition de vie : spirale dynamique et fin du monde

“Ce que la chenille appelle la fin du monde, le maître l’appelle un papillon.”

Cette transition de vie opérée entre la chenille et le papillon est vécue pour chacun de nous.

L’humain est une espèce paradoxale, à l’image de la Nature dont il fait partie.
Beaucoup de gens se sentent perdus, déprimés, en proie au désespoir, dans une société décadente où ils ne se reconnaissent plus.
Ce mal-être de fond témoigne d’une nécessite de mourir et de renaître.
Avis aux phénix qui vont lire cet article, nous allons voyager entre psychologie et sociologie pour évoquer un thème clé de la vie humaine : les transitions de vie.

Attachement et identification

L’humain se différencie de toutes les autres espèces par la présence d’une structure psychique de survie (inconsciente) appelée “ego” : ce sentiment d’être quelqu’un, séparé des autres, avec une histoire singulière.

L’attachement à ce “moi autobiographique” est caractéristique de notre psychisme : il s’agit d’une transe d’identification où l’on finit par se confondre avec notre prénom, notre nationalité, notre corps, notre famille, notre travail, notre compte en banque, notre parti politique, notre mode alimentaire… L’identification se porte préférentiellement sur certains thèmes selon notre profil de personnalité (voir l’ennéagramme).

Cet attachement crée une tension, une rigidité, c’est une prise à laquelle on s’accroche (et c’est bien pour cela que le “détachement” est au cœur de toutes les approches spirituelles). D’ailleurs “attachement” vient de l’ancien français “estachier” puis de “stick”, issu du vieil anglais sticca qui signifie… “Pieu” !

L’attachement crée autant le sentiment d’une sécurité illusoire qu’une souffrance bien réelle, cela nous fait très peur de lâcher nos identifications. Pensons à une personne tellement identifiée à son travail qui, partant à la retraite, perd le sens de sa vie et meurt peu de temps après. 

Il suffit de voir ce qui se passe quand on touche à un sujet auquel une personne est identifié : plus la réaction est forte, plus la personne est identifiée. 

Le refus de la transition : déni de la mort

Tout système cherche la pérennité et résiste à sa disparition. C’est le cas d’une famille, d’une nation, d’un psychisme humain…

Ce thème récurrent se retrouve dans la quête d’immortalité que poursuivent certains humains : c’est l’apogée du paradigme scientiste qui vise à outrepasser les lois de la nature à travers le transhumanisme. L’idée n’est pas nouvelle : on retrouve les fondements de cette volonté avec la fontaine de Jouvence ou l’élixir de longue vie.

En cherchant à stopper la mort (en bidouillant le génome, en inversant les processus du vieillissement…), l’humain cherche un moyen d’échapper à la vie elle-même, s’affranchissant des lois biologiques auxquelles il est soumis.

Vie et mort sont les deux faces de la même pièce, l’une n’existe pas sans l’autre.

Ce thème est joliment illustré dans Blade Runner où le réplicant Roy Batty, incarnation du fils de Dieu, tue le Dr Tyrell, Dieu le père, son créateur, incapable d’accéder à sa demande de lui rallonger sa courte vie.

Le diptyque vie-mort est un thème fractal de la vie :

  • À chaque seconde dans une inspiration/expiration
  • À chaque instant dans le renouvellement et la mort des cellules
  • Chaque jour avec le sommeil et le réveil
  • À chaque début et fin de chapitre de vie (relation, travail…)
  • À notre naissance et à notre mort
  • À l’apparition et la disparition des étoiles, univers…

Loin d’être linéaire comme on nous l’a vendue avec une vie monotone basée sur les 35 heures, la vie humaine est faite de cycles (circadiens, lunaires, ultradiens…), à l’image des vagues où les montées succèdent les creux.

Transition de vie : anatomie d’un changement

Dans son excellent livre “Transitions de vie”, William Bridges modélise… La transition de vie. 

Les transitions de vie sont nombreuses : fin d’une période de vie, changement d’emploi, création d’une entreprise, changement de partenaire de vie…

William Bridges explique que toute transition de vie est un processus qui passe par 3 étapes :

  1. La fin : désengagement, démantèlement, désidentification, désenchantement, désorientation.
  2. La zone neutre : c’est l’entre-deux directement associé au vide, à la mort, qui nous fait peur. C’est un espace nécessaire de destruction créative. William Bridges rappelle comme c’est important de ne pas sauter cette étape du processus.
  3. Le nouveau départ : c’est le début d’un autre chemin

Non, cela n’est pas à l’envers ! Encore un paradoxe…

Toute transition de vie commence par une fin. Cette fin qui fait peur car elle symbolise une petite mort, cette fin où les changements sont inéluctables. 

Chaque phase est nécessaire, sans quoi c’est la garantie d’un deuil pathologique, voire la garantie de rejouer les mêmes schémas.

William Bridges pointe dans son livre la nécessité de respecter chaque phase du processus et la sagesse qu’il y a à prendre du temps pour la “zone neutre”, un moment de vide. 

Il est particulièrement important de ne pas être seul dans ce processus de transition. Le coaching, un accompagnement émotionnel, les amis, la lecture de livres, les arts, les jeux… Sont autant de soutien. L’accompagnement et le coaching sont encore plus important dans la zone neutre, qui est l’étape pivot que l’on ne peut pas sauter.

Toutes les transitions de vie passe par ces 3 phases et impliquent un changement profond et un nouveau départ. Seulement, il s’agit de ne pas trop se presser pour ce nouveau départ, sans quoi on ne prend pas le temps d’intégrer le changement, de faire le deuil.

Illustration de la transition orange-vert

Notre monde post-âge d’or du 20ème siècle a amorcé une phase de déclin amenant la nécessité une transition. Comme à chaque étape de la vie, des dinosaures à l’empire romain, à l’âge d’or suit la décadence.

Cette respiration vie/mort ou début/fin est parfaitement modélisée dans la spirale dynamique qui décrit les niveaux de conscience de l’humanité, se succédant les uns aux autres, chaque niveau transcendant et incluant le précédent.

Ce siècle est marqué par l’expression du niveau Orange et ses limites, dont :

  • Consumérisme de masse
  • Destruction des écosystèmes au niveau planétaire
  • Raréfaction de bon nombre de ressources
  • Accentuation des écarts entre ultra-riches et ultra-pauvres
  • Dégénérescence des êtres humains (maladies de civilisation, QI en baisse…)
  • Encombrement de la Terre et du ciel par des déchets dont personne ne veut

Pour Orange, la vie est une ressource à exploiter pour en profiter ici et maintenant au maximum puisque, de toute façon, “on a qu’une vie”.
L’être humain alors devenu faire humain, traite ses congénères comme des “ressources humaines” : il est interchangeable, manufacturé, stoïque.

Je ne m’intéresse pas à étiqueter de “mal” les effets du niveau Orange comme le ferait le niveau Bleu avec une morale binaire (les méchants capitalistes VS les gentils prolétaires ou sa variante moderne les méchants capitalistes VS les gentils écolos)

Dans le contexte d’Epanessence, je m’intéresse plus particulièrement à l’application dans notre propre psychisme pour voir que la TOUTE première étape… nous incombe.

Orange dans notre psychisme c’est :

  • La perte de vie intérieure et de toute spiritualité (désenchantement du monde)
  • La dissociation avec nos affects à un niveau encore plus profond (Bleu avait déjà commencé avec la castration de l’individu) avec une prédominance de nos pensées sur nos émotions (“je pense donc je suis”)
  • Se considérer comme une machine à atteindre des objectifs et produire des résultats, menant à la fatigue, l’épuisement voire le suicide (en gros sacrifier l’être au profit du faire)
  • Considérer les autres comme des moyens pour atteindre ses objectifs
  • Chercher à améliorer, à s’optimiser, courir après la meilleure version de soi-même

Orange sacrifie beaucoup de choses pour satisfaire tous ses désirs et chaque personne ayant vécu Orange suffisamment longtemps s’en est rendu compte. Et en même temps c’était nécessaire pour apporter un vent de fraîcheur après des siècles de Bleu, qui a étouffé l’individualité par son corpus de règles et de normes absolues.

Orange est l’incarnation du meurtre de Dieu en nous par le fils (l’ego) qui se croit tout puissant (à regarder depuis la figure archétypale et pas au sens religieux pur). Ce schéma est répété dans bien des œuvres de fiction (les Frères Karamazov, Blade Runner cité plus haut…) et dans la réalité (Commode tue Jules César).

Orange troque l’enthousiasme (littéralement “Dieu à l’intérieur” : en-theos) contre une quête du plaisir, à la poursuite des signes extérieurs de richesses, des posessions et des voyages au bout du monde (puisqu’il cherche sa divinité intérieure à l’extérieur).

D’ailleurs, la perte de foi motive d’autant plus cette quête d’immortalité, tant il s’est coupé de la vie. L’humain Orange croit véritablement vivre en dehors de la vie, c’est pourquoi il ne réalise pas les dégâts qu’il cause.

Opérer une transition Orange-Vert, c’est se prendre en pleine tronche le prix à payer de ce mode de fonctionnement. C’est tout ce que j’ai dû faire entre 2019 et 2021 :

  • réaliser à quel point je me suis traité comme une machine à produire
  • réaliser le coût immense de m’être coupé de mes émotions et surtout de ma tristesse
  • réaliser mon impuissance à changer bon nombre de choses
  • réaliser la dureté envers moi pour poursuivre la “meilleure version de moi-même”
  • réaliser la vaine gloire de mon profil de personnalité (cf les 8 logismoï de Evagre le pontique)
  • prendre des mois à lâcher, à ne rien faire, à faire le deuil

Passer à Vert, ce n’est pas chercher à revenir en arrière au temps des chamans, des tribus et de la danse autour du feu.

Sortir de Orange demande de laisser mourir le paradigme Orange (même s’il est transcendé et inclus par après) car, comme dit plus haut, nous avons besoin d’expérimenter un système jusqu’au bout avant de réaliser ses limites et la nécessité d’en changer.

Individuellement, c’est plus rapide (quelques mois à quelques années) puisque nous sommes seul concernés. Ca n’en reste pas moins le monde qui s’écroule sous nous pied et toute une vision du monde qui s’effondre (et donc le deuil qui va avec).

Collectivement, il y a l’inertie sociétale, toute la complexité construite avec les règles et dogmes de Bleu, les grandes entreprises et l’ultra-consommation de Orange, tous les enchevêtrements liés à une société mondialisée.

Voilà pourquoi cette transition Orange-Vert, poussant dans l’ombre depuis quelques dizaines d’années, commence à vraiment pointer le bout de son nez mais peine à être réellement enclenchée, car son vrai moment n’est pas encore venu.

Le milieu de la courbe de Gauss en est à payer les factures, créer son business et les considérations de Vert (l’harmonie collective au présent) ne sont pas prioritaires.

Toute transition de vie est la mort de l’ancien pour la naissance du nouveau. Comme toute fin, elle s’accompagne d’une énergie descendante, d’un plongeon dans le chaos et le vide, le deuil et la tristesse qui l’accompagne… C’est une dé-pression en soi, pour laisser émerger un nouvel ordre capable de gérer plus de complexité (chaque niveau de la spirale sait gérer plus de complexité et de nuances), d’autant qu’à partir de Vert on passe au paradigme du ET (rationalité ET émotion, modernité ET tradition, technologie ET nature).

Dans cette phase hivernale (cf la roue de Hudson), on doit lâcher toute identification à notre monde d’avant, abandonner nos référentiels et rester humble car on ne sait pas ce qui vient quand on est dans la tempête. Cela rejoint une des conditions de changement, qui implique d’être soutenu, guidé et accompagné.

LA condition sine qua non d’une transition de vie réussie réside dans le lâcher prise, de sauter dans le vide sans savoir ce qu’on va trouver car la prise de cette identification/crispation qui cherche à garder du contrôle, empêche la transition. Voilà le sens du “saut de la foi” : je ne sais pas et j’y vais quand même.

L’éternel recommencement

Comme dans un jour sans fin, le schéma se répète. Le diptyque vie/mort continue de se perpétuer dans notre vie, jusqu’à la prochaine transition. La spirale dynamique illustre parfaitement cet éternel recommencement parce que chaque nouveau niveau de conscience émerge pour répondre aux problématiques générés par le niveau de conscience précédent… Ce faisant il génère de nouveaux problèmes qui nécessiteront un niveau de conscience ultérieur… Et ceci sans fin.

La vie est une invitation à ne pas chercher à la saisir, à la figer, car en plus de te fatiguer, tu n’y arriveras pas. Attraper l’eau est impossible. L’arbre finit toujours par briser le trottoir. “La vie trouve toujours un chemin” comme disait le théoricien du chaos de Jurassic Park, tout vêtu de noir.

Alors arrêtons de jouer à l’apprenti sorcier à essayer de bidouiller la génétique pour améliorer les êtres humains, recréer des abeilles artificielles ou prolonger la vie… Une technologie biomimétique (inspirée de la nature) a beaucoup plus de chances de créer des révolutions qu’une technologie cherchant à se substituer à la nature.

La volonté de toute puissance d’un humain l’amène au même endroit que celui qui s’en fout. La mort fait partie de la vie : tout revient à la pachamama dans un cycle perpétuel aussi incompréhensible que magnifique.

Blade Runner symbolise également l’idée que la vie a une vraie valeur par la conscience de sa finitude. Vouloir la prolonger indéfiniment par des crèmes anti-rides ou par un rallongement de nos télomères reviendrait à perdre la valeur de la vie.

Comme le disait Sénèque il y a plus de 2000 ans (!) : “Celui au contraire qui ne passe pas un moment sans en tirer profit pour lui-même, qui organise chaque jour comme si c’était son dernier jour à vivre, ne souhaite ni ne redoute le lendemain.”

Les mystères de la vie m’invitent à rester humble et à conclure par une citation du Dalaï Lama (ça fait cultivé !) et d’un trader-philosophe aussi atypique que pertinent.

“Ce qui me surprend le plus dans l’humanité ? Les hommes… parce qu’ils perdent la santé pour accumuler de l’argent, ensuite, ils perdent leur argent pour recouvrer la santé. Et ils se perdent dans d’anxieuses pensées sur le futur au point de ne plus vivre ni le présent ni le futur. Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir… et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu.” Dalaï Lama

“Mère Nature n’est pas parfaite, mais s’est jusqu’à présent montrée plus intelligente que les êtres humains, et certainement beaucoup plus intelligente que les biologistes. Mon approche consiste donc à associer des recherches fondées sur des preuves (débarrassées de théorie biologique) à un a priori selon lequel Mère Nature a plus d’autorité que quiconque.” Nassim Taleb

Livre et ennéagramme : à lire absolument !

Lire sur l’ennéagramme n’est pas vivre le modèle. Certes la lecture a ses limites car l’ennéagramme n’est pas qu’une approche mentale de la connaissance de soi. Il est nécessaire d’intégrer les 3 centres pour expérimenter l’ennéagramme. Ceci étant, les livres ont une place de choix pour approfondir le modèle. Sur cette page tu découvriras :

  • Des livres sur l’ennéagramme (mes préférés)
  • Des livres écrits par chaque ennéatype (sans savoir qu’ils sont de tel type)
  • Des livres recommandés pour chaque ennéatype (pour s’intégrer)

5 livres sur l’ennéagramme

Quand tu découvres l’ennéagramme, c’est comme l’arrivée au parc d’attraction : il y a plein d’endroits où aller, tu ne sais pas par quoi démarrer et tu peux te sentir un peu perdu. Au parc d’attraction tu commences par aller à l’accueil pour récupérer le plan, et bien c’est pareil pour l’ennéagramme.

L’ennéagramme est un modèle de connaissance de soi fin et nuancé, pas si complexe, mais qui demande quand même d’y passer du temps (cf la playlist ennéagramme pour les nuls).

Avant toute chose, il faut commencer par les bases, que tu trouves en long, en large et en travers sur ce site. Quand tu veux creuser avec un livre en ennéagramme, retiens que tout ne se vaut pas. Beaucoup de livres sont les copies des copies, il suffit de voir sur internet… Reviens aux auteurs “sûrs”, dont je te cite la plupart ci-dessous, sans être pour autant exhaustif (je n’ai pas lu tous les auteurs). Du côté auteur français, j’ai rarement trouvé de la qualité : prends toujours en compte l’approche de l’auteur, où s’est-il formé, quelle est sa pratique de l’ennéagramme, et s’il forme, quelle est la qualité des personnes formées. Certains sont plus portés sur l’enseignement de Naranjo, d’autres de Palmer, d’autres de Russo et Hudson… Et il y a des sources croisées évidemment.

De mon expérience, tout ce qui dérive de l’école de Helen Palmer n’apporte pas beaucoup de valeur…

Pour approfondir, voici quelques livres qui abordent l’ennéagramme sous différents angles.

Le grand livre de l’ennéagramme de Fabien et Patricia Chabreuil

“Le grand livre de l’ennéagramme” des Chabreuil fait partie des premiers livres que j’ai acheté sur le sujet en 2016. Les Chabreuil, type 1 (Patricia Chabreuil) et type 7 (Fabien Chabreuil), ont fondé l’institut français de l’ennéagramme et ont une solide expérience de l’ennéagramme. C’est clairement un ouvrage de référence avec plus de 500 pages bien au-dessus de la plupart des livres d’auteurs français sur le sujet. Les Chabreuil font partie des auteurs qui ont inspiré Epanessence et qui ont l’approche la plus précise et pertinente sur l’ennéagramme que j’ai pu voir. Dans leur livre, les Chabreuil évoquent en détail l’ego, l’essence, la communication avec chaque type, le travail en entreprise. L’ouvrage des Chabreuil a l’avantage de faire le lien avec la spirale dynamique qui a même sa place dans le livre.

La sagesse de l’ennéagramme de Riso et Hudson

“La sagesse de l’ennéagramme” a été une très belle surprise pour moi. Même si je ne suis pas en accord avec toute l’approche des auteurs, notamment leur approche via un test (le RHETI), il n’en reste pas moins un très bel ouvrage traduit de l’anglais “The wisdom of enneagram” qui amène des axes très intéressants et vont dans la profondeur de l’ennéatype. Là encore c’est un pavé avec beaucoup de pages ! C’est aussi un ouvrage pratique qui propose des axes pour chaque type de personnalité de l’ennéagramme.

Je te promets la liberté de Laurent Gounelle

Amateur des livres de Laurent Gounelle depuis une dizaine d’année, j’ai été très amusé de voir que ce livre traitait de l’ennéagramme quand j’ai commencé à le lire. C’est une fiction assez caricaturale des 9 types de personnalité l’ennéagramme qui a le mérite de présenter le modèle.` Très accessible, c’est une façon intéressant de découvrir l’ennéagramme à travers les pages bien écrites de cet auteur.

Instinctual drives and the enneagram

Encore non traduit en français à l’heure où j’écris ces lignes “the instinctual drives and the enneagram” de John Luckovitch est une belle pépite pour comprendre à un niveau plus profond comment l’ennéatype est intrinsèquement lié aux instincts. Etant type 4 de l’ennéagramme, John a une approche vraiment profonde et singulière de ce sujet et fait le pont avec le travail intérieur et la 4ème de Gurdjieff. Il explique très bien le fonctionnement de l’ego, de l’essence et le travail que chacun peut entreprendre avec un outil. J’ai mis des mois à lire ce livre de 324 pages en anglais, tant il est profond et plutôt complexe.

Facets of unity de A.H Almaas

“Facets of unity” est un livre qui se focalise plus sur l’approche spirituelle de l’ennéagramme comparée à l’approche psychologique des 2 premiers cités plus haut. Cela amène une vision plus aérienne, basée sur l’énergie des 9 points de l’ennéagramme avec beaucoup de profondeur. Un ouvrage indispensable de plus de 350 pages pour creuser l’ennéagramme spirituel.

Livres écrits par chaque ennéatype

Lire des livres sur l’ennéagramme est très enrichissant. Il est tout aussi intéressant de lire des livres de chaque type de personnalité pour se plonger dans la psychologie de l’auteur et apprendre sur l’ennéagramme tout autant qu’en lisant un livre sur l’ennéagramme. Voici quelques livres qui peuvent t’aider à creuser dans la psychologie de chaque type ennéagramme. Chaque auteur ayant son niveau de conscience, tu peux voir d’énormes disparités dans le thème, les valeurs, l’écriture… Ca va enrichir ta vision du monde et ta vision de l’ennéagramme ! A ma connaissance, 2 auteurs parmi tous ceux que j’ai cités connaissent leur type de personnalité : Jonathan Lehmann et David Manise.

Type 1

  • Paléobiotique de Marion Kaplan
  • Latitude Zéro de Mike Horn
  • Au cœur du vivant de Issa Padovani

Type 2

  • Les mauvaises manières ça suffit de Julien Lepers
  • Never eat alone de Keith Ferrazzi
  • Un cri dans le silence de Brigitte Bardot

Type 3

  • Confiance illimitée de Franck Nicolas
  • Total Recall de Arnold Schwarzenegger
  • Votre temps est infini de Fabien Olicard

Type 4

  • Le spleen de Paris de Charles Baudelaire
  • 1984 de Georges Orwell
  • Autoportrait en chienne de Solange te parle

Type 5

  • Eloge de la fuite de Henri Laborit
  • Tout dans les mains de Jean de Bony
  • L’origine des espèces de Charles Darwin

Type 6

  • The antidote de Oliver Burkeman
  • Journal intime d’un voyageur chamanique de Jonathan Lehmann
  • Vivre sans pourquoi de Alexandre Jollien

Type 7

  • La puissance de la joie de Frédéric Lenoir
  • Sociologie du dragueur de Alain Soral
  • Mes 10 clés pour un corps en bonne santé de Major Mouvement

Type 8

  • Honnêteté Radicale de Brad Blanton
  • Antifragile de Nassim Taleb
  • Quick & Dirty de David Manise

Type 9

  • Les mots sont des fenêtres de Marshall Rosenberg
  • Ton autre vie de Franck Lopvet
  • Le livre de la méditation et de la vie de Jiddu Krishnamurti

Livres pour s’intégrer

Enfin, j’aimerais te partager une liste de plusieurs livres destinés à t’aider dans ton processus d’intégration.

Déjà voici 3 livres pouvant aider pour tous les types de personnalité :

  • Observation de soi de Red Hawk
  • Le petit prince de Antoine de Saint-Exupéry
  • Ton autre vie de Franck Lopvet

Ces 3 livres sont des pépites qui vont ouvrir ta vision du monde, je les lis chaque année.

Voici une liste d’ouvrages que j’ai lus (sauf 1) que je conseille pour chaque type de personnalité :

  • Cœur de cristal de Frédéric Lenoir : type 1, 3, 8
  • Le chevalier à l’armure rouillée de Robert Fischer : type 3, type 8
  • Eloge de la faiblesse de Alexandre Jollien : type 8
  • Foutez-vous la paix de Fabrice Midal : type 1, type 3, type 8
  • Imparfaits, libres et heureux de Christophe André : type 1
  • Avoir le courage de ne pas être aimé de Ichiro Kichimi : type 2, 3 et 4
  • A l’épreuve du non de Jia Jiang: type 2, 3 et 4
  • Deep work de Cal Newport : type 4, type 7
  • Eloge de l’insécurité de Alan Watts : type 6
  • Jouer sa peau de Nassim Taleb : type 5, type 9
  • Le pouvoir du moment présent de Eckhart Tolle : type 7
  • La carte n’est pas le territoire de Alfred Korzybski : types 5, 6, 7
  • Prenez soin de vous, n’attendez pas que les autres le fassent de Jean-Jacques Crèvecœur : type 2, type 9
  • Le courage de Osho : type 6
  • Petit éloge du transat de Vanessa Postec : type 1, type 3, type 8
  • Votre corps ne ment jamais de Alice Miller : type 1, type 2, type 3, type 5, type 8, type 9

Comment choisir ton prochain livre ?

Si tu veux creuser l’ennéagramme, tu as ces 3 types de livre :

  • Creuser le modèle de l’ennéagramme
  • Approfondir les 9 types ennéagramme
  • Favoriser l’intégration de ton type

Je t’invite à te laisser inspirer par les livres qui ont attiré ton attention. N’en commande pas 10, ça va s’empiler et tu ne les liras jamais. Commence par un à 3 livres en suivant ton intuition : si certains livres t’appellent, écoute cette sensation.

Si déjà tu lis le livre des Chabreuil et celui de Riso & Hudson, tu as un bon aperçu de l’ennéagramme psychologique.

Avec les livres proposés ci-dessus, tu as désormais des milliers de pages pour t’occuper les 10 prochaines années de ta vie !

9 mécanismes de défense : ennéagramme et psychologie

Les mécanismes de défense sont au cœur de la psychologie de l’individu et façonnent le personnage auquel nous jouons sans nous en rendre compte.
Découvre les 9 mécanismes de défense principaux et ce qu’ils cachent.

Qu’est-ce qu’un mécanisme de défense ?

Henri Chabrol, professeur de psychologie clinique le définit ainsi : “Les mécanismes de défense sont des processus mentaux automatiques, qui s’activent en dehors du contrôle de la volonté et dont l’action demeure inconsciente, le sujet pouvant au mieux percevoir le résultat de leurs interventions et s’en étonner éventuellement.”

Les mécanismes de défense ont été popularisés par Sigmund Freud avec la psychanalyse et sont au centre des travaux d’Anna Freud, sa fille.

A quoi sert un mécanisme de défense psychologique ?

Pour le comprendre, nous devons comprendre comment fonctionne la psychologie humaine.

L’origine primaire des mécanismes de défense

Principe de base : tous les systèmes psychologiques sont nés de la résistance au chaos ou d’une tentative d’organiser le chaos.

En clair, un système nerveux immature est incapable de traiter le chaos de la vie et il DOIT faire en sorte de le traiter. Ce paradoxe donne naissance à une structure psychique qu’on appelle grossièrement “ego”. L’ego est un système de survie permettant de filtrer la réalité dans le but premier de la simplifier pour y réagir.

Le psychisme humain est aveugle à un pan de la réalité dès son plus jeune âge (et il est très complexe de définir à quel moment cela se passe). Il y a des hypothèses intra-utérines, des hypothèses dans la primo-enfance, des hypothèses avant l’incarnation… La réalité est probablement un mélange de tout cela.

On dénombre 9 tâches aveugles psychiques (ou évitement compulsif) :

  1. La colère
  2. Reconnaître ses besoins
  3. L’échec
  4. La banalité
  5. Le vide intérieur
  6. La déviance
  7. La souffrance
  8. La faiblesse
  9. Le conflit

Ces 9 tâches aveugles correspondent aux 9 types de base de l’ennéagramme. En investiguant finement, chaque être humain suffisamment conscient de lui-même arrive au constat que cet évitement compulsif est tapi au fond de son système nerveux.

En clair, son psychisme ne peut pas traiter cette information qu’il considère comme extrêmement dangereuse. Ce n’est pas une simple peur : c’est tout le système psychologique qui est en alerte.

L’équation inconsciente est “si je suis confronté à ça, je n’existe pas.”

Tu te doutes bien que pour éviter l’horreur de la dissolution du “sentiment du soi” (en clair n’être rien), l’ego a de la ressource et se bat comme un beau diable !

C’est là qu’interviennent les 9 mécanismes de défense.

Les 9 mécanismes de défense fondamentaux

La clé concernant les mécanismes de défense réside dans l’inconscience totale de leur présence dans l’état ordinaire et l’automatisme dont nous sommes l’objet.

Ici, nous allons nous focaliser sur les 9 mécanismes de défense fondamentaux, en lien avec les 9 types de personnalité de l’ennéagramme.

Chaque profil de personnalité a son mécanisme de défense spécifique pour ne pas être confronté à sa compulsion.

Il existe bien d’autres mécanismes de défense décrits par des spécialistes, qui sont probablement des variantes des 9 mécanismes de base. Bien sûr, tout le monde est capable d’utiliser les 9 mécanismes de défense selon sa nécessité du moment.

Nous avons tous déjà pratiqué la projection, la rationalisation, l’identification, le déni… Personne n’est épargné, chaque système nerveux se protège de cette façon.

La différence fondamentale est que nous avons UN mécanisme de défense privilégié (selon notre évitement compulsif) qui se répète tous les jours de notre vie, plusieurs fois par jour, et dont nous sommes profondément inconscients !

Seule l’introspection honnête nous amène à le voir. En effet, le mécanisme de défense doit être profondément inconscient, pour protéger la structure psychique de la dissolution à tout prix.  Le “à tout prix” montre bien l’aspect automatique, répétitif et “non libre” de cette démarche.

Beaucoup de blocages émotionnels sont liés à nos mécanismes de défense.

Les 9 mécanismes de défense fondamentaux sont :

  • Formation réactionnelle
  • Répression des besoins
  • Identification
  • Introjection et sublimation
  • Isolement et retrait
  • Projection
  • Rationalisation
  • Déni
  • Narcotisation et anesthésie

Chaque mécanisme de défense est déclenché par le centre préféré, auquel l’ego s’identifie (cf les bases de l’ennéagramme)
Voyons donc les 3 familles de mécanismes de défense en lien avec les 3 centres.

Les mécanismes de défense instinctifs

Déni

Le déni est une réaction où l’on refuse de reconnaître certains aspects douloureux de la réalité ou de l’expérience subjective qui seraient évidents pour les autres. C’est le mécanisme de défense du type 8 qui ne peut pas se permettre la faiblesse et qui craint d’être contrôlé par autrui. Une douleur, une épaule déboîtée, une énorme fatigue, une maladie… Le type 8 s’en fiche, il continue d’avancer comme si de rien n’était.

Ce mécanisme de défense est très bien illustré dans la série “Succession” par Logan Roy, type 8 ayant créé un empire des médias qui est régulièrement dans le déni de sa faiblesse, malgré son handicap physique.

Narcotisation et anesthésie

La narcotisation permet de se couper de soi et de vivre un faux calme intérieur. L’anesthésie est une transe consistant à ne rien ressentir physiquement. C’est le mécanisme de défense du type 9 qui ne peut pas se permettre le conflit et qui craint d’être coupé du monde. En effet, si je m’anesthésie, je ne sens plus mon corps, je ne me sens pas être un individu séparé, je peux continuer de fusionner avec les autres sans tenir compte de ma subjectivité.

Formation réactionnelle

La formation réactionnelle consiste à “construire quelque chose contre l’objet de ma colère”. Ne pouvant pas sortir librement, la colère est l’objet d’un refoulement permanent et sort sous forme d’énergie instinctive qui pousse à l’action, une action automatique, crispée et incontrôlable. C’est le mécanisme de défense du type 1 qui ne peut pas se permettre d’être en colère et qui craint d’être une mauvaise personne. Il est le spécialiste du refoulement de la colère. La formation réactionnel le lui permet de déployer une énergie phénoménale à la poursuite de ses idéaux tout en refoulant sa colère.

Les mécanismes de défense émotionnels

Répression des besoins

La répression des besoins consiste à mettre ses besoins sous le tapis pour laisser un maximum de présence à l’autre, à ses émotions et à ses besoins, pour le satisfaire coûte que coûte. C’est le mécanisme de défense du type 2 qui ne peut pas se permettre de reconnaître ses propres besoins et qui craint de ne pas être aimé par l’autre. Comme le type 2 tire une identité de la reconnaissance apportée par autrui, il doit lui faire une place de choix dans son centre émotionnel et il n’y a pas de place pour lui. C’est ainsi qu’il refoule son identité en s’identifiant à ce rôle de bon samaritain.

Identification

L’identification revient à confondre le Soi avec un élément de la réalité, particulièrement un projet, un groupe, un statut, un compte en banque, une relation, un mode alimentaire, un métier, un personnage de fiction, un prénom, un corps…

C’est le mécanisme de défense du type 3 qui ne peut pas se permettre d’échouer et qui craint de ne pas avoir de valeur. Tout le monde est concerné par l’identification à un niveau profond (puisque la personnalité EST une identification), mais le type 3 est touché à un niveau encore plus profond car c’est son mécanisme de défense. Comme le type 3 tire une identité de ses projets, objectifs et réussites, il ne peut pas ne pas être en mouvement vers ce qu’il convoite, sans quoi il est face à ce vide identitaire et se confronte vraiment à l’échec. Alors il s’identifie à l’avatar social qui contient souvent plusieurs identifications (projet, groupe, argent…)

Introjection et sublimation

L’introjection et sublimation se jouent en deux temps. L’introjection consiste à faire entrer en soi un objet du monde extérieur afin de vivre intensément des fantasmes et des émotions. La sublimation consiste à transférer ses émotions à travers une activité culturelle quelle qu’elle soit. C’est le mécanisme de défense du type 4 qui ne peut pas se permettre de vivre la banalité et qui craint d’être sans identité. Cela lui permet de vivre d’intenses émotions dans son centre émotionnel, sans quoi il n’existe pas. Le type 4 peine à exprimer cette palette d’émotions par des mots, c’est pourquoi il a tendance à le sortir par une forme d’art, quelle qu’elle soit (écrire, dessiner, chanter…)

Les mécanismes de défense mentaux

Isolement et retrait

L’isolement et le retrait consistent à se détacher du monde pour se livrer à des activités mentales visant à compléter sa représentation du monde. C’est le mécanisme de défense du type 5 qui ne peut pas se permettre d’être confronté au vide intérieur et qui craint d’être incapable. Alors le type 5 se retire de la situation présente pour rester dans son centre mental et cartographier autant qu’il le peut.

Projection

La projection attribue « à tort à un autre ses propres sentiments, impulsions ou pensées inacceptables ». Elle permet d’éliminer de soi ce qui est intolérable de reconnaître en soi-même et de le percevoir dans un autre. C’est le mécanisme de défense du type 6 qui ne peut pas se permettre la déviance (de son cadre mental) et qui craint d’être seul et sans soutien. Ainsi, il reproche aux autres ce qu’il fait lui-même sans s’en rendre compte. La nature même de ce mécanisme de défense le rend difficile à percevoir par le type 6, même s’il est évident vu de l’extérieur.

Rationalisation

La rationalisation est un argumentaire apparemment logique et cohérent visant à cacher ce que l’individu vit vraiment. C’est le mécanisme de défense du type 7 qui ne peut pas se permettre la souffrance et qui craint d’être privé. Ainsi, dès qu’il vit quelque chose de désagréable pouvant le faire souffrir, le type 7 utilise son centre mental pour expliquer par A+B en quoi il n’y a pas de problème et en quoi il a raison, ce qui le rend particulièrement habile en pirouettes.

Mécanismes de défense et travail intérieur

Les mécanismes de défense sont automatiques, inconscients et répétitifs. Que faire avec ça ?

Comme tout travail intérieur, il ne s’agit pas de passer en force ni de lutter contre. L’ego n’est pas un ennemi, les mécanismes de défense ne sont pas un problème. Il s’agit avant tout d’une stratégie de survie qui ne veut rien d’autre que le maintien de l’homéostasie.

La première étape du travail intérieur consiste à rendre conscients nos mécanismes de défense et autres mécanismes (passion et fixation). Pour cela, il est très aidant de connaître notre type ennéagramme.

La deuxième étape du travail intérieur réside dans l’observation factuelle de nos mécanismes des défense quand ceux-ci s’activent, simplement s’en rendre compte et ne pas en être dupes.

La troisième étape du travail intérieur consiste à lâcher prise sur le centre préféré et son mécanisme de défense, quand on en a les moyens. Il est plutôt question de se détendre que de faire quoi que ce soit. Le lâcher prise n’est pas quelque chose qu’on fait, c’est un espace qu’on crée pour laisser advenir la vie.

Développement personnel : danger et ravages d’une voie sans issue

Le développement personnel est devenu une mode, un phénomène généralisé. Depuis Tony Robbins, les livres de développement personnel pour améliorer sa vie abondent dans les librairies.

Entre les manuels mode d’emploi “Comment avoir plus confiance en soi” ou “les secrets du bonheur”, “comment avoir une meilleure vie”, “commencer mieux influencer au travail”, les conseils bateaux de psychologie déguisés en roman type “voyage du héros” ou encore les livres moralisateurs qui nous martèlent à coup d’injonctions de ne pas juger, de ne pas faire de supposition ou de méditer tous les matins, il y en a pour tout le monde.

Le développement personnel est ancré dans notre vie d’humain du 21ème siècle où l’on croit devoir s’améliorer.

Cet article s’adresse à ceux qui, comme moi, ont été ou sont toujours de grands consommateurs de développement personnel.

Attention : selon ton degré d’engagement dans le développement personnel, tu risque d’être secoué.

Développement personnel : le dangereux postulat de départ

Avant d’aller plus loin, précisons qu’il n’existe pas UN développement personnel mais plusieurs : c’est juste un terme générique.

De multiples courants, chacun avec ses auteurs phare : certains ne jurent que par la CNV de Marshall Rosenberg, d’autres par les 4 accords toltèques de Don Miguel Ruiz, d’autres par les 5 blessures de Lise Bourbeau, d’autres encore par le moment présent de Eckhart Tolle ou encore la psychologie positive de Tal Ben Shahar.

Chaque coach a sa théorie, ses objectifs, ses outils, ses exercices, son livre de référence, ses citations… Chaque coach vend sa méthode, sa formation, meilleure que les autres.

Peu importe le courant, je veux mettre en exergue le postulat de départ inhérent à la plupart des courants de développement personnel que j’ai croisés.

Ce postulat de départ est : “je dois m’améliorer.”

Eh oui, sinon pourquoi lire des livres de développement personnel ? Pour le fun ? Quitte à s’évader, autant lire un roman de St Exupéry ou une prose de Baudelaire. Même si je reconnais que j’ai pris beaucoup de plaisir dans les romans de Laurent Gounelle par exemple.

L’intention première du développement personnel est de s’améliorer, d’atteindre ses objectifs, de changer son esprit, de devenir plus positif, de contrôler ses émotions, d’être une meilleure personne, d’être plus productif, plus confiant… Ça peut être aussi insidieux qu’être plus bienveillant, plus présent ou plus heureux. Il s’agit très souvent d’être plus.

Il y a aussi le courant du “moins”, bien entendu : comment simplifier sa vie, trier ses objets, se défaire du matérialisme… J’ai beaucoup aimé cette voie qui m’a parlé à une époque, mais le message consistant à dire “être moins” revient exactement au même postulat que le “être plus”.

Dans tous les cas cela revient à l’idée de “je dois m’améliorer” pour arriver à une finalité autre que ce qui est. Derrière cette injonction (car c’est bien ce dont il s’agit), il y a la volonté d’être autre chose que ce que je suis.

J’ai une mauvaise nouvelle : la démarche volontariste d’amélioration de soi repose sur le déni de ma propre humanité. Le socle du développement personnel est de me vendre l’idée que je dois être autre chose que ce que je suis. Sans quoi il n’y a pas de business, pas d’argent à faire.

Autrement dit : qui je suis n’est pas OK. Je devrais être plus ceci ou moins cela. Je dois avoir plus confiance, plus m’affirmer, être plus mince, moins timide, moins rigide.

J’ai tellement longtemps cru à cette idée que j’ai mis du temps à voir la supercherie.

Attention, n’y vois pas une incitation à se laisser aller à sa pente naturelle. Là n’est pas mon propos, car je ne suis pas en train de te dire de faire quoi que ce soit.

Le développement personnel crée une tension qui dit en substance “qui tu es ne convient pas”. C’est un déni pur et simple de la vie que tu es !!!

Ce développement personnel s’inscrit dans la continuité d’une doctrine religieuse dans laquelle tu es censé expier tes péchés, corriger tes fautes, implorer pardon à Dieu et être du côté du bien, en visant un idéal de pureté pour, après ta vie, aller au paradis.

Même si tu n’es pas la religion, c’est extrêmement ancré dans notre société et en toile de fond. Si tu en doutes, demande-toi pourquoi tu ne pètes pas, rotes pas, pleures pas, cries pas, en public ?

La religion est venue avec la morale : il est des choses qu’on ne doit pas faire, point. Pourquoi ? Parce que.

Le développement personnel a tout d’une idéologie religieuse : ses rituels, ses “il faut”, ses bibles, ses prêtres…

Il y a aussi le courant du développement personnel plus productiviste, visant à être plus productif, réaliser que tout est possible, acomplir ses rêves, se dépasser pour être la meilleure version de soi-même.

C’est une énergie différente du développement personnel “religieux” qui n’en est pas moins toxique quand il est pris trop au sérieux.

Quand l’objectif et la volonté de la résultat deviennent plus importants que toi, la maltraitance n’est jamais bien loin…

Tu commences à t’en vouloir car tu as raté une méditation, à te fouetter car une “pensée négative” a traversé ton esprit (oh la vilaine !).

Le vrai danger est de ne jamais vivre ici et maintenant, de se dédier corps et âme à la positivité, au bonheur, à la bienveillance… Sans jamais les vivre.

L’injonction au bonheur empêche de vivre le bonheur.

Et si nous questionnons le postulat de départ ?

Si on questionne cette phrase “Je dois m’améliorer” : Qui doit améliorer qui ? Améliorer quoi exactement ? Pourquoi vouloir améliorer ? Améliorer selon quels critères ? Améliorer au regard de quel absolu ?

Comme dit précédemment, cette amélioration va souvent dans 2 directions :

  1. La direction du “bien” et du “mieux” : être une bonne personne, quelqu’un de gentil, du côté du bien, être dans la pure bienveillance et dans l’amour.
  2. La direction du “plus” (plus efficace, plus riche, plus rapide, plus confiant) ou du “moins” (moins d’objets, moins d’argent, moins de consommation)

On cherche à s’hypertrophier dans ces deux directions. En théorie, ça pourrait être une bonne idée ! Après tout, un monde avec que des gens bienveillants, heureux, confiants, riches sur tous les plans… Ca doit être génial.

C’est sans compter l’idéologie qui va derrière : c’est au nom de l’amour et de la vérité que des groupes d’humains ont brûlé, pillé, tué, des millions d’autres humains.

Manque de bol, l’être humain n’est pas résumable à une logique de camps avec les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. La logique aristotélicienne semble valide en théorie…

En pratique, l’humain est TOUT, il contient toutes les polarités, capable du pire comme du meilleur comme l’explique bien Franck Lopvet. Un individu “gentil comme tout” peut passer sa vie à ne pas faire de vague et se retrouver un jour dans les journaux car il a assassiné sa famille. Personne n’est tout blanc ou tout noir, à part un albinos et un éthiopien, et encore…

Ca signifie qu’une démarche de développement personnel va pousser l’individu à “muscler” son côté “bien” et son côté “plus”. Il entre en guerre contre son côte “mal” et son côté “moins”.

Rien de tel pour entretenir la violence à l’intérieur de soi et augmenter la tension interne. Cette guerre intérieure crée une séparation chez l’individu qui se morcèle alors de plus en plus, persuadé qu’il doit éradiquer son côté sombre.

L’injonction à devenir meilleur devient ainsi un enfer qui coupe l’individu de qui il est, mettant en lumière certaines parties et au placard d’autres.

Les parts volontaristes, qui cherchent à être “plus” et “mieux” en voulant méditer, arrêter le sucre et s’étirer tous les soirs, prennent de la place, s’hypertrophient telles une tumeur cancéreuse.

Tandis que les parts qui veulent dormir, jouer aux jeux vidéo, regarder les papillons voler, se voient réprimées, connotées négativement et enfermées à la cave.

Voilà le résultat d’un développement personnel malsain qui éloigne l’individu de qui il est. Ainsi, les parts réprimées prennent du pouvoir dans l’ombre et contrôlent secrètement l’individu, par des addictions, des compulsions, des comportements déviants.

Et à coup de techniques interventionnistes parfois très efficaces, la personne continue à se morceler un peu plus, en ayant réellement l’impression de s’optimiser… (jusqu’au point de rupture)

Ce développement personnel boiteux est délétère pour la santé psychique, tout autant qu’il est célèbre et de plus en plus répandu.

Mon expérience du développement personnel

Je l’ai expérimenté dans ma propre chair : j’ai passé près de 12 ans dans une course infernale à vouloir être mieux, à vouloir être plus.

Ca m’a beaucoup amusé au début, j’ai expérimenté énormément de choses pour améliorer ma vie : aborder des inconnus, retraite de méditation, auto-hypnose dans le désert marocain, miracle morning tous les jours, bains glacés, affirmations positives, jeûne d’une semaine, apprendre à parler en public…

J’ai lu des centaines de livres de référence, j’ai pris un coach, je me suis formé au coaching, à la psychologie, je faisais plein d’exercices, je suivais tous les jours des formations, j’allais en séminaire…

J’ai réalisé bien plus tard à quel point ma vie tournait autour de ça. J’étais devenu un junkie du développement personnel !

La limite du monde du développement personnel et du coaching, c’est que ta vie est dominée par les sacro-saints objectifs : il y a toujours un objectif, puis encore un objectif et après un autre objectif.

Et Fabien dans tout ça ? Dans cette course, j’ai perdu le plus important : mon intimité avec moi-même.

Me sacrifiant ainsi sur l’autel d’un idéal, je ne savais même plus qui j’étais, je me confondais avec l’avatar lisse que je montrais au monde.

Evidemment j’étais le seul responsable. Il n’y a pas de pierre à jeter à quiconque (puisqu’il n’y a pas de coupable ni de faute). C’était une expérience que j’avais besoin de vivre. Simplement, j’ai payé le prix de ce jeu toxique de “l’optimisation de mon potentiel”.

Se perdre dans ces chemins de traverse peut être une nécessité pour réaliser la perversité de cette démarche d’amélioration de soi. Comme je l’ai compris : me perdre m’a aidé à me retrouver.

Il y a des indicateurs qui montrent qu’on se fourvoie complètement dans le développement personnel et surtout la pression que ça génère.

Avec cette pression viennent des tensions psychiques, émotionnelles et corporelles. Quand chaque aliment que tu manges, chaque seconde que tu passes, chaque personne que tu fréquentes, devient un sujet de préoccupation, c’est qu’il y a un problème.

Si ce que tu fais crée des tensions, tu peux te poser des questions.

Voici une question pour faire preuve de discernement : D’où part en moi ce besoin de lire ce livre, suivre ce séminaire, m’améliorer de la sorte ? Où est-ce que je compte aller comme ça ?

La clé pour sortir de la rat race du développement personnel

Dans le développement personnel et le monde du coaching, il est souvent question de la “rat race” (la course des rats) : métro, boulot, dodo. L’archétype de l’individu qui passe 2 heures par jour dans le RER pour aller travailler le cul sur une chaise dans un immeuble gris, dans un boulot salarié qu’il déteste, pour rentrer exténué chez lui, et rebelote.

Le développement personnel apparaît comme un second souffle pour s’émanciper de ce carcan étroit. En réalité, les milliers de personnes que j’ai rencontrées depuis une dizaine d’années m’ont montré que la “rat race” s’applique de la même manière au monde du développement personnel et du coach : Passer 2 heures par jour à méditer, faire des affirmations et des bains froids, regarder des vidéos de développement personnel, écouter des livres audio en voiture pour s’améliorer, dépenser des (dizaines de) milliers d’euros en formation, coaching, stages. Travailler plus pour se payer tout ça.

Loin de moi l’idée de critiquer cela, je l’ai fait moi-même. Il me paraît judicieux de remarquer la similitude, de voir que c’est encore la même boucle qui se répète : comme ces entrepreneurs qui quittent le salariat pour courir après leur liberté et leur succès et qui finissent enchaînés à leur business à travailler 12h par jour pour se payer un salaire.

Cela est-il plus sain que la vie du salarié avec son métro-boulot-dodo ? Je ne sais pas.

Vérifier son intention est à mon sens la meilleure façon de se voir en train de faire.

A chaque instant, ai-je une intention de résultat, d’atteindre quelque chose ? Ou ai-je l’intention d’être en lien avec ce qui est ?

C’est aussi simple que cela. Le développement personnel est mû par une intention de résultat où la volonté de s’améliorer est plus important que nous. On sacrifie le soi sur l’autel de l’idéal… du soi. Paradoxal n’est-ce pas ?
Je ne dis pas que c’est mal pour autant.

La vie est pleine de paradoxes comme celui-ci.

Chacun doit vivre son expérience et, parfois, se perdre est la meilleure voie pour se trouver. Simplement, si tu te retrouves dans ce schéma, regarde bien que cette quête d’amélioration est mue par la volonté de combler un vide que tu ne peux pas combler.

Ce vide est simplement vide de toi, donc ce n’est pas en le remplissant avec des choses extérieures que tu vivras un sentiment de plénitude.

Voilà encore un paradoxe : “Quand tu mets du plein dans le vide, celui-ci n’est plus vide.”

Cela rejoint un principe clé en CNV qui dit que “le premier besoin d’un besoin est d’être reconnu.”

Pour le dire clairement, quand je sens qu’il y a un “vide” en moi (une émotion forte, une sensation désagréable,…), c’est simplement que je n’ai pas pris le temps de l’écouter, de la ressentir pleinement. J’ai tout fait pour remplir ce vide compulsivement à travers la nourriture, les autres, les écrans, le travail, la cigarette, le sport, une formation ou un livre de développement personnel…

Or, le simple fait d’amener ma présence dans ce vide, en passant par la respiration, le ressenti et surtout l’accueil, fait disparaître le vide… puisqu’il est plein de moi.

C’est quelque chose sur lequel on peut réfléchir pendant des heures en se disant “mais oui, c’est tout à fait ça !”, ça ne change rien tant que ce n’est pas vécu. Pour certains, comme ça a été mon cas, il est nécessaire de passer par un tiers pour vivre cela.

J’aurais tendance à dire que c’est systématiquement nécessaire : pour quelqu’un qui ne sait pas se donner cet amour sans condition, qui ne sait pas accueillir ses émotions et se prendre tendrement dans les bras… Faire appel à un tiers est une béquille temporaire indispensable.

Le coach n’est souvent pas une bonne personne pour cela : le premier paradigme du coaching est de fixer un objectif pour avoir un résultat… Ici il n’est pas question d’objectif, simplement question de se rencontrer et s’écouter.

La compulsion du développement personnel disparaît dès qu’on a pris le temps de se rencontrer intimement : il n’y a plus besoin de courir puisqu’on a compris que tout ce qu’on cherchait tout ce temps à travers l’extérieur… C’est soi-même.

L’ennéagramme fait partie des chemins qui mènent à cette rencontre intime entre soi et soi. Il en existe plein d’autres. Le coaching peut être une introduction au sujet avec le travail sur les valeurs, sur l’estime de soi ou la confiance en soi… C’est la première couche de l’oignon.

Tout ce qui invite à tourner le regard à l’intérieur pour voir ce que tu vis réellement, sans chercher à le repousser, mérite ton attention. En gros un véritable travail d’introspection.

Il existe des milliers de chemins et ils mènent tous au même endroit. Même le développement personnel, par l’impasse qu’il représente, m’a amené trouver ma voie. Donc quelque part il y mène aussi.

Si tu fais partie de ces personnes qui font tourner toute leur vie autour de ce petit monde, que tu te mets une pression phénoménale pour être “la meilleure version de toi” et que tu dépenses tout ce que tu gagnes dans un coach ou des formations de coaching, réalise une chose :

Le développement personnel n’est pas plus important que toi.

Truman show : analyse et ennéagramme

L’ennéagramme des personnalités c’est cool.

Mieux se connaître, génial.

Mieux communiquer, top.

Maintenant, il faut que tu saches : l’Essence de l’ennéagramme n’est pas là.

Tout au long de cet article, je vais me référer au film culte “the Truman Show” de Peter Weir, une de mes œuvres préférées, pour illustrer mon propos sur l’ennéagramme, l’ego et l’essence.

Truman show : rappel

Truman Burbank est un homme normal, agréable, simple, il vit sa petite vie tranquille. Jusqu’au moment où il réalise qu’il est le jouet d’une téléréalité connue mondialement où tout est faux (sauf lui), dans laquelle il est le personnage principal et il joue son propre rôle à son insu, depuis sa naissance.

Cette comédie dramatique touchante à bien des égards illustre bien la marchandisation des vies humaines, de la superficialité des téléréalités aux placements de produits omniprésents, dès le début des années 2000. C’est UN niveau de lecture possible et ce n’est pas le sujet aujourd’hui.

Si je cite ce film, c’est qu’il y a autre chose…

De quoi parle réellement le Truman Show ?

Quel lien avec l’ennéagramme et l’essence ?

J’aimerais te partager un niveau de lecture plus subtil que beaucoup de personnes ont raté au visionnage de ce film. Attention au spoil, si tu n’as pas vu le Truman Show, programme-toi un visionnage ce soir avant de lire la suite !

Ca va être l’occasion d’approfondir l’ennéagramme ensemble.

Le film de l’ego, répétitif et prévisible

Avant d’aller plus loin, il faut que je te parle de Christof, le personnage incarnant le réalisateur dans la téléréalité.

Il travaille depuis la Lune (faisant partie du décor) et contrôle absolument tout de la vie de Truman : Christof planifie les rencontres, les ruptures, les événements dramatiques…

Truman Burbank est prisonnier de l’île de Seahaven malgré lui. Dans cette ville que Truman n’a jamais quitté, tout est faux : les habitants sont des acteurs, les bâtiments sont des décors, le scénario est déjà écrit à l’avance…

Tout est prévisible jusqu’à sa réplique matinale à ses voisins avant de partir au travail : « Au cas où je ne vous vois pas, bon après-midi, bonne soirée et bonne nuit ! ».

Le monde de l’ego est à l’image de la vie de Truman contrôlée par le réalisateur : prévisible, répétitif et limité. C’est toujours le même schéma de fond, même s’il y a des variations, elles ne sont qu’apparentes (le script reste le même).

Le cœur de l’ennéagramme consiste à repérer les automatismes de notre type de personnalité, se détendre et renouer avec notre essence.

Trouver son type ennéagramme n’est pas juste trouver un numéro parmi les 9 pour se ranger dedans. C’est bien plus fin que cela : trouver son type ennéagramme, c’est avant tout comprendre par où notre énergie est aspirée pour nous faire quitter la réalité telle qu’elle est.

L’ego est un film, très réaliste, qui accapare sans cesse notre attention au même endroit (un point fixe) pour la diriger sur son invention. Nous pouvons ainsi passer toute notre vie dans un mode sommeil, hypnotisés par notre propre ego, en étant totalement aveugles à la réalité brute comme Truman pendant la majeure partie de sa vie. Les mécanismes de défense sont là pour maintenir cette illusion sous contrôle, ils sont totalement inconscients sans un travail spécifique.

Dans le Truman Show, les mécanismes de défense sont symbolisés par les personnages du quotidien : principalement Marlon son meilleur ami d’enfance et Meryl sa femme, s’assurant qu’il ne sort pas trop du cadre pré-pensé et réduisant ses doutes à néant au besoin, par l’usage des émotions.

Est-ce que grave de vivre en mode automatique ? Oui et non.

Oui. Vivre une vie coupé de la source est une expérience tronquée, bien pauvre, une sorte de vie en 2D où tout est plus fade.

Non. Des milliards d’individus ne s’en sont jamais rendus compte. Ce serait grave s’il y avait un objectif absolu de s’éveiller à la réalité telle qu’elle est, ce qui n’est pas le cas.

Maintenant, est-ce que ça change tout quand on le découvre ? Evidemment.

Une vie sous le joug de l’ego est un peu comme un mauvais film d’époque : terne, en noir et blanc, peu épanouissant…

L’ego est prévisible, répétitif, limité, il est la maisonnette de hobbit dans laquelle on se cogne car trop petite : on essaie de rester dedans alors qu’on peut explorer le monde, vaste et infini.

D’ailleurs, Truman a toujours voulu explorer le monde comme Magellan, manque de bol pour lui qui est coincé dans un studio géant.

Malheureusement pour lui, une phobie de l’eau lui a été transmise par la (fausse) mort de son (faux) père, ce qui a calmé (momentanément) ses ardeurs d’exploration. 

Tout va bien dans ce monde rassurant et répétitif, jusqu’au jour où…

L’ego montre ses limites

Dans ta vie, tu t’es peut-être déjà demandé : “mais c’est ça la vie ?!” avec un arrière-goût désagréable en bouche.

Passer une heure dans un métro bondé qui sent la sueur avec des personnes qui tirent la gueule, travailler dans un boulot qu’on aime pas, se disputer avec sa femme en rentrant le soir, manger le même plat de raviolis sous plastique et répéter la même journée indéfiniment ? En partant en vacances de temps en temps pour ne pas péter un câble…

À un moment donné, le voyageur spirituel se doute de quelque chose : il sent que ça ne tourne pas rond, il commence à se poser des questions sur sa réalité ordinaire.

Comme Truman qui se rend compte d’événements étranges : un projecteur qui tombe du ciel, dans la rue il croise son père (censé être mort), une chaîne de radio décrit ce qu’il fait au volant de sa voiture, il voit un décor derrière un ascenseur qu’il n’est pas censé voir… 

Alors la dissonance cognitive commence : ces éléments ne collent pas avec la vision de la vie normale qu’il pensait vivre.

Il commence à comprendre que tout ce petit jeu est centré autour de lui.

Quand tu découvres l’ennéagramme, tu commences à voir les boucles répétitives dans lesquelles tu es enfermé malgré toi. Tu repères des schémas qui se répètent : dans les relations, dans tes choix de vie, dans ta vie professionnelle…

A force de les voir, ça te met la puce à l’oreille : quelque chose ne tourne pas rond.

  • “Pourquoi je tombe toujours sur le même type de personne en relation ?”
  • “Pourquoi au boulot je finis toujours par me faire avoir ?”
  • “Comment se fait-il que je rejoue ce schéma avec l’argent ?”
  • “Pourquoi je retombe toujours dans les mêmes travers ?”

A compter de ce moment, l’invitation au voyage est lancée.

Soit tu n’es pas prêt : tu prends la pilule bleue et tu fais comme si de rien était pour faire cesser la dissonance cognitive et revenir au confort.

Soit tu es prêt : tu prends la pilule rouge et tu acceptes la dissonance cognitive pendant un temps, en faisant exister 2 réalités incompatibles dans ton cerveau.

Notre système nerveux déteste ne pas savoir sur quel pied danser, c’est là que les mécanismes de défense reviennent en force… En persévérant suffisamment dans cette voie arrive…

L’heure de la désidentification

Quand on parle de l’essence, on imagine quelque chose d’évolué, difficile à développer, qui arrive après des années de méditation…

Que nenni, l’essence est toujours là !

Dans l’hindouisme, il est question de l’illusion du monde physique que notre esprit considère comme la réalité, on l’appelle Māyā.

Il faut percer le voile de l’illusion (l’amalgame de toutes ces transes hypnotiques) pour se rendre compte que l’essence de qui nous sommes est là en permanence, il n’y a pas d’effort à faire pour cela.

L’ego fait croire que toucher l’essence se fera plus tard, au prix de beaucoup d’efforts… Ca permet de ne pas vivre ici et maintenant, de sorte que l’ego garde la toute puissance.

Dans le monde de l’ego où tout est prévisible, tout est attendu et guère réjouissant : un monde virtuel qui a le goût de la réalité mais qui ne l’est pas, comme la ville où vit Truman.

Rappelons qu’en ennéagramme, l’ego correspond à l’identification au centre préféré : tout est fait pour utiliser le plus possible ce centre, au détriment des autres et particulièrement du centre réprimé.

Dans l’ego, il en résulte un humain qui est plus en contact avec son centre préféré qu’avec la réalité elle-même. Quand il fait cela, les mécanismes égotiques de son type ennéagramme sont très visibles : évitement de la compulsion par le mécanisme de défense, passion, fixation, peur de base et désir de base…

En cherchant à tout prix à courir après l’essence, l’ego se vautre sans jamais l’atteindre, comme une asymptote.

L’essence correspond à un individu en contact avec ses 3 centres et donc en contact avec la réalité telle qu’elle est. Il n’y a rien à faire pour développer l’Essence car elle est déjà là.

Le travail du voyageur spirituel réside surtout dans la réalisation quotidienne de cette mythologie personnelle appelée ego. Quand l’ego est pris la main dans le sac, tu reviens à ta “vraie” nature automatiquement où tout est plus simple.

C’est le moment où Truman repère les schémas répétitifs : la dame sur son vélo, l’homme avec des fleurs, une coccinelle cabossée… Tout est scripté dans ce monde factice, ces personnages tournent en boucle dans le quartier… Cet infra-monde égotique est limité, prévisible, répétitif. Et c’est ainsi qu’on le repère. Mais il ne veut pas être répéré, ce qui est illustré par la réaction de sa femme, à qui il montre le pot aux roses : elle rejette en bloc, elle ne peut pas avouer qu’il a raison, au risque que le monde de l’ego s’effondre.

Tous les mécanismes de notre personnalité sont prévisibles, car dans l’ego nous sommes des êtres prisonniers, captifs d’une force qui nous aspire.

Evidemment, l’ego ne perd pas une occasion pour récupérer le travail spirituel, notamment en projetant un “meilleur soi” à travers le travail spirituel (“je serai tellement épanoui quand je serai présent, plus empathique”)

Ainsi, tout travail sur l’ego amène celui-ci à muter et évoluer pour continuer d’exister, même s’il n’a pas d’existence réelle. (C’est un coup à se faire des nœuds au cerveau.)

Le piège du travail en ennéagramme et l’éveil

La compréhension que nous avons un ego avec des boucles répétitives donne l’impression qu’il faut anéantir cet ego…

Nous pouvons croire qu’il faut nous purifier pour atteindre l’essence véritable, un endroit où il n’y a plus d’ego, où il n’y a plus que Nirvana, joie et extase.

En réalité, il apparaît plutôt que le travail de conscience avec l’ennéagramme est un “non travail” basé essentiellement sur le rappel à soi, c’est-à-dire ramener notre attention vigilante sur nos 3 centres.

Il n’y a pas d’Essence à atteindre parce que l’Essence est déjà là. Il s’agit de revenir dans cet espace en soi déjà relié à tout ce qui est.

Voilà le processus d’intégration. Comme l’Essence est non duelle, elle rejette pas quoi que ce soit, l’ego a aussi sa place.

Voilà pourquoi on parle de “rappel à soi”, car lorsque nous sommes identifiés à notre ego, l’esprit embrumé, nous “oublions” purement et simplement l’essence.

C’est un tour de passe passe classique où l’ego s’intercale dans l’espace où il n’y a pas de séparation pour donner l’impression qu’il y en a une.

Dans ce monde virtuel de la dualité ainsi créé, l’ego jouit d’une toute puissance sur son propre monde, tel Christof le réalisateur.

Quand il a réalisé la vraie nature de sa vie, Truman décide de quitter ce monde ordinaire pour aller aux îles Fidji où il veut retrouver la fille qu’il aime et qui 

Comme le voyageur spirituel qui veut toucher l’éveil, le “vrai soi”… Truman a cet appel inexplicable de l’inconnu, qui est un des rares paramètres que Christof ne contrôle pas.

Avant d’aller plus loin, faisons un détour par la symbolique chrétienne et ce tableau. Tu peux prendre un instant pour sentir ce que ça t’évoque…

Quand j’ai vu ce tableau, j’ai eu un flash sur la scène finale du Truman Show.

Si on regarde un peu plus loin que le niveau zéro de la religion, c’est bourré de symbolique. Voici l’analyse de la chaîne Youtube Esprit 2.0 au sujet de ce tableau (qui est UNE interprétation possible) :

Dans la tempête de l’existence causée par Dieu/l’Univers/le Tout (la conscience infinie sans forme représentée par la mer), les voyageurs spirituels qui restent dans leur ego (représentés par les marins dans leur barque) et qui essaient de naviguer avec leur mental (représenté par la lanterne), ne vont nulle part car le voile de leur barque est déchirée (ce qui symbolise la vanité de toute démarche qui utilise le véhicule ego).

Le voyageur spirituel qui se jette à l’eau, saute par dessus la barque de son ego, lâche son mental, qui plonge dans l’océan de la conscience sera sauvé (par Jésus qui représence la conscience de l’Homme). Seul celui qui a la Foi et se jette par dessus son mental peut être sauvé par l’esprit en lui.

C’est d’ailleurs pour cela que Jésus marche sur l’eau : contrairement au marin attaché au mental, la conscience en l’Homme n’a pas besoin de mental pour vivre.

Maintenant revenons à la dernière scène du Truman Show. Après avoir échoué à s’échapper de l’île par tous les moyens classiques (l’avion, le bus, la voiture), malgré sa phobie de l’eau Truman décide de partir en voilier (dont le nom est Santa Maria…), échappant aux caméras et au contrôle du réalisateur (faisant croire qu’il dort… alors qu’il est plus éveillé que jamais)

Lorsque Christof le retrouve, il déchaîne sa colère sur Truman, car le dieu autoproclamé ne veut pas laisser son “fils” s’échapper.

Tous les moyens sont bons pour pousser Truman à abandonner son élan d’émancipation : les éclairs, le vent, la tempête… Truman se fait engloutir par des vagues immenses, il doit mourir pour renaître à sa vraie nature.

L’ego croit que sortir du moule est dangereux, forcément car il garde le contrôle grâce à une toute puissance factice (les pleins pouvoirs au sein de la matrice).

Notre travail réside dans la réalisation de cette imposture pour revenir à la nature essentielle de ce qui est. Cela fait l’effet d’un retour à la maison qui est bien loin d’un état qui nécessiterait une approche austère avec des jeûnes, des sacrifices d’animaux voire d’enfants.

Cette illusion que nous sommes séparés de ce que nous cherchons relève d’une supercherie et mène à accumuler les pratiques, les symboles, les maîtres, destinés à retrouver ce paradis perdu… Qui est juste sous nos yeux.

Cette désidentification de l’ego demande de la vigilance et de la discipline car ce n’est pas en 5 minutes de méditation que nous pouvons dissoudre la plus grosse illusion de notre vie, celle qui nous permet de nous reposer sur un “je” sans lequel on croit mourir.

Laissons tomber toute notion de rentabilité ou de résultat en ce domaine, nous ne pourrions qu’en être déçus.

Les limites du monde de l’ego

Dans le final du film, Truman ayant survécu à la tempête, il continue sa navigation. Quelques instants plus tard, son voilier percute le mur du studio : c’est la fin du monde. Il ne peut pas aller plus loin en restant dans le cadre du connu.

Il doit se dépouiller, lâcher son bateau et doit finir à pied. Dans ce plan, il marche sur l’eau, symbolisant qu’il a désormais la conscience pour se passer du monde ordinaire : maintenant qu’il s’est éveillé à qui il est, il peut s’élever. Dans une ascension finale, il monte les escaliers et tombe nez-à-nez devant la porte de sortie.

Là, Christof, le dieu-ego tente le tout pour le tout en s’adressant à Truman par l’intermédiaire de hauts-parleurs.

Après avoir cherché à le contrôler physiquement par des moyens instinctifs (éclairs, tempête) quitte à le tuer, il fait appel au logos pour le retenir “Le monde n’est pas plus vrai ailleurs”, “je te connais mieux que toi-même” ou encore “tu as peur, c’est pourquoi tu ne peux pas partir”.

Enfin, il continue son monologue en usant sa dernière cartouche avec un appel au pathos : “j’étais là quand tu es entré à l’école, quand tu as perdu ta première dent, et tu voudrais partir…”.

On voit ici tous les mécanismes que l’ego peut utiliser pour te maintenir sous contrôle, au nom de la sécurité, au nom du connu… C’est tout le travail de l’ennéagramme !

Truman ne s’oppose pas, il répond simplement sa réplique fétiche matinale, s’adressant aux millions de personnes qui le regardent : “Au cas où je ne vous revois pas, bonne après midi, bonne soirée et bonne nuit.”

Enfin, il tire sa révérence, signant la fin de sa représentation.

Il a compris le jeu de l’ego, il a vu tous les mécanismes à l’œuvre pour le maintenir son contrôle mais son élan d’éveil est plus fort que tout le reste. Conscient de sa vraie nature, Truman l’homme vrai, s’extrait de la matrice de ce monde doublement faux (réellement de la téléréalité de laquelle il est personnage malgré lui et symboliquement de cet infra-monde créé par l’ego pour l’ego).

Tout le monde l’applaudit pendant quelques instants (sauf Christof qui pleure son échec), jusqu’à la dernière scène croustillante que je te laisse regarder !

Ce qui me fascine dans le cheminement spirituel est l’omniprésence des paradoxes.

La volonté d’évoluer et de s’éveiller à tout prix rend caduque le travail car une intention de résultat crispe l’écoute de ce qui est.

L’idée même d’un chemin nourrit la croyance en un temps linéaire alors que la Présence se goûte seulement ici et maintenant : c’est un “non chemin”.

Les mots sont piégeux et il est sain de prendre de la distance avec le monde de la palabre (tel que cet article) pour arpenter ce chemin qui n’en est pas un.
Nous ne sommes pas dans le paradigme de la PNL ou du coaching et où il “faut” progresser.

Pour cela, Red Hawk nous propose 2 pratiques :

1/ Le rappel à soi (ou self remembering) : l’art de revenir à soi quand notre conscience part en voyage loin du présent. Notre conscience peut être accaparée par moult objets et notre type ennéagramme nous renseigne sur les transes les plus fréquentes dans lesquelles nous partons.

Le rappel à soi demande beaucoup d’entraînement : en effet, comment se rendre compte qu’on quitte le présent… Quand on quitte le présent ?

Comme Truman, il nous faut identifier un certain nombre de signaux faibles qui peuvent nous alerter sur le fait que la conscience quitte le présent. Le rappel à soi doit s’ancrer dans le corps, celui-ci est d’une grande aide pour revenir à soi, et au sein du corps un élément est particulièrement précieux : la respiration.

2/ L’observation de soi : pour la pratiquer, il est nécessaire déjà de se rappeler à soi… Sans quoi on aura rien à observer puisqu’on n’y pense même pas.

L’observation de soi invite à réinvestir nos 3 centres : mental, émotionnel, instinctif. C’est avec cette observation de soi que l’on se rend compte des mécanismes avec lesquels l’ego nous trompe en permanence, comme Truman qui déjoue les supercheries du script.

Grâce à une connaissance fine de l’ennéagramme, notre vigilance s’accroît et nous pouvons plus facilement nous rendre compte quand nous perdons la présence que nous sommes.

La Présence est l’élément clé qui nous permet de revenir à la nature essentielle de la Vie que nous sommes. Chaque instant de vie est une occasion à le réaliser.

Le secret de l’ennéagramme

Je parle souvent de l’ennéagramme des personnalités, mais en vrai, l’ennéagramme ne parle pas vraiment de 9 types de personnalité. Il ne parle pas de mieux communiquer. Il ne parle pas tant de mieux se connaître.

L’ennéagramme est avant tout une voie d’éveil qui permet de s’émanciper de l’illusion de l’ego pour renouer avec le “véritable Soi”, à l’image de Truman.

Le reste relève des bénéfices secondaires de cette démarche.

C’est un modèle qui pointe en nous toutes les façons que nous avons de rester dans le monde de Christof (notre ennéatype) : mécanisme de défense, passion, fixation, peur de base, désir de base, instincts

Tout cela est scripté, conditionné, extrêmement visible et prévisible, pour qui le connait…. Mais pour ça, ça demande de connaître car on ne peut voir que ce qu’on connait.

Voilà l’intérêt de trouver ton ennéatype : le type ennéagramme est l’endroit précis où la présence se perd elle-même en répétant compulsivement des vaines tentatives de se retrouver.

Notre travail quotidien se résume à le réaliser.

Ennéagramme pour les nuls – Mode d’emploi pour débuter

L’ennéagramme est complexe, surtout au début. Pour autant, quand ce modèle nous parle, il est dommage d’abandonner par l’apparente complexité.

Afin de faciliter l’accès à ce modèle si profond et riche que j’affectionne, tu peux lire sur Epanessence les contenus en mode “L’ennéagramme pour les nuls”.

L’intention est de rappeler les principes de base, de pointer les incompréhensions, d’amener de la nuance, pour que tu puisses saisir l’Essence du modèle et qu’il puisse trouver résonance.

Attention : comme pour tout modèle, il y a des querelles de chappelle… L’idée n’est pas de te présenter LA vérité universelle de l’ennéagramme (la vérité est protéiforme et fractale). Simplement, il y a beaucoup de contenus superficiels sur l’ennéagramme de personnes qui ont mal compris le modèle car ils l’ont probablement survolé. Je souhaite apporter humblement ma contribution avec ce que je crois avoir compris sur l’ennéagramme.

Ce que n’est PAS l’ennéagramme

test ennéagramme

Autant commencer par là. La Via Negativa est une bonne première approche pour définir quelque chose : en montrant clairement ce que ça n’est pas.

  1. L’ennéagramme n’est pas une typlogie des comportements. Ca revient souvent et pourtant… L’ennéagramme ne parle juste pas de ça.
  2. L’ennéagramme n’est pas un test. Non, non et non. Il y a beaucoup de tests pour aider à trouver l’ennéagramme mais l’ennéagramme est tout sauf un test. D’autant que les tests sont peu fiables et induisent en erreur plus qu’autre chose. Mille millions de mille sabords !
  3. L’ennéagramme n’est pas un modèle prédictif, du moins qu’en partie. L’ennéagramme ne prédit pas ce que va faire un individu de sa vie. Par contre, il est à l’image de Cassandre : il peut prédire comment peut une personne va exprimer le pire de son fonctionnement avec une étonnante précision.
  4. L’ennéagramme ne décrit pas entièrement un individu. L’ennéagramme parle de la structure innée imprimée en chacun de nous, mais certainement pas comment cela s’exprime. L’ennéagramme n’exclut pas le libre arbitre.
  5. L’ennéagramme n’est pas la vérité. Bon, ça peut paraître évident dit comme ça, mais la carte est tellement précise qu’on peut en oublier qu’elle n’est pas le territoire… Tu peux voir l’ennéagramme comme décrivant très précisément le système osseux, mais ça n’est pas le corps humain pour autant, ça reste un atlas d’anatomie parcellaire.
  6. L’ennéagramme n’est pas un outil de développement personnel. Si tu as saisi l’essence des contenus sur ce site, tu as compris que l’ennéagramme n’a rien à voir avec le développement personnel. Il ne s’agit pas d’un gonflement du “je” spécifique au développement personnel, qui vise à chercher la “meilleure version de toi-même” (qui n’est ni accessible, ni même souhaitable).
  7. L’ennéagramme n’est pas une pratique. Il ne donne pas de conseils, d’injonctions à faire, ce n’est pas une idéologie. Il n’invite pas à une pratique quelle qu’elle soit, que ce soit la pratique de la méditation, la pratique de l’introspection… Même si une pratique peut s’y ajouter bien évidemment.

Les bases de l’ennéagramme

3 centres ennéagramme

  1. À la base, l’ennéagramme est une figure ésotérique qui contient en elle les lois de l’univers : la loi de l’Un, la loi du Trois, la loi du Sept. On retrouve des traces de l’ennéagramme en Grèce antique, chez les moines chrétiens, dans le soufisme…
  2. Certains auteurs ont collé sur la figure de l’ennéagramme 9 profils de personnalités, appelé simplement… l’ennéagramme des personnalités, qui définit les 9 motivations profondes structurant les individus (ce ne sont PAS les comportements). L’ennéagramme comme figure ésotérique et l’ennéagramme des personnalités sont différents (et complémentaires).
  3. L’ennéagramme des personnalités invite à partir à la rencontre de toi-même, dénué de toute idéologie d’amélioration de soi.
  4. In fine, l’ennéagramme invite à une démarche spirituelle pour se libérer de la tyrannie de la personnalité et pour renouer avec le “soi” sans pour autant partir en guerre contre l’ego.
  5. À la base des 9 types de personnalité, il y a les 3 centres d’intelligence, présents en chacun de nous : centre mental, centre émotionnel, centre instinctif.
  6. Un ennéatype se définit par la déification d’un centre (le centre préféré) et le sacrifice d’un autre centre (le centre réprimé). Le centre réprimé peut être l’un ou l’autre des 2 autres qui ne sont PAS le centre préféré.
  7. L’ennéatype est visible par les mécanismes principaux de l’ego (et de l’essence) : croyance, évitement compulsif, mécanisme de défense, passion, fixation, peur de base, désir de base… Ainsi que les traits de l’essence : idée supérieure, vertu et style d’intuition.
  8. L’expression d’un ennéatype peut revêtir 1001 visages, il y a un spectre extrêmement large qui nous invite à la nuance.

Quelques recadrages :

Depuis que j’ai créé Epanessence en 2021, j’ai entendu un certain nombre d’énormités, d’incohérences voire de phrases carrément drôles (même de la part de gens qui ont creusé le modèle depuis 10 ans)… qui t’éloignent de l’essence de l’ennéagramme. La meilleure façon de ne pas récolter de fruits avec l’ennéagramme étant de ne pas comprendre le modèle, il est important de recadrer toutes les erreurs communes pour éviter les dangers et dérives. Voici les erreurs classiques que j’entends et qui feront l’objet de contenus spécifiques.

  1. Je ne peux pas être “tel type” parce que j’ai fait “tel comportement” quand j’étais petit
  2. Je ne cherche pas mon type parce que je ne veux pas m’enfermer dans une case
  3. J’ai travaillé sur moi, du coup j’ai évolué et je ne suis plus comme avant, j’ai sûrement changé de type. On ne change pas de type dans notre vie. L’ennéatype est figé à vie.
  4. Je suis sûrement centre instinctif car je suis souvent en colère.
  5. J’ai le centre mental préféré parce que ça tourne beaucoup dans ma tête/je suis HP…
  6. Je suis “tel type” parce qu’un formateur en ennéagramme me l’a dit.

Ennéagramme pour les nuls : mode d’emploi

Pourquoi ennéagramme pour les nuls ?

Comme dit plus haut, l’ennéagramme est souvent mal compris et il est nécessaire de vraiment plonger dedans pour le comprendre et ne pas faire n’importe quoi. Sinon il devient un bête outil de développement personnel avec l’objectif de devenir meilleur…

Pour éviter le maximum de dérives avec l’ennéagramme il est important de :

  1. Prendre le temps pour creuser le modèle : c’est fondamental, évident, mais je dois le rappeler.
  2. Prendre le temps pour assimiler chaque notion : les 3 centres, la hiérarchie des centres, l’ego… Si les notions de base ne sont pas assimilées, ça part en sucette très vite.
  3. Prendre le temps de comprendre le cœur de chaque ennéatype : cerner la logique d’un type ennéagramme aide à saisir l’essence et ne pas s’arrêter à un archétype.
  4. Prendre le temps d’approfondir les nuances du modèle : les instincts et sous-types, la hiérarchie des centres, les ailes, l’intégration et la désintégration…
  5. Prendre le temps de s’observer factuellement : le travail intérieur avec l’ennéagramme commence par l’observation de soi pour trouver son type ennéagramme, plutôt que tout de suite jouer à observer les autres.
  6. Enrichir sa base de données : pour sortir des clichés et commencer à saisir la richesse du modèle, il est important d’avoir de multiples exemples de chaque type, en étant SÛR de ceux-ci. Cela enrichit ta culture de l’ennéagramme et complexifie ta vision du monde. Si les premiers exemples vivants que tu as d’un type sont faux, ça va distordre ta compréhension de tout le modèle…
  7. Creuser le modèle avec des formations, des vidéos et des livres. Toute librairie possède des livres de poche sur l’ennéagramme, pas forcément les meilleurs. Je te recommande chaudement le grand livre de l’ennéagramme de Fabien et Patricia Chabreuil (éditions Eyrolles), la sagesse de l’ennéagramme de Don Richard Riso et Russ Hudson (édition inter éditions), character and neurosis de Claudio Naranjo (édition Gatways)… Les formations ont un certain prix mais cela vaut le coup d’y participer si tu veux creuser. Quand quelque chose est important pour nous, autant y mettre le prix.
  8. Si tu veux approfondir des sujets plus complexes, tu peux lire les livres suivants : the instinctual drives and the enneagram de John Luckovitch (éditions enneagrammer) et the tao of chaos de Stephen Wolinsky (édition Bramble books). Plus tu lis de livres, plus tu lis de pages, plus tu lis d’auteurs, plus tu approfondis ton travail de recherche et plus tu as une vision d’ensemble qui enrichit ta compréhension de la psychologie humaine. Il existe énormément de livres en ennéagramme : les fondamentaux des premiers auteurs, les livres sur l’ennéagramme utilitariste (utilisation en couple, au travail, pour persuader), les livres sur l’ennéagramme spirituel (éveil, retour à l’essence),

NB : Cet article “ennéagramme pour les nuls” ne fait pas référence au livre de poche “l’ennéagramme pour les nuls” de Béatrice Foenix-Riou et Asuncion Valderrama (édition First) qu’on peut retrouver dans le rayon développement personnel d’une librairie. Je n’ai pas encore lu ce livre et ne connais pas ces auteurs donc je n’ai pas d’avis à son sujet. La maison d’édition française “pour les nuls” est généralement une bonne entrée en matière selon les auteurs qui sont choisis, elle s’adresse à des lecteurs novices qui peuvent découvrir un sujet de façon simple et pédagogue.

MBTI : ce qu’on ne dit pas sur les 16 types de personnalité

Le MBTI est un modèle de personnalité très connu basé sur les travaux de Jung. Il est aussi mal compris que mal utilisé. Découvre la profondeur qui se cache derrière cet outil psychologique.

MBTI : c’est quoi ?

En 1920, Carl Gustav Jung définit le fonctionnement psychologique avec l’utilisation de 4 fonctions (sensation, intuition, pensée, sentiment) et 2 orientations (introvertie et extravertie).

Développé par Isabel Briggs Myers et Katherine Cook Briggs en 1962 sur la base des travaux de Carl Gustav Jung, le MBTI est un modèle décrivant des préférences de fonctions cognitives, ce qui se traduit par des capacités particulières et aboutit à 16 types de personnalité.

MBTI est l’acronyme de Myers Briggs Type Indicator.

Le MBTI se place au niveau des capacités dans la pyramides des niveaux logiques, et peut influencer aussi les croyances (si je vois que je suis bon à générer des idées nouvelles en permanence grâce à une capacité naturelle, je peux développer la croyance que “la créativité est facile pour moi”). Il ne touche pas autant en profondeur la structure identitaire de l’individu comme le fait un type ennéagramme. Les deux modèles parlent donc de deux choses distinctes et sont complémentaires à bien des égards.

Bien que critiqué pour son manque de fiabilité et de validation scientifique, le MBTI a une réelle application pratique et très pragmatique dans la vie de tous les jours comme dans le travail.

Le MBTI amène une grande clarté sur les compétences et les fonctions psychologiques d’une personne.

Un test de personnalité via un questionnaire peut aider à trouver son profil MBTI. Même si c’est sujet à erreur et qu’il faut prendre des pincettes, c’est déjà plus fiable qu’un test en ennéagramme car cela pointe la partie visible de l’iceberg (les comportements).

On distingue deux générations de MBTI : La première génération définit 16 types de personnalités basés sur les 4 lettres :

  • I/E : Introversion et Extraversion
  • N/S : Intuition et sensation.
  • F/T : Sentiment (Feeling) et pensée (Thinking)
  • P/J : Perception et Jugement Je détaille juste en dessous ce que cela signifie. Les combinaisons de ces 4 lettres donnent les fameux 16 profils : ENFP, ENTP, ENFJ, ENTJ, ESTJ, ESFJ, ESTP, ESFP, INFP, INTP, INFJ, INTJ, ISTJ, ISFJ, ISTP, ISFP. Le problème de ces dénominations est que ça détermine 16 clichés que tu as sûrement vu sur des sites et des tets, avec une description archétypale qui comporte bien peu de nuances…

Sur Epanessence, je souhaite amener plus de nuance dans le modèle du MBTI.

La deuxième génération amène plus de finesse dans le modèle car elle se centre sur les 8 fonctions cognitives, le cœur du MBTI.

A quoi correspondent les types du MBTI avec 4 lettres ?

Les 4 lettres du MBTI

INFJ, ESTP… Qu’est-ce que cela veut dire ? Les 4 lettres d’un profil parlent de 4 binômes de fonctions.

I/E : Introversion et Extraversion

C’est la façon dont je récupère de l’énergie.

  • I : introversion. Je récupère de l’énergie seul.
  • E : extraversion. Je récupère de l’énergie avec autrui.

Ce n’est pas la capacité à être à l’aise socialement ou le plaisir d’être seul… C’est littéralement : qu’est-ce qui me recharge ? Ce n’est pas ON/OFF mais plutôt un continuum : il y a des introvertis presque aussi extravertis que des extravertis plus introvertis… Tu verras les nuances avec les fonctions cognitives.

N/S : Intuition et sensation.

Intuition et sensation sont les deux fonctions d’observation : ce sur quoi je porte mon attention dans le monde et comment je récupère des informations

  • N : intuition. C’est le monde des idées, qui imagine les possibles en partant du monde réel. (ex : cette tasse me fait penser au Japon et au voyage que j’aimerais bien faire pour goûter des superbes sushis)
  • S : sensation. C’est le monde concret, par la perception directe. (ex : cette tasse me fait penser à la qualité de la céramique utilisée)

F/T : Sentiment (Feeling) et pensée (Thinking).

Ce sont les deux fonctions de décision : comment, à partir des informations que j’ai perçu, je prends une décision ?

  • Sentiment : je valorise quelque chose que j’aime émotionnellement, je décide en fonction de cela et je le peux l’expliquer après. Il n’y a pas de logique cohérente.
  • Pensée : je réfléchis, je produis un raisonnement logique et me base dessus pour décider. Il n’y a pas d’affect.

P/J : Perception et jugement

  • Perception : je laisse le monde venir à moi, je ne sais pas précisément ce que je veux et me laisse porter.
  • Jugement : je sais ce que je veux, je vais dans cette direction. C’est moi qui vais vers le monde.

Les 16 combinaisons possibles de ces préférences donnent 16 types de personnalité. D’ailleurs, les 16 types de personnalité du MBTI ne sont pas équitablement répartis dans la population. 3/4 des gens seraient à dominante Sensation et 1/4 des gens seraient à dominante Intuition. Dans le monde du MBTI, il est souvent répété que l’INFJ est le profil plus rare. Personnellement, c’est le profil que j’ai le plus fréquemment rencontré dans le monde du MBTI 🙂 (probablement car c’est un profil plus porté sur l’introspection et sur ce genre de modèle)

Les fonctions cognitives

La deuxième génération du MBTI amène beaucoup plus de précision et une vision dynamique de l’outil. Elle définit 8 fonctions cognitives qui se répartissent en 2 catégories (les deux lettres du milieu), chaque fonction pouvant être introvertie ou extravertie :

  1. Les fonctions de perception : Intuition (N) et Sensation (S)
    • Intuition Introvertie (Ni) et Intuition Extravertie (Ne)
    • Sensation Introvertie (Si) et Sensation Extravertie (Se)
  2. Les fonction de décision : Feeling (F) et Thinking (T)
    • Sentiment Introverti (Fi) et Sentiment Extraverti (Fe)
    • Pensée Introvertie (Ti) et Pensée Extravertie (Te)

Nous possédons tous chacune de ces fonctions mais ne les utilisons pas dans le même ordre. Chaque profil de personnalité dans le MBTI utilise ses fonctions cognitives dans un certain ordre, comme quand tu parles plusieurs langues. Par exemple, le français est ta langue natale, tu parles bien anglais et tu baragouines quelques mots d’espagnol.

Connaître ses fonctions cognitives est un cadeau que l’on se fait car on sait là où on est le meilleur (cela rejoint l’IKIGAI). Cela conditionne le travail que l’on fait. Quand on travaille en équipe, qu’on appartient à un groupe, c’est un avantage considérable de connaître les fonctions cognitives de chacun, car on découvre nos complémentarités !

L’ordre des fonctions cognitives

De la même façon, le type de personnalité en MBTI est l’agencement de 4 fonctions utilisées dans un certain ordre. Cela définit une préférence cognitive.

  • Première fonction : fonction dominante ou héros. C’est notre préférence N°1, elle est totalement naturelle, efficace et te recharge. Elle conditionne nos plus grandes compétences et aptitudes. Nous la développons très tôt dans la vie.
  • Deuxième fonction : fonction de soutien ou adulte. Elle est mature et facilement accessible, mais moins que la première. Elle est là pour tempérer la fonction dominante et protéger la fonction enfant.
  • Troisième fonction : fonction enfant (enfant de 10 ans). Elle est immature, innocente et demande plus de ressources à utiliser.
  • Quatrième fonction : fonction inférieure (enfant de 3 ans). Elle est immature et très coûteuse à utiliser, c’est une partie très vulnérable de nous.

Comme le disait un ami : “on ne peut pas prétendre à une définition d’une fonction sans la positionner dans le stack et la considérer en lien avec les autres fonctions cognitives.”

Tu ne peux pas prétendre connaître un français par sa nationalité si tu ne connais pas son histoire, son contexte de vie…

Ce que la plupart des gens ne comprennent pas, c’est que le MBTI ne se résume pas à 4 lettres. Le MBTI nous parle d’un processus dynamique entre les 4 fonctions de notre sphère consciente.

Les 8 fonctions cognitives

  • La fonction Ni : Intuition introvertie
  • La fonction Ne : Intuition extravertie
  • La fonction Se : Sensation extravertie
  • La fonction Si : Sensation introvertie
  • La fonction Fe : Sentiment extraverti
  • La fonction Fi : Sentiment introverti
  • La fonction Te : Pensée extravertie
  • La fonction Ti : Pensée introvertie

Je détaille chacune de ces 8 fonctions cognitives sur cette page

Les 16 profils de personnalité du MBTI

Les 16 profils de personnalité ne sont pas des clichés tels que tu le vois sur internet. Par exemple, si tu cherches le profil ENTP, en 2 clics tu arrives sur : “La personnalité Innovateur : Le type de personnalité « Innovateur » est l’avocat du diable ultime qui prospère en décomposant les arguments et les croyances et en laisse les lambeaux flotter au vent pour que tous puissent les voir. Les Innovateurs ne le font pas parce qu’ils essaient d’atteindre un objectif plus profond ou un but stratégique, mais pour la simple raison que c’est amusant. Personne n’aime plus le processus de lutte mentale que les Innovateurs, car il leur donne l’occasion d’exercer leur bel esprit rapide et fluide, la large somme de connaissances qu’ils ont accumulée et la capacité de relier entre elles des idées disparates pour prouver qu’ils ont raison.”

Le problème d’une description comme celle-ci est qu’elle fige dans le marbre une personnalité. Or, ce que j’ai appris sur le MBTI ces derniers mois, c’est que chaque profil résulte de l’interaction permanente entre les fonctions cognitives.

La dynamique de la personnalité est plus complexe à appréhender qu’un bête cliché, mais tellement plus profond, concret et applicable.

Voici l’ordre des 4 premières fonctions cognitives des 16 types de personnalité du MBTI :

– ENTP : Ne – Ti – Fe – Si
– ENFP : Ne – Fi – Te – Si
– ENTJ : Te – Ni – Se – Fi
– ENFJ : Fe – Ni – Se – Ti
– INTP : Ti – Ne – Si – Fe
– INFP : Fi – Ne – Si – Te
– INTJ : Ni – Te – Fi – Se
– INFJ : Ni – Fe – Ti – Se
– ESTP : Se – Ti – Fe – Ni
– ESTJ : Te – Si – Ne – Fi
– ESFP : Se – Fi – Te – Ni
– ESFJ : Fe – Si – Ne – Ti
– ISTP : Ti – Se – Ni – Fe
– ISTJ : Si – Te – Fi – Ne
– ISFP : Fi – Se – Ni – Te
– ISFJ : Si – Fe – Ti – Ne

Evidemment, je suis loin d’être exhaustif, car nous pourrions parler aussi de l’ombre, du superego et du subconscient. Je rajouterai peut-être ces contenus plus tard sur le site quand j’aurai assez à dire sur le sujet.

A ce stade retiens simplement que les 4 premières fonctions relèvent de l’esprit conscient… Et que les 4 fonctions suivantes relèvent de l’ombre de la personnalité.

Pour reprendre l’ENTP, son esprit conscient c’est : Ne – Ti – Fe – Si. Son ombre est : Ni – Te – Fi – Se. Les fonctions de l’ombre sont comme des tâches aveugles, difficiles à utiliser pour nous. Elles s’avèrent être une belle piste d’intégration.

Comment trouver son type MBTI ?

Le premier réflexe qu’on a pour trouver notre type MBTI c’est de passer un test avec un questionnaire. Ca peut être un indicateur intéressant mais il ne faut pas le prendre au pied de la lettre car ce n’est pas très fiable. Comme pour l’ennéagramme, rien ne vaut une observation fine de soi, fonction par fonction. Cela rend la recherche beaucoup plus intéressante et on a gagné quelque chose à la fin.

Rien ne remplace une introspection honnête de soi.

test ennéagramme

Type ennéagramme : 11 erreurs qui empêchent de trouver son profil

Trouver son type ennéagramme peut prendre des années… En particulier si on s’y prend mal et qu’on ne respecte certains principes de base. En effet, le type de personnalité est tellement sous nos yeux qu’il peut être difficile de le voir.

Dans cet article tu vas découvrir les 3 mythes qui reviennent souvent et les 9 erreurs qui empêchent de trouver son type ennégramme dans lesquelles la plupart des débutants tombent…

Type ennéagramme : 3 mythes récurrents

1. Le type ennéagramme vient de l’enfance

Certains auteurs expliquent comment l’enfant développe son type ennéagramme selon ce qu’il a vécu dans son enfance avec ses éducateurs…

En réalité, l’hypothèse la plus probable est que le type ennéagramme est déjà présent à la naissance (voire un peu avant ?) et que le filtre de l’ego permet de vivre son enfance d’une certaine façon pour renforcer le personnage.

2. On a plusieurs types ennéagramme

Certains auteurs évoquent la trifixation et donnent des types du genre “2 7 9” ou “6 4 8″… Avec un type ennéagramme dans chaque centre. Cela servira surtout à des gens qui n’arrivent pas à trouver leur type et permet de justifier n’importe quoi… On a un seul type gravé dans le marbre qui permet d’expliquer tout notre fonctionnement et les nuances sont apportées par les ailes, par les instincts, par la hiérarchie des centres, le niveau d’intégration et le niveau de conscience.

3. Le type ennéagramme enferme dans une case

Beaucoup de personnes croient que l’ennéagramme consiste à s’enfermer dans une case (l’ennéatype) et que c’est très réducteur… C’est compréhensible puisque ça paraît très limité d’être dans UN type ennéagramme… Et pourtant c’est bien ce qui se passe dans la réalité.

Qui fait le travail proposé sur Epanessence pour trouver son type ennéagramme finit toujours par trouver LE type qui colle parfaitement à ce qu’il vit, sans tomber dans le côté “je me mets dans une case”. Chacun finit par voir à quel point il est prisonnier d’un fonctionnement répétitif inévitable… Donc la case est déjà là, on réalise simplement qu’on est dedans.

L’ennéagramme permet justement de laisser s’épanouir notre Essence pour sortir des mécanismes égotiques de notre type ennéagramme qui nous enferment dans des schémas de pensée, d’émotion et d’action très restreints.

Maintenant que nous avons cassé ces 3 mythes, place aux 11 erreurs qui empêchent quelqu’un de trouver son type ennéagramme.

Les 11 erreurs qui empêchent de trouver son profil ennéagramme

Je vais te détailler ci-dessous les 11 erreurs que j’ai vu le plus fréquemment depuis que je m’intéresse à l’ennéagramme et que j’aide des personnes à cheminer avec ce modèle fabuleux, ce qui commence logiquement par trouver son type de personnalité.

Attention : je parle d’erreur mais je ne dis pas que c’est “mal”, il n’est pas question de te flageller. J’évoque ce mot dans son origine latine qui renvoie à l’errance, au fait de se perdre. Il n’y a pas mort d’homme, par contre ce que tu risques c’est d’errer littéralement, de te perdre et de galérer pendant des lustres à trouver ton type.

À noter que se perdre fait partie du chemin pour se trouver, donc même si tu es tombé dans les 11 erreurs, je ne te blâme pas, je suis moi-même tombé dans la plupart de la liste 🙂

1. Ne pas vouloir trouver son type

C’est évidemment la première raison pour laquelle quelqu’un ne trouve pas son type ennéagramme. “Pourquoi quelqu’un ne voudrait pas trouver son type ?” Me demanderas-tu. Ca peut paraître paradoxal si la personne cherche son type de personnalité en étant sur ce site… Et pourtant, inconsciemment c’est très arrangeant de ne pas trouver son vrai type ennéagramme. Trouver son type peut faire très mal, ça peut donner une grosse claque et balayer tout ce que tu crois à ton sujet… Ca peut tellement remettre de choses en question que l’un des mécanismes de défense de base est de ne pas trouver son type… Alors on sauvegarde son estime de soi et on préserve la toute puissance de l’ego en tombant dans la deuxième et la troisième erreurs.

2. S’arrêter sur un type ennéagramme trop vite.

Beaucoup de personnes qui viennent me voir sont pressées de trouver leur type, comme s’il y avait une urgence et que leur frigo était vide. Problème : quand tu as une forte envie de résultat, tu augmentes grandement les chances de ne PAS trouver ton type. Si tu es pressé… Qui est pressé si ce n’est l’ego ? Cela veut dire que tu vas retomber dans le premier travers et ne pas réellement trouver ton type. Si tu veux juste un numéro et te mettre dans une case, tu vas tout faire pour vite trouver, le mettre dans un tiroir et basta. Aucun intérêt. Ensuite tu vas te faire avoir par ton biais de confirmation et tu vas t’enfermer dans un type qui t’arrange… mais que tu n’es pas.

3. Valider un biais de confirmation

Partir sur une hypothèse dès le départ. 9 personnes sur 10 qui viennent en bilan de personnalité ont déjà une hypothèse forte de leur type. Dans la méthode scientifique que j’ai apprise, mieux vaut prendre le temps de torpiller chaque type ennéagramme un par un plutôt que chercher par la positive. Forcément, quand tu as déjà une hypothèse en tête, le cerveau fonctionnant sur un mode de cohérence, tu vas trouver tous les indices, les faits, les exemples, qui corroborent ton hypothèse. C’est le meilleur moyen de te fourvoyer tout en ayant l’impression que tu cherches vraiment ton type ennéagramme. Il y a des types de personnalité vers lesquels tu ne vas pas spontanément parce que ça t’arrangerait bien de ne pas l’être ! Regarde-le et ça t’amènera la lucidité nécessaire pour réouvrir des hypothèses que tu avais éliminé un peu trop vite.

4. Avoir une vision cliché du type ennéagramme

Je rencontre très fréquemment cette erreur chez les personnes qui viennent me consulter. Pour apprendre l’ennéagramme, on commence par apprendre les 9 types de personnalité de façon archétypale. Mais il serait totalement faux de croire que tout le monde est un cliché. Par exemple, on voit souvent le type 3 comme grandiloquent, qui parle beaucoup de lui en positif, qui accomplit plein de choses, fait des conférences toutes les semaines et gagne des millions d’euros. Mais il y a de nombreux 3 qui ont peur de briller, qui se cachent et restent dans l’ombre et peinent à réussir, qui ont peur de parler en public et qui fuient le succès autant qu’ils le désirent… (je les connais bien puisque je me situe plutôt dans cette catégorie et beaucoup de types 3 qui viennent me voir vivent aussi ça). Une fois que tu appris les 9 types, il est important que tu perçoives toutes les nuances et les millions de possibilités d’exprimer un type ennéagramme. Autant il y a 9 types de base, par contre quand tu y ajoutes les ailes, la hiérarchie des centres, les instincts (et sous-types), le niveau d’intégration ou de désintégration, le niveau de conscience, l’histoire personnelle, la culture… Ca amène énormément de combinaisons et de nuances qui rendent l’expression de chaque type ennéagramme unique et c’est ça que je trouve fantastique ! Même si deux personnes d’un même type ennéagramme peuvent paraître extrêmement différentes, tu retrouves toujours un noyau commun (les mécanismes de base). Par exemple un type 7 qui choisit l’austérité, la restriction et la discipline, pendant qu’un autre type 7 choisit de voyager tout le temps et s’empiffrer de sucre… ils sont différents dans les comportements mais dès que tu creuses tu retombes sur la liberté, l’évitement des contraintes et de la souffrance…). On retrouve motivations VS comportements.

5. Rester sur les comportements au lieu de regarder les motivations

Très souvent, les gens restent en surface et regardent comment ils se comportent pour trouver leur type ennéagramme. Seulement, l’ennéagramme n’a jamais été un modèle qui parle des comportements des gens : le comportement nous parle plus du profil MBTI ou des instincts, mais pas de l’ennéatype !!! Le type ennéagramme est inconscient et les mécanismes pilotent dans l’ombre nos pensées, émotions et comportements. Pour y accéder il faut gratter sous la surface en se demandant d’où ça part chez nous. Par exemple, j’ai un ami de type 7 qui médite depuis plus de 3 ans quotidiennement, sans avoir raté un seul jour… Le 7 n’est pas l’archétype de la discipiline tel qu’on l’imagine, pourtant ça existe aussi. Quand on creuse un peu, il fait ça pour élargir son espace de liberté et réduire les contraintes extérieures… Pour éloigner un peu plus la souffrance.

6. Ne pas considérer la hiérarchie des centres

Beaucoup de gens ne comprennent pas (ou mal) la notion de hiérarchie des centres et ça les empêche de comprendre certains types de personnalité. Souvent les types 3, 6 et 9 sont évacués alors que ce sont les plus complexes à (se) typer du fait du fonctionnement double du centre préféré qui peut rapidement devenir réprimé. Il en résulte une sorte d’ambivalence, où la personnalité peut complètement changer entre une situation “normale” et une situation où l’ego est activé : dans le premier cas tu vois surtout le centre préféré, dans le second cas tu vois surtout le centre de soutien ! C’est ce qui peut prêter à confusion. Même pour les autres types, la hiérarchie des centres influence beaucoup l’expression du type : un type 5 qui réprime le centre émotionnel sera très différent d’un type 5 qui réprime le centre instinctif (par contre le mental est toujours le centre préféré).

7. Typer les autres

Au début, quand on découvre l’ennéagramme, on veut typer tout le monde (notre famille, nos amis, notre équipe au travail, le patron de l’entreprise,… On laisse alors de côté notre propre type de personnalité. Il est très facile de déporter notre attention sur les autres pour éviter de regarder chez soi. C’est le fameux adage de la paille et de la poutre. Or, l’ennéagramme est avant tout à pratiquer sur soi (et il y a bien assez à faire). Cela n’empêche pas de s’amuser à typer les autres, mais ça ne doit pas te détourner de ton travail intérieur, sans quoi ce serait une simple fuite… classique mais efficace.

8. Ne pas douter

Tout le monde finit par trouver son type ennéagramme, au bout de 3 heures, de 3 mois ou de 3 ans… Un gros écueil qui arrive est de ne pas douter et de se fixer sur un type. Or, quand on a trouvé notre type un peu trop vite ou qu’on veut être un peu trop sûr… Il est facile de se tromper. C’est exactement ce que j’ai fait en 2016. Il est très sain de douter et de garder un léger scepticisme sur notre type ennéagramme… Attention à l’écueil inverse dans lequel pourraient tomber certains, classique pour un type 6 puisque le doute est omniprésent chez lui.

9. Bricoler avec les ailes et les flèches

Il est extrêmement courant de regarder les ailes et les flèches avant même d’avoir cerné l’ennéatype de base. Or, cela va induire en erreur très très vite. C’est une question de cohérence : l’aile et la flèche, c’est le glaçage du dessert, la cerise sur le gâteau… Ca vient après. Faire appel à ces notions dès le début revient à la première et la troisième erreur : bricoler une hypothèse à l’arrache, essayer de la faire tenir debout à coup de biais confirmation, pour ne pas se voir tel qu’on est.

10. S’accrocher à un test de personnalité

S’il est une erreur récurrente, c’est bien celle du test de personnalité, en particulier dans l’ennéagramme. A force de le répéter sur Epanessence, de moins en moins de personnes le font, mais ça reste un écueil très fréquent. Comment veux-tu rendre compte de tes motivations profondes via un test ? C’est pour ça qu’il y a une fiabilité qui ne dépasse pas 50%… Même un enseignant qui a plus de 10 ans d’expérience se plante en typage, comme ça m’a été rapporté à plusieurs reprises par des personnes qui ont été typées par leur formateur… Alors que dire d’un test de personnalité auquel on répond avec notre tête tout en ne voyant pas nos angles morts… C’est particulièrement vrai pour les types 3, 6 et 9 qui peuvent se reconnaître dans plusieurs types et sont souvent tellement adaptables et ambivalents qu’ils vont tomber à côté en répondant à un test. De plus, le test de personnalité est presque toujours motivé par la volonté d’un résultat rapide, toujours dans cette intention d’efficacité, qui est contre-productive dans le domaine de la connaissance de soi, qui n’a pas de raccourci.

11. Prendre pour argent comptant l’avis d’un tiers

Combien de fois ai-je entendu : “on m’a dit que j’étais de type 4”, “mon formateur en ennéagramme m’a dit pour sûr que j’étais de type 7″… Et le pire c’est que ça ne vient pas que des débutants (qui vont forcément dire beaucoup de conneries), mais même d’enseignants en école d’ennéagramme qui ont pignon sur rue… Autant te dire que quand quelqu’un veut te dire ton type ennéagramme, fais comme quand tu ne veux pas qu’on te gâche la fin d’un film : bouche tes oreilles et crie “la la la la la”. L’autorité d’une personne dans un domaine n’a rien à voir avec son talent, personne ne peut aller voir au fond de ton cœur et tes tripes mieux que toi. Tu es la seule personne à pouvoir faire ce travail et accéder à la certitude de ton type (même si, garde bien un petit doute, au moins un temps).

Bien sûr, tu peux combiner les erreurs : faire un test de personnalité suite à une formation ennéagramme où le formateur t’a dit ton type (selon lui), puis bricoler avec les ailes et les flèches pour faire tenir un type ennéagramme…

Si tu fais ça, très bien, mais ce n’est pas travailler avec l’ennéagramme. Trouver son type requiert une démarche dénuée de toute volonté de résultat, de la patience, de l’honnêteté, du courage… Et les fruits sont à la hauteur de l’engagement que tu y mets.

Rappels : Les bases de l’ennéagramme

Quand tu veux trouver ton type ennéagramme, assure-toi d’avoir déjà compris les bases du modèle. Nous avons tous 3 centres d’intelligence, que nous utilisons vers l’intérieur, l’extérieur ou dans les deux directions. Il y a le groupe des instinctifs, avec une problématique autour de la colère. Il y a le groupe des émotionnels, avec une problématique autour de la tristesse. Il y a le groupe des mentaux, avec une problématique autour de la peur.

Chaque personne s’identifie à un centre surutilisé dans une direction (appelé centre préféré, c’est le centre dominant de la personnalité), ce qui donne 9 types de personnalités appelés aussi ennéatypes. Cette identification, qui sonne la certitude d’un “moi séparé”, est totalement inconsciente dans un état ordinaire de conscience. L’ennéatype définit les motivations d’un individu et conditionne en grande partie comme il mène sa vie.

Voici les 9 types de l’ennéagramme :

  • Type 1 : instinctif intérieur.
  • Type 2 : émotionnel extérieur.
  • Type 3 : émotionnel intérieur et extérieur.
  • Type 4 : émotionnel intérieur.
  • Type 5 : mental extérieur.
  • Type 6 : mental intérieur et extérieur.
  • Type 7 : mental intérieur.
  • Type 8 : instinctif extérieur.
  • Type 9 : instinctif intérieur et extérieur.

Chaque type ennéagramme se définit par ses mécanismes : compulsion, mécanisme de défense, passion, fixation, vertu, idée supérieure… On a tendance à répéter encore et encore les mêmes schémas, ce qui nous enferme dans notre type ennéagramme. Cela va de paire avec la soumission du centre réprimé que l’on fait en sorte de ne pas utiliser. Chaque type peut réprimé l’un ou l’autre des 2 autres centres : le type 4 ayant un centre émotionnel préféré réprime soit le centre mental soit le centre instinctif.

Chacun des 9 types de personnalité est indispensable à l’équilibre du monde. Aucun type ennéagramme n’est meilleur que l’autre. Nous avons tous UN seul type et il est inné. Le vécu façonne notre ennéatype tout comme nous façonnons notre corps.

Trouver son type ennéagramme prend du temps si tu suis les étapes, mais c’est selon mon la manière de procéder la plus fructueuse.